Vendredi 4 avril 2025, retrouvez Laure Courty (Fondatrice et dirigeante, Jestocke), Clément Debosque (Cofondateur, Ma Petite Planète), Camille Colbus (Cofondatrice, Dero), Clara Pigé (Cofondatrice et responsable de opérations, Dift) et Sandra Hoibian (Directrice générale, Crédoc) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.
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00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. C'est un grand format de Smart Impact que je vous propose pour creuser les enjeux de la transformation environnementale et sociétale
00:16avec un grand entretien de 26 minutes tout à l'heure. Et cette question, êtes-vous prêts pour l'impact ?
00:21Que je pose à une personnalité qui compte dans l'économie française. Tout à l'heure, ce sera Sandra Wabyan, la directrice générale du CREDOC.
00:28Elle va analyser la place de la transition dans le quotidien des Français. Mais auparavant, pour démarrer notre émission, je reçois Laure Courty,
00:37la fondatrice de Je Stocke, acteur du stockage et du garde-meubles en France, qui met en contact des locataires et des propriétaires d'espaces vacants.
00:45Dans notre débat, on va découvrir comment sensibiliser les écoliers aux enjeux écologiques avec l'association Ma Petite Planète.
00:53Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai d'euros à un comparateur de place de marché d'objets de seconde main.
01:02Voilà pour les titres. C'est un Smart Impact XXL que je vous propose tout de suite.
01:08L'invité de ce Smart Impact, c'est Laure Courty. Bonjour. – Bonjour Thomas.
01:18– Bienvenue. Vous êtes la fondatrice de Je Stocke. Vous l'avez créé en 2013. Votre ambition, c'était quoi ? Réinventer le stockage, en quelque sorte ?
01:26– Oui, c'est ça. C'était réinventer l'industrie du garde-meubles. Donc on s'est lancé effectivement en 2013.
01:31C'était l'époque où on commençait vraiment à parler de la consommation collaborative. Et à partir d'un constat assez simple,
01:37celui de découvrir que dans nos centres urbains, il y a énormément de vacances, on s'est dit, est-ce qu'il n'y a pas moyen, via une plateforme web,
01:44de mettre en relation l'offre et la demande et de valoriser des surfaces qui sont déjà existantes ?
01:48C'est parti d'une expérience personnelle, d'un déménagement, d'un changement de ville ? C'est quoi le point de départ ?
01:55– Oui, le point de départ, c'est une mutation de mon conjoint sur Bordeaux. Et effectivement, tout mon camion de déménagement
02:01qui arrive avec plein de choses que je voudrais conserver, qui sont dans mon salon. Je ne sais pas quoi en faire.
02:06Et tous les matins, je vois mon voisin qui ouvre son garage, qui a plein de places. Et je me dis, c'est dommage,
02:10j'aimerais bien pouvoir lui louer quelques mètres carrés. Et voilà. Et je commence à faire une étude de marché sur ce marché titanesque, en fait.
02:18Et puis, je me dis que ça n'a un sens, dans le monde dans lequel on vit aujourd'hui, que de réutiliser et de valoriser des surfaces
02:24qui sont déjà existantes, plutôt que de continuer à bétonner nos centres urbains.
02:28– Évidemment, c'est l'un des enjeux majeurs. Est-ce que, justement, ce marché, la demande de stockage,
02:34elle continue d'augmenter ? Elle stagne ? C'est quoi, le marché ?
02:38– Alors, c'est un marché qui est en forte croissance, puisqu'il est assez lié à l'urbanisation.
02:41Donc, comme on est un des pays les plus urbanisés, vous pouvez imaginer que la demande, elle est croissante.
02:46Elle s'est un petit peu ralentie, un peu tassée en 2024. Là, on sent une bonne reprise sur 2025.
02:52Et je pense qu'elle va être très entretenue dans les années futures par tous les enjeux de micro-logistique.
02:56C'est-à-dire qu'aujourd'hui, nous, on s'adresse aussi bien à des particuliers qu'à des professionnels.
03:01Et compte tenu des enjeux de distribution que vous avez actuellement, de proximité,
03:05du fait que les gros poids lourds ne peuvent plus rentrer dans les zones urbaines, etc.,
03:09vous allez avoir besoin de micro-zones de stockage partout sur le territoire.
03:13Et c'est là où je stocke à une force de propositions incroyables et un maillage territorial
03:18qu'aucun autre acteur ne peut proposer aujourd'hui.
03:21– Ça veut dire qu'aujourd'hui, il y a combien de propriétaires d'espaces vacants,
03:25potentiellement vacants, qui sont inscrits sur le site, sur la plateforme ?
03:29– Aujourd'hui, on est présent dans plus de 28 000 villes.
03:32Donc, je ne sais pas si vous imaginez le maillage territorial.
03:34– C'est pas mal, oui. Uniquement en France ?
03:35– Alors, on est un petit peu présent en Belgique, mais vraiment majoritairement sur le territoire français.
03:41– 28 000 villes, c'est beaucoup.
03:42– Oui, c'est vraiment énorme.
03:43– Donc, il n'y a pas une région ou un coin de France qui, entre guillemets, vous échappe ?
03:46– Non, parce qu'en plus, on a très vite attaqué aussi les zones rurales.
03:51Donc, on est aussi présent dans des petites villes
03:53où vous avez énormément de demandes, contrairement à ce qu'on peut penser,
03:55puisqu'il n'y a pas d'acteurs traditionnels.
03:57Donc, c'est simple, c'est soit je stocke, soit rien, ou soit vous connaissez tout le voisinage.
04:02Donc, oui, 28 000 villes.
04:05Et donc, aujourd'hui, notre enjeu, c'est de continuer à mailler ce territoire
04:09et surtout collaborer avec des acteurs publics, c'est ce qu'on fait de plus en plus,
04:16pour récupérer justement des surfaces qui leur appartiennent,
04:18qui aujourd'hui sont vraiment vacantes, et de les transformer en surfaces de stockage.
04:24– Oui, on parlera notamment de ce que vous faites avec les bailleurs sociaux,
04:27parce que c'est une dimension importante.
04:29Mais je vois effectivement qu'on parle de l'alternative que vous représentez,
04:33parce que vous nous dites qu'il y a un marché qui est plutôt en train de repartir.
04:36Donc, la logique à l'ancienne, c'est de construire de nouveaux espaces de stockage.
04:42Alors, il y a la loi ZAN, zéro artificialisation nette.
04:46Bon, il y a un petit retour en arrière, il y a des parlementaires qui veulent revenir en arrière.
04:51Mais malgré tout, là, je parle de l'impact environnemental.
04:56Vous avez comparé les deux solutions, j'imagine,
04:58où l'impact positif qu'une entreprise comme la vôtre peut représenter ?
05:03– Si vous voulez, aujourd'hui, nous, par exemple, je peux vous dire qu'en 2024,
05:06on a plus d'un million de mètres carrés qui se sont valorisés.
05:08Donc, on n'a pas bétonné un seul mètre carré, versus si vous regardez…
05:13Bon, déjà, on le sait, le stockage est une industrie qui est hyper gourmande en mètres carrés.
05:17C'est pour ça que c'est assez intéressant de s'attaquer à cette industrie-là.
05:21Et sur l'artificialisation, en fait, en France, on est les plus mauvais élèves de l'Europe,
05:29et on artificialise environ deux à trois fois pari par an.
05:34Enfin, je ne sais pas si vous imaginez ce que ça fait.
05:38Donc, vous contribuez au réchauffement, à la disparition de la biodiversité,
05:42au fait qu'il n'y a plus de ruissellement, donc des inondations, etc.
05:46Est-ce qu'on veut continuer à faire ça ou pas ?
05:47Bon, nous, on a pris le parti de se dire que non,
05:49et que vous voyez l'immobilier de bureaux qui est en train de s'écrouler,
05:53ben voilà, c'est des surfaces qu'on va pouvoir valoriser sur d'autres enjeux
05:57qui servent à tout le monde, les particuliers et les professionnels.
05:59Question toute simple, comment ça marche ? C'est une place de marché, je stocke ?
06:03Oui, c'est très très simple.
06:04C'est vraiment une plateforme web qui met en relation le propriétaire et le locataire,
06:09donc des propriétaires qui ont des zones qui sont inutilisées,
06:12une cave, un garage, un entrepôt, que sais-je.
06:16Et de l'autre côté, on a soit un particulier, soit un professionnel
06:19qui a besoin d'entreposer ses affaires pendant, en général, jusqu'à 18-24 mois.
06:24Votre modèle économique, c'est quoi ? Vous prenez une partie de la transaction ?
06:28Voilà, on prend une commission sur chaque location et on apporte la garantie
06:32sur la partie paiement et l'assurance, évidemment.
06:36Et puis on a un service client ultra accessible
06:40puisqu'on a toutes nos équipes en France, et notamment à Bordeaux.
06:43Pour ceux qui ont des meubles à stocker, les locataires,
06:47c'est moins cher que le reste du marché ?
