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00:00Ici Normandie, il est 7h46.
00:02Ici Normandie, jusqu'à 9h.
00:06Ici Matin.
00:08Va-t-on vers la fin des ZFE, ces zones à faible émission,
00:12mises en place depuis 2022, par exemple à Rouen,
00:15depuis le 1er janvier au Havre et Sainte-Adresse.
00:18Ces zones excluent des métropoles les voitures les plus polluantes.
00:22Mercredi dernier, une commission spéciale a voté à l'Assemblée nationale
00:26un amendement pour la suppression de ces ZFE.
00:29Le vice-président de cette commission, député socialiste de la Seine-Maritime,
00:34répond ce matin à vos questions, Marianne Naquet.
00:36Et il a aussi co-animé une mission flash en 2022 sur le sujet.
00:40Bonjour Gérard Le Seul.
00:41Bonjour à vous.
00:42Comment analysez-vous ce vote ? Quel signal envoie-t-il ?
00:46Je pense qu'il envoie un signal négatif,
00:50puisqu'il n'est pas argumenté par rapport aux réductions nécessaires
00:55que nous devons mener dans nos centres-villes des pollutions atmosphériques,
01:00des particules fines, du CO2 y compris.
01:03Et donc je pense qu'il envoie un signal négatif,
01:08puisqu'il n'est pas fondé sur une étude d'impact.
01:11Cette suppression n'est pas argumentée sérieusement.
01:15Et donc voilà, moi je suis député, bien sûr je suis député,
01:20mais je suis député de la situation,
01:22puisque nous étions en train de discuter sur un texte de simplification de la vie économique,
01:27qui principalement touche la vie des entreprises,
01:29mais pas que la vie des entreprises.
01:31Et il y a eu des amendements, c'est pas nouveau.
01:33Il y avait déjà eu au mois d'octobre des alertes sur les ZF.
01:36Mais ça exprime surtout un échec de la politique gouvernementale
01:41en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et des particules fines.
01:45On va parler de cela, mais cet amendement a été déposé par des députés,
01:48les Républicains et du Rassemblement national.
01:50Ils invoquent une mesure qui pénalise, selon eux, les ménages les plus modestes
01:55en excluant les voitures les plus polluantes.
01:58Vous êtes d'accord avec ça ?
02:00Écoutez, ça fait plus de deux ans que je dis qu'il faut que le gouvernement
02:05prenne des mesures d'accompagnement social pour les ménages modestes.
02:09C'est évident qu'aujourd'hui, se priver d'une voiture thermique,
02:12critère 4, voire critère 3, après-demain,
02:15ça signifie faire un effort financier ou trouver des solutions alternatives.
02:19L'effort financier, quand on est très modeste, c'est quasiment impossible à faire.
02:24Et donc, il faut que le gouvernement mette en place, il fallait que le gouvernement mette en place,
02:29je dis bien il fallait, puisque j'ai alerté à de nombreuses reprises
02:32avec mon collègue Bruno Milienne quand j'avais fait le rapport Flash,
02:35et puis j'avais fait une proposition de loi pour proposer ces mesures d'accompagnement.
02:40Le résultat, c'est qu'aujourd'hui, très peu de mesures d'accompagnement
02:44ont été mises en place par le gouvernement.
02:46Les prêts à taux zéro notamment ?
02:47Les prêts à taux zéro, le leasing social,
02:50la création du marché de l'occasion avec l'obligation pour les entreprises
02:53d'avoir, elles, dans leur renouvellement de parc, des véhicules électriques,
02:57les efforts sur les transports collectifs,
02:59les aides de l'État aux transports collectifs des collectivités locales, etc.
03:03Et donc, ces mesures-là, finalement, ou la refonte des critères,
03:06qui pouvaient être aussi une voie intéressante de réforme des ADFE,
03:10du dispositif des ADFE, ces dispositifs n'ont pas été mis en place par l'État.
03:16Et donc, aujourd'hui, on se retrouve avec des collectivités locales
03:19qui sont face à une population qui a le sentiment d'exclusion.
03:22Je dis le sentiment parce que ce n'est pas toujours la réalité
03:25et les détracteurs des ADFE parlent au présent.
03:28Or, aujourd'hui, on le sait, les gens peuvent encore, bien sûr,
03:31circuler fort heureusement pour notre démocratie.
03:34Mais comment expliquer qu'un gouvernement puisse faire adopter une loi,
03:37la loi 2021 Climat et Résilience, et n'y mettre pas les moyens, selon vous ?
03:41C'est que le gouvernement lui-même n'y croyait pas ?
