Lundi 7 avril 2025, retrouvez Nicolas Defrenne (Directeur général, Soren), Armand Blondeau (Cofondateur, Printemps écologique), Zinédine Hellaili (Fondateur, Alomigo) et Chrystelle Peltier (Cofondatrice, Opack) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.
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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif, et voici notre sommaire du jour.
00:15Mon invité, c'est Nicolas Dufresne, le directeur général de SoRen. Il nous présentera les résultats de son baromètre sur le recyclage des panneaux photovoltaïques en France.
00:25Dans notre débat, on va parler de l'engagement des salariés pour l'environnement au sein des entreprises via du mécénat de compétences ou encore l'action d'un syndicat dédié comme le Printemps écologique.
00:37Et puis, dans notre rubrique start-up, vous découvrirez les colis réutilisables d'Opac. Voilà trois thèmes, 30 minutes pour les développer. C'est parti !
00:47— L'invité de Smart Impact, c'est Nicolas Dufresne. Bonjour. — Bonjour.
00:56— Bienvenue. Vous êtes le directeur général de SoRen. C'est un éco-organisme. On est dans quel univers ? Racontez-nous.
01:02— SoRen, c'est l'éco-organisme de la transition énergétique. On gère les équipements en fin de vie pour les acteurs de la filière de la transition énergétique, c'est-à-dire la collecte, le réemploi et le recyclage.
01:13— Essentiellement des panneaux photovoltaïques ou pas que ? — Aujourd'hui, uniquement des panneaux photovoltaïques. Mais on a des ambitions, notamment sur le monde de l'éolien.
01:21— D'accord. Donc ça pourra évoluer. Avec ce chiffre sur les français solaires, il y a 1 français sur 10 qui est aujourd'hui équipé d'une installation photovoltaïque.
01:35C'est une évolution régulière, chaotique ? Qu'est-ce qu'on peut dire de ce taux d'équipement ?
01:42— Alors c'est une évolution régulière dont la progression, elle, est parfois chaotique, puisqu'on le voit avec les décisions gouvernementales, notamment cette année,
01:49qui visent à réduire les équipements en toiture, en tout cas la vitesse de progression. Il y a aujourd'hui 25% des français qui souhaitent s'équiper de panneaux photovoltaïques.
01:58Donc c'est quand même considérable. Et les français, justement, s'intéressent aux bénéfices environnementaux, mais aussi aux bénéfices économiques de ce genre d'installation.
02:06— Vous parlez des décisions gouvernementales. Ça veut dire que c'est quand même un secteur dépendant des subventions encore aujourd'hui ou pas forcément ?
02:15— Aujourd'hui, lorsque vous avez un équipement en toiture, soit vous êtes dans l'autoconsommation, c'est-à-dire vous allez utiliser l'électricité que vous produisez.
02:23Finalement, c'est déduit de votre facture. Soit vous allez le revendre sur le réseau. Et là, c'est EDF, obligation d'achat notamment, qui va payer.
02:30Bon, c'est évidemment financé aussi par l'argent public. Aujourd'hui, quand on voit le prix de l'électricité, c'est de toute façon intéressant de s'équiper, même quand on est uniquement en autoconsommation.
02:39Maintenant, si vous consommez pas tout, effectivement, c'est bien de pouvoir revendre sur le réseau. Donc c'est un arbitrage économique pour chacun selon ses modes de consommation.
02:47— Et la filière, les entreprises qui vendent, installent du photovoltaïque, comment elle se porte ?
02:52— Aujourd'hui, elle se porte bien. Il y a plusieurs secteurs. Alors les grandes centrales photovoltaïques se portent plutôt bien. Sur les équipements en toiture, il y a eu une forte accélération.
03:02Et avec la loi notamment d'accélération des énergies renouvelables, il y avait des obligations qui étaient mises en place pour l'électrification des surfaces artificialisées.
03:10Je pense notamment au parking sur les zones avec la grande distribution. Aujourd'hui, c'est une filière qui risque quand même de connaître un coup d'arrêt si l'arrêt est S21.
03:18Alors c'est un peu technique. Mais celui qui réduit en fait le tarif d'achat pour les équipements en toiture passe en l'état actuel des choses.
03:26Après, c'est des choix qui sont politiques. Moi, je suis convaincu que de toute façon, l'énergie solaire en particulier a un avenir brillant. C'est le cas de le dire.
03:35Simplement, c'est la vitesse d'adoption qui va être accélérée ou ralentie par les politiques publiques. Mais on est dans l'ordre de l'inéluctable aujourd'hui.
03:42Oui. Avec quand même une difficulté, c'est que ces panneaux solaires, ils viennent ultra ultra majoritairement. C'est quoi ? C'est 90%, 95% d'Asie et de Chine.
