Marine Le Pen était en visite à l’EPR de Flamanville (Manche) ce mardi 11 mars 2025. La présidente du «Rassemblement national» à l'Assemblée nationale est revenue sur le discours prononcé par Emmanuel Macron sur la menace venue de Russie.Voir moins
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00:00Bonjour, mesdames et messieurs de la presse.
00:04Avant de répondre à vos questions,
00:05je tenais à vous dire mon immense fierté
00:07devant l'EPR de Flamanville,
00:09qui est l'incarnation du génie scientifique
00:12et industriel français.
00:14L'EPR n'est pas qu'une prouesse technologique
00:17et un chef-d'oeuvre d'innovation,
00:18c'est une cathédrale de notre souveraineté énergétique.
00:22A l'aube d'un siècle où l'électricité sera essentielle
00:25à la transition énergétique,
00:27aussi bien qu'à notre compétitivité industrielle.
00:32Pour cela, j'adresse d'ailleurs à EDF,
00:34à ses ingénieurs, à ses ouvriers, à ses techniciens
00:36toutes mes félicitations, auxquels se joignent,
00:38j'en suis sûre, des millions de Français.
00:41Ce succès est d'autant plus méritoire
00:43qui ne s'est pas fait grâce
00:44à des dirigeants politiques visionnaires,
00:46mais malgré leur inconstance et leur absence de stratégie.
00:49Depuis 2017, Emmanuel Macron, en particulier,
00:53aura tout dit, tout fait, tout contredit
00:56et tout défait en la matière.
00:59En 2018, il annonçait la fermeture de 14 réacteurs.
01:02En 2019, il abandonnait le projet de réacteurs
01:04à Notre-Dame-Rapide Astrid.
01:05En 2020, il fermait Fessenheim.
01:08Mais en 2022, après avoir fait perdre plusieurs années
01:11à la filière par sa versatilité,
01:13Emmanuel Macron annonçait la relance
01:16de notre programme nucléaire et le rachat par Alstom
01:18des turbines Arabel, présentes notamment dans l'EPR,
01:22des turbines dont il avait lui-même, je le rappelle,
01:24organisé la vente à Général Electric
01:27pour deux fois moins cher, huit ans plus tôt.
01:30Trois ans après ces promesses,
01:33la filière attend encore des actes.
01:36Les six prochains EPR ne sont toujours pas financés,
01:39contrairement au projet éolien offshore non souverain,
01:43arrosé de dizaines de milliards de subventions publiques
01:45qui échappent, en conséquence,
01:47aux centaines de PME d'excellence de notre filière nucléaire.
01:52S'agissant des SMR, la plupart des start-up
01:54qui ont été subventionnées sans vision stratégique depuis 2017
01:58sont aujourd'hui en difficulté,
02:00puisque la situation dramatique de nos finances publiques
02:02ne permet plus de les soutenir comme cela leur avait été promis.
02:06Et au-delà de ces incertitudes industrielles,
02:08déjà graves en elles-mêmes,
02:10l'explosion des prix de l'électricité, je rappelle,
02:13plus 60 % en sept ans,
02:15plus 140 % depuis la libéralisation du marché
02:20de l'électricité en 2007,
02:22constitue une menace existentielle pour notre industrie
02:26et pour le niveau de vie des Français.
02:28Faute de vision, les gouvernements français
02:32ont depuis des années fait rimer décarbonation
02:34avec punition et désindustrialisation.
02:37Ménage, TPE, PME, grands groupes, tous les acteurs
02:41paient le prix de cette doctrine,
02:43et je défends pour ma part une vision fondée
02:46sur la planification, l'ambition et la production.
02:50La planification implique des engagements financiers
02:52et industriels clairs et durables.
02:54Je propose depuis de longues années la création d'un fonds souverain
02:57permettant de diriger les investissements publics
03:00et l'épargne des Français sur la base du volontariat, bien sûr,
03:03vers les secteurs stratégiques pour notre pays,
03:05permettant aux Français de toucher des intérêts
03:08plutôt que d'enrichir les marchés, on enrichirait les Français.
03:11Voilà une grande nouveauté
03:13qui n'a pas dû traverser l'esprit de nos dirigeants.
03:16Alors, nous parlons l'Etat,
03:18pourtant détenteur de 100 % du capital EDF,
03:21on est réduit à envisager de lui octroyer un prêt
03:23pour financer les 67 milliards
03:25que coûteront les 6 prochains EPR2.
03:28C'est une aberration financière.
03:30Nous adopterons une approche totalement différente
03:32fondée sur le fléchage durable des crédits publics
03:34et de l'épargne nationale vers les investissements structurants
03:37dont font naturellement partie les EPR et EPR2.
03:42Le fait que la France ne dispose pas d'un fonds souverain
03:44est en soi une anomalie en comparaison internationale,
03:47et nous allons la réparer.
03:49Concernant l'ASMR, nous changeons là aussi totalement
03:52l'approche mise en oeuvre depuis 2017
03:54qui repose sur des subventions publiques d'amorçage
03:58comme si l'Etat devait se substituer
04:00à des fonds de capital risque.
04:02A l'inverse, nous utiliserons
04:04la pachation de commandes publiques,
04:05le cas échéant payé au résultat,
04:08afin de stimuler l'innovation
04:10et de donner confiance aux investisseurs de prix.
04:12Je ne demande pas pour cette idée de prix Nobel,
04:15c'est un simple retour au modèle en vigueur
04:17sous le général de Gaulle
04:18utilisé par de nombreux pays aujourd'hui.
04:21L'ambition, c'est de faire de la France un paradis énergétique.
04:24Jordan Bardella l'a rappelé à de multiples reprises.
04:27C'est simple.
04:28L'objectif de l'Etat doit être de produire
04:30le plus d'électricité possible, la moins chère possible,
04:33la plus décarbonée possible,
04:36et non pas, comme c'est le cas depuis des années,
04:38d'organiser la décroissance de la production électrique,
04:41car cette logique décroissante est autoréalisatrice.
04:44Ne pas investir dans la production,
04:45cela entraîne la rareté et donc la chèreté de l'électricité,
04:49et dans de nombreux secteurs, de Michelin à LVMH,
04:51cela entrave la création de richesses.
04:54A l'inverse, investir massivement dans la production électrique
04:57permet de réaliser des économies d'échelle
04:59pour la filière nucléaire
05:00et de générer des prix durablement bas
05:02pour l'ensemble des acteurs,
05:04ce qui donne aux industriels
05:05la possibilité d'investir en confiance.
