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Frédérique Barteau, déléguée générale du Medef Pays de la Loire

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Transcription
00:00Votre invité, Nicolas Crosel, ce matin, c'est Frédéric Bartho, délégué général du MEDEF des Pays de la Loire.
00:05Merci d'être là à nouveau Frédéric Bartho.
00:07On entendait à l'instant des auditeurs témoigner de ce climat qui peut être parfois anxiogène au travail.
00:14Mais je reviens d'abord au chiffre que l'on vous donnait tout à l'heure.
00:1728 morts en 2024 dans la région des Pays de la Loire dans des accidents du travail.
00:23C'est 4 de plus qu'en 2023.
00:24Chaque cas est unique évidemment.
00:26Mais quand même, est-ce qu'on peut essayer de comprendre pourquoi la situation s'aggrave ?
00:31Pour comprendre pourquoi, je n'ai pas forcément la réponse.
00:34Mais c'est sûr qu'il faut agir pour lutter contre ce chiffre qui est forcément trop mauvais.
00:39Donc il faut agir en amont, en prévention et non pas en réparation comme on l'a fait depuis longtemps.
00:46Est-ce que vous pensez qu'on peut faire un lien entre la situation économique du moment qui est un peu tendue
00:51et peut-être aussi une pression plus forte des patrons eux-mêmes, des chefs d'entreprise eux-mêmes
00:56pour faire vivre leur structure ?
00:57Et puis, ça se répercute aussi sur les salariés.
01:00Il faut aller plus vite et donc on prend moins de temps.
01:04Peut-être parce que c'est vrai qu'on a mis la santé mentale comme grande cause de l'année.
01:08Donc on voit que ce qu'on appelle les troubles RPS sont beaucoup plus présents dans l'entreprise.
01:14Je ne pense pas que ce soit la seule raison.
01:16C'est souvent multifactoriel.
01:18Ça peut venir aussi d'ailleurs de facteurs très personnels, pas forcément professionnels.
01:22Tout ça aujourd'hui, c'est un peu lié et c'est la prévention qui va régler le problème.
01:26Dans le journal de 7h, on entendait le témoignage de cette femme qui a perdu son mari
01:29écrasé par une machine sur son lieu de travail au sud de Nantes.
01:32Elle décrit un monde où il faut aller vite, travailler vite parce que le temps, c'est de l'argent.
01:36Elle dit qu'il n'y a pas assez de contrôle, qu'il n'y a pas assez d'inspection du travail peut-être
01:41parce que finalement, on est tous dans nos habitudes et venir nous pointer du doigt
01:45ce qu'on fait et ce qu'on ne fait peut-être pas bien, ça peut être utile.
01:48Je ne sais pas si c'est le nombre de contrôles qui va régler la chose.
01:50Ce n'est pas par la sanction que ça marche, c'est vraiment par la sensibilisation
01:53et c'est la prise en compte et l'application d'actions en amont.
02:00Qu'est-ce qu'on peut faire ? Là, vous lancez en Vendée cette opération, ça s'appelle une fresque.
02:05On a toujours l'image d'une fresque murale, ce n'est pas une fresque murale, c'est des ateliers.
02:09C'est un jeu de cartes sous la forme d'une fresque du climat.
02:13On a voulu rendre ce sujet grave, plus glamour, plus ludique.
02:20C'est un outil qui permet d'échanger entre salariés et représentants des entreprises.
02:27On l'a construit dans le cadre du Plan Régional Santé au Travail, avec la DREDS,
02:32mais aussi avec les partenaires sociaux. Dans le groupe sur lequel on a construit cette fresque,
02:37FO était présent, le MEDEF aussi, l'IFRS-EA, l'UDP, etc.
02:42C'est un outil de dialogue social, parce qu'il faut du dialogue pour pouvoir agir en prévention.
02:47Vous citez des employeurs qui parfois sont réticents, ou qui auraient du mal à investir.
02:52On l'entend de temps en temps. On entend aussi les salariés qui refusent.
02:57Il y a des salariés qui se disent « Attendez, c'est bon, j'ai toujours fait comme ça,
03:00qu'est-ce que le patron va m'embêter en me demandant de mettre un casque quand je n'en ai jamais mis ? »
03:03C'est un dialogue, il faut que chacun s'entende et comprenne.
03:08Cette fresque permet de voir les impacts de la non prise en compte de certains ou de manquements
03:13de la part de l'entreprise, mais aussi de la part du salarié.
03:16Et vous l'avez dit, ça va jusqu'au décès, malheureusement.
03:18Justement, quand ça va jusqu'au décès, il y a des secteurs qui sont plus touchés que d'autres.
03:21On peut imaginer dans les usines, dans le bâtiment.
03:23On parle du bâtiment, parce que c'est vrai que les chutes en hauteur sont une des causes de la mortalité.
03:29Mais le risque routier est très présent.
03:31Aujourd'hui, on a un nouveau phénomène qui sont les malaises.
03:33Donc ça, c'est quelque chose qu'il faut qu'on règle.
03:35Les malaises, ça a une définition assez large, mais on voit bien que la santé mentale est aussi une des causes.
03:41Donc ça veut dire un malaise au travail lié à un stress ou à une situation particulièrement critique
03:46qui aboutit à un drame du décès, c'est ça ?
03:48Tout à fait.
03:49On voit bien comment on peut mettre en place, typiquement, le jeu que vous avez mis en place,
03:54l'atelier, dans des grandes structures.
03:56Mais est-ce que ça peut s'appliquer aussi au TPE ou au PME,
03:59où vraiment là, vous avez une petite équipe d'un patron et 4 ou 5 salariés qui courent contre le temps, la montre ?
04:05Dans le cadre de ce groupe de travail et de cette réalisation de cette fresque,
04:10ça s'adresse justement au TPE, PME.
04:13Parce qu'il faut libérer du temps un salarié pour qu'il se forme ?
04:16Oui, mais c'est 3 heures.
04:18Et honnêtement, on en voit les bienfaits, parce qu'on sait,
04:20on est capable de mesurer aujourd'hui les retours sur les investissements en matière de prévention.
04:24On en parle d'ailleurs en santé publique.
04:26J'ai écouté une étude ce matin de BPI France qui parle aussi de ça, pour l'ensemble des citoyens.
04:33Donc on sait les mesurer, donc ça vaut le coup de prendre 3 heures,
04:36ça vaut le coup de discuter, parce que cette fresque,
04:38elle permet aussi de réfléchir à des actions très pragmatiques,
04:41toutes simples, en inter-entreprise, en écoutant déjà ce qui se pratique ailleurs,
04:45et aussi en interne, mais en mettant autour de la table les salariés et les dirigeants.
04:51Regardez, pourquoi on fait ça ? Pourquoi on ne le fait pas bien ?
04:53Ah bah oui, on ne s'est jamais posé la question.
04:54Exactement.
04:55Pourquoi on fait ça en fait ?
04:56Par exemple.
04:57C'est se mettre des fois le nez un peu dans...
04:58Tout à fait, puis voir toutes les dimensions de ce qu'on appelle la QVCT,
05:01la qualité de vie au travail.
05:02Il n'y a pas que la santé au travail, il y a aussi la gouvernance,
05:05il y a aussi le contenu du travail, il y a aussi l'égalité professionnelle,
05:09il y a 6 champs différents sur lesquels, justement, en échange, on discute.
05:13Merci d'être venu nous en parler ce matin, Frédéric Bartho, délégué général du MEDEF.
05:17Pour les pays de la Loire, bonne journée.

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