03:52Aujourd'hui, la Chine est le leader incontesté. C'est effectivement... Nous, on voit dans les déclarations mises sur le marché plus de 90%.
03:58Il y a en France des projets de réindustrialisation, notamment 3 projets d'usines de gigafactory de 5 gigawatts chacun.
04:05Pour vous donner un ordre de grandeur, les mis sur le marché l'année dernière en France étaient de l'ordre de 7 gigawatts.
04:11Donc c'est même... Les projets industriels sont supérieurs à la demande française actuelle, mais visent de toute façon à alimenter aussi l'Europe.
04:18L'enjeu, ça va être dans la future directive dite NZIA pour réindustrialiser l'Europe, de mettre en place des critères, si on veut se protéger en tout cas des panneaux photovoltaïques étrangers,
04:31des critères notamment de contenu européen. Maintenant, ce qu'il faut voir aussi, c'est que les panneaux chinois ne sont pas moins bons que les panneaux européens.
04:38C'est presque même le contraire. Ils ont une expérience. Ils font beaucoup de R&D. Donc aujourd'hui, c'est un choix à nouveau politique.
04:45Est-ce qu'on veut se réindustrialiser sur ce segment de la chaîne de valeur ? L'avenir nous le dira.
04:50— Et donc vous publiez, c'était il y a quelques jours, la quatrième édition de votre baromètre réalisé par OpinionWay pour Soren sur le recyclage de ces panneaux photovoltaïques.
05:02La leçon principale de ce baromètre, c'est quoi ? — Aujourd'hui, 66% des Français font du recyclage des panneaux photovoltaïques en condition sine qua non pour s'équiper.
05:12Et vous avez 72% des Français qui, eux, pensent que les panneaux sont recyclables ou savent qu'ils sont recyclés.
05:19Donc on voit qu'on a un terreau fertile avec un a priori qui est positif. Il faut donc transformer l'essai, parce que vous avez donc ces deux tiers des Français qui disent
05:28« Moi, je m'équiperai pas s'il n'y a pas une filière de recyclage à haute valeur ajoutée derrière ». C'est finalement logique, puisqu'on leur promet finalement de sauver la planète
05:37en produisant des électrons verts. En tout cas, c'est un des leviers nécessaires pour la décarbonisation de notre économie.
05:43— Les Français disent banco. Par contre, il faut être excellent sur l'intégralité de la chaîne de valeur. Et ils ont mis raison.
05:50— Avec ce chiffre que vous publiez, que vous donnez en 2023, plus de 5 000 tonnes, 5 207 tonnes de panneaux solaires usagés ont été collectées.
05:58C'est quand même une hausse très importante, de plus 35% sur un an. Est-ce que là aussi... Je crois que SoRen existe depuis une dizaine d'années.
06:05C'est ça que vous fêtez votre anniversaire, là, dans... — Absolument, dans quelques semaines.
06:09Alors là aussi, est-ce qu'on parle d'une progression très constante ? Ou alors est-ce qu'il y a des coups d'arrêt ?
06:14— Alors on parle là d'une progression qui est exponentielle, finalement. La collecte des équipements en fin de vie, c'est un peu la même chose
06:20que les mis sur le marché, mais avec une vingtaine d'années d'écart. — OK.
06:24— Vous avez mentionné les chiffres de 2023. Mais on a maintenant même les chiffres de 2024 depuis quelques jours, avec 9 361 tonnes collectées en 2024.
06:31— Ah oui, c'est encore une très forte progression, oui. — Donc on a quasiment doublé, un petit peu moins. On prévoit que l'année prochaine, on va faire
06:38sans doute plus 50% par rapport à 2024. — Alors c'est quoi ? C'est parce que les Français se sont beaucoup plus équipés il y a quelques années
06:46ou c'est parce que la filière est plus efficace dans le recyclage ? — Alors on rattrape les équipements. L'année dernière, les mis sur le marché,
06:54c'était presque 400 000 tonnes. C'est considérable. C'est le plus gros flux d'équipements électriques et électroniques.
06:59Il y a plus de panneaux photovoltaïques aujourd'hui sur le territoire national que de Français, ce qui montre qu'on est sur quelque chose qui avance extrêmement vite.
07:06Donc nous, ce qu'on sait, c'est que d'ici 20 ans, il faut aller chercher à peu près 400 000 tonnes par an. Là, on est un petit peu moins de 10 000.
07:12Donc on voit la montée en puissance. Ce qui est intéressant, c'est qu'on sait finalement où on va. Donc finalement, on n'aura pas d'excuse pour pas être
07:21au rendez-vous dans 20 ans. Mais il y a tout un enjeu de développement industriel et notamment des capacités actuelles pour s'assurer qu'on accompagne la montée
07:28de manière adéquate. – Parce que, alors, pardon, c'est une question vraiment presque naïve, mais ils deviennent quoi, ces panneaux photovoltaïques ?
