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00:00Oui, nous voulons la paix, c'est le message que Volodymyr Zelensky va porter à Riyadh.
00:04Le président ukrainien vient d'arriver en Arabie Saoudite.
00:07Dix jours après l'altercation dans le bureau Oval avec Trump,
00:11les Ukrainiens vont rencontrer une délégation américaine.
00:14D'après un haut responsable ukrainien, Kiev a proposé une trêve dans les airs et en mer.
00:19Écoutez ce qu'en pensent les Russes d'abord.
00:21Ce que nous attendons n'a pas d'importance.
00:25Ce qui compte, c'est ce que les Etats-Unis attendent.
00:29Nous avons entendu à plusieurs reprises des déclarations à différents niveaux,
00:33selon lesquelles les Etats-Unis attendent des Ukrainiens qu'ils fassent preuve d'une volonté de paix.
00:39C'est probablement ce que tout le monde attend.
00:42Les membres du régime du président ukrainien Volodymyr Zelensky veulent-ils vraiment la paix ou non ?
00:47C'est bien sûr très important et il faut le déterminer.
00:53Un point maintenant complet sur les enjeux à venir avec Bruno Darou et Mathieu Mabin à Washington.
00:59Bruno d'abord, très peu d'informations sur cette nouvelle rencontre en Arabie Saoudite.
01:03L'image à suivre, ce sera la rencontre Zelensky-MBS, le prince héritier saoudien qui affirme là son rôle de médiateur.
01:11Oui bien sûr, il affirme son rôle de médiateur, Mohamed Ben Salman.
01:15Un rôle qui veut jouer de longue date, qui s'est affirmé au cours des derniers mois,
01:22tout simplement parce que, pour des raisons géopolitiques, économiques aussi bien sûr avec le pétrole,
01:29il a conservé des bonnes relations avec tout le monde, avec la Chine qui est un partenaire économique très important,
01:34mais aussi avec les États-Unis bien sûr, et puis il y a le partenariat quand même historique qui date de la deuxième guerre mondiale,
01:41et avec la Russie, notamment justement sur le côté pétrolier.
01:47Il ambitionne donc de jouer ce rôle, il a déjà accueilli les premières rencontres russo-américaines le 22 février dernier,
01:57et là donc il accueille le président ukrainien Volodymyr Zelensky,
02:01parce que depuis le début de l'invasion russe il y a trois ans,
02:04l'Arabie Saoudite a toujours gardé là aussi une équidistance entre Moscou et l'Ukraine,
02:10et puis même si on remonte plus loin, en 2014 lors de l'annexion de la Crimée par exemple,
02:16l'Arabie Saoudite avait condamné cette initiative de la Russie.
02:20Donc aujourd'hui on est dans la visite bilatérale qui était prévue le 27 février dernier,
02:25mais qui avait été retardée parce qu'il y avait les premières rencontres russo-américaines quasiment en même temps à Riyad.
02:31— Elle avait été maintenue ou pas ?
02:33— Elle avait été reportée, voilà, elle devait avoir lieu le 27 février, elle a lieu aujourd'hui.
02:37Donc c'est une visite bilatérale on va dire, qui était prévue.
02:41Alors les deux dirigeants vont certainement parler de sujets bilatéraux comme l'économie, le tourisme, ce genre de choses,
02:48mais bien sûr ils vont aussi parler de la situation en Ukraine,
02:52à noter quand même que Volodymyr Zelensky, lui, ne sera pas demain à Djedda
02:56pour les entretiens entre les délégations américaines et ukrainiennes.
03:00Mais on ne sait pas juste, on ne sait pas s'il va rencontrer ou pas Marco Rubio, le secrétaire d'État américain,
03:07qui va arriver, lui, en Arabie saoudite.
03:10Est-ce qu'il y aura une rencontre entre Zelensky et Rubio ? Mystère pour l'instant.
03:15— Avec donc ce projet sur la table déjà évoqué par Volodymyr Zelensky, une trêve dans les airs et en mer,
03:22Mathieu Mabin, est-ce que cette rencontre en Arabie saoudite peut marquer un tournant ?
03:28— Alors en effet, en dehors du fait que Volodymyr Zelensky va rencontrer le prince Mohamed Ben Salmane ce lundi,
03:35les pourparlers importants vont en réalité commencer mardi avec l'équipe du président ukrainien
03:41et le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, on l'a dit.
03:44Mais attention, les choses sont parfaitement claires désormais.
03:47En tout cas, depuis l'épisode calamiteux que l'on a tous vu, celui du 28 février dernier dans le bureau Oval,
03:54avant toute chose, il sera question de l'accord entre les États-Unis et l'Ukraine
03:59sur l'exploitation des terres rares ukrainiennes par les Américains.