05:07Et puis, ça permet aussi de conserver le savoir-faire,
05:11qui est aussi une des raisons
05:14des délais qui ont été ceux de l'EPR.
05:19Quand on perd le savoir-faire,
05:20eh bien, il faut, en quelque sorte, le reconstituer,
05:23et ça prend du temps.
05:25On en viendrait presque, d'ailleurs, à s'excuser
05:27de rappeler de telles évidences,
05:28tant les politiques publiques en la matière
05:30se sont éloignées depuis des décennies du bon sens.
05:34Et pour réduire autant que possible
05:36le prix de l'électricité en aval,
05:38nous mettrons également en place, vous le savez,
05:40on vous l'a dit 2 500 fois,
05:42un prix régulier national d'électricité en France
05:44hors des mécanismes européens,
05:46une TVA 5,5 sur l'électricité,
05:49comme sur toutes les autres énergies,
05:51et un moratoire sur toute subvention
05:54aux projets d'investissement dans les énergies renouvelables,
05:57qui devront, après tout, garantir leur rentabilité économique
05:59par elles-mêmes à l'avenir.
06:02Voilà, selon moi, le rôle de l'Etat,
06:04systématiquement orienter la dépense publique
06:06vers les investissements,
06:07en générant le plus de croissance économique.
06:10Enfin, notre vision est résolument tournée
06:12vers la production.
06:13C'est une rupture profonde
06:14avec le logiciel décliniste et décroissant
06:18qui mine la prospérité nationale depuis tant d'années.
06:20Et sur ce point, je voudrais souligner
06:22une donnée particulièrement éclairante.
06:24Notre parc nucléaire ne tourne en moyenne
06:26qu'à 70 % de sa puissance,
06:29contre plus de 90 % aux Etats-Unis,
06:31dont la technologie est pourtant totalement identique à la nôtre.
06:35Cette aberration française s'explique par la priorité
06:37que nous avons donnée aux énergies intermittentes
06:39pour alimenter le réseau électrique.
06:42Or, moduler la puissance d'un réacteur nucléaire,
06:45cela le fragilise.
06:47Le rapport de l'Inspection générale
06:48pour la sûreté nucléaire n'a échappé à personne
06:51et vient de le démontrer
06:52s'agissant de la corrosion sous contrainte.
06:55Nous adopterons donc là aussi une logique inverse.
06:57L'objectif sera de faire fonctionner nos réacteurs
06:59au maximum de leur potentiel,
07:02dans le respect, bien sûr, des limites
07:03qu'imposent les règles de sécurité.
07:06Il existe nombre d'usages aujourd'hui,
07:08sous-exploités, voire pas du tout.
07:10Production d'hydrogène, minage de cryptomonnaies,
07:14afin de constituer des réserves stratégiques pour EDF
07:16qui aideront à financer la maintenance
07:18et la rénovation de nos réacteurs.
07:20Ce ne sont que deux exemples parmi des dizaines.
07:22Et renoncer à produire de l'électricité,
07:24c'est renoncer à créer de la richesse.
07:26Et c'est donc indéfendable politiquement.
07:29En quelques mots, on a envie, en sortant de cette visite,
07:32de dire longue vie à l'EPR de Flamanville
07:35et surtout longue vie au parc nucléaire français.
07:39Sauf que nous venons d'apprendre,
07:43de manière subactice,
07:46que l'adoption de la programmation pluriannuelle
07:51de l'énergie 2025-2035
07:55s'effectuerait par décret.
07:58Alors, ça nous pose évidemment un problème majeur.
08:00D'abord, un problème majeur,
08:02parce qu'en dernière législative,
08:07le peuple français a entendu
08:09mettre l'exécutif sous surveillance.
08:12Et par conséquent, venir aujourd'hui
08:14prendre des décisions si lourdes de conséquences
08:17par un simple décret,
08:18c'est violer purement et simplement
08:21le fonctionnement démocratique de notre pays.
08:24C'est une manière de contourner, en réalité, le Parlement
08:28et donc de refuser la volonté des Français,
08:31qui, pourtant, a été exprimée, je crois,
08:33de rompre avec cette politique.
08:37On parle d'une date début avril 2025.
08:41C'est donc demain matin, pour le coup.
08:45Et donc, moi, je demande au Premier ministre M. Bayrou
08:48de renoncer à adopter la programmation pluriannuelle
08:52de l'énergie 2025-2035 par décret,
08:55de respecter la démocratie
08:57et de faire passer par une loi
09:00ces décisions pour qu'elles puissent être décidées
09:03et potentiellement, d'ailleurs, contredites
09:06par le Parlement.
09:10Cette PPE est de surcroît catastrophique.
09:16Je vous signale que sur la loi, d'ailleurs, certains disent,
09:18mais la loi royale de 2015
09:21prévoit une adoption par décret.
09:24Certes, mais la loi énergie-climat de 2019
09:27a imposé, je la cite,
09:29qu'avant le 1er juillet 2023, puis tous les 5 ans,
09:33une loi, je pense que les termes sont clairs,
09:37une loi détermine les objectifs et fixe les priorités d'action
09:41de la politique énergétique nationale.
09:44Donc, M. Bayrou doit respecter cela.
09:47C'est une loi qui doit être présentée
09:49et qui doit être discutée.
09:53Le contenu est dramatique.
09:56Le contenu de cette PPE est dramatique.
10:01C'est une PPE qui va coûter plus de 100 milliards d'euros,
10:07qui aggrave la politique énergétique décroissante
10:09d'Emmanuel Macron, qui étouffe la souveraineté,
10:12l'industrie et le pouvoir d'achat.
10:15Donc, la PPE, qui reconnaît, d'ailleurs,
10:17le caractère décroissant et coûteux de sa politique,
10:20indique qu'entre 2025 et 2035,
10:23les subventions aux énergies intermittentes
10:26seraient donc de plus de 100 milliards d'euros.
10:29Passant...
10:31Donc, elle passe de 8 milliards par an en 2025
10:34à 12 milliards par an en 2030.
10:39Ceci n'apparaissant qu'à la page 160 sur 170.
10:42Pour ceux qui sont les plus feignants
10:43et qui n'ont pas envie d'aller jusqu'au bout,
10:45ça peut potentiellement leur échapper.
10:48Les prévisions de croissance de PIB par rapport à 2015
10:52sont revues à la baisse.
10:53Par exemple,
10:55moins 50 % de croissance espérée d'ici 2030.
10:58Et puis, les prix du pétrole et du gaz
11:01s'installent à un niveau élevé et ne baisseront jamais.
11:05Voilà ce qui est indiqué dans cette PPE.
