• il y a 8 heures
La maire socialiste de Lille, démissionnaire, Martine Aubry, était l'invitée de France Inter, mercredi 12 mars. Elle salue le "petit regain de crédibilité" du Parti socialiste. Elle estime d'ailleurs qu'il faut, pour la prochaine présidentielle, "une gauche la plus large possible, mais sans Jean-Luc Mélenchon".

Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

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Transcription
00:00France Inter, Léa Salamé, Nicolas Demorand, le 7-10.
00:05Et avec Léa Salamé, nous recevons donc ce matin la maire socialiste de Lille.
00:10Vos questions et réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application Radio France.
00:16Martine Aubry, bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Et bienvenue sur Inter, je vous ai présenté comme la maire de Lille, vous l'êtes effectivement
00:23depuis 24 ans, élue depuis 30, mais dans quelques jours, vous ne le serez plus.
00:28La semaine dernière, vous avez en effet présenté votre démission au profit de votre premier
00:34adjoint, Arnaud Délande, le temps est venu de passer la main, avez-vous dit en conférence
00:40de presse.
00:41Vous nous expliquerez pourquoi vous avez pris cette décision, mais démissionner ne veut
00:47pas dire disparaître ou se retirer de la vie publique.
00:51Vous comptez continuer à peser sur le débat, en tout cas, on est ravi de vous entendre,
00:57vous qui êtes si rare dans les médias.
00:59Mais commençons, avant de parler de la France, par le monde tel qu'il va, depuis l'élection
01:05de Donald Trump, nos points de repères historiques vacillent, brutalisation, bras tordus à l'Ukraine,
01:14guerre commerciale, déclarations critiques, et on est très poli, du président américain
01:20à l'égard des Européens.
01:21Que ressentez-vous Martine Aubry face à cette nouvelle donne ?
01:26Vous êtes sidérée, branlée, révoltée ou voyez-vous quelque part peut-être une
01:32lueur d'espoir ?
01:33D'abord sidérée, parce qu'actuellement Trump, avec ses décisions qui changent souvent
01:39dans la journée d'ailleurs, mais il met à bas l'ordre public mondial qui existait
01:43depuis 1945.
01:44Et surtout, on assiste à un effondrement du multilatéralisme, et pas seulement sur
01:50la défense, aussi sur la santé, quand il sort de l'OMS, aussi sur le climat, quand
01:55il sort de l'agenda 21, quand il supprime la recherche, il sort aussi de l'UNICEF et
02:00autres.
02:01Le multilatéralisme, c'est quand même des pays qui se disent « nous allons ensemble
02:05affronter des enjeux communs ». C'est majeur, et c'est cela qui est en train d'être
02:10à un moment où l'Europe vacillait, et où j'espère qu'elle va pouvoir se reprendre.
02:15Vous espérez ?
02:16J'espère, oui, je soutiens à cet égard ce que fait le président de la République,
02:22parce qu'on n'a vraiment pas le choix, et on va sans doute parler de la guerre en
02:25Ukraine, je pense que c'est la priorité des priorités pour l'Europe, mais il y a
02:30beaucoup d'autres choses à faire sur le pacte vert, sur la réindustrialisation de
02:35l'Europe, au-delà de cette politique de défense commune que la France réclame depuis
02:40des années, et que peut-être enfin, même si la Hongrie n'est pas d'accord, on pourra
02:46réaliser.
02:47On va en parler, mais un mot sur la personne, le style, la politique et l'entourage de
02:51Donald Trump.
02:52Quel regard vous avez sur Donald Trump et sur ces milliardaires de la tech qui l'entourent ?
02:56C'est quand même cet attelage-là qui a été confortablement élu par les Américains ?
03:00C'est exact.
03:01Pourvu que ça change, c'est d'abord la première chose que je dirais, moi j'ai parfois
03:04l'impression que l'opinion se rende compte des choses, parce que dans le fond, on a souvent
03:11l'impression d'assister à quelque chose de virtuel, qui n'existe pas, surtout que
03:15la brutalité de ses annonces, quelques heures plus tard, il y a la même brutalité en sens
03:19inverse où il abandonne une décision qu'il a faite, encore hier sur le Canada, où il
03:24leur annonce des droits de douane de 50% sur l'acier et l'aluminium, pour revenir dessus
03:31quelques heures plus tard.