06:50Ah oui, on est entre 50 et 60% moins cher que les acteurs traditionnels du garde-meubles.
06:56Je vais vous donner un exemple. Sur Paris, on va être autour de 21 euros du mètre carré.
07:00Là où vous êtes, plus de 50 euros chez un acteur traditionnel.
07:04Et ça rapporte aux propriétaires ? Il y a une moyenne de ce que ça peut rapporter par an ou par mois ?
07:09Oui, sur une année, sur un particulier, on est autour de 1700 euros.
07:14C'est non négligeable.
07:16Voilà, sur des mètres carrés qui sont inutilisés, moi je le fais personnellement dans ma cave.
07:20Je peux vous dire que quand je dois payer les cadeaux de Noël de mes enfants à la fin de l'année,
07:22je suis contente de récupérer.
07:24Vous l'avez évoqué, est-ce qu'il y a de plus en plus de professionnels qui utilisent la solution que vous proposez ?
07:31Oui, de plus en plus d'artisans, de plus en plus de commerçants.
07:36Pourquoi ? Parce que vous voyez comment ça se passe, notamment à Paris.
07:41Les camions et les utilitaires peuvent de moins en moins rentrer.
07:44Il y a plein de mesures qui sont mises en place pour essayer de convaincre tout le monde de ne plus rentrer avec des véhicules qui sont polluants.
07:51Du coup, c'est des acteurs qui vont aller chercher des relais logistiques de proximité pour aller attaquer un chantier X ou Y.
08:00Et c'est là où nous, on intervient.
08:02Et donc oui, on voit que c'est vraiment un marché qui se développe vite.
08:07Alors vous parliez des acteurs publics, notamment les bailleurs sociaux.
08:11Vous avez un partenariat avec un certain nombre de bailleurs sociaux, c'est ça ?
08:15Oui, on est présent dans plus de 800 résidences en France qui appartiennent à des bailleurs sociaux.
08:20C'est des partenariats qu'on a mis en place déjà depuis plusieurs années.
08:25Et on a reçu un accueil ultra favorable de la part du logement social avec une vraie volonté d'innovation et de justement valoriser leur patrimoine,
08:35qui est un patrimoine qui est financé pour partie par des fonds publics.
08:39Et ce qui est assez génial, c'est que du coup, les loyers qui vont être perçus par les bailleurs sociaux via la plateforme JeuStock,
08:46ils vont être réutilisés en grande majorité pour la réhabilitation des bâtiments.
08:50Donc vous financez indirectement du logement social, c'est ça ?
08:54Oui, en tout cas de la réhabilitation du logement social et pour partie, j'imagine que certains doivent aussi construire.
09:00Et là aussi, il y a une dimension, des solutions qui sont peut-être adaptées à des personnes en difficulté.
09:08Est-ce que c'est des loyers encore plus faibles ? Est-ce qu'il y a une solution spécifique au logement social ?
09:15Alors oui, on a évidemment, dès le début, on a conclu avec nos partenaires des conventions avec un engagement fort de notre part à rester sur des loyers ultra modérés.
09:28Et donc pendant plus de cinq ans, on n'a pas fait une seule augmentation de loyers sur notre parc,
09:34de manière à justement permettre à tout le monde d'avoir une solution de stockage à proximité.
09:39Et dans cette convention, il y a le ministère du Logement ?
09:43Comment ça marche ? Est-ce que vous avez été vers eux ? Vous les avez convaincus ? Vous avez été aidés par le ministère du Logement ?
09:50Alors on travaille avec le ministère du Logement sur certains enjeux, notamment réglementaires, mais nos interlocuteurs, c'est vraiment les bailleurs sociaux.
10:00Et est-ce qu'il y a des administrations, parce que j'imagine que des mètres carrés vacants, il y en a pas mal, qui commencent à s'intéresser à une solution comme la vôtre ?
10:09Ou des collectivités locales d'ailleurs ?
10:11Il y a des collectivités locales, oui, pas mal, qui se préoccupent de savoir ce qu'ils vont faire de leurs fonciers.
10:16Donc oui, et c'est là où on est en train de réfléchir à des modèles pour aller beaucoup plus loin sur la transformation avec des structures mobiles,
10:23de manière à ce que les locaux puissent être réutilisés si besoin. Donc voilà, c'est un des gros enjeux de développement dans les futures années.
10:31Ça veut dire quoi ? Ce serait quoi une structure mobile ?
10:33C'est-à-dire que c'est des structures de boxage qui vont vous permettre de boxer rapidement et donc de mettre à disposition des surfaces
10:38et puis de les enlever le jour où vous n'avez plus besoin, où vous devez réutiliser votre local pour autre chose.
10:43Quelle perspective de croissance, de développement vous donnez à une solution comme Juststock aujourd'hui ?
10:50Nous, on est assez confiant. On a fait 10 millions en 2024. En 2026, on prévoit 20 millions. Donc la croissance, elle est au rendez-vous.
11:00On a une équipe de plus de 50 personnes sur Bordeaux.
11:03Il y a des concurrents internationaux ? Parce que vous disiez qu'on est présent essentiellement en France, un peu en Belgique,
11:07parce qu'il y a cette option d'un déploiement international, j'imagine ?
11:11Oui. Donc il n'y a pas vraiment de modèle alternatif en Europe aujourd'hui.
11:17Excusez-moi. Donc ça fait partie des ambitions qu'on va avoir, oui, dans les prochaines années, j'imagine, d'attaquer certains pays limitrophes, en tout cas dans un premier temps.
11:27Merci beaucoup, Laure Courtier, et à bientôt sur BeSmart for Change.
11:31On passe à notre débat des défis écologiques pour sensibiliser les enfants aux enjeux de transition.
11:45Notre débat Smart Cause avec, une fois par mois, une association mise à l'honneur en partenariat avec DIFT et Clara Pigé. Bonjour.
11:52Bonjour. Bienvenue, cofondatrice responsable des opérations de DIFT et Clément De Bosque. Bonjour.
11:57Bonjour, Thomas.
11:58Cofondateur de Ma Petite Planète. On rappelle le concept de DIFT en quelques mots ?
12:03Avec plaisir. DIFT, c'est une start-up qu'on a créée avec mes associés il y a trois ans.
12:09C'est une plateforme qui permet aux entreprises de rendre leurs mécénats participatifs et collaboratifs en impliquant leurs clients ou leurs collaborateurs
12:17dans le choix des associations qui sont financées dans le cadre de, par exemple, dons de points dans un programme de fidélité ou cadeaux de fin d'année solidaires, par exemple, à des clients.
12:27Qui sont vos clients ? C'est plutôt des grosses entreprises, des PME ? C'est toute taille ?
12:32On travaille avec tout type d'entreprise. Ça va de la PME qui a envie de changer un peu ses habitudes sur, par exemple, des goodies à offrir sur des salons
12:41ou des cadeaux à offrir en fin d'année à ses clients, fournisseurs, collaborateurs, jusqu'aux très grandes marques que tout le grand public connaît. Je ne sais pas si j'ai le droit de les citer.
12:52Vous pouvez en citer quelques-unes. Il n'y a pas de problème.
12:54Des programmes de fidélité dans l'hôtellerie, par exemple, où les clients peuvent donner leurs points de fidélité qu'ils ont accumulés en dormant à l'hôtel à des associations.
13:02Et ça se transforme en dons financés par l'entreprise. Ou, par exemple, des produits financiers solidaires. Je place mon argent à la banque.
13:09J'ai des intérêts qui me sont reversés. Je peux en verser une partie à des assos.
13:14Il y a une adaptation au métier ou au business de l'entreprise. Côté associations, ça représente combien d'associations accompagnées chaque année ?
13:25Chaque année, c'est une centaine d'associations, en général, qui sont financées par nos clients.
13:30Certaines qui sont là depuis longtemps, comme Ma Petite Planète. D'autres qui vont plutôt bénéficier de programmes ponctuels. Ça dépend. Une centaine.
13:38On va présenter Ma Petite Planète. Elle a créé en 2020 cette association avec Mathilde Hébert et Christian Nalatambi. Pourquoi vous l'avez créée ?
13:46C'était quoi l'idée de départ ?
13:48Le constat de départ, c'est qu'il y a une inertie sur les sujets écologiques et qu'il faut massivement et collectivement passer à l'action pour protéger la planète.
13:56Du coup, on est parti d'abord avec notre entourage en mode grand public. C'était d'abord un jeu à vivre entre amis, familles, etc. pour se motiver collectivement pendant trois semaines à réaliser des défis écologiques.
14:08En partant de l'idée que c'est vraiment le challenge avec un contexte donné et une expérience sociale avec des preuves des défis à partager qui allaient motiver les gens.
14:17Ensuite, on a décliné ça dans un format entreprise et scolaire progressivement.
14:21Effectivement. Ça fonctionne comment ? C'est quoi ce challenge ?