11:10L'alourdissement, d'ailleurs, du prix,
11:11c'est-à-dire de la taxe du carbone,
11:13des certificats d'énergie,
11:16c'est encore des taxes, etc., etc.
11:19Donc, en fait, globalement,
11:21la PPE souhaite faire chuter la consommation d'énergie
11:24finale de la France de 1 500 TWh en 2023
11:27à 1 380 TWh en 2030, soit une baisse de 8 %.
11:33Si la France, d'ailleurs, suivait la directive européenne,
11:36ce serait 17 %,
11:38donc c'est moins pire, mais c'est pire quand même.
11:42Et il faut quand même très clairement dire les choses.
11:47La baisse de la consommation d'énergie
11:49est une baisse de la croissance et de la richesse du pays.
11:54C'est une corrélation qui nous a d'ailleurs été rappelée ce matin.
11:58De la manière la plus claire qui soit,
12:00quand la consommation électrique hausse,
12:02c'est la richesse produite qui augmente.
12:05Quand la consommation électrique baisse,
12:07nous sommes dans une situation de décroissance
12:09et notamment de décroissance industrielle.
12:15La PPE prévoit encore un changement brutal
12:18des énergies utilisées.
12:19C'est intéressant au moment où nous sortons
12:22de cette visite de l'EPR.
12:24Une baisse jamais vue de 23 % de la consommation de gaz
12:27et de 30 % du pétrole d'ici 2030.
12:30Et pour compenser, on nous parle d'une hausse
12:32de la production d'électricité de 20 % d'ici 2030,
12:38qui, en fait, sera liée à l'augmentation
12:41des énergies intermittentes,
12:42c'est-à-dire les éoliennes terrestres,
12:44plus 70 %,
12:46et en mer, plus 2 700 %,
12:49plus 2 700 % l'éolien en mer,
12:52ainsi que du solaire, plus 225 %,
12:55lorsque l'on connaît l'ensemble des difficultés
12:58que posent ces énergies dites intermittentes.
13:06Donc, au final, le nucléaire, en réalité,
13:09rétablirait sa moyenne de production,
13:11mais baisserait de 3 points dans le mix énergétique
13:14de 2030.
13:15C'est donc une somme d'erreurs qui ont déjà été commises,
13:19qui nous ont mis dans la situation
13:20dans laquelle on est aujourd'hui,
13:22et je pense que sur un sujet aussi important que l'énergie.
13:26L'énergie est à un pays,
13:29ce que l'énergie est à un corps humain.
13:33Quand vous n'avez plus d'énergie,
13:36vous vous arrêtez, vous vous effondrez sur vous-même.
13:40Eh bien, il en est de même pour une nation
13:43et pour une économie.
13:44Si vous n'avez plus d'énergie,
13:46vous vous effondrez sur vous-même.
13:48Et si cette énergie n'est plus abordable,
13:51alors c'est l'ensemble du tissu économique national
13:56qui s'effondre.
13:57Donc, je réitère une demande
14:00sous forme d'exigence démocratique.
14:04M. Bayrou, faites discuter
14:07cette programmation pluriannuelle de l'énergie
14:10devant le Parlement.
14:12Faites-la voter par la loi.
14:13Ne la passez pas en catimini
14:15par l'intermédiaire d'un décret.
14:17Il en va de l'avenir de notre pays.
14:19Il envoie des choix souverains du peuple français.
14:22Et nous n'admettons pas que des choix aussi importants
14:26pour les particuliers, pour les entreprises
14:29et pour les industries
14:31puissent être décidés et signés sur un coin de table.
14:34C'est d'autant plus vrai, mesdames et messieurs,
14:37qu'aujourd'hui, il est de bon ton...
14:40Vous voyez, ça tombe vite dans la politique française.
14:43Mais là, il est de bon ton de défendre l'armement.
14:45Bon, je m'en réjouis.
14:47Depuis 2012, je demande à ce que le pourcentage
14:52des dépenses de défense soit à 3 % du PIB.
14:55Donc, c'est bien.
14:56Moi, je suis à nouveau dans ce domaine
14:59rejoint par un certain nombre
15:01qui m'ont pourtant combattu vivement
15:03durant les 15 dernières années.
15:06Tant mieux. Je m'en félicite.
15:08Mais qui peut croire que l'industrie de la défense
15:12peut fonctionner à plein régime
15:15avec une énergie qui soit à un coût exorbitant ?
15:19Personne.
15:21Et d'autant moins lorsque l'on nous exprime
15:23cette volonté de réarmement
15:27en compétition, en quelque sorte,
15:29si ce n'est en concurrence avec des grandes nations
15:32comme la Chine, comme la Russie, comme les Etats-Unis,
15:36où je suis obligée de vous dire
15:38que les niveaux de prix de l'électricité
15:41sont sans commune mesure avec ce qui est prévu
15:45dans les 10 prochaines années.
15:47Sans commune mesure.
15:49C'est-à-dire qu'aujourd'hui, de ce que je sais,
15:52EDF discute avec un certain nombre de grandes entreprises
15:55pour avoir une sorte de plan prévisionnel de prix
15:57à 100 euros.
15:59Bon.
16:01Les Etats-Unis et la Chine,
16:03c'est entre 35 et 55.
16:07Comment on peut être compétitif dans ces conditions-là ?
16:09On ne peut pas l'être.
16:11Donc on ne peut pas tenir un discours
16:13et, en réalité, mettre en place des actes
16:16qui sont tout à fait contraires au discours que l'on tient.
16:19Sinon, ça reste des paroles.
16:21Ils ont l'habitude de le faire.
16:23Mais là, ça va avoir des conséquences sur nous-mêmes,
16:26sur nos entreprises, sur l'emploi, sur nos enfants.
16:29Et donc il n'est pas question de traiter l'industrie,
16:32encore une fois, comme un sujet mineur.
16:34C'est un sujet absolument majeur.
16:37Et depuis la guerre en Ukraine,
16:38je pense que tout le monde s'en est quand même rendu compte.
16:41Voilà. Je suis à votre disposition, bien sûr,
16:42pour répondre à vos questions.
16:44Un enseignement de mouvement sur le climat.
16:47Voilà.
16:48...
17:12Non, on l'a retrouvé.
17:14Non, on l'a retrouvé.
17:15Si l'EPR a subi autant de retards
17:20et d'augmentation de coûts, d'ailleurs,
17:21c'est d'abord et en premier lieu
17:24en raison des hésitations des politiques.
17:26Parce que j'avance...
17:28Pour le coup, c'est un petit peu
17:29comme ce qu'on fait subir à nos centrales.
17:31Il y a une forme de corrosion, quoi.