03:32Cet homme est inquiétant, très inquiétant, et il est entouré du monde de l'argent,
03:39et puis de Vance, qui est quand même quelqu'un qui est profondément anti-européen, c'est-à-dire
03:43anti-démocratique, n'aimant pas un modèle qui ne met pas l'argent, les finances au
03:49premier rang de tout, donc c'est assez terrible, et personnellement, je suis très contente
03:54que Musk commence à subir les conséquences, je dirais, de ces positions hallucinantes.
04:00Il est tapé au portefeuille, là.
04:02Oui, il est tapé au portefeuille, et la bourse, peut-être que c'est la seule chose qui peut
04:06toucher d'ailleurs Trump, la bourse, la bourse qui s'effondre, et puis se rendre compte que
04:10les Américains commencent, eux aussi, à se rendre compte que les droits de douane
04:14qui augmentent, ça va être une inflation encore plus grande, alors qu'on sait bien
04:17que le pouvoir d'achat, c'est aujourd'hui leur problème essentiel, un risque de croissance
04:21moindre, etc.
04:22Qu'est-ce qu'on doit faire face aux droits de douane qui augmentent des Américains ? Il
04:27faut tendre l'autre joue ? Il faut être aussi dur ? Il faut faire quoi ?
04:30Il faut faire la même chose, on ne fait pas la guerre aux Etats-Unis, mais on doit être
04:35à la même hauteur.
04:36Des quotas, des droits de douane, tous les outils qu'on a utilisés d'ailleurs pour
04:40les voitures électriques chinoises, on doit les mettre en place.
04:42Mais l'urgence de l'urgence, c'est la politique de défense commune.
04:46Oui, oui, allez-y.
04:48Nicolas, allez-y.
04:50On a un code avec Léa, en interview, on se montre des chiffres.
04:56C'est pour ça que je me suis tue pour lui chercher la parole, Nicolas.
04:59Donc là, c'est la deux, Nicolas.
05:01Alors justement, comment jugez-vous la riposte de l'Union Européenne et de la France ? 800
05:06milliards, dit Ursula von der Leyen, pour réarmer l'Union Européenne.
05:12Emmanuel Macron qui annonce aussi augmenter encore les budgets de la défense.
05:18Il a des propos aussi, le Président de la République, sur l'extension de la dissuasion
05:23nucléaire et les mots historiques, comment vous les avez reçus, ces mots historiques
05:29du futur chancelier allemand ? Est-ce que tout ça va dans le bon sens ? Est-ce qu'il faut
05:34aller vers une Europe de la défense à 27 ou avec ceux qui veulent bien, quitte à assumer
05:41une Europe à plusieurs vitesses ?
05:43Ce n'est pas la première fois qu'on demande, en tout cas, moi j'ai toujours été favorable,
05:48mon père l'a souvent soutenu, qu'il y ait une Europe qui avance et puis qu'il y ait
05:51des accords de coopération avec les autres.
05:54Là, je crois réellement que tout le monde, à partir du moment où l'Allemagne, qui
05:58est peut-être le pays qui attendait le plus du parapluie américain, avec les Pays-Baltes,
06:03avec le Danemark, à partir du moment où le nouveau chancelier, dans sa coalition, commence
06:07à nous dire « je vais mettre 200 à 400 milliards sur la politique de défense et
06:12je suis d'accord pour faire une politique de défense commune », je ne dirais pas que
06:15c'est gagné, mais c'est vraiment un pas considérable.
06:17Et il y a eu ces trois, aussi bien l'anglais, le français et l'allemand qui sont partis
06:23en avant.
06:24Moi je pense que madame Van der Leyden a fait très rapidement, elle a dégainé un plan,
06:30c'était très important, 800 milliards d'euros.
06:33Il faut y aller, après il faudra peut-être parler du financement, mais juste peut-être
06:39dire qu'il faut aller très vite, parce qu'on voit bien qu'hier, il y a eu une
06:44amorce de paix, une amorce peut-être de paix par une trêve aujourd'hui.
06:52Attendons de voir ce que va nous dire Poutine et de toute façon, il faut continuer à armer
06:56profondément les Ukrainiens, car aujourd'hui, Poutine n'a pas gagné.
06:59Il a pris 20% du territoire, mais on le voit bien, l'aide américaine qui a été
07:04remise soi-disant hier soir, on verra, ça peut encore changer, a permis aux Russes de
07:09reprendre une partie de leur territoire.