14:24Concrètement, vous avez une application mobile, Ma Petite Planète. Vous la téléchargez, vous pouvez créer votre ligue et inviter vos amis.
14:31Ou dans le cadre d'un team building avec votre entreprise, créer une ou plusieurs ligues pour vivre une expérience commune.
14:37On crée trois éditions par an. Les participants se rattachent à une édition.
14:42Collectivement, vous allez vivre trois semaines autour de défis sur l'alimentation, les déchets, la mobilité, l'énergie, la biodiversité.
14:51Ça peut être venir au travail à vélo, cuisiner des légumes de saison, faire une balade en forêt.
15:01Avec un petit côté compétition.
15:03Tout à fait. Vous avez des points à titre perso, mais surtout quand vous réalisez des défis, vous contribuez au score de votre équipe et vous la faites avancer dans le fameux classement général.
15:11C'est pour ça qu'il y a une émulation collective autour du challenge.
15:14Ma petite planète, mon petit gazon, la filiation. Pour ceux qui ne savent pas, c'est un jeu de foot.
15:20Pareil, collaboratif. On se lance des défis en famille ou entre potes.
15:26Exactement. Et l'idée de base, ça vient de là. Ce jeu qui a eu à date plus de 3 millions de joueurs.
15:31On s'est dit qu'ils ont réussi à faire quelque chose de massif autour du football.
15:34Pourquoi on n'arrivera pas à faire quelque chose de massif sur l'écologie ? Un sujet autrement plus urgent.
15:41Le foot, c'est quand même très, très dur. Je suis d'accord avec vous.
15:46Pourquoi DIFT a souhaité et depuis longtemps soutenir Ma Petite Planète ?
15:51Chez DIFT, on a à cœur de sélectionner les associations avec qui on travaille de façon assez précise et de bien les connaître, bien comprendre les projets qui sont portés
16:01et ce qui les rend différents de ce qui existait déjà dans l'écosystème avant qu'elle soit créée.
16:07Ma Petite Planète, il y a différents éléments qui nous ont convaincus et embarqués dans le format.
16:13Déjà, c'était un format qui n'existait pas avant. On partage le constat qu'amener du ludique et du challenge dans les sujets d'écologie, c'est vraiment très important
16:25puisqu'on n'arrivera pas à faire passer à l'action un grand nombre de personnes sur des constats qui minent le moral.
16:33Et on sait bien que l'enjeu de l'acceptabilité, il est majeur, on est en plein dedans.
16:37Exactement. Et l'autre chose qui nous convainc et nous motive beaucoup dans le modèle de Ma Petite Planète, c'est sa capacité de passer à l'échelle.
16:44En fait, comme le jeu permet d'embarquer des équipes de personnes à chaque fois qu'on a une nouvelle personne convaincue, que ce soit un enseignant qui emmène toute sa classe,
16:54un manager ou une personne d'une équipe qui se dit « je vais créer un team building solidaire » ou en particulier qui essaye de motiver des amis,
17:04on a une vraie capacité à toucher beaucoup de monde grâce à la technologie, grâce à cette application qui est accessible partout aussi, donc on a accès à tous les territoires.
17:13Donc voilà, cet enjeu de passer à l'échelle et porter les sujets à la source de façon positive, c'est important pour nous.
17:20Avec donc, il y a à la fois les entreprises et puis les écoles, donc ce sont les enseignants qui sont à l'initiative dans ce cas-là ? Comment ça se passe ?
17:29Oui, on a eu un formidable bouche à oreille dans le milieu éducatif grâce à tous les enseignants qui nous ont porté à dalle.
17:35Donc on est à 480 000 élèves qui sont passés à l'action et qui ont été mobilisés. Et du coup, l'idée c'est que l'enseignant télécharge l'application MPP scolaire,
17:44crée sa ligue et invite toute sa classe. Ensuite, c'est pareil, c'est une sorte de grand concours autour de l'écologie, un peu comme le concours kangourou autour des mathématiques.
17:52Nous, notre ambition, c'est de faire le concours kangourou de l'écologie en France et à l'international.
17:56On a aujourd'hui 10% de classes à l'étranger et pareil, on a 4 plateaux de jeux, une sorte de défi adapté à l'âge des enfants.
18:05Évidemment, on ne joue pas de la même façon en primaire ou au collège ou au lycée.
18:09À la petite section, on a énormément de classes de maternelle. J'ai l'impression que quand il y a les éditions MPP, c'est vraiment le programme de l'école pour les maternelles.
18:18C'est super. Et du coup, les enfants font des défis à la fois en classe, mais potentiellement aussi peuvent en faire à la maison et en pleine nature avec leurs parents,
18:28s'ils sont partants aussi pour aller plus loin.
18:30Nous, on a retrouvé ces chiffres, mais ça a manifestement évolué. Vous donniez 313 000 élèves sensibilisés, 3 600 000 défis écologiques réalisés à date.
18:38Et puis alors ça, ça m'intéresse, 84% des enseignants qui estiment que leurs élèves comprennent mieux les enjeux écologiques après avoir joué à Ma Petite Planète.
18:46Évidemment, ça vous conforte dans ce projet, mais ça veut dire quoi ? On revient à ce que vous disiez sur le côté ludique.
18:53La gamification, ça rend les messages plus faciles à intégrer ? Les profs vous disent qu'on est plus efficace grâce à ça ?
19:02Nous, ce qu'on cherchait surtout, c'est donner du pouvoir aux enfants, même s'ils sont jeunes, et leur dire, certes, vous êtes petit, vous n'avez pas de capacité financière,
19:13mais vous pouvez quand même agir dès le plus jeune âge pour la protection de la planète.
19:17On va vous indiquer quelques bonnes pratiques, on va vous mettre en mouvement sur le sujet.
19:21C'est pour ça qu'on a une liste de défis accessibles à chacun qui va leur donner l'envie et le premier pas.
19:27L'histoire de gagner des points, vous vous souvenez quand vous étiez à l'école, il faut gagner des points, des bonus, des bonnes notes, vous étiez prêt à faire beaucoup.
19:33En utile, c'est le levier-là. Et comme c'est une aventure collective, toute la classe est ensemble et porte le projet ensemble.
19:39Nous, on a théorisé des leviers de passage à l'action pour la planète et le collectif et la gamification en fait partie.
19:46Et donc ensuite, on peut imaginer que ce sont des bonnes pratiques, comme vous le dites, qui vont perdurer ?
19:52Parce qu'il y a cette question. Et puis même qu'on va peut-être essayer de partager en famille,
19:58donc il y a un côté, je ne sais pas, une capillarité des bonnes pratiques ? C'est ce que vous visez ?
20:04Tout à fait. En fait, le pari de l'association, c'est de faire vivre une expérience forte pendant trois semaines,
20:09avec beaucoup de défis, beaucoup de partages, beaucoup de réalisations communes.
20:13Et ensuite, que les participants intègrent dans leur quotidien et dans leurs réflexions,
20:17tous les enjeux et les bonnes pratiques qu'ils ont expérimentés pendant le Challenge.
20:21Et ça, on le voit à la fois à l'école, mais aussi en entreprise, où on a des projets structurants RSE qui sont mis en place suite au Challenge.
20:28Et aussi, quand vous vivez une expérience avec votre entourage, vous voyez votre entourage évoluer sur ces questions.
20:33Alors justement, parlons des entreprises, parce que les entreprises qui, avec DIFT, soutiennent Ma Petite Planète,
20:39est-ce qu'elles font aussi le défi ?
20:42Ça arrive souvent. Nous-mêmes, on a été dans plusieurs ligues Ma Petite Planète avec l'équipe de DIFT.
20:48Et je voulais juste revenir sur ce que disait Clément et rejoindre son point.
20:51Une fois qu'on a commencé à mettre en place des habitudes qui sont vertueuses pendant deux, trois semaines pour le jeu,
20:57en général, on ne revient pas en arrière.
20:59Donc, on a supprimé les Tupperware, enfin supprimé plutôt les boîtes d'usage unique pour les remplacer par les Tupperware le midi.
21:07On ne revient pas en arrière à la fin du défi, ce serait un peu dommage.
21:10Donc déjà, ça permet de faire naître un petit peu des nouveaux projets qui sont portés dans les entreprises.
21:15Et effectivement, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on va chercher du financement pour Ma Petite Planète.
21:20Donc, les entreprises sélectionnent Ma Petite Planète dans leurs opérations de DIFT et financent le développement du programme scolaire,
21:27qui est le programme qui est porté par l'association sans faire de bénéfice.
21:35Et donc effectivement, ensuite, nous, ce qu'on essaye de faire, c'est beaucoup mettre en avance ce que les assos peuvent proposer au sein des entreprises
21:41et de dire inscrivez-vous dans ce prochain challenge, embarquez vos équipes, faites connaître l'association et changez d'échelle.
21:48Il y a d'autres projets, d'autres associations autour de cette question spécifique d'éducation sur la transition environnementale ?