17:32C'est-à-dire que j'avance, je recule,
17:34j'avance, je recule sur le nucléaire,
17:35j'avance, je recule, je me mets à l'arrêt, j'avance...
17:37Bon, parce que ça a été ça.
17:39Bon, sans compter les Allemands qui ont changé d'avis,
17:41parce qu'au départ, c'était un projet, vous le savez,
17:43franco-allemand, et puis pour finir,
17:44les Allemands ont dit non.
17:45Donc tout ça, ça a eu des conséquences sur les délais.
17:47Mais justement, ce qui a été long,
17:50c'est de retrouver ce savoir-faire.
17:52Ce savoir-faire, ils l'ont retrouvé.
17:54Il ne s'agit pas maintenant à nouveau de se mettre à l'arrêt,
17:57de perdre à nouveau le savoir-faire
17:59qu'on a pu acquérir dans les dernières années,
18:03j'allais dire, au bénéfice, là, pour le coup,
18:06de ces longues années de remise, en fait,
18:10à niveau de notre technologie.
18:12Ce serait totalement absurde.
18:14Donc bien entendu, il faut maintenant dupliquer
18:17cette EPR pour pouvoir reconstituer définitivement,
18:22je veux dire, notre capacité technologique
18:26et notre savoir-faire dans ce domaine.
18:28...la place de la Manche.
18:30A quelques kilomètres,
18:32il y a la usine de repassement des déchets et du combustible usé.
18:35Avec l'admiss d'un grand projet, la Val-du-Futur,
18:39quelle est votre position, vous, sur le cycle du combustible ?
18:41Est-ce que vous êtes favorable à ce grand progrès
18:43ou à la Val-du-Futur ?
18:44Non, mais moi, je suis favorable à tout ce qui,
18:46en termes de progrès, permet d'envisager
18:50l'inocuité des déchets de nos centrales.
18:55Voilà.
18:56En réalité, j'ai toujours pensé, si vous voulez,
19:00que les difficultés qui étaient celles du nucléaire,
19:03qui ont existé, il ne faut pas les nier.
19:07Vous voyez, on a une vision tellement binaire
19:08dans la classe politique française
19:09que quand vous dites ça, ça ne va pas.
19:12On ne comprend pas ce que vous dites.
19:13C'est où vous êtes pour, où vous êtes contre.
19:15Non, on peut être pour et espérer réduire au maximum
19:19les problématiques de sécurité.
19:22Je crois que l'EPR, pour le coup,
19:24a réduit considérablement les problématiques de sécurité
19:28en tenant compte de l'expérience de Fukushima, de Tchernobyl.
19:34Bon, ils ont vraiment augmenté en niveau de sécurité
19:38de manière incroyable.
19:39C'est d'ailleurs plus en niveau de sécurité
19:41qu'ils ont augmenté qu'en capacité, en réalité,
19:44de production.
19:46Et donc tout ce qui peut permettre, justement,
19:50de retraiter les déchets nucléaires
19:52et d'ailleurs de les réutiliser
19:53va dans le bon sens.
19:55Mais excusez-moi, c'est juste le moment
19:56où j'ai envie de vous dire qu'on peut tous pleurer
19:58sur l'abandon d'Astrid, quand même.
20:00Voilà.
20:01C'est-à-dire qu'on était considérablement avancés,
20:05on avait déjà dépensé des centaines de millions d'euros,
20:08et Emmanuel Macron a décidé de l'arrêter.
20:12Pourquoi ? On ne sait pas.
20:14Un caprice, un élu vert qui est venu le voir en disant
20:19que ce n'est pas bien, ce méchant.
20:21Alors voilà, on arrête.
20:22Enfin, je veux dire, c'est incompréhensible.
20:26Mais c'est même incompréhensible
20:28pour ceux qui, éventuellement, ont une réticence
20:31à l'égard du nucléaire,
20:33puisque c'était précisément le moyen, à terme,
20:39de pouvoir réutiliser, et même presque en cycle,
20:43fermé définitivement,
20:45sans plus jamais avoir besoin, en fait,
20:47d'intégrer de nouvelles matières.
20:49Enfin, voilà.
20:50Avoir arrêté ça, c'est, encore une fois,
20:55une faute politique absolument terrible.
21:01Et d'ailleurs, moi, je note que j'avais entendu
21:04la promesse de la relance d'Astrid.
21:07Vous l'aviez entendu aussi, je crois.
21:09Bon, c'est pas dans l'APPE.
21:12Voilà. Encore une promesse qui n'est pas tenue.
21:15...
21:29On retombe dans ce que j'ai dit tout à l'heure.
21:31C'est où on est pour, où on est contre.
21:34Est-ce qu'on a le droit de dire que le nucléaire
21:37est une technologie qui permet d'avoir une énergie décarbonée,
21:43abondante et à bas prix,
21:48tout en disant que, oui, il y avait des risques,
21:52et que parce qu'il y avait des risques,
21:53il y en a d'ailleurs peut-être encore,
21:56parce qu'il y avait des risques,
21:57parce que c'est une technologie dangereuse.
21:59Oui, bien sûr, ça le reste.
22:01Sauf que qu'est-ce qu'il faut faire
22:03quand il y a une technologie qui représente un danger ?
22:06Si je peux me permettre, la voiture aussi, c'est dangereux.
22:09Parce que pour l'instant, on n'a eu aucun accident en France.
22:12C'est qu'il faut en permanence travailler
22:15à chercher les moyens de sécuriser cette technologie.
22:19Et pour le coup, c'est exactement ce que fait EPR.
22:22Je veux dire, avec la manière dont est construit,
22:24alors moi, je ne suis pas ingénieur,
22:26mais ce dôme, avec les règles antisismiques
22:31qui ont été utilisées pour sa construction,
22:33ça permet de réduire considérablement
22:36la dangerosité de cette technologie.
22:38On n'abandonne pas une technologie
22:40parce qu'elle représente un danger.
22:43On fait en sorte d'améliorer, d'investir dans la recherche
22:46pour réussir à trouver, par l'intermédiaire du progrès,
22:49les moyens de rendre sûr une technologie
22:54qui, au départ, ne l'était pas.
22:57C'est ce qu'ils ont fait, c'est ce qu'a fait la France,
23:00par l'intermédiaire de ces ingénieurs.
23:01C'est pour ça qu'encore une fois, ils ont analysé,
23:04je crois, avec beaucoup d'attention
23:07et très longuement les différents accidents nucléaires
23:10qui ont eu lieu dans le monde
23:12pour pouvoir en tirer les conséquences
23:14qui ont permis de voir émerger l'EPR.
