Dix tonnes de cocaïne saisie à Dunkerque: "Ce type de saisie est le fruit de plusieurs mois d'investigation", assure Corinne Cleostrate (direction générale des douanes et droits indirects)

BFMTV

14/03/2025

Près de 10 tonnes de cocaïne saisies au port de Dunkerque. Selon une source proche de l'enquête, la drogue était dissimulée dans un conteneur. Il s'agit de la plus grosse saisie jamais réalisée en France métropolitaine.

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00:00Alors c'est difficile à dire aujourd'hui parce qu'il y a une enquête judiciaire qui se poursuit et on ne peut pas donner trop de détails mais ce type de saisie, c'est le fruit de plusieurs mois d'enquête, d'investigation, de surveillance aussi et c'est aussi, il faut le dire toujours, un travail de renseignement minutieux qui implique plusieurs pays pour justement identifier ces chargements, pouvoir les suivre et intervenir au moment le plus opportun pour pouvoir ensuite prolonger

00:30Mais c'est vrai qu'on se dit que les douanes, elles arrivent en bout de chaîne, c'est-à-dire une fois que la livraison est sur le point d'être faite et vous arrivez à la stopper. En réalité, vous intervenez aussi dans les investigations pour démanteler les filières ?

00:41Alors nous intervenons dans les investigations, dans les surveillances pour démanteler les filières. Nous pouvons recourir à des procédures spéciales d'enquête, à des techniques spéciales d'enquête.

00:50C'est quoi ça ?

00:51Alors en fait, ce sont des techniques qui sont prévues par le code des douanes nationales et qui permettent à la douane de réaliser des surveillances, de procéder quand les conditions sont réunies à des coûts d'achat.

01:02C'est-à-dire que vous vous faites placer pour des clients ?

01:05On réalise des coûts d'achat, oui, dans le cadre bien sûr autorisé par le code des douanes et avec l'autorisation de l'autorité judiciaire.

01:13Et puis on peut procéder aussi, et ça c'est un point très important en matière d'investigation sur les trafics de stupéfiants, à ce qu'on appelle des livraisons surveillées qui sont également prévues par le code des douanes.

01:23Mais comment ça se passe une livraison surveillée ?

01:27Ça se passe qu'en fait on surveille l'acheminement du produit jusqu'à destination.

01:30C'est-à-dire que vous avez un soupçon sur une cargaison par exemple et vous décidez de la suivre ?

01:34Ah c'est plus qu'un soupçon !

01:35Vous avez la certitude que ce ne sont pas des bananes ?

01:37On a déjà fait une constatation, on sait que le chargement est là et donc on organise la surveillance matérielle pour pouvoir l'intercepter au meilleur moment, finalement quand le destinataire le reçoit.

01:49Pardon mais c'est vrai qu'on reste très curieux de cette saisie de 10 tonnes de cocaïne dans le port de Dunkerque, est-ce que c'est ce qui s'est passé dans le cas présent ?

01:56Est-ce que c'est une cargaison que vous aviez repérée dès son départ d'Amérique du Sud ?

02:00En fait ça ne se passe pas exactement comme ça.

02:03C'est un travail qui, comme je vous le disais tout à l'heure, remonte à plusieurs semaines et nécessite un travail de renseignement continu.

02:12C'est-à-dire qu'on a souvent au départ des renseignements mais qui ne sont pas suffisants pour pouvoir réaliser une saisie.

02:19Donc il faut continuer à travailler, enrichir ce renseignement, solliciter d'autres sources d'informations pour in fine arriver à déterminer ce chargement.

02:28Pour nous c'est très important.

02:29En fait on travaille beaucoup aussi sur la logistique parce qu'aujourd'hui la logistique, le transport, c'est aussi quelque chose qui est infiltré par les organisations criminelles.

02:38Et nous en tant que Douane on est là pour surveiller justement tous ces flux logistiques et comprendre comment ils sont organisés, comment ils sont repris en main par les organisations criminelles.

02:46Un mot que vous avez utilisé plusieurs fois Corinne Cléostrat et je vais rebondir dessus c'est le mot de renseignement.

02:50Bruno Retailleau a annoncé d'ailleurs qu'il allait y avoir une cellule de renseignement portuaire au Havre comme ça existe déjà à Marseille.

02:55Vous-même vous avez été directrice nationale du renseignement et des enquêtes douanières.

02:58Oui tout à fait.

02:59C'est quoi le renseignement en matière de l'use anti-drogue ?

03:01Alors le renseignement c'est tout part du renseignement en fait.

03:04C'est-à-dire c'est d'abord une information qui peut être au départ très vague, très générale.

03:10Le travail des agents de renseignement précisément c'est de récupérer cette information, de voir à quel point elle est fiable, de pouvoir l'enrichir.

03:17Et pour ça on va contacter d'autres sources de renseignement.

03:20On travaille aussi, disons-le clairement, sur des sources humaines de renseignement avec des aviseurs qui permettent justement...

03:27Des espions quoi, c'est comme des taupes.

03:29Voilà c'est ce qu'on appelle dans la police des indics.

03:34Et nous on appelle ça des aviseurs et c'est vrai que c'est aussi une source vraiment précieuse de renseignement

03:40qui parfois ne suffit pas en tant que tel mais qui nous permet d'enrichir le renseignement qu'on avait déjà et du coup d'aller beaucoup plus loin.

03:46Et qui rend de plus en plus dangereux le métier de douanier ?

03:49Alors le métier de douanier a changé.

03:52Ce qui est aujourd'hui compliqué c'est les contrôles.

03:56Quand on est en phase de contrôles, on a face à nous des individus qui refusent de se soumettre aux contrôles.

04:02Ce qu'on appelle des refus d'obtempérer.

04:04Et qui donnent lieu à des contrôles effectivement très compliqués à mener.

04:08Si on trouve autant de drogue, c'est parce qu'évidemment vos services travaillent bien ?

04:12C'est aussi parce qu'il y en a beaucoup plus qui arrivent ?

04:14Les deux.

04:16Les services douaniers sont mobilisés.

04:18Tous les services douaniers sont mobilisés dans la lutte contre le narcotrafic.

04:22C'est vraiment une mobilisation générale.