21:55Tout à fait, il y en a de plus en plus qui se structurent et c'est une très bonne nouvelle parce que ça permet aussi de faire des enfants et des jeunes générations,
22:01des ambassadeurs et ambassadrices de ces messages-là et on sait que ça marche.
22:05C'est beaucoup les enfants qui font changer d'avis leurs parents et plutôt ça que l'inverse.
22:10Et on soutient notamment une association qui s'appelle Mère Terre, qui accompagne des écoliers dans des sorties, ramassage de déchets,
22:20identification des déchets et ensuite l'association essaye de faire de la sensibilisation sur quelles sont les plus grandes sources de pollution,
22:25notamment plastique, dans les environnements.
22:29On accompagne aussi l'association No Plastic In My City, qui porte aussi des défis et des challenges sur comment éradiquer le plastique de son quotidien.
22:40Donc voilà, c'est des sujets porteurs.
22:44Effectivement, on connaît la fresque du climat. Je parle des entreprises et c'est vrai qu'il y a beaucoup d'entreprises qui ont mis en place la fresque du climat.
22:52En quoi ? J'ai bien compris la différence mais je veux bien que vous disiez comment vous vous positionnez.
22:57Est-ce qu'il y a parfois des entreprises qui disent on a déjà fait la fresque du climat, il n'y a pas besoin de jouer à ma petite planète ?
23:02Oui, alors on les connaît très bien et il y a un super écosystème autour de la sensibilisation sur ces sujets-là et de la formation.
23:09Et nous, ce qui va nous différencier, et c'est en ça qu'on est complémentaire, c'est vraiment sur le passage à l'action.
23:14C'est-à-dire que globalement, il y a une bonne partie des gens qui savent les enjeux, même sans comprendre dans les détails techniques,
23:21mais il y a une urgence écologique, climatique et sur la biodiversité notamment. Comment on fait pour agir ?
23:27Nous, on a des défis clés en main, accessibles à chacun et avec une mécanique de passage à l'action.
23:33C'est-à-dire que les gens, on va les inciter, leur donner envie d'agir dans leur quotidien, dans leur entreprise.
23:38Et c'est à travers ce système de ligues, de points, de classement, de partage de preuves, de débats dans les conversations de ligues,
23:46que les gens vont se mettre en mouvement. Et donc nous, notre vraie valeur ajoutée, c'est la mise en mouvement des salariés en entreprise
23:53sur ces sujets-là, au-delà de l'aspect purement théorique.
23:56Est-ce que ça vous semble, je vous posais un peu la même question à tous les délais, d'autant plus important qu'il y a, on va dire,
24:01des vents contraires qui se sont levés, notamment aux Etats-Unis. Mais enfin bon, on peut parler de l'Europe qui détricote un peu le Green Deal aussi.
24:10Vous vous sentez investi dans une sorte de mission ?
24:13Peut-être plus que jamais, puisque en effet, et c'est hyper inquiétant, nous on voit ça, qu'il y a des gens qui ont une sorte de renoncement écologique.
24:21On n'a pas le choix en fait, il faut y aller. C'est une question presque de survie de l'espèce humaine à moyen terme.
24:29Et du coup, bien sûr qu'il faut y aller, et nous on va mettre toute notre énergie pour faire en sorte d'embarquer un maximum de gens,
24:34et aussi de dire aux gens, ok, venez, quel que soit votre niveau de départ, peu importe votre passé, votre historique,
24:40nous il y a des défis de 1 à 10 points, des choses très faciles, très accessibles.
24:43Eh bien voilà, l'idée c'est d'aller chercher les gens avec leurs conditions de départ, et de leur donner envie de faire un peu plus que d'habitude.
24:52Et c'est en semant ces graines-là qu'on créera des dynamiques dans les boîtes, et ensuite que les boîtes transformeront leur offre,
24:59et seront potentiellement plus cohérentes sur ces sujets.
25:02Un mot sur ces vents contraires ?
25:04Il y en a de plus en plus malheureusement, et donc oui, effectivement, on n'a jamais eu autant besoin de l'économie sociale et solidaire au sens large,
25:10des start-up, des assos, des structures coopératives. Nous on a structuré la société autour de deux missions,
25:17l'une qui est financer des projets d'impact social et environnemental, et l'autre qui est de les rendre visibles,
25:22et donc on va essayer de pousser beaucoup aussi sur rendre visibles ces solutions qui existent, et les pousser toujours plus.
25:27Merci beaucoup à tous les deux, et à bientôt sur Be Smart for Change, c'est l'heure de notre rubrique Prêt pour l'impact.
25:35Be Smart
25:37Êtes-vous prête pour l'impact ? C'est la question que je pose chaque semaine à une personnalité qui compte dans notre économie.
25:4326 minutes d'entretien pour creuser ces enjeux de transformation environnementale et sociétale, avec Sandra Wabihan aujourd'hui.
25:50Bonjour. Bonjour.
25:51Bienvenue, vous êtes la directrice générale du CREDOC, le centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie,
25:58et vous publiez, c'est chez Flammarion, la mosaïque française, comment refaire société aujourd'hui.
26:06Ça veut dire qu'on va parler du constat peut-être, d'une fracturation d'une société où les antagonismes s'expriment plus violemment ?
26:16Alors on le voit quasiment tous les jours à l'Assemblée nationale, est-ce que c'est vrai ailleurs ?
26:21Alors ce que je propose justement dans le livre, c'est d'essayer d'enlever les lunettes noires qu'on a régulièrement sur notre société française,
26:29et d'essayer de regarder vraiment les constats sur la cohésion sociale, et ce qu'on peut voir c'est qu'effectivement il y a des choses qui vont mal,
26:37des inégalités de patrimoine qui augmentent, des difficultés dans le monde du travail, une forme de polarisation parfois des opinions,
26:43mais il y a aussi des choses qui vont bien et dont on parle un petit peu moins, comme par exemple l'engagement des jeunes.
26:49On a des jeunes de plus en plus engagés dans notre société, ce n'est pas quelque chose qui est forcément souvent mis en lumière.
26:54On a aussi des enquêtes qui montrent que la tolérance progresse, alors ça peut étonner puisqu'on a de plus en plus de crimes antisémites, racistes,
27:03et puis on voit bien dans l'espace public qu'il y a beaucoup de tensions, mais en fait quand vous prenez un peu de recul,
27:10eh bien il y a 40 ans il y avait beaucoup moins d'ouvertures par exemple par rapport au couple de même sexe, par rapport même à l'immigration,
27:17donc en fait quand on regarde un petit peu sur le temps long, on a une société qui a quand même avancé.
27:24– Mais alors qu'est-ce qui donne ce sentiment d'antagonisme ?
27:28On peut toujours se regarder le nombril de nos médias, par exemple les médias sociaux, les réseaux sociaux qui sont de plus en plus,
27:36et on le voit avec l'abandon de la modération par exemple dans les médias sociaux du groupe Meta annoncé par Zuckerberg après la victoire de Trump,
27:44est-ce que ce sont des lieux d'antagonisme plus que la société ne l'est vraiment d'une certaine façon ?
27:51– Alors les médias sociaux mais les médias traditionnels aussi,
27:54puisque en fait comme on le sait les médias ont plutôt tendance à parler des trains qui n'arrivent pas à l'heure,
28:00et puis des travaux ont montré qu'il y avait une forme de polarisation liée au visionnage de médias,
28:07c'est-à-dire que vous n'allez pas changer d'avis en regardant les médias,
28:10vous allez plutôt vous conforter dans vos opinions voire vous radicaliser un petit peu
28:14en allant vers des médias avec lesquels vous êtes d'accord au démarrage.
28:18Et donc le fait qu'on soit dans une société où on est de plus en plus abreuvé de médias,
28:22où on est aussi un peu obligé de suivre tout ce qui se passe,
28:25fait aussi que ça effectivement participe de la polarisation.
28:29Et puis on a une accélération du temps aussi,
28:31une accélération du temps qui est liée notamment à l'arrivée du numérique,
28:36qui arrive à une forme de paradoxe, c'est-à-dire qu'on a du numérique,
28:40on est censé gagner du temps avec, et puis finalement on passe des heures et des heures dessus,
28:44et donc finalement on court à tous après le temps, les Français dorment de moins en moins par exemple.
28:49Donc on est tous pris dans une course infernale,
28:53et cette course n'est pas propice à la réflexion, à la délibération, au compromis.
28:57Effectivement, lors d'une émission sur France Culture,
29:00on va vous proposer une citation de Sandra Moabien,
29:03qui déclarait ceci, nous n'insistons pas à une archipélisation de la société française,
29:07au sens où ce ne sont pas de petites communautés exclusives qui se font face les unes aux autres,
29:13mais bien à une forme d'émiettement, où les individus ont chacun leur propre identité.
29:18Évidemment, vous faites référence, j'imagine, à l'archipel français,
29:21c'est le titre d'un livre qui est signé Jérôme Fourquet.