23:17Donc c'est ça que j'avais dit à l'époque,
23:20mais voilà, on a...
23:23Je veux dire, je trouve que le débat politique français
23:26aujourd'hui ne permet plus d'avoir un avis
23:30où on puisse exprimer une forme de modération.
23:33C'est ou tout l'un ou tout l'autre.
23:35Tout n'est pas noir, tout n'est pas blanc.
23:36En l'occurrence, j'avais d'ailleurs dit,
23:38parce que ma phrase avait été coupée par des bonnes âmes
23:41sûrement attachées à la clarté du propos, je suppose,
23:45ou à la vérité du propos,
23:47j'avais dit, en attendant,
23:50c'est l'énergie, évidemment, qui est...
23:52C'est la seule énergie qui est, compte tenu des critères
23:55qu'elle a, irremplaçable.
23:57Voilà. Et pour l'instant, je suis désolée de vous dire
24:00qu'on ne l'a pas remplacée.
24:02C'est-à-dire que plusieurs décennies plus tard,
24:04en réalité, on ne l'a pas remplacée, cette énergie.
24:08Et aujourd'hui, si le monde entier revient au nucléaire
24:11ou vient au nucléaire,
24:13c'est parce que c'est devenue une technologie qui est maîtrisée,
24:17qui est quand même plus sûre qu'elle ne l'a jamais été
24:22et qui permet d'avoir de l'électricité abondante
24:25et pas chère, et aujourd'hui sûre.
24:28C'est tout de même quelque chose qui est remarquable
24:31lorsque l'on sait les difficultés qu'il y a
24:33avec les énergies intermittentes.
24:35Le moins qu'on puisse dire,
24:36c'est que c'est vraiment très, très intermittent.
24:39Parce que sur les solaires qui fonctionnent à 17 %,
24:42il y a un problème, quand même.
24:44Les éoliennes à 22 %, il y a un problème.
24:47Et les productions sont sans commune mesure
24:49avec ce que produit un réacteur nucléaire.
24:53Et vous ne pouvez pas faire fonctionner des industries,
24:55encore moins des industries d'armement
24:57ou des industries électrointensives
25:00avec des éoliennes.
25:01Ca, ça ne fonctionne pas.
25:03Donc si on veut réindustrialiser,
25:05il faut évidemment, à un moment donné, faire des choix.
25:07Et le choix, quand on est dans le cadre
25:09d'une disette budgétaire, quand même,
25:13c'est de ne pas mettre 100 milliards
25:14dans les prochaines années,
25:15100 milliards dans des énergies dont nous savons pertinemment
25:20que, déjà, quand on aura fini de les financer,
25:23elles seront déjà la moitié de leur vie.
25:25Non, mais il faut comme le dire.
25:27C'est 20 ans ou 25 ans, une éolienne.
25:30Donc elles seront déjà la moitié de leur vie,
25:32alors que l'on sait qu'elles ne correspondent pas
25:33aux besoins qui sont les nôtres.
25:36Donc c'est une véritable folie que d'engager, je crois,
25:40ces sommes au moment où nous parlons.
25:42C'est sûr que ce qu'il faut pour le quotidien...
25:45Pourquoi ? Ah, vous voyez, on y revient.
25:49Il y a de la...
25:50Il y a de la...
25:51Il y a de la...
25:53Pour finir.
25:54J'ai peur de la question.
25:56Mme la députée, laissant vous citer pour aujourd'hui,
25:59j'entends dans les débats des gens qui remettraient en cause
26:01la menace géopolitique,
26:02le président inventerait la menace russe.
26:04La vraie menace, c'est le terrorisme.
26:06Ces gens-là n'ont pas fini d'accepter, manifestement,
26:08que la France doit lutter en même temps
26:10contre la menace géopolitique et les héros russes.
26:12Qu'est-ce que vous répondez à Emmanuel Macron ?
26:14Bah qu'il est exactement...
26:16Il est dans l'air du temps du niveau de la vie politique française.
26:21C'est-à-dire qu'il y a un côté binaire.
26:25Et d'ailleurs, la manière dont il présente les choses
26:28le démontre.
26:31La menace principale aujourd'hui, c'est le terrorisme islamiste.
26:35Principale.
26:36La menace majeure auquel la France fait face.
26:39Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de menace russe.
26:42Bien sûr qu'il y a une menace de la part,
26:44je l'ai dit d'ailleurs très clairement dans le Figaro,
26:47donc je pense que quelqu'un a dû lui faire une fiche,
26:50mais qu'il n'a pas dû lire l'article original, sûrement.
26:56C'est qu'il y a une menace à notre souveraineté.
27:02Par la Russie, par la Chine, par les Etats-Unis.
27:05Donc aujourd'hui, la menace russe, elle est plus prégnante.
27:08Mais moi, je n'ai confiance, pour vous le dire plus simplement,
27:11dans aucune des grandes puissances.
27:13Voilà. Aucune des grandes puissances.
27:16Ca ne veut pas dire que certaines ne sont pas nos alliées.
27:19Je vous l'ai dit, les Etats-Unis sont notre allié.
27:21Il n'en demeure pas loin que les Etats-Unis
27:23défendent leurs intérêts.
27:24Et si leurs intérêts sont contraires aux nôtres,
27:26ils n'hésiteront pas à sacrifier les nôtres.
27:28Je suis pertinemment au courant de cela.
27:31Et ce que je trouve un peu regrettable,
27:35celui-là, c'est, en matière de diplomatie,
27:37en matière de défense des intérêts de la nation,
27:39c'est de passer toujours d'un extrême à l'autre.
27:42C'est merveilleux.
27:43Ce sont nos alliés, ils peuvent faire ce qu'ils veulent.
27:46Ou alors, non, ça y est, ce sont nos ennemis.
27:47Parfois, du jour au lendemain, je trouve que cette inconstance
27:50dans le domaine de la diplomatie
27:53est en quelque sorte un danger pour notre pays.
27:56Il faut être constant, il faut être conscient
27:59quand une fois que les nations n'ont pas d'amis.
28:02Je crois que de grands personnages par le passé
28:05ont dit cela bien avant moi.
28:08Et que même lorsque vous êtes allié avec un pays,
28:12vous pouvez être en même temps allié
28:14sur un certain nombre de sujets et dans un certain nombre de domaines,
28:18concurrent dans un certain nombre d'autres,
28:20voire même adversaire dans un certain nombre d'autres.