04:04Washington, qui avait déjà renoncé à s'embarrasser des convenances diplomatiques, ne fait même plus semblant.
04:12L'administration Trump a d'abord comme objectif de se rembourser.
04:17Et même si l'expression est largement passée de mode en Europe,
04:21le président américain est impatient de récolter les dividendes d'une paix qui, selon lui, ne s'est que trop faite désirée.
04:29On rappelle que cet accord purement financier n'est officiellement pas conditionné par un accord de paix
04:36et une cessation des hostilités entre Russes et Ukrainiens.
04:39Mais en réalité, le président américain n'est disposé à considérer l'existence même d'une Ukraine diplomatique
04:46qu'une fois que cette question sera réglée.
04:49Volodymyr Zelensky, qui était arrivé à Washington lors de la fameuse visite,
04:53en considérant qu'il pourrait traiter cette question après avoir convaincu Donald Trump de le laisser prendre part aux négociations
05:01sur le destin de son propre pays, est aujourd'hui prêt à signer presque tout
05:07pourvu que cela donne une respiration à ses troupes qui font face, en ce moment on le sait,
05:13à des coups sévères portés par l'armée russe, notamment dans les régions de Donetsk et Kursk.
05:18Mais surtout, ce qui semble se dessiner, c'est que, dans le fond,
05:22Donald Trump a d'abord besoin de pouvoir dire à son opinion qu'il a signé un contrat avantageux pour les Etats-Unis
05:31qui rapportera plusieurs centaines de milliards de dollars,
05:35non seulement en couvrant l'intégralité des dépenses consenties par les Etats-Unis,
05:40y compris par l'administration précédente pour l'Ukraine,
05:43mais en réalité bien au-delà dans les prochaines années.
05:46En fait, il est probablement impossible aujourd'hui de dire la valeur réelle de ce que contient le sol d'Ukraine
05:53et surtout, face aux enjeux du moment, l'urgence pour le président ukrainien
05:58n'est pas d'envisager l'avenir industriel de son pays immédiatement,
06:02mais tout simplement sa survie de semaine en semaine.
06:05Et enfin, pour terminer, sur le choix de l'Arabie saoudite,
06:08on se souvient que le président américain avait sidéré tout le monde
06:12en annonçant une rencontre avec son homologue russe, Vladimir Poutine,
06:15sous l'égide des Saoudiens.
06:18On n'en est donc pas encore tout à fait là,
06:20puisque les récentes déclarations de Vladimir Poutine et de ses diplomates,
06:23surtout, semblent confirmer que les deux pays sont en réalité visiblement
06:28au début du début d'un dialogue sur une paix en Ukraine,
06:32contrairement à ce que peut dire Donald Trump ici.
06:35Donc l'avenir de l'Ukraine se déroule, Bruno, à la table des négociations,
06:39sur les opérations sur le terrain aussi.
06:42Faisons un point sur les positions des uns et des autres.
06:46Mathieu le disait, la Russie est en train d'avancer.
06:49En tout cas, elle renforce ses positions.
06:51Elle a mené une offensive dans les régions frontalières de Koursk et de Soumis.
06:54Et puis l'Ukraine a l'instant d'y renforcer de son côté ses troupes
06:58dans la région de Koursk.
07:00Oui, en fait, il y a deux choses.
07:03D'abord, quand même, peut-être pour revenir sur la proposition de Vladimir Zelensky
07:08d'une trêve dans les airs et en mer.
07:12Il essaye ainsi de contourner le facteur qui avait irrité les Etats-Unis,
07:17puisque Zelensky ne veut pas d'un vrai cessez-le-feu sans garantie de sécurité.
07:22Donc là, en fait, il ne propose pas vraiment un cessez-le-feu.
07:24Il propose cette trêve dans les airs et en mer pour voir un peu
07:28comment tout le monde se comporte.
07:29Et si on peut avancer plus loin, on verra bien comment réagira la délégation américaine.
07:33Alors, sur le terrain, effectivement, c'est toujours avantage à la Russie.
07:38Mais les choses sont plus compliquées, parce que même du côté de Donetsk,
07:44les Russes continuent à avancer.
07:46Mais depuis une dizaine de jours, apparemment,
07:48les Ukrainiens réussissent à faire des contre-attaques.
07:51Alors, les Ukrainiens, qui sont évidemment pénalisés par la décision américaine
07:55de geler l'aide militaire et surtout de geler le partage de renseignements.
07:59Et ça, ça peut expliquer aussi ce qui se passe, en revanche, à Koursk.
08:03Donc, en territoire russe, où là, les Ukrainiens sont privés des renseignements américains.