07:36Alors, s'ils ne sont pas recyclés, ce qui est quand même la très mauvaise nouvelle, on va commencer par là rapidement, et puis ensuite, quand ils sont recyclés ?
07:44– Alors, les panneaux photovoltaïques, lorsque le détenteur souhaite s'en défaire, il faut aller sur notre site Internet. On lui explique.
07:49Soit il faut le déposer en point d'importance, soit on va directement le déposer sur le site. La bonne nouvelle, c'est que la France est le champion d'Europe
07:54et même, je pense, du monde en termes de taux de collecte. On est à 77%. – D'accord.
07:59– Donc, c'est une bonne chose. Ça reste à être construit. Une fois qu'ils y sont collectés, il y a deux possibilités.
08:06Soit ils partent dans une filière de réemploi de réutilisation pour une seconde vie, l'allongement de la durée de vie. On est dans la prévention du déchet.
08:12Donc, dans le terme de hiérarchie, c'est évidemment mieux. Aujourd'hui, c'est assez minoritaire dans les volumes.
08:18Soit ils partent pour être recyclés dans l'un des 4 sites qui existent en France industriels de recyclage des panneaux photovoltaïques.
08:24– Et alors, ça repart dans d'autres filières, après, les différents matériaux d'un panneau photovoltaïque ?
08:29– Une fois le panneau recyclé, nous, on travaille en boucle ouverte. C'est-à-dire, vous avez par exemple un cadre en aluminium.
08:34Donc, il a servi pour un panneau photovoltaïque. Demain, peut-être qu'il servira pour faire une canette.
08:39Peut-être qu'il servira à faire le châssis d'un véhicule automobile. Peu importe. L'important, c'est de remettre les matières premières dans l'économie.
08:46– Mais alors, attendez, je reprends vos chiffres parce qu'on est à 10 000 à peu près en 2024.
08:5110 000 tonnes de panneaux solaires usagés, collectés. Vous dites, il va falloir qu'on soit à 400 000.
08:56Donc, il va falloir d'autres usines de recyclage, j'imagine ?
09:00– Alors, il va falloir augmenter la capacité des usines existantes et développer d'autres usines.
09:05À terme, il y aura forcément, sans doute, une dizaine de centres de traitement sur tout le territoire.
09:11– Ça dépend de qui ? C'est les collectivités locales qui vous accompagnent dans un projet comme ça ?
09:14C'est l'État ? C'est l'ADEME ?
09:16– Alors, le recyclage est effectué par des opérateurs de traitement,
09:20donc des sociétés dont c'est le métier qui, d'ailleurs, valorise souvent, depuis des années,
09:24d'autres types de produits électriques, électroniques et pas que.
09:28D'ailleurs, nous, on fait des appels d'offres.
09:30D'ailleurs, on lance un cycle d'appels d'offres dans deux mois pour les cinq prochaines années.
09:35Et les candidats vont répondre en proposant des solutions techniques,
09:39une performance environnementale et des capacités qui doivent être adéquates
09:42par rapport à nos projections de gisements.
09:44Donc, l'objet pour nous, c'est en fait, on est un peu le chef d'orchestre, si vous voulez.
09:48Donc, un chef d'orchestre tout seul, finalement, ça pourrait être ridicule,
09:51mais on a besoin de nos musiciens.
09:53Et les musiciens sont les opérateurs qui vont proposer des solutions qui vont innover.
09:57Et la France, depuis 5-6 ans, est mise à l'honneur par l'Agence internationale de l'énergie,
10:04justement sur la question du recyclage.
10:06Vous savez qu'on a un vrai savoir-faire, une avance technologique par rapport aux autres pays du monde
10:09et même par rapport aux Chinois qui, pour le coup, sont très bons dans ce secteur d'activité.
10:14Et on les encourage, on les finance pour développer des solutions.
10:19Et pour moi, l'enjeu, en fait, c'est de développer des solutions innovantes maintenant,
10:22alors que les volumes de déchets sont relativement faibles par rapport à demain.
10:25Parce qu'aujourd'hui, si on se trompe sur 1 000 tonnes, on peut les redéplacer,
10:29les envoyer sur un site qui marche.
10:31Quand on aura 400 000 tonnes par an, on n'aura plus le droit à l'erreur.
10:34Il faudra être sûr de sa solution de recyclage.
10:36Donc, on a 10-15 ans pour être sûr.