28:24A partir du moment où vous avez cette vision-là,
28:26qui me paraît être une vision sage et raisonnable,
28:29vous ne tombez pas de votre chaise 3 fois par jour
28:33parce qu'un dirigeant d'un des pays change d'avis,
28:36prend une autre décision,
28:38décide de se retirer d'un théâtre, par exemple, armé,
28:41après vous y avoir emmené,
28:44comme ça a pu être le cas par le passé avec les Etats-Unis.
28:47Vous n'êtes étonné de rien
28:48puisque vous avez cette distance nécessaire
28:50pour pouvoir juger des événements.
28:53Voilà. Donc moi, je pense, et j'en veux pour preuve, d'ailleurs,
28:58les propos même de M. Darmanin,
29:00qui, quand il était ministre de l'Intérieur
29:02il y a encore quelques semaines,
29:03nous expliquait que des dizaines d'attentats
29:08ont été empêchés au dernier moment.
29:12En France, des dizaines d'attentats.
29:14Donc oui, je vous dis que dans l'échelle,
29:16je pense que le fondamentalisme islamiste
29:19est le premier des dangers.
29:22Mais ça ne veut pas dire que les autres ne sont pas un danger.
29:26Mais, à la fois, si vous êtes juste en quelque sorte
29:29de jouer avec les peurs, qu'est-ce que vous lui répondez ?
29:30C'est une plaisanterie.
29:32Non, mais là, c'est un gag.
29:34C'est un gag.
29:36C'est le maître qui parle, le professeur.
29:41Le professeur de gestion de la peur, en quelque sorte.
29:46Bon.
29:47Non, mais moi, je ne joue avec aucune peur, précisément.
29:50Non, non.
29:51Ce que je vous dis, c'est qu'Emmanuel Macron vous reproche
29:53de faire croire que lui, il joue avec les peurs.
29:56Non, mais tout le monde a vu qu'il jouait avec les peurs.
29:59Enfin, je veux dire, merci de m'accorder
30:01autant d'audience et d'influence sur la vie des Français,
30:04mais il n'y a pas un Français qui n'a pas compris
30:08qu'Emmanuel Macron,
30:11là, avec un ton très martial,
30:15nous explique quasiment
30:16qu'il faut transformer les usines de Kleenex
30:21en usines d'armement parce que la guerre est pour demain.
30:24C'est un peu ça qu'on a compris en l'écoutant.
30:27Et puis après, en fait, non,
30:29ce n'est pas exactement ce qu'il a voulu dire.
30:30Il fait absolument comme d'habitude.
30:32Il lance un propos très choc.
30:34Et puis après, il envoie ses ministres
30:35pour jouer les pompiers derrière.
30:37Non, non, ce n'est pas exactement ce qu'il a voulu dire,
30:39en réalité.
30:40Donc, il y a une partie de posture chez Emmanuel Macron.
30:46Ces choses-là nous dépassent.
30:48Feignons d'en être les organisateurs.
30:49La réalité et le drame, en réalité,
30:51c'est que les Etats-Unis et la Russie
30:55sont en train de préparer la paix
30:59sans que les pays européens ne soient à la table.
31:02Voilà, et c'est une perte d'influence
31:04qui est une perte d'influence majeure
31:07pour la France, notamment,
31:09qui a perdu beaucoup d'influence,
31:14beaucoup plus, d'ailleurs, que d'autres pays européens
31:16qui n'ont jamais eu un positionnement
31:21dans ce domaine.
31:22Donc, comme il voit que tout cela lui échappe,
31:25eh bien, il s'agite, il va parler aux 20 heures,
31:29il dit des mots très forts,
31:32il prend un air martial,
31:34parce qu'il a le sentiment, ainsi, de reprendre la main,
31:37d'avoir une place, de servir à quelque chose.
31:41Moi, je suis très opposé à la télédiplomatie,
31:45qu'Emmanuel Macron adore.
31:48Il partage, d'ailleurs, cette affection avec Donald Trump.
31:51C'est la télédiplomatie,
31:53c'est qu'on fait de la diplomatie devant toutes les caméras.
31:56Je pense que c'est redoutablement inefficace,
32:02et que la diplomatie, elle doit être discrète,
32:05voire secrète.
32:07N'en déplaise aux journalistes qui, du coup,
32:09sont un peu frustrés, certes,
32:10mais l'important, c'est que ça permet d'avoir des résultats.
32:14Aujourd'hui, c'est vrai que, voilà,
32:19l'image qui se dessine,
32:21c'est l'image de pays européens totalement écartés,
32:24des discussions de paix.
32:28Pourtant, ça fait 3 ans que je réclame
32:30qu'on prenne la tête d'une conférence pour la paix.
32:35Bien sûr, il y aurait autour de la table des pays européens,
32:37mais pas seulement, d'ailleurs.
32:39Bien sûr, les grandes puissances,
32:41mais aussi des pays qui ont intérêt à la résolution du conflit.
32:45Je pense, par exemple, à la Turquie.
32:49Ca n'a pas été fait.
32:50Et en réalité, ce qui est déroutant
32:54dans la dernière intervention d'Emmanuel Macron,
32:57c'est qu'on a l'impression qu'il annonce la guerre
33:00au moment où, en réalité,
33:02certains sont en train de construire la paix.
33:07C'est un peu un contre-emploi, quand même.
33:09Sur l'ampleur de la menace russe,
33:14est-ce qu'il y a des nuances entre vous et Jordan Bardella ?
33:16Dans le Figaro, vous dites que les chars russes
33:19sont loin de Paris.
33:20Jordan Bardella parle de menaces multidimensionnelles
33:25avec un ton plus fort.
33:27Quelles sont les différences entre vous deux ?
33:29Non, non, il n'y a absolument aucune différence.
33:30On dit exactement la même chose.
33:32Et qu'il y ait des menaces dans le domaine du renseignement
33:36de la part de la Russie, bien sûr.
33:39Qu'il y ait des menaces sur des attaques numériques,
33:45c'est une évidence, c'est une certitude.
33:48Qu'il existe des menaces sur des pays voisins de l'Europe,
33:52c'est difficile de dire autrement compte tenu du fait
33:54que la Russie a attaqué brutalement
33:57la souveraineté territoriale de l'Ukraine
33:59il y a maintenant 3 ans.
34:01Donc voilà, il a parfaitement raison de le dire.
34:06Et je partage tout à fait cet avis.
34:08Mais encore une fois, la menace militaire
34:13n'est pas la seule menace qui peut exister.
34:16Je veux dire, il y a la maîtrise de l'espace,
34:18il y a la maîtrise des communications,
34:21il y a la maîtrise du renseignement.
34:24Et on doit se prémunir, si vous voulez,
34:27de dépendre ni de l'un ni de l'autre
34:29et de bloquer potentiellement les attaques de l'un ou de l'autre.