07:11Donc il faut continuer à aider l'Ukraine de manière extrêmement forte, il faut cette
07:15politique de défense commune, et puis il faut faire ce qu'a fait le Président hier,
07:19c'est-à-dire il faut préparer une force qui sera sur le terrain et qui permettra de
07:24s'assurer, s'il y a un accord de paix, que c'est une paix juste, durable.
07:29Donc envoyez des troupes, vous y êtes favorables, des soldats français entre autres, qui iraient
07:33à la frontière, surveiller que le cessez-le-feu est respecté, vous y êtes favorables.
07:38Vous parliez du financement, face à cette nouvelle donne internationale et européenne,
07:43face à l'état aussi de nos finances publiques Martine Aubry, est-ce qu'il va falloir faire
07:47des sacrifices si on veut augmenter les budgets militaires, si on veut mettre plus d'argent
07:51dans l'armement ? Et est-ce qu'il faut dire simplement aux Français qui nous écoutent,
07:55il va falloir travailler plus et plus longtemps ?
07:58Moi d'abord je voudrais dire, quand j'ai entendu le Président de la République, la
08:01première partie, bon certes elle était sombre et inquiétante, mais je crois qu'il a raison,
08:05parce qu'avec Trump on ne sait jamais un jour peut entraîner l'inverse de la veille.
08:10Mais en revanche, la fin de son intervention, quand il dit « j'attends des propositions
08:14des Français », c'est un côté presque ridicule, mais quand il a dit qu'il n'y
08:18aura pas d'augmentation d'impôts, il va falloir faire des économies.
08:20Aujourd'hui on ne peut pas faire d'économies dans deux domaines, les services publics,
08:26qui vont très mal, que ce soit l'éducation, l'hôpital, et j'irais même la justice
08:30et la police.
08:31Et on ne peut pas en faire non plus sur le climat, parce qu'alors que les Etats-Unis
08:36renoncent, il va falloir que là aussi l'Europe aille plus loin dans le plan climat, et notamment
08:41dans le Fonds social climat, pour aider ceux qui n'ont pas les moyens.
08:45Alors où on prend l'argent ?
08:46Eh bien aujourd'hui je pense qu'il faut une augmentation des impôts là où l'argent
08:51est là.
08:52Je ne l'ai jamais dit.
08:53Chez les plus riches ?
08:54Oui, chez les plus riches, notamment les entreprises, 100 milliards de dividendes et de rachats
09:00d'actions qui ont été cette année versés par les entreprises du CAC 40.
09:07Alors je ne dis pas qu'il faut des mesures définitives, mais il faut néanmoins des
09:11mesures.
09:12Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire des économies dans certains domaines.
09:14J'essaie toujours de bien gérer là où je suis, mais ça ne pourra pas suffire.
09:18Est-ce que ce n'est pas un peu facile Martine Aubry de dire « bon ben il manque de l'argent,
09:21on va aller taper les entreprises et les plus riches » à un moment où de l'autre
09:27côté Donald Trump lui, baisse les impôts sur les entreprises et favorise les plus
09:34riches, est-ce qu'on ne risque pas d'accélérer aussi le déclassement de l'Europe par rapport
09:37aux Etats-Unis ?
09:38Mais est-ce qu'on est déclassé parce qu'on a moins d'inégalités ?
09:42Aujourd'hui les Etats-Unis, on sait bien pourquoi, la candidate démocrate, il y aura
09:46beaucoup de raisons à dire, a perdu, mais notamment parce qu'il y a un problème de
09:49pauvreté, un problème de pouvoir d'achat qui va s'accélérer avec les mesures de
09:54Trump.
09:55Est-ce que nous l'Europe, justement, le message de l'Europe que critique tant Vance, c'est
10:00justement réduire les inégalités, foncer sur le climat et travailler beaucoup plus
10:05tous ensemble dans les domaines majeurs, par exemple la défense, ou bien la recherche,
10:10la réindustrialisation de l'Europe, moi je crois que ce sont cela aujourd'hui les
10:14plus importants.
10:15Un autre modèle.