29:24D'une certaine façon, si je caricature, vous avez les mêmes chiffres,
29:28mais vous n'avez pas la même lecture de la situation, on peut dire ça ?
29:31Oui, effectivement, il y a beaucoup de choses très intéressantes
29:34dans les travaux de Jérôme Fourquet que je suis avec beaucoup d'attention.
29:37Je n'ai pas la même lecture que lui de la société française.
29:40Pour moi, le phénomène qui domine notre société, c'est le phénomène de l'individualisation.
29:44L'individualisation, qu'est-ce que c'est ?
29:46C'est le fait que chacun a envie de faire ses propres choix, de suivre son propre chemin,
29:51et ça va du fait de donner un prénom particulier à son enfant,
29:55à choisir ses funérailles avec une cérémonie particulière,
30:00en passant par le tatouage, où on va se mettre sur la peau des choses très particulières
30:05qui vont vraiment nous dire qui on est.
30:07Si on est dans une individualisation, c'est la mosaïque d'une certaine façon que vous décrivez,
30:12comment on fait société, malgré tout ?
30:16C'est tout l'enjeu, et notamment parce que cette individualisation vient questionner
30:21d'anciens modes de société, et notamment tout ce qui était institutionnel,
30:26les corps intermédiaires, le fait qu'on pouvait avoir des représentants
30:31qui pouvaient réorganiser et organiser la société, aujourd'hui c'est remis en cause,
30:35et donc il faut trouver d'autres moyens de vivre ensemble en reconnaissant cette individualité.
30:40La thèse que je propose dans le livre, c'est le fait de dire qu'on peut être d'accord ou pas d'accord,
30:45mais c'est un chemin que suit la société française, et la plupart des sociétés occidentales d'ailleurs,
30:50c'est ce chemin de la singularité, et donc il va falloir reconnaître les gens,
30:54c'est-à-dire leur trouver une place, c'est évidemment très exigeant.
30:57Alors ça c'est un enjeu du quotidien, et puis il y a des événements particuliers
31:03qui peuvent permettre de faire société, je pense évidemment aux Jeux Olympiques et Paralympiques,
31:07le succès des Jeux, est-ce que pour vous c'est une preuve qu'on peut toujours,
31:12puisque vous dites refaisons société, qu'on peut toujours faire société ?
31:16Ou est-ce qu'il y a un petit côté phare aveuglant et on donne trop d'importance
31:22à ce qui s'est passé pendant quelques semaines cet été ?
31:24On peut parler des Jeux Olympiques en positif, on peut parler aussi du Covid.
31:27À un moment où la société était face à une menace importante,
31:30on a quand même demandé des efforts très importants aux gens,
31:33de s'enfermer chez eux pendant plusieurs mois, de renoncer à toutes leurs activités,
31:37et les gens s'y sont prêtés quand même plutôt de bonnes grâces,
31:40il n'y a pas tellement eu de mouvements de contestation,
31:43donc on voit bien que quand on propose un cadre à la société française,
31:46soit un cadre coercitif comme ça a été pendant la période Covid,
31:49soit un cadre positif comme ça a été pendant la période des JO,
31:52on a un élan de la société française.
31:55On l'a vu aussi pendant le Grand Débat, où on a ouvert les portes de la discussion
31:58et il y a eu des millions de contributions.
32:01Qui servent à caler les armoires des militaires.
32:05Alors c'est là le problème, le problème c'est qu'aujourd'hui,
32:08tous les outils qui commencent à émerger pour faire du collectif,
32:11ils sont utilisés comme des gadgets, c'est-à-dire qu'on les sort un petit peu
32:14comme des prétextes et puis on les range très vite sans en faire quoi que ce soit.
32:18Mais il y a un matériau qui est très intéressant et on pourrait s'en saisir,
32:22mais il faut trouver une place à ces nouvelles expérimentations citoyennes.
32:26Oui c'est ça, les conventions citoyennes notamment,
32:29il y en a eu sur le climat, il y en a eu sur la fin de vie.
32:32Alors la fin de vie, avec le chaos politique dans lequel on est,
32:36dont on va peut-être sortir, qui sait,
32:39cette loi, cette réforme, elle est pour l'instant en sommeil,
32:42mais si on prend la convention citoyenne sur le climat,
32:45elle a fait naître beaucoup d'espoir.
32:47Il y a certainement eu une erreur majeure de communication d'Emmanuel Macron
32:50en disant qu'il allait tout reprendre, ce qu'il n'a pas fait.
32:53Est-ce que malgré tout, on peut en faire un bilan relativement positif
32:56de cette convention citoyenne ? Parce que ça a fait bouger certaines lignes.
32:59Alors je pense qu'il faut distinguer deux choses.
33:02Il faut distinguer l'exercice en lui-même, qui lui est très positif,
33:05parce qu'il permet aux gens de s'exprimer,
33:08il permet aux gens de délibérer, de faire du compromis.
33:12Il faut savoir que dans la convention citoyenne pour la fin de vie,
33:15on a 40% des gens qui ont changé d'avis, sur des questions quand même très intimes,
33:18sur lesquelles on peut se dire que c'est difficile de changer d'avis.
33:21Donc en fait, lorsqu'on laisse du temps aux gens, lorsqu'on leur permet
33:24de rencontrer des experts, de discuter entre eux,
33:27ils arrivent à créer du compromis.
33:30Donc ça, c'est pour l'exercice en lui-même.
33:33Et puis ça place institutionnel.
33:36Et aujourd'hui, le problème de ces exercices, c'est que ce sont des électrons libres.
33:39C'est-à-dire qu'on ne sait pas qui décide à quel moment sur quel sujet.
33:42On ne sait pas quel est le devenir de ce qui va être produit par ces conventions.
33:45Donc il faudrait une place institutionnelle.
33:48C'est-à-dire peut-être que les délibérations,
33:51les rapports de ces conventions soient soumis au Parlement.
33:54Peut-être qu'il y a un référendum derrière.
33:57On peut imaginer différentes choses.
34:00Mais en tout cas, il faudrait qu'il y ait un cadre institutionnel
34:03pour qu'on fasse quelque chose de tout ce matériau qui est créé par les citoyens.
34:07– Dans votre livre, vous remettez en cause l'esprit de compétition.
34:10Je suis assez d'accord avec vous sur un aspect des choses.
34:13C'est-à-dire le fait que notre société,
34:16on est dans une société de la note permanente.
34:19Ce qui est relativement insupportable.
34:22C'est une pression sur tous qui est assez insupportable.
34:25Et en même temps, la compétition, c'est un moteur de progrès, parfois personnel.
34:28Donc je suis un peu partagé là-dessus.
34:31Pourquoi vous remettez en cause l'esprit de compétition ?
34:34– On a organisé notre société sous un angle de compétition.
34:39Parce qu'on s'est dit que c'était une manière de créer une forme de justice sociale.
34:42C'est-à-dire de se dire, finalement, les ressources ne sont pas illimitées.
34:45On va essayer de faire courir tout le monde derrière la même ligne de départ.
34:48Et puis, on verra celui qui court le plus vite, il aura les meilleures ressources.
34:51Donc c'est une espèce de forme de justice sociale.
34:54Le problème de cette organisation, c'est que d'abord,
34:58c'est très difficile de faire courir tout le monde derrière la même ligne de départ.
35:01Puisqu'évidemment, on ne vient pas des mêmes milieux.
35:04On n'a pas les mêmes ressources intellectuelles, culturelles, patrimoniales, etc.
35:08Bon, mettons ça de côté.
35:10Deuxième problème, admettons qu'on arrive à mettre tout le monde à égalité.
35:13Est-ce qu'on est tous d'accord sur qu'est-ce que c'est que le mérite ?
35:16Il y en a certains qui se lèvent très tôt.
35:18Aujourd'hui, par exemple, si on prend les éboueurs, ils ont un travail difficile, pénible.
35:23Et pour autant, ce n'est pas eux qui obtiennent les meilleures places.
35:26Est-ce que le mérite, c'est les talents ? Est-ce que c'est l'intelligence ?
35:29Est-ce que ce sont les efforts ?
35:31Bon, mettons de côté ce deuxième problème.
35:33Troisième problème, le problème, c'est que mécaniquement, forcément, on obtient des gagnants et des perdants.
35:39Mais ça, c'est la vie.
35:40Oui, mais le problème de cette organisation, c'est que du côté des gagnants, aujourd'hui, on crée du burn-out.
35:46C'est-à-dire qu'on pousse tellement tout le monde à courir de plus en plus vite qu'il y a de l'épuisement.
35:51On crée finalement des ressources presque inexploitées.
35:53Et du côté des perdants, on crée du ressentiment.
35:56En fait, les gens, non seulement, sont en situation d'échec.
36:00Et en plus, on leur dit que c'est de votre faute.
36:02Vous n'avez pas fait les bons choix. Vous n'avez pas été au bon endroit sur Parcoursup.
