La Vie est un Monopoly Truqué ?
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00:00Vous avez galéré pour obtenir ce que vous avez dans la vie, peut-être même plus que les autres.
00:03Et vous avez une pleine conscience des inégalités, même celles que vous ne subissez pas d'ailleurs.
00:07Et tout ce que je viens de dire est surtout faux.
00:09Enfin, la plupart du temps c'est faux.
00:11Et pour le comprendre, je vais vous faire découvrir un monopoli pour les tricheurs.
00:15C'est le psychologue Paul Peeve qui un jour s'est dit
00:16comment on pourrait percevoir les effets du pouvoir sur le cerveau ?
00:20Comment on pourrait percevoir aussi comment le cerveau traite les inégalités ?
00:24Mais je sais, on va faire un monopoli et on va truquer toutes les règles.
00:28Alors, à chaque étape de son expérience protocolaire, il a mis un monopoli sur une table.
00:32Deux joueurs ou joueuses qui s'affrontent, l'un des deux est favorisé.
00:35C'est-à-dire qu'il a deux fois plus d'argent au départ.
00:37Il va toucher deux fois plus d'argent que l'autre à chaque fois qu'il passe par la case départ.
00:40Et il a deux dés pour jouer.
00:42L'autre est défavorisé.
00:44C'est-à-dire qu'il a donc deux fois moins d'argent au départ.
00:46Il touchera deux fois moins d'argent que l'autre quand il passe la case départ.
00:48Il a un seul dés pour jouer.
00:50Mais il y a une subtilité là-dedans.
00:51C'est que tout ça se fait à couvert.
00:53Donc, il n'y a aucun des deux joueurs qui a conscience d'être favorisé ou d'être défavorisé par rapport à l'autre.
00:58Pour eux, ils jouent tous les deux selon les mêmes règles.
01:00D'ailleurs, ils n'ont pas le droit de mentionner leur finance pendant la partie ou ce genre de choses.
01:04Et il s'est passé quoi d'après vous ?
01:05Eh bien, la plupart du temps, le joueur dominant devenait beaucoup plus bruyant pendant la partie.
01:10Beaucoup plus démonstratif.
01:12Parfois, c'était des joueurs qui tapaient le plateau avec leur pion quand ils se déplaçaient, comme ça.
01:16Les joueurs favorisés affichaient des signes primaires de domination.
01:19Un peu comme un président américain actuel, lorsqu'il aurait reçu son homologue d'Ukraine.
01:25Actuel, qui subit une guerre en ce moment.
01:43Et venez pas me dire que je parle de politique, ça c'est vraiment de la psychologie.
01:46Paul Piff et son équipe ont démontré scientifiquement qu'il existe une baisse non négligeable, significative de l'empathie,
01:53de la compassion de la part des personnes qui sont avantagées vis-à-vis des personnes qui sont désavantagées.
01:59Et ceci est assorti d'une gourmandise de la personne avantagée en termes de ressources.
02:03Par exemple, dans l'expérience de Paul Piff, il y avait un gros pot de Brezel pour les deux joueurs.
02:07Qui c'est, à chaque fois qu'il déglinguait le pot de Brezel, d'après vous ?
02:10Celui qui était dominant, celui qui était avantagé par les règles.
02:13Mais le plus fou dans tout ça, c'est qu'au débriefing, après la partie, en huit clos,
02:17les joueurs qui avaient été favorisés sans le savoir, expliquaient leur victoire grâce à leurs compétences,
02:22grâce à leur fine stratégie.
02:24Jamais, dans leur hypothèse, ils n'avaient le fait qu'ils avaient été favorisés.
02:28Ils étaient toujours capables de justifier pourquoi ils étaient bons.
02:31Finalement, ça confirme d'autres études qui arrivent à montrer que lorsqu'on a un avantage,
02:36ça peut être une richesse, ça peut être une situation, ça peut être un piston.
02:39Eh bien, l'être humain, spontanément, éprouve moins d'empathie
02:43et justifie plus facilement les inégalités qu'il ne subit pas.
02:46Au début de cette vidéo, je vous ai dit que vous aviez galéré pour obtenir dans la vie ce que vous aviez maintenant.
02:50Parce que finalement, on a toujours une conscience que l'on mérite ce que l'on a,
02:54qu'on a galéré pour l'obtenir.
02:56Et que si les autres faisaient comme nous,
02:58eh bien, eux aussi pourraient avoir ça.
03:00Si vous, vous avez pu le faire, ils peuvent le faire.
03:03Parce que nous n'avons pas pleinement conscience des inégalités, vous avez compris.
03:07Moi, je m'appelle toujours Fabien Olicard.
03:08À très bientôt, ciao !