34:33Car après tout, les Etats-Unis,
34:38s'ils appuient sur le bouton pour dire...
34:41Non, pas le bouton nucléaire.
34:43S'ils appuient sur le bouton pour laisser au sol les F-35,
34:47les F-35 ne volent plus.
34:50Est-ce qu'il faut se prémunir de ce risque ?
34:52Oui, parce qu'il y aura 600 F-35
34:55dans les pays européens en 2030.
34:57600 F-35.
34:58600 F-35 qui, en appuyant sur le bouton,
35:01peuvent rester au sol.
35:02Et je n'ose vous dire l'étendue des moyens
35:09qui peuvent être ainsi annulés
35:12par une simple décision américaine
35:15dans le domaine du renseignement,
35:17dans le domaine des communications,
35:21mais aussi dans le domaine
35:23de toute une série d'utilisations industrielles, etc.
35:27C'est comme ça.
35:28Donc il faut le savoir.
35:30Enfin, on le sait.
35:31Mais maintenant, il faut s'en prémunir.
35:33C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire,
35:34on ne peut pas plaider en disant
35:35qu'il faut qu'on devienne autonome,
35:37qu'on devienne souverain,
35:41et ne pas peut-être commencer à faire la liste
35:43de l'ensemble des sujets
35:45où nous avons une dépendance
35:46qui est une dépendance gravissime,
35:49gravissime à l'étranger.
35:52Voilà.
35:54Si vous voulez, on peut prendre les puces
35:57qui proviennent absolument toutes de Taïwan,
36:01qui sont dans nos missiles.
36:03Bon.
36:04Si demain, la Chine attaque Taïwan
36:07ou gèle Taïwan
36:09ou fait un blocage maritime de Taïwan,
36:13il n'y a plus un missile qui vole.
36:15Ne croyez pas que c'est un sujet d'importance.
36:18Bon. Voilà.
36:19Moi, j'entends ce que dit aujourd'hui le gouvernement.
36:22Je veux juste qu'il mette ses actes en accord
36:25avec ses déclarations.
36:27Et donc, faisons donc la liste
36:29de l'intégralité des sujets
36:30où nous devons à tout prix, dans les années qui viennent,
36:33quitte à faire passer des accords, d'ailleurs,
36:35avec des pays européens,
36:37puisque les machines qui permettent de fabriquer les puces
36:39sont néerlandaises.
36:41Vous voyez, c'est quand même un peu particulier
36:43comme circuit.
36:44Bon.
36:45Faisons la liste
36:46pour tenter de récupérer un maximum
36:50de notre autonomie
36:52pour ne dépendre ni des uns
36:56et se prémunir potentiellement des autres.
36:59Dans vos déclarations,
37:00vous avez dit qu'on sentait que Jean-Noël Bardella
37:03était plus hostile à Vladimir Poutine
37:05que vous l'avez été, notamment au sein de la République.
37:07Non, mais excusez-moi,
37:09moi, je peux signer toutes les déclarations
37:12qui ont été faites par Jean-Noël Bardella.
37:13Vous ne dites pas les choses de la même manière
37:15que Jean-Noël Bardella, mais heureusement, quoi.
37:17Enfin, je veux dire, nous ne sommes pas des clones.
37:21On dit la même chose.
37:22On le dit avec des mots différents.
37:25Je ne sais pas pourquoi il a été plus raide que moi.
37:28C'est peut-être la jeunesse, d'ailleurs.
37:30Après tout, la fougue de la jeunesse.
37:31Au Salon de l'agriculture, je ne vois pas, d'ailleurs,
37:33ce que j'ai dit au Salon de l'agriculture
37:35qui aurait exprimé une différence
37:39avec ce que dit Jean-Noël Bardella.
37:41Mais je sais que c'est le rêve des journalistes
37:42d'essayer de trouver le jeu des 7 erreurs.
37:45Oui, mais alors, du coup, il a dit 2,
37:47alors que vous avez dit 1,
37:48et là, on voit bien qu'il y a une différence.
37:50Ca ne fonctionnera pas.
37:51On pense exactement la même chose
37:54et on veut prévenir notre pays, encore une fois,
37:56des dangers qui pèsent sur lui
37:58et comme on est obligé d'avoir une forme de pyramide
38:02des hiérarchies, parce que c'est ça aussi la politique,
38:04eh bien, nous la prenons telle qu'elle est.
38:08Mais ça ne veut pas dire que nous minimisons les dangers
38:11qui, par ailleurs, peuvent exister
38:14et qui sont, pour certains, à nos portes.
38:17Demain, il y aura une compétition de révolution
38:19qui sera débatue à l'Assemblée
38:20appelant au renforcement du soutien à l'Ukraine.
38:23Est-ce que ça sera la position du gouvernement ?
38:25Enfin, écoutez, je vous renvoie au débat
38:28qui s'est déroulé lundi, quoi.
38:31Moi, je veux bien qu'on fasse ça toutes les semaines,
38:33mais moi, en ce qui me concerne,
38:35je ne vois pas bien ce que je peux dire différemment demain
38:40de ce que j'ai exprimé lundi pendant un quart d'heure,
38:43longuement, je crois complètement,
38:45à la tribune de l'Assemblée.
38:47Donc, oui, nous soutenons l'Ukraine,
38:50nous soutenons l'Ukraine dans l'esprit,
38:53parce que c'est ce que nous faisons depuis, maintenant,
38:562 ans et demi, dans l'esprit de permettre à l'Ukraine
39:00d'arriver dans les meilleures conditions possibles
39:02dans les négociations de paix,
39:04car s'il s'agit de soutenir l'Ukraine,
39:06de lui livrer des armes pour continuer à faire une guerre
39:09qui fait des centaines de milliers de jeunes gens
39:14blessés, tués, déplacés, réfugiés,
39:19sans en voir le bout,
39:22en réalité, on participe à un véritable massacre.
39:25S'il s'agit d'aider l'Ukraine à arriver
39:29dans les meilleures conditions possibles,
39:31en position de force,
39:34c'est un peu difficile au bout de 3 ans de dire ça,
39:36mais en position de moindre faiblesse
39:40dans les négociations qui s'ouvrent avec la Russie,
39:44nous sommes d'accord, nous l'avons toujours été.
39:48Le temps n'arrête pas pour question de l'Ukraine,
39:50et l'adhésion de l'Ukraine a lieu.
39:52J'y suis fondamentalement opposée.
39:54Je ne voterai pas.
39:55Moi, je connais la technique, maintenant.
