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Comment financer notre défense ? Réunis ce jeudi en sommet à Bruxelles, les dirigeants de l'Union Européenne apportent une première réponse en lançant un plan de 800 milliards pour renforcer la protection militaire à l'échelle des Vingt-Sept. La question des dépenses militaires éclipsera-t-elle le reste des concertations économiques en cours ? Dans ce contexte, on se demande ce que va devenir le conclave autour de l'évolution du texte de la réforme des retraites.

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00:00La Secrétaire Générale de la CFDT, le premier syndicat français, est l'invité d'On n'arrête pas l'écho.
00:05Bonjour et bienvenue Marie-Louise Lyon.
00:08Vous avez entendu le reportage avec nous pour insérer ces jeunes sur le marché du travail.
00:12La France a un problème, c'est plus lent, c'est plus difficile qu'ailleurs.
00:15Qu'est-ce qui coince chez nous ?
00:17Ça a été bien expliqué dans le reportage.
00:19Il y a deux éléments principaux.
00:21Un, c'est le stop and go, c'est-à-dire qu'on décide de politique.
00:26Et puis au bout de quelques mois, on ne leur laisse pas le temps de se développer.
00:30Et le deuxième problème, c'est que pour un accompagnement des jeunes,
00:36il faut un filet de sécurité en termes de moyens financiers, il faut un accompagnement de qualité.
00:41Et en fait, on voit aujourd'hui, en 2025, les coups de rabot qu'il y a eu sur le budget,
00:47notamment des structures qui accompagnent les jeunes, notamment les plus éloignés de l'emploi.
00:53Et je pense notamment aux missions locales.
00:55Elles nous disent, parce qu'elles sont en mouvement le 14 mars, vendredi prochain,
00:59elles nous disent qu'on n'a plus les moyens d'accompagner.
01:01On nous baisse les moyens de façon continue.
01:04C'est moins 6% sur le budget des missions locales globalement.
01:07C'est moins de moyens sur les parcours contractualisés d'accompagnement dont il était question.
01:12Et donc, à un moment, si on veut véritablement considérer la jeunesse comme une chance pour ce pays,
01:17il faut y mettre les moyens et arrêter de lancer un certain nombre de dispositifs
01:23qui souvent se superposent et où finalement, personne ne s'y retrouve.
01:27Marie-Lise Léon, tout à l'heure, j'ai dit le chômage remonte.
01:30En fait, j'aurais dû dire le chômage devrait remonter, nous disent les économistes.
01:34Parce que c'est vrai qu'on a des projections, on le voit remonter à 8%.
01:37Vous, justement, de votre position, vous voyez les plans sociaux, Michelin, Vancorex, Auchan.
01:44Vous voyez aussi ce qui est plus silencieux, les PME qui ferment, les suppressions de postes, etc.
01:48Est-ce que vous êtes inquiète pour les mois qui viennent ?
01:51On est inquiets depuis le mois de septembre de l'année dernière.
01:54On voit bien qu'il y a des difficultés de projection des entreprises.
01:57C'est ce que nous disent les militants dans les entreprises lorsqu'ils dialoguent avec les employeurs,
02:02qu'il y a un ralentissement, qu'il y a moins d'investissement, qu'il y a moins de perspectives économiques
02:06et que sur les questions d'emploi, il y a des inquiétudes.
02:10On a réalerté le ministère du Travail et de l'Emploi, d'ailleurs, en fin d'année dernière,
02:14en disant qu'il faut qu'on puisse parler des questions d'emploi parce qu'on voit qu'effectivement,
02:18il y a une montée des plans sociaux, des plans de sauvegarde de l'emploi.
02:22Mais il y a tout ce qui est sous les radars, c'est-à-dire des structures d'emploi dans des petites structures
02:27où il n'y a pas forcément de dispositifs collectifs, de procédures collectives
02:31où les organisations syndicales peuvent être parties prenantes pour défendre les emplois.
02:36Ça concerne tous les secteurs, beaucoup de secteurs d'activité,
02:40les transports, le bâtiment, les commerces, le social et le médico-social.
02:46On voit que ça brasse une grande hétérogénéité de secteurs et ça concerne beaucoup de territoires.
02:51C'est vraiment très dispersé et ça concerne l'ensemble des bassins d'emploi.
02:59Et donc, on a demandé rapidement à la ministre du Travail de pouvoir se voir
03:03parce qu'il y a aujourd'hui le sentiment général dans les entreprises,
03:08c'est que lorsque les annonces sont faites, c'est extrêmement brutal et il n'y a pas d'alternative.
03:15Il n'y a pas de difficulté partagée de se dire comment on fait en sorte de maintenir des emplois,
03:21réorienter l'activité, organiser une reprise de l'entreprise.
03:25Donc, on a réussi à le faire, je pense notamment avec la coopérative chez Duralex l'année dernière.
03:30Et il y a ce sentiment d'urgence et d'impuissance des représentants du personnel de se dire
03:35lorsqu'on est au courant, c'est déjà trop tard.