10:38Et donc, Soren investit dans la R&D avec ses partenaires recycleurs
10:42pour justement trouver la bonne solution ou les bonnes solutions,
10:45puisque souvent, il y en a plus d'une,
10:47et permet d'avoir un recyclage à haute valeur ajoutée
10:49qui va créer de la valeur sur le territoire national et des emplois.
10:53– Merci beaucoup Nicolas Dufresne.
10:55Et à bientôt sur Be Smart for Change.
10:57On passe tout de suite à notre débat
10:59comment les salariés s'engagent pour l'environnement
11:02via le mécénat ou l'action syndicale.
11:11Le débat de ce Smart Impact,
11:13comment les salariés portent les enjeux environnementaux dans leurs entreprises.
11:17On en parle tout de suite avec Armand Blondeau.
11:19Bonjour. – Bonjour.
11:20– Vous êtes le co-fondateur du Printemps écologique et Zindine El Haïli.
11:24Bonjour. – Bonjour.
11:25– Fondateur d'Allomigo, le Printemps écologique.
11:28Armand Blondeau, c'est un syndicat de salariés, c'est ça ?
11:30– Oui, tout à fait.
11:31– Qui existe depuis quand ?
11:32– Qui existe depuis 2020.
11:33Donc oui, effectivement, on a un syndicat de salariés
11:35au même titre que ceux qui sont plus connus
11:37comme la CGT, la CFDT, Solidaire, etc.
11:40– Pourquoi il fallait créer un syndicat spécifique ?
11:43C'est-à-dire que les syndicats traditionnels,
11:45ils ne se préoccupent pas assez des enjeux environnementaux ?
11:47Qu'est-ce que vous avez ressenti ?
11:49– Nous, ce qu'on voulait, c'était garantir aussi
11:52que dans le dialogue social, il y ait de manière transversale
11:55et permanente la question écologique.
11:57Parce qu'on vit une crise écologique
11:59et en fait, il faut que ce soit un sujet permanent dans les entreprises.
12:02Ce qui ne signifie pas effectivement
12:04qu'il faut que ça remplace les sujets sociaux, etc.
12:07Mais en fait, il faut vraiment que ça les imprègne complètement.
12:10C'est pour ça qu'on les a créés, pour s'assurer
12:12que ces thèmes-là soient permanents.
12:14– Et donc, ce que j'entends en creux, c'est que les syndicats classiques
12:17ne le faisaient pas suffisamment.
12:19C'est peut-être pas leur première grille de lecture.
12:21– Pas à mon sens, de manière systématique, non.
12:23– Présentez-nous, vous êtes déjà venu dans l'émission,
12:25mais je veux bien que vous nous présentiez Allomigo, c'est quoi ?
12:27– Allomigo, c'est une plateforme
12:29qui permet de mettre en relation les salariés d'entreprise
12:31avec les associations locales.
12:33Et aujourd'hui, on a ouvert à d'autres types d'acteurs locaux.
12:36Donc, les collèges et lycées pourront faire des témoignages de rôle modèle
12:39et prendre des stagiaires.
12:41Mais aussi des commerces et restaurants solidaires
12:43pour que les salariés puissent consommer responsable près de chez eux.
12:45– Avec quel type de mission que vous encadrez ou que vous accompagnez ?
12:49– Tout type de mission.
12:50Ça peut aller de l'ingénieur informatique
12:52qui va développer le site internet d'une association.
12:54Ça peut être aussi une mission où on va aller nettoyer une plage à Marseille
12:57ou un parc public.
12:58– Donc c'est à la fois du mécénat d'entreprise,
13:01du team building solidaire par exemple.
13:03Les causes environnementales,
13:04elles sont souvent au cœur de ces missions que vous accompagnez ?
13:07– Elles sont très souvent au cœur de ces missions.
13:09Pour vous donner un chiffre, c'est plus de 60%
13:12des missions d'engagement social sur la plateforme
13:14qui sont sur des thématiques écologiques.
13:16La toute première mission, ça m'avait marqué,
13:18qu'on avait fait avec notre client CFDP Assurance,
13:20on leur avait demandé aux salariés de choisir
13:22sur quel type de mission ils avaient envie de s'engager.
13:24Et ils avaient choisi une association qui s'appelait Agir.
13:27Et c'était une association qui nettoyait des plages
13:30sur le bassin méditerranéen.
13:32– Donc là, on a deux leviers d'action proposés aux salariés
13:36pour promouvoir finalement les causes environnementales
13:39au sein de leur entreprise.
13:41Et on va voir comment vous avez, avec le syndicat,
13:44les salariés d'un site Nestlé Purina,
13:47contesté vraiment la stratégie de l'entreprise.
13:49C'est vraiment très intéressant.
13:51C'était un projet de construction d'une chaudière bois-énergie.
13:54Vous en avez fait un film, un documentaire,
13:56on regarde un extrait de la bande-annonce.
