La députée européenne Renew et présidente de la sous-commission sur le bouclier démocratique européen Nathalie Loiseau, le 14 mars 2025 sur franceinfo.
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00:00Nathalie Loiseau, il faut qu'on dise un mot de ce soupçon de corruption qui ressurgit au Parlement européen deux ans après le Catargate.
00:07Insupportable.
00:08Après le Catargate, la justice fédérale belge soupçonne des lobbyistes de Huawei, la firme chinoise, d'avoir corrompu une quinzaine d'eurodéputés à coup de cadeaux.
00:16Aucun enseignement, c'est le sentiment qu'on a, n'a été tiré du Catargate.
00:20Je n'en sais rien, mais je suis dans une colère noire. Si la cupidité de quelques-uns jette l'opprobre sur le dévouement de tous les autres, nous sommes 720 députés européens.
00:32Moi, je n'ai jamais vu personne me proposer.
00:34Vous n'avez jamais accepté ?
00:36C'est-à-dire qu'on ne m'en propose pas, peut-être parce que j'ai un comportement qui ne laisse place à aucune forme d'ambiguïté.
00:44Alors simplement, j'ai lu comme vous ces accusations dans la presse, ces soupçons dans la presse.
00:49J'ai immédiatement demandé à la présidente du Parlement européen de faire toute la transparence sur ce qu'elle sait.
00:55Elle vous a répondu ?
00:56Pas encore. Et je pense que le plus vite sera le mieux.
00:59Je sais que deux bureaux ont été scellés hier à Bruxelles, nous étions à Strasbourg en pleinière, deux bureaux de collaborateurs.
01:07Je n'en sais pas plus, je respecte la présomption d'innocence, mais si vraiment il y a des corrompus dans ce Parlement européen, je suis dans une colère noire à leur encontre.
01:16Mais je voudrais aussi jeter un coup de projecteur sur ceux qui sont supposés, toujours supposés, être corrupteurs, une entreprise chinoise.
01:26Moi, c'est la raison pour laquelle je préside une commission de lutte contre les ingérences étrangères,
01:31parce qu'aujourd'hui, sur le plan politique, sur le plan commercial, sur le plan de l'espionnage industriel,
01:37nous sommes la cible d'opérations malveillantes venant de pays qui ne nous veulent pas du bien.
01:43Il faut apprendre à beaucoup mieux se protéger.
01:45Avec le recul, vous vous dites qu'il y a eu certaines prises de position pro-chinoise un peu étonnantes, ou pas ?
01:50Alors, pas que je sache, parce que la Chine a eu, à la maladresse, un signe de sanctionner un certain nombre d'entre nous dans le précédent mandat,
01:59de l'interdire, par exemple, de se rendre en Chine, notamment parce qu'on défend Taïwan, parce qu'on défend les Ouïghours.
02:06Donc, il n'y a pas une synophilie particulière dans les décisions du Parlement européen.
02:11C'est peut-être la raison pour laquelle Huawei s'est dit qu'il voulait redorer son image.
02:16Tout ça, c'est des suspicions, c'est des peut-être. Je fais attention à ce que je dis.
02:20Mais vraiment, si quelques-uns, par leur comportement, salissent le travail de tous les autres, il y a de quoi être extrêmement en colère, et je suis très en colère ce matin.
02:28Un dernier mot, Nathalie Loiseau, sur la politique en France. Je rappelais tout à l'heure que vous étiez secrétaire nationale du parti Horizon.
02:34C'est donc le parti d'Edouard Philippe qui est candidat à l'élection présidentielle et qui voit, quelque part, sa campagne un petit peu percutée par le contexte...
02:42Il n'est pas en campagne pour la présidentielle. La présidentielle, c'est dans deux ans.
02:45Ah, il n'est pas en campagne ?
02:46Il est en campagne pour la présidentielle.
02:47Il a annoncé sa candidature.
02:48Oui, mais la campagne des présidentielles, ce n'est pas maintenant. Il conforte le parti.
02:51Le rendez-vous de dimanche à Lille, ce n'est pas un tout petit peu dans l'optique de la candidature ?
02:57C'est un congrès de partis politiques.
02:58Mais vous qualifieriez comment, alors, le moment dans lequel est Edouard Philippe en ce moment, s'il n'est pas en campagne ?
03:03Il conforte son assise, il sillonne la France. Alors, je sais, ça frustre beaucoup les journalistes que vous êtes. Il le fait sans les médias.
03:10Parce que ça frustre pas mal de gens chez vous. Il y a aussi beaucoup de troupes d'Horizon qui commencent à se dire...
03:15Beaucoup.
03:16Voilà, qui s'impatientent.
03:17Beaucoup, toujours les mêmes.
03:18On les entend, toujours les mêmes. Vous allez nous le dire, mais...
03:21Parce qu'ils le font de manière anonyme. C'est l'avis naturel des partis.
03:24Quand un parti grandit, et c'est la chance d'Horizon de grandir et de grandir assez vite, vous avez toujours des gens qui sont contents que les journalistes les appellent.
03:31Bruno Retailleau ne vous inquiète pas ?
03:33Écoutez, Bruno Retailleau, il est ministre d'un gouvernement dans lequel il y a des ministres Horizon. Il fait son travail.
03:392027, ça n'est pas tout de suite. Bruno Retailleau, j'ai de l'estime pour lui. Il y a des sujets sur lesquels je suis d'accord, d'autres sur lesquels je suis en désaccord.
03:47Je ne sais même pas s'il sera président de son parti.
03:51De là à savoir s'il est candidat à 2027.
03:53Ce dont je suis sûr, c'est qu'Edouard Philippe l'est.
03:55Et ce dont je suis sûr, c'est que je le soutiens.
03:58Parce que dans le monde qu'on vient de décrire, entre Vladimir Poutine et Donald Trump, je n'ai pas envie de voir Marine Le Pen présidente de la République.
04:05Et justement, quand on entend parler d'un ticket président-premier ministre, précisément pour qu'à côté d'une candidature RN, il y ait quelqu'un au centre-droit,
04:15un ticket Edouard Philippe-Bruno Retailleau, c'est quelque chose qui est complètement, vous n'allez pas me répondre oui aujourd'hui.
04:21C'est pas très paritaire.
04:22Pas très paritaire.
04:25C'est une bonne réponse.
04:27Mais un ticket, le ticket en soi, est une option.
04:30L'élection présidentielle en France ne s'est jamais faite sur un ticket.
04:34Sarkozy-Fillon ?
04:36C'est vrai, Sarkozy-Fillon.
04:38Ça n'a peut-être pas été la meilleure idée qu'a eu la France, compte tenu des choix de François Fillon.