36:05Vous n'avez pas fait le bon choix professionnel, etc.
36:08Et donc, ça crée du ressentiment.
36:10Et donc, on ne peut pas créer une société unie dans une société où on est en compétition permanente.
36:15La transformation environnementale, évidemment, c'est un changement de société majeur.
36:21On voit qu'il y a des freins qui sont nombreux.
36:23On voit qu'il y a parfois le refus, et il s'exprime peut-être encore plus en ce moment,
36:26d'un rythme jugé trop rapide ou trop imposé.
36:29On peut prendre plusieurs exemples.
36:31Il nous reste un quart d'heure dans notre entretien.
36:33On va parler de la mobilité, pour commencer.
36:35Déjà, le constat.
36:36Le constat, il est évident, mais je veux bien l'entendre avec vos chiffres, avec votre expertise.
36:40La voiture, ça reste le moyen de transport publicité des Français.
36:44Oui, tout à fait.
36:45C'est effectivement le principal moyen de transport.
36:49Que ce soit pour les transports du quotidien ou pour les transports pour aller en vacances, pour plusieurs raisons.
36:55D'abord, tout a été organisé autour de la voiture.
36:59Finalement, les gens ont pu se saisir de cette possibilité pour s'installer.
37:07Autre phénomène très important, l'augmentation des prix de l'immobilier,
37:10qui a fait que les gens ont dû s'éloigner des centres-villes.
37:13Ils sont d'une certaine manière piégés avec leur voiture.
37:15Ils ne peuvent pas faire autre chose.
37:17Et puis, ça reste aujourd'hui un moyen de transport pas cher.
37:22Contrairement à ce qu'on peut dire.
37:24Parce que vous pouvez acheter une voiture d'occasion.
37:27Alors, pas des voitures électriques.
37:30Oui, justement, on va en parler de cet enjeu.
37:32Mais vous pouvez acheter une voiture d'occasion pas très chère.
37:34Et finalement, avoir plusieurs voitures dans votre foyer.
37:38Effectivement, ce n'est pas simple de faire coïncider mobilité et défense de l'environnement.
37:43Et c'est le sens de la question que notre invité précédent, Christophe Rollet,
37:49le directeur général de Point S, vous pose.
37:52Ravi de vous poser une question.
37:55Je voudrais savoir, à votre avis, quels sont l'impact des mesures,
37:59à la fois de la Commission européenne et des pouvoirs publics aujourd'hui, sur l'environnement.
38:04Est-ce que vous pensez sur l'automobile, qu'ils sont durables et qu'ils permettent aux consommateurs
38:08à la fois d'avoir cette démarche pour l'environnement,
38:11tout en maintenant son pouvoir d'achat, sachant qu'à aujourd'hui,
38:15et Point S est bien placé pour le savoir,
38:17la conjugaison, l'addition des deux n'est pas toujours une équation solvable.
38:22On pourrait le dire autrement, rouler en voiture électrique, c'est trop cher.
38:25Oui, c'est trop cher. C'est trop cher malgré les aides.
38:29Et peut-être que la voiture électrique n'est pas la seule solution.
38:31Aujourd'hui, la question, c'est comment les gens peuvent continuer à avoir de la mobilité
38:37en ayant moins d'impact sur le climat.
38:40Il y a la piste de la voiture électrique qui a été beaucoup promue.
38:45Notamment par l'Europe. Il y a cette borne de 2035 avec la fin de la vente des véhicules thermiques.
38:53Tout à fait. On reste sur un modèle de la voiture individuelle.
38:56On essaye de ne pas trop bouleverser les modes de vie de la population.
38:59Moi, il me semble qu'un élément qui manque dans l'équation, c'est tout ce qui est infrastructures de transport collectif.
39:05Ça peut être des infrastructures lourdes, les trains, etc.
39:08Mais aujourd'hui, il y a aussi d'autres types de solutions.
39:10Par exemple, les cars à haute fréquence.
39:12Vous mettez en place des cars, c'est moins cher.
39:14Vous n'avez pas besoin de 10 ans pour mettre en place la solution.
39:17Et ça marche très bien.
39:19Les gens ont un moyen de transport qui est régulier, qui est fiable et qui utilise la route.
39:24Donc essayez de développer aussi des solutions de transport collectif
39:29et pas seulement des solutions de transport individuel.
39:32Mais ça, ça dépend de qui ? Des collectivités locales, essentiellement.
39:34Collectivités locales et de l'État, de la puissance publique.
39:37Et effectivement, il me semble qu'on fait les choses un petit peu à l'envers.
39:40C'est-à-dire qu'on demande aux gens de changer leur mode de vie.
39:42On leur dit que ce n'est pas bien d'abandonner votre voiture, elle pollue trop.
39:45Mais on n'a pas vraiment de solution de remplacement.
39:48Et aujourd'hui, la population est un petit peu piégée.
39:51Oui, c'est souvent un argument qu'on entend.
39:54On aurait dû développer les transports en commun avant d'imposer la voiture électrique.
39:58Voilà.
39:59On le voit par exemple dans les grandes villes où il y a eu un développement des pistes cyclables.
40:05C'est en développant les pistes cyclables que l'usage du vélo a progressé, et pas l'inverse.
40:10Parce que vous demandez aux gens de prendre leur vélo,
40:12et ils sont dans une ville où il y a des dangers permanents, ils ne vont pas les prendre, en fait.
40:16Et on en revient au thème de votre livre, à cette question de faire société, de cohésion sociale.
40:22Ça signifie quoi ?
40:23Ça veut dire qu'on a des millions de Français qui se sentent exclus de cette transition environnementale,
40:28en tout cas sur la thématique de la mobilité.
40:31Donc, avec quel ferment de fracture sociale, justement ?
40:36C'est certain qu'aujourd'hui, il y a ce sentiment, et on l'avait vu dans le mouvement des Gilets jaunes,
40:42que c'est toujours au même qu'on demande des efforts, et un sentiment un peu d'injustice sociale.
40:47Et l'exemple le plus emblématique de ça, c'est par exemple la question du transport en avion.
40:55C'est-à-dire, les Gilets jaunes disaient, bah oui, mais nous on nous taxe quand on prend la voiture,
41:00mais par contre, les voyages en avion, eux, sont plutôt favorisés.
41:05Donc, il y a besoin d'une forme de justice sociale, pour le coup,
41:09d'efforts qui soient partagés par tous, pour que les gens se mettent en mouvement.
41:13S'ils ont le sentiment que c'est simplement une partie de la population,
41:16et notamment les classes moyennes à qui on demande des efforts, ça va être compliqué.
41:20Autre thème, les événements climatiques extrêmes, sécheresses, canicules, inondations,
41:25que l'actualité nous réserve en ces mois d'hiver.
41:29Ces épisodes, ils se multiplient, et pourtant, le climato-scepticisme, il demeure.
41:35Comment vous l'expliquez, ça ?
41:36Alors, il est quand même beaucoup moins important qu'il y a une vingtaine d'années.
41:40Aujourd'hui, il y a quand même peu de gens qui remettent en cause le fait qu'il y a des changements climatiques.
41:46Mais ils disent que ce n'est pas forcément lié à l'activité humaine.
41:49Il y a encore une proportion relativement importante de Français qui disent ça.
41:52Ou surtout, ils disent que finalement, les solutions, ça peut être des solutions techniques.
41:56C'est-à-dire qu'on va s'en sortir avec la technologie, on va trouver des moyens pour capter le CO2 sous terre,
42:03on va trouver des moyens pour se chauffer en utilisant moins d'énergie.
42:07Ce qu'on appelle le techno-solutionnisme.
42:09Techno-solutionnisme, etc.
42:10Et ça, c'est un peu l'opinion dominante dans la société française,
42:13qui permet de résoudre l'idée qu'on n'est pas contre l'environnement,
42:17on n'a pas trop envie de bouger non plus nos modes de vie,
42:19et donc on se dit qu'il va y avoir le miracle, la fée technologie qui va venir nous sauver.
42:23A peu près tous les scénarios qui sont faits par l'ADEME et d'autres RTE, etc.,
42:28montrent que ça ne peut pas être la seule solution.
42:30Ça peut être une partie du chemin, on peut faire une partie des progrès avec la technologie,
42:34mais il va y avoir aussi besoin de changer les modes de vie.
42:37Prêt pour l'impact, c'est le titre de cette rubrique, question que je pose à mes invités.
42:42Mais là, à travers vous, je la pose aux Français d'une certaine façon.
42:45Est-ce que vous pensez que les Français sont prêts ?
42:49Vous venez de commencer à répondre à la question, mais finalement à l'inévitable,
42:53ou en tout cas aux conséquences du réchauffement climatique qui est déjà là.
42:57Je ne pense pas qu'il y ait une conscience vraiment complète
43:02de toutes les conséquences qu'il va y avoir sur le changement climatique.