13:58– C'est important de préserver ce lieu tout simplement
14:01parce que c'est fragile.
14:03Achieve the milestones that we must hit
14:05to hit net zero by 2050.
14:07Nestlé nous a présenté le remplacement de deux chaudières gaz
14:11par des chaudières bois-énergie.
14:13Nous ont montré un site de 35 hectares,
14:18il ne restait plus rien.
14:21On coupe ça pour le transformer en ça.
14:25Ça va être la vitrine d'une fausse décarbonation
14:28qui va impliquer une destruction massive de notre environnement.
14:32Et là on s'est dit, il faut qu'on fasse quelque chose.
14:35– Il faut qu'on fasse quelque chose, le nier l'oiseau,
14:38c'est le titre de ce documentaire réalisé par Ewen Barrow.
14:41Alors déjà, comment vous décidez de vous mobiliser ?
14:45Parce que sur le papier on se dit, ah super,
14:48Nestlé prend un chemin de transition environnementale.
14:52– Là en fait, la décision est venue de ces deux salariés
14:55de l'usine de Nestlé, Fred et Alex,
14:57qui à un moment, on leur a présenté le projet,
15:00du coup de manière très positive,
15:02parce que c'était un projet qui émanait de la RSE.
15:04Et eux qui vivent sur ce territoire,
15:06qui un peu se baladent dans ces forêts régulièrement,
15:08ils ont fait vite le calcul,
15:10parce que c'est des gens qui viennent du monde industriel
15:12et qui se sont dit, les consommations de bois
15:14de ces chaudières sont énormes.
15:16Et en fait, ils se sont dit,
15:17mais comment notre forêt va absorber ça ?
15:19Et effectivement, ils se sont dit,
15:21on aimerait bien, on n'est pas 100% sûr de nous,
15:24on aimerait bien avoir un peu plus de billes
15:26pour challenger le projet.
15:28Et c'est là qu'ils sont allés voir un syndicat
15:30comme le Printemps écologique, pour être mieux accompagnés.
15:33– Pour obtenir gain de cause au final ?
15:35– Pour avancer sur le sujet, pour poser le débat,
15:38pour faire en sorte que ce soit un débat
15:40entre la direction et les salariés,
15:42pour apporter une nouvelle expertise, un regard différent, etc.
15:45– C'est ça que je trouve important,
15:48c'est que vous êtes aussi positionnés
15:51comme une force de proposition,
15:53c'est-à-dire que vous êtes venus avec des alternatives, c'est ça ?
15:55– Oui, ça, ça a été une volonté très forte aussi des salariés de Nestlé
15:59de se dire, ok, on est contre,
16:01parce qu'à la base, c'est une chaudière qui vient remplacer
16:03une chaudière gaz, donc l'énergie carbonée.
16:05Donc il y avait un peu cette envie de,
16:07on ne veut pas simplement être une force de réaction
16:11ou une force qui va juste faire qu'on revient comme avant,
16:14on veut continuer à améliorer la situation,
16:16donc en fait, on veut venir avec une proposition alternative.
16:19– Et c'est quoi l'alternative ?
16:20– Et là, la solution alternative, ça a été de passer par l'électrification
16:24grâce aux pompes à chaleur, de faire plus d'efficacité énergétique,
16:27de réduire les besoins en énergie
16:29et ensuite de changer de source d'approvisionnement en énergie.
16:32– Et alors, ce qui est intéressant dans ce film,
16:34c'est que toutes les générations, finalement, sont engagées.
16:37Zinedine Lalli, comment vous embarquez ?
16:39Parce que c'est toujours une question, dans une entreprise,
16:41tous les salariés ne sont pas convaincus,
16:43il y en a qui disent même, vous commencez à nous ennuyer
16:46avec vos normes environnementales.
16:48Enfin bref, ce discours-là, on l'entend régulièrement,
16:50on l'a vu dans les urnes, avec les votes notamment des élections européennes.
16:55Comment vous embarquez tout le monde ?
16:57– Je pense que la clé, c'est la formation.
16:59Une fois qu'on est au courant de ce qui se passe et des enjeux,
17:03je pense que c'est beaucoup plus facile d'embarquer les collaborateurs.
17:06Nous, on propose aussi des formations.
17:08Et les salariés, en fait, ont envie de s'engager.
17:12On le voit avec les jeunes générations,
17:14il y a plus de 70% des salariés qui disent qu'ils ont envie
17:18que leur entreprise ait un impact positif sur l'environnement.
17:21– Oui, on a trouvé ce sondage OpinionWay
17:23qui date de cette enquête d'octobre 2024,
17:25donc est assez récente, ça rejoint ce que vous dites.