39:57Depuis, vous savez, je suis un peu blanchie sur le harnais.
40:00Je n'ai pas les cheveux blancs, mais je pourrais.
40:02Je connais la technique.
40:03C'est la même que dans le cadre du Parlement européen.
40:08C'est-à-dire qu'on fait une belle résolution,
40:10soutien à l'Ukraine, et à l'intérieur,
40:12on vous glisse toute une série de choses
40:14dont on sait pertinemment
40:16que vous y êtes fondamentalement opposés.
40:18En espérant pouvoir vous contraindre à le voter,
40:24parce que vous avez peur qu'un certain nombre de journalistes
40:26disent, vous avez vu,
40:27ils n'ont pas voté le texte de soutien à l'Ukraine,
40:30ils sont vraiment très méchants.
40:32Moi, on ne me forcera pas à voter un texte
40:34dans lequel on demande l'entrée de l'Ukraine
40:36dans l'Union européenne.
40:37Je l'ai dit très clairement, et je le dis très clairement,
40:40d'ailleurs, aux Ukrainiens,
40:41avec toute l'amitié que je leur porte,
40:43je ne souhaite pas l'entrée de l'Ukraine
40:45dans l'Union européenne,
40:46parce que l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne,
40:48c'est la mort de l'agriculture française.
40:51Voilà. C'est extrêmement clair.
40:53Par un double effet d'écrasement,
40:56l'écrasement de la PAC,
40:58qui, du fait de l'entrée dans l'Ukraine,
41:00verra toute une série d'aides arriver à l'Ukraine,
41:03et une redistribution des aides de la PAC
41:05qui entraînerait pour la France une perte de 20 %
41:09des subventions de la PAC,
41:11premier élément d'écrasement.
41:13Deuxième élément d'écrasement,
41:14c'est évidemment la concurrence déloyale
41:17que nous subissons, d'ailleurs, depuis un an,
41:19puisqu'on l'a testée, cette concurrence déloyale.
41:22On l'a testée sur le sucre, on l'a testée sur le poulet,
41:24on l'a testée sur les œufs, et c'est un drame.
41:27C'est-à-dire que les importations ukrainiennes
41:29sont absolument massives.
41:31Or, le poulet français est vendu
41:34à peu près entre 8 et 10 euros le kilo,
41:37le poulet ukrainien, 3 euros le kilo.
41:40Nonobstant les problématiques sanitaires
41:42des produits qui sont utilisés par l'Ukraine.
41:45Donc c'est non.
41:47Moi, je veux bien, encore une fois,
41:49tout faire pour aider l'Ukraine.
41:51Je ne veux pas le faire au prix de la vie
41:54de secteur économique entier de notre pays.
41:57Mais donc cette résolution en état,
41:59ça fait que l'abstention...
42:00Oui, mais si vous me dites ça, elle est amendable.
42:03Bon, voilà. Donc avant que le débat ait lieu,
42:05avant que les votes de potentiels amendements aient lieu,
42:09il est assez difficile de vous répondre.
42:11Ce qui est sûr, c'est que je ne voterai aucun texte
42:13dans lequel il y a l'engagement, en quelque sorte,
42:18que l'Ukraine...
42:19d'un soutien à l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne,
42:22parce que je violerai mes opinions profondes,
42:25celles de mes électeurs, et je ne souhaite pas le faire.
42:28Dernière question.
42:30Nous sommes à un point de 3 semaines
42:32de la décision du procès des assistants parlementaires.
42:35Je pense que vous y pensez plus souvent que moi, en fait.
42:38Non, mais sérieusement.
42:40Est-ce que vous y pensez ?
42:42Est-ce que vous vous préparez à la décision ?
42:43Non.
42:45Non.
42:46Je vous réponds tout de suite, non.
42:48Je n'ai plus la maîtrise, par définition,
42:51de ce que vont décider les juges.
42:55Je pouvais avoir une maîtrise tant que le procès avait lieu.
42:58Le procès est terminé.
43:00C'est le temps du délibéré.
43:01Les juges décideront ce qu'ils souhaitent.
43:04Je n'anticipe pas, ni dans un sens, ni dans l'autre.
43:08J'attends avec patience et sérénité,
43:11parce qu'encore une fois, je vous le rappelle,
43:12j'ai toujours considéré que le combat judiciaire
43:15faisait partie du combat politique.
43:17Voilà.
43:18Certains l'ont appris dans la classe politique brutalement,
43:22et pour certains, violemment.
43:24Moi, je suis tombé dedans, un peu comme Obélix,
43:28vous voyez, quand j'étais petite.
43:30Donc, je connais tout ça.
43:32Donc, je prends ça avec beaucoup de sérénité et de tranquillité.
43:35Et je ne cesse de me réjouir, comme l'ensemble des Français,
43:40qu'il puisse exister aussi au cas où je serais profondément
43:44en désaccord avec la décision prise,
43:46un second degré de juridiction.
43:48Merci à tous.
43:49Monsieur le maire,
43:50François Bayrou dépassera de seul la jurée du PAS
43:52de Pierre Darnier à Matignon.
43:54Combien de temps...
43:55Vous pouvez lui mettre une médaille ?
43:56Combien de temps vous lui laissez encore ?
43:57Vous l'accordez encore ?
43:59Oui, mais nous ne réfléchissons pas comme ça.
44:02Encore une fois, nous pensons à l'intérêt supérieur
44:05du pays, à l'intérêt des Français.
44:08Si demain, nous considérons qu'une décision de M. Bayrou
44:11va profondément à l'encontre de l'intérêt des Français,
44:15nous en tirerons les conséquences et nous userons des leviers
44:18que nous donne la Constitution.
44:20Mais, je veux dire, il n'y a pas de bail fixé.
44:25Et moi, ce genre de concours à celui qui reste le plus longtemps,
44:29je trouve que c'est un objectif assez minable,
44:31il faut être honnête, de rester le plus longtemps possible.
44:34Vous savez, vous connaissez ma théorie sur le rodeo.
44:38Je reproche à la classe politique française
44:40de faire du rodeo depuis des décennies.
44:43C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas de monter sur le cheval
44:45pour aller quelque part, il s'agit de monter sur le cheval
44:47pour y rester le plus longtemps possible.
44:49Donc, le cheval essaye de vous virer.
44:51Le meilleur, c'est celui qui reste le plus longtemps possible.
44:53Ca n'est pas la vision que j'ai de la politique.
44:56Et donc, j'attire l'attention en revanche de M. Bayrou
44:59sur l'importance qu'il devrait porter à ce sujet
45:03de la PPU.
45:05Merci.