43:05J'entendais ce matin qu'il y a eu un rapport sur les pratiques sportives.
43:09Comment est-ce que nos pratiques sportives vont devoir évoluer ?
43:11Parce que les gens qui font des sports nautiques, le niveau de l'eau va monter,
43:17les sports d'hiver sont impactés, mais aussi les sports de gazon.
43:23Toutes nos pratiques quotidiennes vont être appelées à évoluer.
43:27Je ne suis pas certaine qu'il y ait cette conscience aussi forte.
43:30On sait qu'il va y avoir un réchauffement climatique,
43:33on sait qu'il va y avoir des conséquences, mais on met un peu à distance.
43:36Par exemple, déjà aujourd'hui, on a à peu près la moitié du territoire
43:40qui est concerné soit par un risque d'inondation, soit par un risque de sécheresse,
43:44soit par le risque argileux, c'est-à-dire le fait qu'on puisse avoir...
43:48Un gonflement, rétractation des sols argileux.
43:50C'est quand même énorme.
43:52Je ne suis pas sûre que la population française soit vraiment consciente de ces difficultés-là.
43:56Est-ce que le fait d'en être conscient amènerait forcément à de nouveaux comportements ?
44:04Pas forcément. C'est ce qu'on a vu dans beaucoup de travaux en sciences sociales.
44:07Ce n'est pas parce que vous savez quelque chose que vous le faites.
44:09L'exemple typique, c'est celui du fumeur.
44:11Vous savez très bien que c'est mauvais pour vous, et pourtant, vous le faites quand même.
44:14Dans les changements de comportement, il peut y avoir d'autres méthodes que juste la sensibilisation.
44:19Il peut y avoir les méthodes financières.
44:22On vous tape au porte-monnaie avec les questions de fiscalité.
44:25Ou on vous incite.
44:26Ou on vous incite.
44:27On a vu que ça soulève quand même beaucoup de tensions dans la société française.
44:31Il peut y avoir aussi ce qu'on appelle les nudges.
44:34C'est-à-dire essayer par exemple des petits coups de pouce.
44:36Ou quand vous voyez que les autres se mettent à agir, vous allez vous aussi vous mettre à agir.
44:41Et moi, je crois aussi beaucoup au discours sur les bénéfices.
44:45C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on décrit le changement climatique comme l'apocalypse.
44:49Ça va être la fin du monde.
44:50Personne n'a envie de changer ses comportements pour aller vers la fin du monde.
44:54On se dit qu'on a un comportement très logique de déni.
44:57Foutu pour foutu, on y va.
44:59Par contre, le fait de changer ses modes de vie, c'est censé aussi apporter...
45:04Par exemple, si on mange de manière mieux, de manière plus bio, si on s'alimente mieux, on va être en meilleure santé.
45:12S'il y a moins de pollution également.
45:14Par exemple, le levier de la santé, ça peut être un levier qui fait bouger les comportements beaucoup plus que le levier environnemental.
45:20C'est un enjeu de communication, de récit, d'imaginaire d'une certaine façon.
45:25Moi, je crois beaucoup aux imaginaires et à la place du discours, du récit.
45:30C'est Harari qui explique qu'en fait, ce qui différencie les hommes des animaux, c'est que le récit leur permet de se mettre en mouvement.
45:37Ils vont créer des entreprises, ils vont créer des religions, ils vont créer des choses qui vont faire que collectivement, ils vont se mettre en route.
45:42Et moi, je suis assez d'accord avec ce point de vue.
45:45Yuval Noah Harari qui est l'auteur de Sapiens et de Nexus.
45:49C'est son dernier livre sur les réseaux d'information du pigeon voyageur à l'intelligence artificielle.
45:54Un livre passionnant que je vous conseille.
45:57Si on reste face à cette question des catastrophes naturelles, ce que disent les Français.
46:0275% des Français ne se sentent pas bien préparés face aux inondations.
46:07Le chiffre, c'est 73% quand on parle des incendies de forêt.
46:11Et c'est 59% des Français qui ne se sentent pas bien préparés quand on parle de la canicule.
46:17Est-ce qu'on est en train de parler d'éco-anxiété là ?
46:20Oui, tout à fait.
46:22C'est une façon d'incarner l'éco-anxiété.
46:26Oui, et la difficulté, c'est qu'aujourd'hui, on est beaucoup sur l'anxiété.
46:29C'est-à-dire qu'on dit beaucoup tout ce qui va mal se passer et on n'explique pas forcément aux gens ce qu'ils doivent faire.
46:34Et donc, ça crée une forme d'impuissance et effectivement d'éco-anxiété, notamment chez les jeunes.
46:42Et qui vient alimenter le fait qu'on a des problèmes de santé mentale aujourd'hui, notamment chez les jeunes.
46:47Alors, c'est aussi lié au Covid.
46:49Mais c'est quand même des signaux un peu alarmants parce que la jeunesse, c'est aussi celle qui doit apporter un peu d'énergie dans notre société.
46:56Donc, si on a des taux comme aujourd'hui de personnes qui sont en syndrome dépressif, etc., aussi importants, ça doit nous questionner.
47:04C'est l'une des raisons de la baisse de la natalité aussi dans notre pays ?
47:07C'est plus complexe que ça.
47:09Oui, voilà. La baisse de la natalité, alors déjà, c'est un peu...
47:12Ça serait trop caricatural de dire éco-anxiété, baisse de la natalité.
47:15Non, je pense qu'il y a plein de phénomènes.
47:17Bon, il y a le fait qu'on vit moins en couple.
47:20Donc, mécaniquement, on fait moins d'enfants.
47:23On se met plus tardivement en couple aussi.
47:26Également, le fait qu'on a envie, de la même façon qu'on a envie d'être un individu autonome,
47:31on a envie que son enfant soit un individu qui ait toutes les chances de son côté.
47:34Et donc, peut-être qu'on aura un petit peu moins d'enfants pour pouvoir s'en occuper un petit peu mieux.
47:38Donc, ça va aussi avec l'individualisation.
47:41Et puis, il y a aussi des phénomènes d'inquiétude par rapport au niveau de vie, par rapport au chômage.
47:49Et puis après, il y a aussi tout ce qui se joue du côté de l'égalité homme-femme.
47:54On sait qu'en France, on avait une natalité assez importante,
47:57notamment parce qu'on a, par exemple, des systèmes de garde et d'école.
48:02Oui, on parlait de miracle français. C'est vrai qu'en se comparant aux autres pays européens...
48:05Alors, on reste un pays avec un taux de natalité plus élevé que les autres,
48:08mais notre taux a quand même bien baissé.
48:10Voilà. Donc, il y a peut-être des questions qui se jouent autour de la place des femmes
48:14et le fait que les femmes ont envie d'avoir vraiment les mêmes carrières que les hommes aujourd'hui,
48:17et également donc, en miroir, la place des hommes.
48:20C'est-à-dire qu'on parle beaucoup du fait qu'il faut que les femmes évoluent dans leur carrière,
48:24mais il faut aussi que les hommes évoluent dans leur vie familiale pour qu'il y ait vraiment une parité.
48:29Je vous pose cette question parce que ça a évidemment des conséquences économiques et sociales qui sont importantes.
48:35Notre système de protection sociale, notre système de retraite, il repose sur un nombre d'actifs importants.
48:41Est-ce qu'il n'y a pas une forme de déni, là aussi, aujourd'hui, en France ?
48:44Alors, il me semble qu'il y a d'autant plus une forme de déni qu'il y a un rejet massif de l'immigration.
48:50Or, ça pourrait être un des paramètres de l'équation.
48:54On voit bien que les pays...
48:55C'est soit on fait plus de bébés, soit immigration, soit des robots pour faire le boulot des humains.
48:59C'est ça. Mais jusqu'à présent, on n'a pas complètement réussi à remplacer les humains par des robots.
49:04Voilà. Même si, effectivement, il y a une partie des tâches qui sont remplacées.
49:10Donc, il y a effectivement une forme de déni et une forme de rejet de l'altérité qui est quand même très forte dans notre société.
49:19Donc, qui pose des questions sur, comme vous le dites, la pérennité du modèle.
49:23Mais c'est vrai aussi du débat sur les retraites et le fait de travailler plus longtemps.
49:28C'est-à-dire ?
49:29C'est-à-dire qu'avec cette situation démographique, il n'y a pas beaucoup de choix que de travailler plus longtemps.
49:35Oui, oui, c'est vrai. C'est vrai.
49:37Après, il faut aussi savoir que le monde du travail, la pénibilité au travail a eu tendance à augmenter.
49:43Et donc, les gens sont aussi inquiets de ne pas réussir à aller jusqu'au bout de leur carrière.
49:48Ce n'est pas simplement qu'ils sont flémards et qu'ils ont envie de se tourner les pouces à la retraite.
49:51Non, je ne suis pas en train de te tenir cette histoire-là.
49:53C'est qu'ils sont assez inquiets de réussir à tenir le rythme.