17:2767% des jeunes, 18-30 ans, qui disent même,
17:30je pourrais envisager de quitter mon entreprise
17:33si c'est incompatible avec les valeurs environnementales.
17:35Ça, vous le ressentez dans les missions que vous accompagnez ?
17:38– Oui, on le ressent, on le ressent bien.
17:40Et au-delà de ça, il y a aussi des jeunes
17:42qui sont touchés par un sentiment de perte de sens,
17:46ce qu'on appelle le brown-out.
17:48Il y a des chiffres qui disent que c'est aux alentours de 20%
17:50des salariés qui seraient touchés par ça.
17:52Donc en fait, c'est un enjeu aussi pour les entreprises
17:54pour retenir les jeunes, retenir les talents
17:57et pouvoir recruter plus facilement aussi.
17:59– Mais est-ce que c'est vraiment générationnel ?
18:01C'est-à-dire qu'il y a aussi des quinquas
18:05qui se sentent hyper concernés, j'imagine ?
18:07– Oui, on le voit nous dans nos missions, ça va de tous les âges.
18:10Il y a bien entendu des personnes, des quinquagénaires
18:13qui ont envie de s'engager.
18:15Il y a même une personne qui était dans l'entreprise CFDP Assurance,
18:19la première avec laquelle on a bossé, on a travaillé,
18:21qui avait travaillé avec Agir ensuite en tant que bénévole
18:25et qui est allé même plus loin que les missions
18:27de mécénat de compétences qui étaient proposées par l'entreprise.
18:29– Armand Blondeau, pourquoi ce film ?
18:31L'idée, c'est de montrer à d'autres salariés que c'est possible, éventuellement ?
18:35– Ah oui, complètement.
18:37C'est vraiment l'idée de montrer comment est-ce qu'on peut faire
18:41pour s'engager sur ce type de sujet.
18:43Nous, au Printemps écologique, on passe beaucoup le message
18:46d'intéresser-vous au dialogue social dans l'entreprise
18:48parce qu'il y a beaucoup de choses qui peuvent s'y passer
18:51et beaucoup de choses qui peuvent se gagner là-bas,
18:53notamment sur les enjeux environnementaux.
18:55– Et quel lien vous faites avec les formations, le mécénat d'entreprise ?
18:59Parce qu'il y a un éveil qui n'est pas récent,
19:03ça date de plusieurs années, mais à ces enjeux environnementaux,
19:07il y a de plus en plus de salariés, actuels ou futurs d'ailleurs,
19:13on peut parler de recrutement, qui sont mobilisés sur ces thèmes-là.
19:16Est-ce qu'ils se disent, ok, maintenant que je suis informé,
19:21il faut que je fasse pivoter mon entreprise.
19:23Vous le voyez ça aussi ?
19:24– Oui, complètement.
19:25Et c'est vrai qu'on parlait de la question des personnes
19:27qui sont prêtes à démissionner par rapport aux enjeux environnementaux.
19:31– C'est plutôt rester là et faire bouger l'entreprise.
19:33– Avant de démissionner, réfléchissez bien,
19:35peut-être qu'on peut faire bouger des choses dans votre entreprise,
19:37notamment grâce au syndicalisme.
19:38Et du coup, c'est un peu ce côté, effectivement,
19:40et même d'ailleurs les chefs d'entreprise devaient y penser,
19:43plutôt que parfois, parce que c'est dur pour certains salariés
19:46de faire le pas de se syndiquer, de socialiser ça dans les entreprises,
19:49notamment parce qu'il y a une petite crainte vis-à-vis de la direction.
19:51Du coup, c'est aussi un message que j'aimerais passer aux directions.
19:54En fait, des salariés qui se syndiquent dans son entreprise,
19:57ça peut être une force très positive d'apporter des nouvelles idées,
20:01d'engager les salariés et de répondre à cette question du sens au travail.
20:04– Et alors, justement, cette question du sens au travail,
20:07on l'a bien compris, il y a plein de familles de missions différentes
20:12que vous proposez, est-ce qu'il y en a une plus efficace que l'autre ?
20:15C'est toujours difficile de répondre à ces questions-là.
20:18– Je ne sais pas s'il y en a une plus efficace.
20:20– Est-ce que, par exemple, le mécénat d'entreprise,
20:22c'est-à-dire que c'est quelqu'un qui va donner de son temps
20:24pour aider une association à partir de ses compétences ?
20:28Il se dit, tiens là, quand même, j'ai servi à quelque chose aujourd'hui.
20:31– Nous, on ne travaille qu'avec des associations locales, petites à moyennes,
20:35vraiment autour du domaine d'implantation de l'entreprise.
20:38Et donc, chaque collaborateur qui va aider l'association
20:41a vraiment un impact énorme.