10:16Les partenaires sociaux, vous le savez, continuent à débattre en conclave sur les retraites,
10:20mais d'ores et déjà, le président du Corps, Gilles Berset, a estimé dans un article
10:27que l'entrée, je le cite, « l'entrée progressive dans une économie de guerre rendra
10:31secondaire sinon dérisoire les débats actuels sur l'âge légal à 64 ans ». La question
10:37deviendra plutôt comment augmenter rapidement cet âge au-delà de 64 ans ? Qu'en pensez-vous
10:43Martine Aubry ? Honnêtement, est-ce qu'on peut se permettre de revenir à 62 ans dans
10:48le contexte actuel ? Est-ce que vous pensez que c'est étonnable que le PS a raison de
10:53s'accrocher à ce totem ?
10:55Alors d'abord dire que ce n'est pas parce qu'on a la guerre en Europe, parce que la
10:57guerre est déjà en Europe, qu'il va falloir revenir en arrière sur tous les progrès
11:01et Dieu sait s'il n'y en a pas eu sous la présidence actuelle de Macron.
11:07C'est trop facile là aussi de dire « ceux qui vont déjà mal n'ont qu'à se serrer
11:12la ceinture ».
11:13D'abord je pense que Gilles Berset, que j'apprécie comme économiste, même si je ne suis pas
11:17toujours d'accord, aurait bien fait de ne pas sortir ce texte aujourd'hui.
11:21Bayrou avait déjà dit « vous avez toute liberté », puis après il a envoyé une
11:25lettre aux partenaires en leur disant « vous devez faire l'équilibre en 2030, il faut
11:29savoir ce qu'on veut ». C'est vrai que ça fait sept ans que les partenaires sociaux
11:35sont méprisés.
11:36Là on leur a redonné la main, laissons-les négocier.
11:39Alors s'il devait y avoir, comme le demandent certains, parce que moi j'ai toujours pensé
11:43que ce n'était pas un âge coup près qui était important, mais le nombre d'années
11:47travaillées.
11:48En pensant par exemple que ceux qui ont fait des emplois pénibles, leur année pourrait
11:52coûter 1,2 ou 1,3.
11:54Ce qui permet de laisser plus de flexibilité et les gens finalement choisissent aussi « est-ce
11:59que je veux une retraite plus importante ou est-ce que je veux partir plus tôt ? ».
12:03Ça allie à la fois l'intérêt.
12:06Je rappelle que la première réforme des retraites faite par Marisol Touraine, nous
12:09l'avions préparée au PS quand j'étais première secrétaire.
12:12Car en effet, il fallait prendre des mesures.
12:15Mais la mesure coup près de 64 ans pose vraiment d'énormes problèmes aux femmes et aux personnes
12:21qui ont eu des emplois pénibles.
12:22Vous dites que ça pose problème, mais vous ne dites pas forcément « si on vous entend
12:26ce matin, il faut revenir aux 62 ans ».
12:27Non, parce que je ne vais pas moi faire comme Gilbert Cet ou comme Bayrou et dire aux partenaires
12:32sociaux « voilà ce qu'il faut faire ».
12:33Je dis « c'est sur la table ».
12:35Et pour cela, bien sûr, il faut trouver d'autres ressources.
12:37On est bien d'accord.
12:38On voulait vous entendre aussi, Martine Aubry, ce matin sur la montée du Rassemblement National
12:44qui monte, qui explose dans votre région, mais aussi en France, partout avec des scores
12:48historiques.
12:49Qu'est-ce que les partis de gouvernement de gauche, de droite, du centre ont collectivement
12:53raté ? Quand vous entendez certains dire « c'est la faute de la gauche, c'est
12:56elle qui a perdu les classes populaires au profit de la défense des minorités ».
12:59C'est ça l'explication de la montée du RN ? Ou la vraie explication ? Vous répondez
13:04quoi ?
13:05Je répondrais deux choses.
13:06La première, c'est la faute de tous les partis politiques républicains.
13:09Pourquoi aujourd'hui les Français ne nous écoutent plus ? Parce qu'ils ont l'impression
13:13qu'on ne les entend pas, qu'on ne connaît pas leur situation, qu'on n'a pas de réponse
13:17à leur apporter.
13:18Que finalement, les politiques ne sont là que pour leurs propres ambitions personnelles.
13:21Voilà.
13:22Donc, ils vont vers les extrêmes.
13:23Mais ils vont vers le RN, ils vont aussi vers les films, même si bien évidemment je
13:27ne fais absolument pas le lien entre les deux.
13:30Parce qu'ils pensent qu'en criant fort, ça ira mieux.