49:58Et ça, c'est vrai pour les ouvriers.
50:00Mais c'est vrai aussi pour les cadres qui sont inquiets de ne pas réussir à tenir le niveau de stress
50:05et de productivité dont on parlait tout à l'heure permanent.
50:08Je voudrais, il nous reste une minute trente, qu'on parle quand même de l'eau, du partage de l'eau.
50:12Parce que, est-ce que c'est l'un des thèmes sur lesquels les Français sont peut-être justement,
50:16on parlait de déni, les plus réceptifs ? C'est-à-dire les plus conscients, les plus actifs même déjà ?
50:22Alors, en tout cas, on a publié récemment des travaux pour la Caisse des dépôts
50:25qui montrent qu'effectivement, il y a une augmentation de la proportion de Français
50:29qui fait attention à la manière dont ils utilisent l'eau.
50:33Mais ça va de pair avec un développement des pratiques qui n'est pas totalement cohérent.
50:38Et par exemple, le développement des piscines individuelles qui mobilisent beaucoup d'eau.
50:43Après, sur le sujet de l'eau, il faut savoir que les principaux impacts, ce ne sont pas les individus.
50:49Ce sont les entreprises et l'agriculture, etc.
50:52Donc, les ménages, c'est une petite partie du chemin.
50:55Mais c'est vrai qu'il y a une prise de conscience par rapport à l'eau qui n'y avait pas il y a forcément 30 ans.
51:00Avec des enjeux de partage.
51:02Guerre de l'eau, le terme est certainement trop fort.
51:05Mais on voit déjà des frictions, et on en revient à la question de faire société, autour de ces enjeux.
51:11Oui. Alors, il y a des commissions qui peuvent exister au niveau local
51:15pour essayer de se mettre d'accord entre tous les usages de l'eau.
51:19C'est extrêmement compliqué.
51:21Parce que, par exemple, l'activité de tourisme a besoin de beaucoup d'eau pour se développer.
51:26L'agriculture aussi, les ménages aussi.
51:29Et donc, qui va accepter finalement de réduire son usage de l'eau ?
51:33Et effectivement, il va falloir qu'on crée des cadres de discussion pour réussir à résoudre ces enjeux.
51:38Parce que ça va être des enjeux de plus en plus importants.
51:41Merci beaucoup, Sandra Waiouian.
51:43Le titre de votre livre, La mosaïque française, comment refaire société, s'est publié aux éditions Flammarion.
51:51Voilà, on passe tout de suite à notre rubrique start-up, la lutte contre le gaspillage alimentaire.
52:02Smart Ideas avec Camille Colbus, bonjour.
52:05Bonjour.
52:06Bienvenue, vous êtes la cofondatrice d'Eru, vous l'avez créé en janvier 2024 avec Vaibhav Krishna.
52:11Avec quelle idée ? C'était quoi le déclic ?
52:13Oui, alors le déclic, c'est assez simple.
52:15En fait, on est parti d'un constat qui est qu'aujourd'hui, le marché de la seconde main est en plein boum.
52:19Et pour autant, il y a plein de gens qui ne consomment toujours pas de la seconde main,
52:23alors que ça a un vrai impact écologique et un vrai impact économique.
52:27Et en fait, on a été un peu demandé aux utilisateurs, à nos potes, pourquoi est-ce qu'ils ne consomment pas forcément ?
52:31Qu'est-ce qui vous manque ?
52:32Exactement, pourquoi est-ce que vous n'y allez pas ?
52:34On a pas mal d'applis, il y a pas mal d'entreprises qui se créent.
52:37Pourquoi vous n'y allez pas ?
52:38Et en fait, la première chose qui revient, c'est qu'en fait, ça prend quatre fois plus de temps que d'acheter un produit neuf.
52:44Et c'est très difficile de comparer les différentes offres.
52:48Vous n'avez pas en fait un site qui va agréger les différentes plateformes et les différentes offres.
52:52Donc en fait, ça devient chronophage, énergivore, compliqué, c'est pas fiable.
52:57Vous ne savez pas sur quel produit vous allez tomber.
52:59Moi, j'ai tenté d'acheter un vélo sur le Boncoin.
53:01En fait, on ne sait jamais si c'est un vélo qui est volé ou pas.
53:04Et donc, c'est comme ça qu'est né Dero, qui est aujourd'hui une plateforme qui répertorie du coup tous les produits de seconde main et de reconditionnés.
53:11Mais alors, c'est famille par famille, c'est ça ? C'est classé par famille de produits en quelque sorte ?
53:15Exactement. En fait, vous allez pouvoir retrouver tout type de catégories parce que nous, on est parti de l'ambition de se dire que pour chaque besoin, vous pouvez trouver un produit de seconde main.
53:23Donc, vous avez toutes les thématiques sur la plateforme.
53:25Donc, ça veut dire que vous avez signé des partenariats avec des plateformes de seconde main, des marques qui sont chacune dans leur silo, c'est ça ?
53:36Oui, c'est ça. Exactement. En fait, aujourd'hui, on travaille avec des back market, des Fnac, des Darty, mais aussi des plus petits Stelensi qui, eux, ont des produits de reconditionnés.
53:46Et l'idée, c'est d'avoir tout sur une seule et même plateforme pour vraiment les agréger et que ce soit beaucoup plus simple pour le consommateur.
53:52Est-ce qu'il y a des secteurs qui sont plus balbutiants que d'autres ? Vous voyez ce que je veux dire. Car back market, c'est devenu un géant. Je ne sais pas si dans les articles de sport, il y a un équivalent aujourd'hui.
54:04Oui. Alors, en fait, aujourd'hui, effectivement, on retrouve sur toutes les catégories de la seconde main. Moi, j'ai un exemple qui est assez marrant.
54:10Alors, toutes les catégories ne fonctionnent pas encore comme back market qui fait beaucoup d'électronique aujourd'hui. Mais j'ai un exemple qui est assez sympa.
54:17Sur le site, on a des jouets intimes reconditionnés qui s'appellent Réjouis. Et alors là, on peut se dire que c'est vraiment une niche. Et pour autant, voilà, ça existe.
54:25Après, on a les vélos reconditionnés, par exemple avec Lowi qui fonctionnent hyper bien. Donc là, on voit vraiment cet essor et l'envie du consommateur aussi de se tourner vers la seconde main.
54:35C'est quoi le modèle économique d'Ero ?
54:37Oui. Alors, nous, on va se rémunérer en prenant une commission sur la vente. Donc, c'est assez simple. C'est gagnant-gagnant pour le commerçant, pour la marketplace qui va du coup vendre plus grâce à Ero.
54:48Et nous, on récupère une commission.
54:50Et quel bilan vous faites après un peu plus d'un an d'existence ?
54:54Oui. C'est super parce qu'en fait, on voit qu'il y a une vraie envie de la part du consommateur et de l'utilisateur. Aujourd'hui, on a un peu plus de 5 000 visites par semaine sur le site.
55:04Nous, on aime bien raisonner en termes d'impact. On a sauvé plus de 30 000 kg de CO2 à l'inverse si les gens avaient acheté du neuf.
55:15Et même en termes monétaires, on a sauvé plus de 10 000 euros. Donc pareil, c'est vraiment un vrai impact.
55:22Parce qu'il faut le rappeler, c'est forcément moins cher. C'est une évidence, mais il faut le rappeler.
55:28Avec des niveaux d'économie qui peuvent aller jusqu'à combien ?
55:33Jusqu'à du moins 70 %, en fait. Vous avez des produits qui, de toute façon, sont toujours en très bon état.
55:39Alors, ça va être des produits, parfois, quand ils sont reconditionnés, comme de l'électroménager.
55:44J'ai l'exemple de Underdog qui fait des laves-vaisselles, des laves-linges, etc., qui va récupérer les produits, les retravailler.
55:50Ça, ça demande un coût de main-d'œuvre. Là, vous avez des prix à moins 20, moins 30 %, mais ça, encore une fois, un vrai coût.
55:57Vous garantissez. Vous disiez « j'achète un vélo, je ne suis pas sûr qu'il n'ait pas été volé ».
56:02C'est vous qui le garantissez ou ce sont vos partenaires ?
56:04Ce sont nos partenaires. Mais nous, sur notre plateforme, on ne met que des partenaires fiables.
56:07Et ça, c'est important parce que ce qu'on a vraiment remarqué chez le consommateur,
56:11c'est qu'il a besoin de confiance dans le produit et dans la marketplace auprès de qui il va acheter.
56:17Et donc, nous, c'est vraiment de se dire « en fait, quand vous êtes sur Desros, vous n'avez que des marketplaces
56:22avec lesquelles vous pouvez avoir confiance et votre produit sera un produit certifié, reconditionné de seconde main ».
56:27Merci beaucoup Camille Colbus et bon vent à Desros.
56:30Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact.
56:32Merci à toutes et à tous de votre fidélité à la chaîne des audacieuses et des audacieux.
56:36Salut !