20:43Ça peut être refaire leur site internet alors qu'ils n'en avaient pas,
20:45ça peut les aider sur une vidéo, par exemple, pour promouvoir leurs actions,
20:51qui va leur permettre d'avoir beaucoup plus de visibilité.
20:53Donc, vraiment, nous, on choisit les associations et les entreprises
20:56avec les compétences pour qu'on ait le plus d'impact possible.
20:59Et c'est aussi pour ça qu'on a choisi d'aller sur de l'ultralocal
21:02pour que les entreprises et les salariés aient un impact sur leur territoire.
21:06C'est vraiment de l'ultralocal.
21:08– Vous êtes présent dans de nombreuses entreprises.
21:10En France, c'est un jeune syndicat, le Parti écologique.
21:13– Oui, on est présent officiellement, en tout cas avec des sections syndicales
21:16et des élus dans une soixantaine d'entreprises.
21:18Des PME comme dans de très grands groupes, oui.
21:21– Comment vous travaillez avec les autres syndicats ?
21:23Est-ce qu'ils vous considèrent comme des experts des questions environnementales ?
21:26C'est-à-dire, est-ce qu'ils viennent vers vous en disant
21:28ah tiens, là, il y a un enjeu majeur sur ces questions ?
21:31– Ça arrive, oui.
21:32Ça arrive qu'on fasse parfois des alliances avec certains syndicats
21:35pour traiter ces sujets un peu de manière commune,
21:38notamment des syndicats qui sont présents dans une entreprise depuis longtemps.
21:42Nous, on n'est pas là pour les expulser,
21:43on est là aussi pour apporter des nouveaux sujets,
21:45faire des choses un peu différemment.
21:47Et dans ces situations-là, on préfère travailler avec les syndicats qui sont déjà là.
21:52– C'est peut-être un peu trop tôt pour que vous le ressentiez,
21:55mais on est quand même un peu vent de face en ce moment
21:58sur ces enjeux environnementaux,
22:00et le vent, au contraire, il vient fort des États-Unis.
22:03Est-ce que vous avez le sentiment qu'il y a la tentation en France aussi
22:06d'appuyer très clairement sur le frein ?
22:08– Oui, mais je pense qu'en fait, si on veut réindustrialiser,
22:11si on veut aussi s'adapter aux changements climatiques,
22:14on a eu le rapport récemment d'adaptation aux changements climatiques du gouvernement
22:18qui montre qu'en fait, l'écologie, on va se la prendre de face.
22:21– Bien sûr, ça coûtera plus cher, de toute façon,
22:23d'investir dans la transition.
22:25– Et si on veut avoir notre indépendance énergétique, etc.,
22:28les sujets de l'écologie, de gré ou de force, on va devoir les traiter.
22:32Donc c'est un sujet, quoi qu'il arrive.
22:34– Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
22:38On passe tout de suite à notre rubrique Startup.
22:41– Smart Ideas, notre rubrique Startup et innovation avec Christelle Pelletier.
22:52Bonjour. – Bonjour.
22:53– Bienvenue, vous êtes la co-fondatrice d'Opac, créée en 2022 avec votre fils William.
22:58Et avec quelle idée ? Racontez-moi.
23:00– L'idée d'avoir le sentiment d'être envahi par les cartons
23:04et de se rendre compte qu'en fait, on n'était pas les seuls
23:06et que c'est 2 milliards de colis qui sont envoyés chaque année en France
23:10avec le gaspillage, ils sont jetés, voilà.
23:13– Ce constat, vous l'avez fait pendant la crise Covid, c'est ça ?
23:15– Exactement, parce qu'évidemment, on ne pouvait que commander,
23:18pas faire du shopping et j'ai 4 grands-enfants qui ont tous commandé.
23:22– Et donc vous vous êtes retrouvée avec une montagne de cartons
23:24– Oui, parce que je n'aime pas jeter.
23:25– Parfois beaucoup trop grands par rapport aux produits qui étaient à l'intérieur,
23:29même si les entreprises de logistique font des progrès là-dessus.
23:34Alors, vous vous êtes dit, on crée une entreprise, on innove.
23:36En quoi vos colis sont innovants ?
23:38– Eh bien en fait, ils sont déjà réutilisables 100 fois.
23:42Donc voilà, ils économisent 100 cartons à usage unique.
23:45Et on s'est dit, il faut aussi remplacer les calages à l'intérieur
23:48qui prennent généralement même plus de place après qu'avant.
23:53Et on est parti sur une solution, c'est l'innovation,
23:58qui est du calage qui va se gonfler.
24:00– En fonction du produit qui est à l'intérieur, c'est ça ?
24:02– Exactement, il va s'adapter autour.
24:04Et donc, c'est de l'air, c'est très léger, donc peu impactant.