13:33Alors, le RN, il monte, et aujourd'hui, qui fait monter le RN ? Un parti politique
13:41au pouvoir, quand il explique que le problème majeur des Français, c'est l'immigration.
13:45Est-ce que vraiment, aujourd'hui, en montant chaque drame, chaque drame où un malade,
13:51un fou, terroriste, envoie un coup de couteau dans le ventre de quelqu'un, est-ce que
13:55réellement, ce sont toutes les personnes d'origine étrangère d'un autre pays
13:58qui en sont responsables ? Sauf que, c'est monté tellement que finalement, les Français
14:04notamment, ceux qui ne vont pas bien, se disent « c'est eux les responsables de
14:07ma situation ». Voilà.
14:08Donc, on est tous responsables.
14:09Vous savez ce que vous répondrez François Bayrou ou Bruno Retailleau s'il était
14:12en face de vous ? Il vous dirait « vous voulez à nouveau mettre sous le tapis le
14:16problème de l'immigration en disant ça ».
14:18À partir du moment où c'est une préoccupation des Français, l'immigration, il faut le
14:21traiter.
14:22Mais il ne faut pas le traiter en reprenant les mots.
14:23Je ne reviens pas sur la submersion.
14:25Je laisse Bayrou de côté parce que je pense que c'est un homme qui a une certaine humanité.
14:31Mais quand j'entends Retailleau ou même Gérald Darmanin, ou quand j'ai entendu
14:35Gabriel Attal, Premier ministre, faire son discours de politique générale reprenant
14:40les mots du Rassemblement National, ça fait monter le RN, ça le met dans le débat extrêmement
14:47classique et normal.
14:48Donc, pour cela, il faut des réponses aux Français, il faut traiter les problèmes
14:53de l'immigration.
14:54Parce qu'il y a des problèmes aux frontières, parce que Frontex, ça ne marche pas très
14:58bien au niveau européen, parce que nous ne savons pas intégrer correctement et il
15:02faut renvoyer évidemment ceux qui ne respectent pas les règles dans notre pays et essayer
15:07de les renvoyer au mieux.
15:08Ce n'est pas simple.
15:09Je crois qu'il faut le dire simplement.
15:10Tous les gouvernements se sont heurtés par rapport à cela.
15:14Donc, il faut traiter le problème de l'immigration, mais pas comme il l'est aujourd'hui parce
15:17que c'est un faux sujet.
15:19Venons-en à votre ville de Lille, à cette décision de passer la main à votre premier
15:25adjoint Arnaud Délande, vous aviez du mal à cacher votre émotion en expliquant votre
15:31décision.
15:32Le temps est venu de passer la main à une nouvelle génération, avez-vous dit.
15:37Cette décision de partir avant le terme de votre mandat qui est en 2026, Martine Aubry,
15:43quand l'avez-vous prise et comment s'est-elle imposée à vous ?
15:47D'abord, l'émotion que j'ai eue, ce n'était pas parce que je partais, c'est parce que
15:52je regardais les personnes que j'aime, avec qui j'ai travaillé depuis 20 ans.
15:56Nous formons une équipe extrêmement soudée et en regardant une d'entre elles, notre
16:00sénatrice que j'apprécie beaucoup, ça m'a donné un coup d'émotion.
16:04En revanche, j'étais très sereine parce que depuis le début du mandat, je me suis
16:09dit que je resterai jusqu'à la fin ou je partirai un an avant pour faire connaître
16:14mon successeur, Arnaud Delandre, qui est un homme qui connaît parfaitement l'île
16:17et qui a une belle vision et qui défend surtout les valeurs de solidarité, un peu comme j'ai
16:22toujours essayé de le faire.
16:23Pourquoi partir un an avant ? Pour qu'il se fasse connaître.
16:27Moi-même, je m'étais mis des conditions, c'est-à-dire qu'on ait terminé les engagements
16:32qu'on a pris dans ce mandat pour l'îloi, ça y est, pratiquement tout est fait, on
16:36est en train d'être terminé.
16:37Qu'on ait une belle équipe, c'est le cas, et qu'on se mette d'accord entre nous pour
16:41effectivement choisir le candidat qui viendra demain.
16:45C'est chose faite, et donc pour moi c'est une certaine sérénité, je ne peux pas vous
16:48dire que je n'ai pas un pincement au cœur, je vais rester à Lille, mais c'est chose
16:52faite et je pense que c'est comme ça qu'on gardera une ville à gauche où on a besoin
16:56de cette gauche.