03:37Donc, il faut pouvoir travailler sur ces leviers à la façon dont on peut au mieux anticiper
03:42et préserver les emplois, puisque moi, en tant que syndicaliste, je ne suis pas là pour compter les licenciements.
03:47Moi, je veux pouvoir les empêcher, faire en sorte qu'on les évite
03:51et comment on maintient les emplois dans les territoires.
03:54Nous sommes le 8 mars et cet après-midi, vous serez à la manifestation pour le droit des femmes.
03:58En tant que syndicaliste, alors les femmes salariées, les femmes demandeuses d'emploi, les femmes retraitées,
04:03est-ce que les droits des Françaises progressent ou est-ce qu'on est en train de patiner ?
04:07On patine, on avance extrêmement lentement.
04:10Et comme vous le soulignez très bien, aujourd'hui, un chômeur en France, c'est une chômeuse majoritairement.
04:16Une personne au SMIC en France, c'est une femme qui est au SMIC.
04:21Et donc, il y a des progrès qui sont faits, mais extrêmement lents.
04:25Et je pense que c'est cette lenteur qui devient insupportable.
04:28Et on a besoin, s'il y a un message à retenir aujourd'hui, c'est qu'il y a besoin d'un engagement beaucoup plus fort des employeurs sur cette question.
04:36Qui semble s'accommoder qu'il y ait des inégalités salariales,
04:40qui semble s'accommoder qu'il puisse y avoir des difficultés d'évolution de carrière plus compliquées pour les femmes,
04:47qui semble s'accommoder qu'il y ait plus de femmes dans des temps partiels subis.
04:54Donc, il y a besoin de revoir profondément un certain nombre d'éléments.
04:58Je pense notamment à la question de l'égalité salariale entre les hommes et les femmes.
05:02Il y a aujourd'hui un index qui doit permettre de mesurer.
05:05Aujourd'hui, on a des entreprises, il a un petit peu progressé, sauf qu'on n'y est pas.
05:11On n'est pas à l'égalité, on n'est pas encore à l'égalité.
05:14Donc, qu'est-ce qu'on met en place véritablement ?
05:16Et cet index permet de faire une photographie.
05:19Et en fait, on a des entreprises qui nous disent aujourd'hui, moi, j'ai une bonne note, donc j'attends l'année prochaine de voir ce que ça donne.
05:24Il faut véritablement travailler sur la dynamique, la façon dont les entreprises veulent progresser.
05:30Et donc ça, il faut revoir cet index.
05:32Cet index, il a trop d'exemptions.
05:34Il ne permet pas de mettre véritablement les écarts en lumière.
05:38Et quand les écarts ne sont pas visibles, on considère qu'ils n'existent pas.
05:42Donc, il faut pouvoir le réviser.
05:43Et puis, il faut s'appuyer sur l'Europe.
05:46On est à un moment particulier.
05:48Mais là aussi, je tenais à dire qu'il y a une directive européenne qui va nous faire progresser sur cette question salariale,
05:55justement pour qu'il y ait plus de transparence.
05:57Donc, il faut rapidement transposer cette directive pour pouvoir faire progresser cette question.
06:02– Il me semble que c'est prévu, ça devrait être fait avant…
06:05– C'est prévu, mais bon…
06:06– Ça devrait être fait avant la fin de l'année ?
06:08– Je ne vois pas ce qu'on attend.
06:09Pourquoi est-ce qu'on attendrait plusieurs mois en se disant on a le temps de la transposition ?
06:13Ça devient extrêmement urgent.
06:15Et puis, comme la cause des femmes a été régulièrement proposée comme grande cause nationale,
06:22je pense que ça mérite de pouvoir être traité le plus rapidement possible.
06:26Et puis, cette question de cette journée du 8 mars, moi, je voulais aussi dire,
06:32il y a la question de l'égalité salariale, c'est aussi une question de dignité au travail.
06:36Et j'ai aujourd'hui une pensée pour les salariés de la propreté qui sont en mouvement à Sciences Po,
06:43parce qu'elles n'ont pas des conditions de travail dignes,
06:45elles n'ont pas les moyens de pouvoir faire correctement leur travail.
06:48Et que ça aussi, ce sont des emplois féminisés,
06:52et que ça fait partie des sujets sur lesquels il faut pouvoir aussi dire,
06:56à un moment, on fait le constat, quand ce sont les secteurs d'activité où il y a une forte proportion de femmes,
07:02ce sont des secteurs qui sont les moins payés.
07:04Donc il faut aussi travailler avec les employeurs sur cette progression,
07:08et le fait de se dire, c'est aussi comme ça qu'on va gagner l'égalité entre les hommes et les femmes.
07:12La CGT veut faire de 8 mars une journée de mobilisation,
07:16et aussi une première étape pour relancer la contestation
07:18contre le recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
07:22C'est aussi ce que vous voulez faire ?
07:23La première étape des retraites, c'est d'avoir des discussions sérieuses
07:27qui permettent d'obtenir des avancées concrètes.
