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🇨🇮 À Abidjan, les réseaux sociaux sont pleins de récits sur les arnaques, les fraudes et les conflits fonciers qui ont eu lieu ces dernières années et qui semblent impliquer des organes étatiques clés. Sur place, nous avons rencontré Assalé Tiémoko, député de Tiassalé et journaliste d'investigation qui enquête sur ce dossier. Il répond à nos questions.

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Transcription
00:00Il y a en Côte d'Ivoire une véritable mafia du foncier
00:02qui est très composite, qui comprend des faussaires,
00:08qui comprend des responsables, des acteurs du système judiciaire,
00:12des acteurs de l'administration et tout ce monde-là
00:14participe depuis des décennies à agir dans le faux et à accaparer des taits.
00:19Donc la corruption est très forte dans ce domaine
00:22et c'est justement elle qui justifie le fait que rien n'avance
00:25quand les victimes sont connues.
00:28Bonjour, je suis Asale Timoko Antoine, député maire de la commune de Thessalé
00:31et journaliste d'investigation, fondateur du journal L'Éléphant déchaîné.
00:35Corruption à quel niveau ?
00:36À tous les niveaux. Je pense qu'à tous les niveaux il y a de la corruption.
00:39D'ailleurs le ministère de la Construction, qui est le premier élément
00:44dans lequel se trouvent, se passent ces événements-là,
00:45reconnaît que certains de ses agents ont trompé dans des pratiques de faux.
00:51Le ministère dit avoir licencié plusieurs personnes.
00:54Au niveau des chefferies de communautés, il y a également de la corruption.
00:59Les mêmes chefs peuvent signer pour le même terrain plusieurs attestations villageoises.
01:04Au niveau du système judiciaire, il y a des acteurs, des notaires, des avocats.
01:10Au niveau des tribunaux, il y a des acteurs qui participent à tout ce système.
01:15Donc la corruption est à tous les niveaux et complique fortement la chose.
01:19Vous avez même parlé dans une vidéo de bombes à retardement. Qu'est-ce que c'est-à-dire ?
01:23– C'est-à-dire qu'il y a ce qu'on appelle le francier urbain,
01:26il y a le francier aussi rural.
01:27Ce qui se passe au niveau du francier urbain est en quelque sorte l'illustration
01:31de ce qui se passe en grandeur nature dans le francier rural.
01:34Parce que là-bas, c'est des milliers d'hectares qui sont concernés.
01:38Des gens débarquent dans des villages avec des décisions de justice,
01:40rendus parfois par défaut, et accaparent des milliers d'hectares de terre
01:44avec les forces de la République qui les accompagnent
01:48pour déguerpir des villages entiers.
01:49Et donc tout ça est en train de créer petit à petit une sorte de frustration
01:53qui se sédimente et qui à terme pourrait exploser.
01:56Tout le monde le sait, tout le monde sait que le francier à terme
01:58va être la prochaine bombe sociale en Côte d'Ivoire.
02:00Les régimes successifs qui ont géré le pays n'ont pas pris ce problème vraiment à bras-le-corps
02:06et tenté de démanteler cette mafia-là qui agit au quotidien et au vu aussi de tout le monde
02:11et qui malheureusement n'est pas punie.
02:12– C'est-à-dire que c'est un système selon vous ?
02:14– C'est un vrai système, ils sont connectés.
02:16Tout le monde gagne un peu là-dedans parce qu'une fois que le mal a été commis,
02:19pour que ça soit réparé, ça prend des années.
02:20Certains agissent, d'autre part derrière, ils rachètent les biens
02:23pendant que les procès en cours construisent les sites en question.
02:26Donc c'est tout un processus qui est très huilé et qui permet aux gens d'agir comme de fois.
02:31– Aux enquêtes, vous les faites en tant que journaliste d'investigation ou en tant que politique ?
02:36– Non, non, pas en tant que politique, c'est en tant que journaliste d'investigation
02:38que nous faisons les enquêtes.
02:40C'est vrai qu'après, le politique en tant que député peut prendre la relève pour exprimer,
02:45prendre la parole pour les populations.
02:47Donc c'est les deux casquettes que j'utilise.
02:49Le journaliste agit en amont et le politique en tant que député reprend la chose
02:53pour interpeller les autorités qui le décident.
02:55– Aujourd'hui, vous vous êtes identifié, évidemment, comme un journaliste
02:58mais surtout comme un homme politique, peut-être même un homme politique
03:01qui va se présenter à la présidentielle.
03:03Forcément, on se dit que vous faites aussi campagne peut-être sur ce dossier-là.
03:09– C'est des thématiques qui sont centrales, je pense que c'est une thématique
03:13qui ne sera pas absente du débat politique qui arrive.
03:15Et donc c'est des choses qui touchent vraiment la vie des Ivoiriens,
03:18qui sont très sensibles et il est tout à fait normal qu'un acteur politique
03:22puisse prendre ce problème-là et en parler pour que les solutions ne soient pas trouvées.
03:26– Est-ce que vous avez envie qu'une loi soit votée par rapport à ce qui se passe ?
03:30– Non, nous pensons qu'il y a une vraie réforme administrative à faire,
03:33à la fois judiciaire et administrative,
03:35à faire pour que les droits des uns et des autres soient protégés.
03:39On nous a fait croire que l'arrêté de concession définitive
03:43était un document absolument blindé qui protégeait ses détenteurs,
03:48mais aujourd'hui on a la preuve que même avec un ACD,
03:51on n'est pas à l'abri des opérations, on n'est pas à l'abri de perdre son bien
03:55par la force publique et donc c'est des choses qu'on doit discuter en profondeur
03:58pour trouver des lois qui encadrent mieux les droits des gens.
04:00On ne peut pas jouer avec le droit de propriété,
04:03c'est un élément fondamental de l'état de droit.
04:06Si on joue avec ça, il n'y a plus de république
04:08et donc nous pensons qu'une réflexion profonde doit être faite
04:11et que nous devons réformer ce secteur.
04:12C'est des centaines, voire des milliers de personnes
04:14qui ont été victimes de cette mafia qui agit à la fois en zone urbaine et en zone rurale.

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