16:57Oui, alors justement, entre vous et Pierre Morrois, ça fait 50 ans que la ville est
17:00acquise au PS, et avant le PS c'était la SFIO, vous ne croyez pas que le temps de l'alternance
17:07est venu ?
17:08Non, mais on n'a personne en face qui est capable, cette ville elle est compliquée.
17:13Vous voulez la garder la ville ?
17:15Non, non, mais c'est surtout pour l'îloi que je parle, vous savez on a 6 quartiers
17:19sur 10 qui sont des quartiers en difficulté.
17:21J'ai choisi dès le début en 2001 de garder les catégories populaires dans la ville,
17:26ce que la plupart des grandes villes n'ont pas fait en les envoyant en banlieue.
17:29Nous avons métamorphosé ces quartiers, nous sommes une ville avec une très grande diversité
17:34culturelle, sociale.
17:35Il y a des gens très riches, il y a des gens très pauvres.
17:38Générationnel, et on arrive à bien vivre ensemble.
17:41Et pour moi c'est comme une micro société, comme si en France on arrivait à bien vivre
17:45ensemble, et c'est très très important.
17:48C'est pour cela que je dis, je ne vois pas comment, ou alors cette ville changerait profondément,
17:53nous n'aurions plus ce vivre ensemble.
17:54On a réussi à l'image de la ville, mais la réalité a changé, on en a fait une belle
18:00capitale rayonnante, culturelle, moi quand je suis arrivé Pierre Morrois me disait c'est
18:04encore une belle endormie.
18:06Vous avez un regret sur votre bilan ?
18:08Oui, on a toujours des regrets.
18:11Le logement ?
18:12Oui, le logement parce qu'il y a toujours des mal logés et que nous sommes pratiquement
18:15la seule grande ville dans la métropole à construire des logements.
18:18Cela nous a été beaucoup critiqué d'ailleurs par les écologistes.
18:21Mais moi je pense, puisqu'il y a un débat aujourd'hui à l'Assemblée sur cette question-là,
18:26qu'il faut construire dense dans les coeurs de villes pour éviter justement d'aller
18:32toucher les terrains agricoles, la nature, etc.
18:35Donc oui, on n'est pas aidé par la politique nationale et bien qu'on ait construit 30
18:40000 logements et qu'on en ait rénové pratiquement autant, il en manque.
18:44Et puis la sécurité.
18:45La sécurité parce qu'il y a un gros problème de drogue dans la ville et je me bats sans
18:50être entendue pour obtenir plus de policiers nationaux depuis que je suis maire.
18:54Vous avez dit « je ne prends pas ma retraite politique, je vais continuer à m'exprimer
18:57autant sur le plan national qu'international ». Sur le plan national, il y a à dire,
19:01Martin Aubry.
19:02Vous êtes éloigné des intrigues parisiennes et de la popole comme vous dites, mais quand
19:05même, ça continue.
19:07Vous voulez peser, vous entendez peser, notamment vous avez appelé Olivier Faure pour, au moment
19:12de la censure, ne pas censurer François Bayrou, vous l'avez dit dans le monde.
19:16Il y a un congrès au PS, en juin prochain, ça ne vous a pas échappé ? Non ? La question
19:21vous saoule déjà, je sais, mais tout de même, vous allez faire entendre votre voix,
19:26votre choix, vous avez déjà choisi ?
19:28Moi, ce que je souhaite, c'est que le PS, et je pense d'ailleurs qu'il y a un petit
19:33regrin de crédibilité actuellement, justement, j'étais ravie qu'Olivier, comme Boris
19:39Vallaud d'ailleurs, décide finalement de ne pas voter la censure, aussi bien sur la
19:44déclaration de politique générale que sur le budget, c'est vrai que j'ai beaucoup
19:47œuvré pour cela, parce que ce n'est pas au moment où tout le monde va mal, où les
19:52Français sont inquiets et veulent un peu d'apaisement, qu'il faut en rajouter.
19:55Non pas qu'on soutienne la politique de Bayrou, son budget, contre lequel on a voté
19:59d'ailleurs, mais parce que je pense qu'il faut laisser un peu de temps dans cette période
20:03et c'était même avant toutes les folies de Trump.