08:08C'est peut-être ce qui explique la progression assez nette ces derniers jours de l'armée russe,
08:14qui veut absolument reconquérir ce bout de territoire russe.
08:18Alors, on estime aujourd'hui que les Ukrainiens contrôlent
08:22entre 400 et 500 kilomètres carrés de territoire russe.
08:26Ils étaient allés jusqu'à 1300 kilomètres l'été dernier.
08:29Donc, là, oui, les Ukrainiens sont dans une situation extrêmement difficile.
08:34Les Russes menacent même de couper leur voie de communication
08:39entre la petite ville russe de Sudja, qu'ils maîtrisent,
08:43et la ville ukrainienne de Sumy, dont vous parliez.
08:47Donc, oui, la situation est très tendue.
08:48C'est peut-être pour ça qu'ils ont annoncé des renforts côté ukrainien.
08:52– Sur le sujet des renseignements qu'évoquait Bruno Mathieu,
08:57l'Amérique a suspendu ce partage avec les Ukrainiens la semaine dernière,
09:05et le gel se poursuit.
09:06Ça a des conséquences, on l'a bien compris, dans les combats.
09:12– Oui, absolument.
09:13Et Bruno évoquait à l'instant la situation à Koursk.
09:17Absolument, les Européens ont annoncé à demi-mot
09:22qu'ils pourraient, dans la mesure de leur capacité,
09:25offrir une forme de relais et se substituer
09:27aux moyens de renseignements américains dans la région.
09:30Mais en réalité, cela ne pourrait que se limiter aux territoires ukrainiens,
09:36avec les moyens que possèdent les armées de l'Union européenne.
09:40Mais certainement pas au-dessus du sol russe.
09:42L'Europe n'est pas aujourd'hui capable d'observer le champ de bataille
09:46à l'intérieur du territoire russe, donc pas du tout dans la région de Koursk,
09:50ce que les Américains savent faire en revanche.
09:53En réalité, cette question du renseignement est le levier le plus efficace
09:57et le plus instantané à la disposition de Donald Trump,
10:01puisque même la suspension de l'aide militaire et financière à l'Ukraine
10:05n'aura pas d'effet immédiat sur le terrain.
10:07D'abord, puisque l'essentiel des fonds est déjà versé par le département du Trésor
10:12et sur décision de la précédente administration, celle de Joe Biden.
10:17Là, il s'agit de numéraire.
10:19Et ensuite, parce que l'armement dont l'Ukraine a besoin
10:22est pour une part déjà livré ou en cours de livraison
10:25avec des contrats qui ne peuvent pas être cassés
10:28et constitue en soi un stock avec lequel l'Ukraine peut se battre encore quelques mois,
10:34même s'il est très difficile de dire combien de temps.
10:37Et donc, de la même manière que l'interruption de la couverture satellitaire
10:40offerte par Starlink, dont il est inutile de rappeler qu'elle appartient à Elon Musk,
10:45de la même manière que la couverture satellite et surtout son interruption
10:48auraient des conséquences désastreuses immédiates
10:51sur le déroulement des opérations sur le terrain,
10:53si les Etats-Unis stoppaient effectivement net leur soutien en renseignement,
10:58en couverture satellite également et surtout en couverture radar
11:02de détection des intrusions missiles russes sur le territoire ukrainien,
11:06les effets s'en feraient sentir immédiatement.
11:09D'ailleurs, l'Ukraine s'en est rendue compte déjà dans les 24 heures
11:13qui ont suivi l'annonce de Donald Trump.
11:15Une des plus vastes salves de missiles russes de ces derniers mois
11:19s'est abattue sur l'Ukraine.
11:20Au stade où on en est, personne n'est vraiment capable de dire
11:24s'il y a vraiment eu un fléchissement dans le soutien américain
11:28d'ores et déjà, ce soutien au renseignement,
11:31et si ce fléchissement a déjà eu un impact sur la capacité d'interception
11:36des missiles russes.
11:36Mais concrètement, l'enjeu est tellement important
11:39qu'il suffit bien plus que la pression orale exercée par Washington.
11:44Cela suffit à convaincre Volodymyr Zelensky
11:46de présenter des excuses à Donald Trump.
11:49C'est ce qui est arrivé.
11:50Et de signer tout ce que l'Amérique voudra en termes d'accords commerciaux
11:54si cela peut sauver, évidemment, le territoire ukrainien
11:58et par là même, des vies ukrainiennes.
12:01Et on suivra donc les rencontres demain à Jeddah
12:03avec peut-être un face-à-face Rubio-Zelensky.
12:05Merci à tous les deux. Merci Mathieu.
12:07Merci à Bruno. À demain.