RTL vous a parlé de ce caïd du grand banditisme à Marseille qui risque toujours trois fois la perpétuité, mais qui a été libéré pour la deuxième fois, suite à l'erreur d'un magistrat. Une nouvelle illustration du SOS lancé par la justice dans le sud de la France, où s'est rendue Cindy Hubert : l'explosion de ces dossiers menace d'emboliser totalement la justice à tous les niveaux, avec à la clé le risque de remise en liberté de détenus dangereux.
Regardez RTL Evènement avec Cindy Hubert du 11 avril 2025.
Regardez RTL Evènement avec Cindy Hubert du 11 avril 2025.
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00:00Merci beaucoup William Galibert, on vous retrouve donc tout à l'heure 8h35, Le Monde en Marche, il est bientôt 7h12 sur RTL, RTL à Nice.
00:11RTL événement
00:12Et l'événement ce matin sur RTL c'est cette justice qui craque à cause de l'ampleur du narcotrafic.
00:19On vous parlait hier de Pascal Gomez, ce caïd marseillais libéré suite à l'erreur d'un magistrat.
00:24Énième illustration Amandine d'une situation qui n'est absolument plus tenable.
00:28Oui, ça fait des mois que les magistrats, notamment ici dans le sud, s'en inquiètent publiquement.
00:33Bonjour Cindy Hubert.
00:34Bonjour.
00:35Le procureur général de la cour d'appel d'Aix-en-Provence vous a d'ailleurs tenu des propos qui font froid dans le dos.
00:40Je le cite, 2026 sera l'année de la submersion en matière criminelle.
00:46Oui, c'est mathématique, la situation est déjà très très alarmante en termes de stock.
00:50Il y a aujourd'hui 400 dossiers criminels qui attendent d'être jugés.
00:54Or, il va falloir ajouter à cela les 50 narcomicides qui ont eu lieu à Marseille en 2023.
00:59C'était l'année de tous les records.
01:02Et ce qu'il faut bien comprendre, c'est que juger des barons de la drogue ou des tueurs à gâche la prend parfois des mois.
01:07Franck Rastoul redoute donc de laisser en bas de la pile des milliers de dossiers en souffrance, y compris de viols, malgré des efforts considérables.
01:14Et tous nos efforts, c'est déjà, si vous voulez, pour privilégier les dossiers avec des accusés détenus, ne plus organiser les dossiers avec des accusés libres.
01:23Et avoir de fait, aujourd'hui, des délais qui ne sont plus entendables, puisqu'on peut, hélas, aller jusqu'à 75 mois d'attente.
01:3075 mois, c'est 6 ans.
01:32Effectivement. Donc, on voit bien que le système, il est à bout de souffle.
01:35Le système est à bout de souffle, Cindy. Le risque, on l'a bien compris, c'est de voir potentiellement libérer un individu dangereux. On en est là.
01:43Oui, c'est automatique si la justice ne réussit pas à juger dans les délais légaux.
01:47Nathalie Roche, du syndicat de la magistrature, est juge d'instruction à Marseille. Elle a toujours le regard sur la montre.
01:53On a toujours en tête les difficultés à faire rentrer dans des toutes, toutes petites boîtes des très, très gros dossiers.
01:59Quoi qu'on fasse, on sent que ça va être embolisé, donc on est très inquiets.
02:02Je ne pense pas qu'on en ait du tout à se dire qu'on ne va pas interpeller certaines personnes, parce qu'on sait qu'on ne pourra pas les juger.
02:07Mais il ne faudrait pas qu'on en arrive là.
02:08La juge me montre le petit tableau rempli de fiches bristoles derrière son bureau pour ne pas rater une échéance en termes de détention.
02:16Une charge mentale perpétuelle, d'autant que dans ces affaires de narcotrafic,
02:20les avocats n'hésitent pas à traquer la moindre erreur et c'est leur droit devant les chambres de l'instruction
02:25qui croulent aujourd'hui sous les recours, ralentissant encore un peu plus les procédures.
02:30Des avocats, en tout cas certains avocats, Cindy, qui sont aujourd'hui pointés du doigt,
02:34car ils n'hésitent pas à recourir à des stratagèmes, on va dire, pour faire libérer leurs clients narcotrafiquants.
02:40Oui, cela peut être une demande adressée simplement au greffe, alors que la cour d'appel compte des dizaines de bureaux.
02:45Un courrier qui cite juste l'article de loi, sans écrire « demande de mise en liberté ».
02:50Pour le procureur général d'Aix-en-Provence, ce sont des pièges tendus à la justice.
02:55On est dans la volonté de tromper le juge, et ça ce n'est pas entendable.
02:58Et pour ne parler que de Marseille, quand vous avez 830 détenus incarcérés pour de la délinquance organisée,
03:05nous gérons des milliers de demandes de mise en liberté.
03:07Parfois, c'est quasiment des demandes de mise en liberté mitraillettes,
03:10c'est-à-dire que vous avez à peine statué, qu'il y en a une autre qui arrive.
03:13Donc il faut simplement comprendre que c'est pas loin d'être de l'ordre du tsunami.
03:17Faut-il pour autant jeter le discrédit sur toute une profession ?
03:20S'insurge maître Charlotte Césari.
03:23L'avocate défend régulièrement des accusés de grand banditisme,
03:25mais clairement, pour elle, la misère de la justice n'est pas la folie des avocats.
03:29La véritable solution, c'est mettre des moyens avec des magistrats, avec des greffiers.
03:34Et à ce moment-là, il y aura une véritable réponse pénale à un phénomène sociétal.
03:38Depuis quelques mois, en tout cas, la tension est telle que la Cour d'appel a mise en place...
03:42La Cour d'appel a mise en place, la Cour d'appel a mise en place,