20:06Maintenant, le congrès, il ne faut pas refaire le congrès de Marseille, où il y avait les
20:11Hollandais d'un côté, ceux qui se disent sociodémocrates comme si, et les partisans
20:16d'Olivier Faure de l'autre côté.
20:17On y est pourtant, non ? Oui, c'est ce qu'essaye de faire aujourd'hui Boris Vallaud en disant
20:23« Réconcilions-nous, réconciliation et doctrine ». Oui, on aurait pu s'y mettre un peu plus
20:27tôt sur la doctrine.
20:28Boris Vallaud ferait un bon premier secrétaire ?
20:31Je ne réponds pas à cette question, autrement je m'en vais.
20:36Et sur Jean-Luc Mélenchon, vous le connaissez bien, sera-t-il candidat ? Quoi qu'il arrive,
20:44il avait, je le rappelle, réuni 22% des voix en 2022, le PS moins de 2%, le rapport de force
20:51peut-il s'inverser ?
20:52Moi, très franchement, je pense qu'à les filles, maintenant, ce n'est plus possible.
20:57Ce n'est plus possible à cause de Jean-Luc Mélenchon.
20:59Moi, je ne critique pas les militants, ou encore moins ceux qui votent pour eux, parce
21:03que, je le disais tout à l'heure, l'exaspération fait qu'on a envie de voter pour ceux qui
21:08parlent les plus forts, même si ce qu'ils disent n'a aucune chance d'arriver.
21:13Mais Jean-Luc, cette brutalité, cette façon permanente d'être dans la provocation, de
21:18ne pas respecter les institutions, ce n'est pas possible.
21:21On a fait un accord électoral, le Président de la République n'a pas voulu reconnaître
21:26que cet accord a permis à la gauche d'être en numéro 1, même si elle n'a pas gagné.
21:30Je crois qu'aujourd'hui, il faut regarder le fond des projets, il faut effectivement
21:36une gauche la plus large possible, mais pas avec Jean-Luc Mélenchon, qui se présentera
21:41de toute façon, s'il ne change pas, et je ne pense pas, je le connais depuis très
21:45longtemps, qu'il changera.
21:46Une question d'auditeurs… Non, en fait, ce sont deux déclarations d'auditeurs.
21:51Dagui, bonjour, la démission de Martine Aubry laisse-t-elle présager ? C'était une
21:58candidature à la présidentielle de 2027.
22:02En tout cas, j'adhère à l'idée.
22:04Et Brigitte, Martine, présidente.
22:06Voilà.
22:07Écoutez, c'est très gentil, c'est à la hauteur de ce que j'entends dans la ville.
22:10Franchement, je suis très touchée des mercis, des petits cadeaux, de tous les… Ces jours-ci
22:16sont très émouvants, beaucoup plus que la décision que j'ai prise.
22:19D'abord, je ne pense pas que les Français, aujourd'hui, pensent à la présidence de
22:25la République, sauf pour éviter le RN.
22:26Je pense qu'ils ont d'autres préoccupations, et moi, de toute façon, je ferai tout pour
22:31aider à ce qu'on ait un candidat socialiste ou d'une gauche qui se colte au réel et
22:36qui défend ses valeurs.
22:37Mais évidemment, je ne serai pas candidate.
22:39Pensez-vous qu'il y aura un jour une femme présidente de la République ?
22:42La question se pose.
22:43Parce que moi, je me souviens au moment où nous avons fait les primaires avec François
22:49Hollande.
22:50Il y avait plein de gens qui me disaient « Vous savez ce qui serait bien ? C'est François
22:54Hollande président et vous Premier ministre pour faire le travail.
22:56»
22:57Cool.
22:58Voilà.
22:59« Vous avez rétabli les comptes de la Sécu ? »
23:00C'est sympa.
23:01Oui.
23:02Donc, les femmes ont fait confiance aux femmes parce qu'elles sont plus proches du réel,
23:05je pense.
23:06Elles ont peut-être moins d'égo.
23:07Voilà.
23:08Donc, elles font le boulot.
23:09Mais pour le job de président, il faut quelqu'un qui représente la France.
23:13Il vaut mieux un homme.
23:14Voilà.
23:15Ça reste encore, je pense, un vrai sujet.
23:17Quand je vois les attaques auxquelles Anne Hidalgo a été la victime, je vois combien
23:24c'est difficile encore.
23:26Même si moi, je reconnais que je n'ai pas eu trop d'attaques de cette manière.

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