03:43Alors, peut-être que le gouvernement n'y croyait pas.
03:45Non, je ne pense pas, je ne fais pas cette offense-là au gouvernement.
03:48Je pense qu'il avait sincèrement l'ambition de réduire les émissions polluantes.
03:55Il y avait par ailleurs une condamnation, d'ailleurs, de l'Union européenne
03:58par manque de mesures prises en France.
04:01Par contre, il y a eu une relative inconséquence, effectivement,
04:04de la politique gouvernementale.
04:06Je vais prendre juste un exemple, et qui ne coûte pas cher celui-ci.
04:11Suite à nos rapports avec Bruno Milienne, nous avions souhaité,
04:15voire exigé ou conseillé, comme vous voulez,
04:18qu'il y ait un comité de liaison qui se crée
04:21entre les différentes collectivités locales,
04:23et l'État et les parlementaires que nous étions ailleurs.
04:26Et ce comité de suivi des ZFE ne s'est réuni qu'en mars 2024.
04:30Il ne s'est pas réuni depuis.
04:32Or, nous avons besoin de concertation, y compris entre les collectivités locales
04:36qui sont obligées de mettre en place les ZFE.
04:39Depuis le 1er janvier 2021.
04:41Bien sûr, mais depuis le 1er janvier 2021,
04:44et puis avec les accélérations qui se créent.
04:47Et donc, je trouve qu'il y a eu une inconséquence de l'État
04:50sur la mise en place des ZFE,
04:52comme si l'État avait poussé à la fabrication de la loi,
04:56et ensuite avait laissé les collectivités locales
04:58se débrouiller elles-mêmes avec la population,
05:01et avec cette mesure qui est une mesure sanitaire, qui est importante.
05:0440 000 morts par an liées à la pollution.
05:0740 000 à 48 000 morts par an, effectivement, liées à la pollution atmosphérique.
05:10Et puis, il y a des incompréhensions, bien sûr, de nos concitoyens,
05:14et que je partage mille fois, je l'ai écrit aussi,
05:17comment accepter la mise en place d'une ZFE en zone urbaine,
05:22alors que juste à côté, on a une zone industrielle, une zone portuaire,
05:25qui n'est pas concernée, elle, par la ZFE.
05:27C'est le cas à Marseille, par exemple.
05:29Et donc, on est marseillais aujourd'hui, on se dit, c'est pas possible.
05:33On voit des bateaux qui rentrent dans le port,
05:36des camions qui en partent, sans qu'elles soient touchées par les ZFE.
05:40Et donc, ça, c'est pas possible.
05:42On ne peut accepter des mesures parfois un peu difficiles,
05:46comme changer son mode de mobilité individuel,
05:49changer éventuellement de voiture quand on le peut, etc.
05:53On ne peut pas accepter ça si les efforts ne sont pas faits à côté
05:56par d'autres pollueurs importants,
06:00que sont, bien sûr, le transit commercial, maritime, portuaire ou routier.
06:06Donc, c'est cette inconséquence, si vous voulez, des mesures,
06:10qui font qu'aujourd'hui, qui fait qu'aujourd'hui,
06:13la population ne se retrouve pas dans ces mesures,
06:16par ailleurs de protection sanitaire,
06:18qui sont indispensables à prendre, d'une manière ou d'une autre,
06:21pour l'ensemble de la population.
06:22Et qui fait que vous êtes un quai pour l'avenir des ZFE.
06:25Merci beaucoup, Gérard Le Seul, député socialiste de la Seine-Maritime,
06:29d'avoir accepté l'invitation d'ici Normandie.
06:32Je rappelle que ce vote n'engage à rien.
06:35Il va falloir que ça repasse devant les députés, puis devant les sénateurs.
06:39Alors, très brièvement, c'est une commission spéciale
06:42qui travaillait sur la simplification de la vie économique.
06:45Il y a eu un amendement de suppression des ZFE
06:49qui a été adopté en commission spéciale.
06:51Ça doit passer la semaine prochaine, dans l'hémicycle.
06:54Merci beaucoup, bonne journée à vous.
06:56Je vous en prie, merci à vous.
06:57Alors, j'en profite pour vous signaler qu'aujourd'hui,
06:59on a un risque de pollution, en tout cas de qualité de l'air un peu dégradée chez nous,
07:03en raison de la présence d'ozone.
07:05On n'est pas aidé par le soleil, pour une fois, en Normandie.
07:07Il est 7h53, le temps est bon.
07:10Bon entendeur, Isabelle Pierre.