07:30Pour la CFDT, la question des retraites,
07:33elle se passe d'abord dans les discussions avec le patronat,
07:37qu'il faut pouvoir faire bouger,
07:38parce qu'aujourd'hui, on a besoin d'envoyer un signal pour la cohésion sociale,
07:45on a besoin de dire aux salariés qui ont été durement impactés par le report de l'âge légal
07:52qu'il y a d'autres alternatives,
07:54et que leur situation compte, et que leur situation peut être améliorée,
07:58notamment pour la CFDT,
08:00on a un énorme enjeu autour de la reconnaissance des métiers pénibles,
08:04parce qu'on sait qu'aujourd'hui,
08:06il y a des salariés qui ne peuvent pas travailler physiquement
08:11jusqu'à l'âge légal de la retraite,
08:13et qu'il faut pouvoir anticiper ces situations
08:16et reconnaître lorsque le corps a été usé.
08:19Vous avez trois mois pour partir de positions très divergentes
08:23et arriver peut-être à un accord,
08:25mais d'ores et déjà, votre négociation est percutée
08:27par l'annonce du réarmement.
08:29Cette semaine, on a le président du Medef, Patrick Martin,
08:33qui a souligné que les Danois ont décidé de reporter,
08:35je le cite, à 70 ans l'âge de départ à la retraite,
08:38pour que l'économie finance l'effort de guerre.
08:41Marie-Lise Léon, qu'est-ce que vous en pensez ?
08:43Je pense que ce n'est pas tout à fait la raison pour laquelle
08:46le Danemark a mis l'âge légal à 70 ans,
08:49puisque c'est dans le cadre d'une réforme de long terme
08:52qui a été décidée autour des années 2005-2006 de mémoire.
08:57Donc en fait, je pense que l'argument ne tient pas.
09:00Par contre, ce que je retiens de l'exemple danois,
09:01c'est lorsque l'on a une ambition politique
09:04de réformer en profondeur un régime social,
09:08on se donne le temps de le faire.
09:10Et donc, je le rappelle, la position de la CFDT,
09:13c'est d'avoir un régime universel, à la carte.
09:17Ça serait ça la vraie innovation sociale.
09:20Vous entendez le débat qui monte ?
09:21Le contexte est complètement différent.
09:22Le débat aujourd'hui, contexte différent.
09:25Est-ce qu'on avait les moyens de se payer un modèle social,
09:30allez, disons généreux ?
09:31Et est-ce que maintenant, on ne l'a plus ?
09:32Est-ce qu'il va falloir travailler plus ?
09:35Est-ce qu'il faudra faire des coupes dans les dépenses sociales ?
09:38La question, elle ne se pose pas dans ces termes.
09:40Et je pense que le débat aujourd'hui,
09:42c'est qu'on doit pouvoir tenir économiquement
09:47pour garantir notre souveraineté.
09:49Et je le redis,
09:52consolider, voire réparer notre cohésion sociale.
09:54On ne peut pas non plus faire comme si on n'avait pas traversé
09:57ces derniers mois une grave crise démocratique.
10:00Mais est-ce qu'on en a les moyens ?
10:02C'est ça que vous demande ce débat.
10:03Je pense qu'on n'aura pas d'autre choix,
10:04parce qu'on ne traversera pas les mois à venir
10:07sans une cohésion sociale forte.
10:09Donc, il faut pouvoir la préserver,
10:12voire même la consolider, la réparer
10:14et intégrer ces éléments de souveraineté
10:17que je constate aussi comme vous
10:21et que je vois bien qu'il va falloir intégrer.
10:24Ça veut dire qu'il va falloir se reposer les questions.
10:25Qui va payer ?
10:27Paul Réarmement, Marlise Léon, elle dit quoi ?
10:29Je n'ai pas la solution.
10:30Le chef de l'État vous a demandé des solutions.
10:33Eh bien, c'est à toi qu'il nous demande
10:34dans quel cadre on va pouvoir en discuter.
10:36Ce n'est pas la chef d'État toute seule qui aura la réponse magique.
10:39Moi, je suis prête à ce qu'il organise,
10:42comme on le demande depuis de nombreux mois,
10:44une conférence des finances publiques.
10:46Je pense qu'aujourd'hui, on en a plus que jamais besoin
10:48et qu'on mette toutes les parties prenantes autour de la table
10:50et qu'on voit quels équilibres
10:52et comment on peut au mieux construire
10:55la robustesse économique dont on a besoin aujourd'hui.
10:59Mais ce débat, je vous agace ou pas ?
11:01Ça sera une robustesse économique
11:03qui ne devra pas se faire au détriment du modèle social.
11:05Parce qu'il n'y a pas que l'économie dans la vie.
11:08Il va falloir aussi tenir compte des attentes sociales
11:11et elles sont énormes.
11:12Et on ne fera pas face aux défis actuels,
11:15notamment à l'échelle européenne.
11:17Je pense que c'est là aussi qu'en tant que citoyen français,
11:20on doit aussi se sentir citoyen européen,
11:23défendre l'Ukraine qui a été agressée par un autre pays
11:28et qui doit pouvoir aussi sentir cette solidarité européenne
11:34qui est vitale dans la période.
11:36Marie-Lise Léon, la numéro 1 de la CFDT,
11:38merci d'avoir accepté l'invitation.
11:40Merci à vous.

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