24:08Et puis après, on va le dégonfler simplement
24:11pour qu'il retourne gratuitement via la poste,
24:15dans n'importe quelle boîte de lettres, pour faire la boucle circulaire.
24:19– Ça a demandé, j'imagine, un peu de recherche et développement quand même ?
24:22– Oui, beaucoup.
24:23– Combien de temps, des brevets déposés ?
24:25– Alors un, déjà, c'est pas mal.
24:27J'étais prof avant, donc ce domaine-là, je ne le connaissais pas.
24:32Et déjà, d'avoir fait un brevet, c'est déjà une bonne chose, une bonne avancée.
24:38Et puis, ça a dû demander en tout,
24:40parce que le colis réutilisable, ce n'est pas qu'un produit,
24:43c'est aussi tout un système autour de récompenses.
24:47Donc, à peu près deux ans.
24:49– Oui, c'est du travail, effectivement, de recherche et développement.
24:52Vous l'avez évoqué, la robustesse qui est évidemment un enjeu important.
24:56Comment vous avez réussi à rendre vos colis réutilisables
24:59les plus robustes possibles ?
25:01Vous annoncez une centaine de réutilisations.
25:04– Oui, alors, c'est en regardant tout ce qui se fait.
25:07Donc, ils ne sont pas cousus, ils sont soudés à l'ultrason.
25:11Parce que c'est la matière qui se fond.
25:13Et donc, ils sont indéchirables, très épais.
25:16Donc, il y a une grosse recherche sur le matériau.
25:19Et le calage résiste à 600 kg de pression.
25:23Donc, il peut se retrouver en dessous d'un tas de cartons.
25:27Et ils vont résister.
25:29– Oui, et ils vont être réutilisables.
25:31Parce qu'il faut que le calage soit réutilisable aussi, évidemment.
25:33– Tout à fait, oui, voilà.
25:34– D'accord.
25:35Et qui sont vos clients, d'ailleurs, aujourd'hui ?
25:37Ce sont les entreprises de logistique ?
25:40C'est des particuliers qui peuvent acheter les colis au pack ?
25:43Comment ça marche ?
25:44– Alors, pas encore les particuliers.
25:45On se concentre sur les marques.
25:47– Bien sûr.
25:48– Les logisticiens, après, vont suivre.
25:51Mais c'est les marques qui sont quand même les prescriptrices.
25:54Donc, on est en test avec Sephora.
25:56Donc, pour tout ce qui est cosmétique, c'est très pertinent.
26:00Save pour les téléphones reconditionnés.
26:03Donc, ce sont des marques un peu précurseuses.
26:07Je ne sais pas si c'est comme ça que ça se dit.
26:09– On l'accepte, oui.
26:11Donc, des clients, des marques qui veulent aussi afficher,
26:14évidemment, un progrès environnemental.
26:16Et on sait que la chaîne logistique peut être un levier très important.
26:20Mais justement, la chaîne logistique, comment elle suit ?
26:22Parce que ce n'est pas la même chose de renvoyer un colis
26:25que de garder le carton ou de le mettre dans la poubelle jaune.
26:28– Oui, alors déjà, on a le retour prépayé de la poste.
26:30Donc, ça, ça facilite.
26:31Et puis après, dans les logistiques qui sont très automatisées,
26:35les centres de logistique très automatisés,
26:37ils doivent avoir une partie de colis réemployés,
26:42obligés par la loi AJEC,
26:44qui rentre en fonction très fortement à partir de cette année
26:48et qui oblige 10% de colis réemployés.
26:51Donc, ils doivent avoir une chaîne relativement manuelle.
26:54Et là-dessus, en fait, on met moins de 20 secondes à faire totalement le colis.
26:58Donc, on a travaillé dessus.
26:59Et on a travaillé sur le prix.
27:01On est les moins chers des colis réutilisables.
27:04On se rapproche du prix du carton.
27:06Donc, on propose pour que ça soit adopté.
27:09– Avec une dernière dimension sociétale qui est importante.
27:12Où et par qui vos colis sont-ils assemblés ?
27:15– Alors, ils sont assemblés dans notre atelier
27:17qui se trouve à la prison de Bordeaux.
27:20Donc, on est labellisé PEPS,
27:22qui est le label du ministère de la Justice pour le travail pénitentiaire
27:26en vue de la réinsertion des détenus,
27:30pour leur donner une seconde chance.
27:32– Merci beaucoup Christelle Pépier.
27:34– Merci pour votre invitation.
27:35– Bon vent à OPAQ.
27:36Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:38Merci à toutes et à tous de votre fidélité à cette émission
27:42et à la chaîne des Audacieuses et des Audacieux.
27:44Salut !
27:45– Sous-titrage ST' 501