Dans son édito du 17/04/2025, Thomas Bonnet revient sur les chiffres records de l'immigration en France au mois de février.
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00:00Oui Shana, alors les écarts en valeur absolue sont assez serrés, mais il y a une valeur symbolique très forte de ces données statistiques.
00:07En février, la France est le pays européen qui a reçu le plus de demandes d'asile.
00:13Alors il ne s'agit pas tant d'une augmentation de ce nombre pour nous que d'une diminution chez les autres,
00:18particulièrement en Allemagne, habituée à cette place de leader dans le classement.
00:24Pendant qu'en France, on dissertait des heures et des heures sur le terme « submersion » employé par le Premier ministre François Bayrou,
00:31pendant ce temps-là, l'Allemagne a pris des décisions, elle a durci le ton et elle a pris des mesures fortes,
00:35notamment le rétablissement des contrôles à ses frontières.
00:38Et c'est ce qui explique l'évolution de ces chiffres ?
00:40En partie, oui. Une grande partie de la lutte contre l'immigration tient en fait de la dissuasion.
00:45Quand le Danemark promet une ligne de fermeté totale, le nombre de demandeurs d'asile dégringole presque automatiquement.
00:50Et quand l'Allemagne envoie un message similaire, on constate là aussi un effet statistique quasiment immédiat.
00:57Les réseaux des passeurs orientent les flux migratoires en fonction des décisions politiques.
01:02Ils sont très connectés au discours des gouvernements européens.
01:05Ils peuvent ensuite flécher les demandeurs d'asile vers telle ou telle destination.
01:10Ainsi, par exemple, depuis que l'Italie a durci drastiquement sa politique migratoire,
01:14les migrants affluent plutôt sur les côtes espagnoles.
01:17Ça montre aussi qu'il n'y a pas de fatalité en matière d'immigration.
01:20Lorsqu'on prend des décisions, il y a un effet concret.
01:23La France est donc un des pays européens qui attire le plus les candidats à l'immigration.
01:27Oui, parce que sur beaucoup d'aspects, la France est mieux disante que ses voisins.
01:32En termes d'hébergement d'urgence, de prestations sociales, voire médicales,
01:35les migrants ont plutôt intérêt à choisir de s'installer en France.
01:39C'est d'ailleurs ce que répète Bruno Rotaillot depuis son arrivée Place Beauvau.
01:43Le problème, c'est que les discours ne sont pas suivis d'actes.
01:45Les indicateurs qui sont à la main du ministre de l'Intérieur ont basculé pour certains dans le vert.
01:50On donne moins de visas, moins de titres de séjour, on régularise moins.
01:54Mais pour réduire drastiquement et durablement l'immigration,
01:57ça nécessite des mesures fortes et sans doute de changer la loi.
02:01Qu'a décidé concrètement François Bayrou depuis qu'il a employé le terme de submersion migratoire ?
02:05Absolument rien.
02:06Alors on voit que chaque déclaration provoque une polémique dans l'espace médiatique.
02:10Et on comprend finalement qu'on est condamné à ne rien faire.
02:14Bruno Rotaillot a estimé récemment que les capacités d'accueil de la France étaient dépassées.
02:19Pour la même raison exactement, l'Autriche a par exemple décidé de revenir et de mettre fin au regroupement familial.
02:26Ici en France, le même constat n'amène aucune décision politique.
02:30L'Europe entière est en train de revoir sa politique migratoire.
02:33pendant que la France s'enferme dans un immobilisme incompréhensible
02:37et en total décalage avec les attentes des Français
02:39qui sur la question de l'immigration ont tranché le sujet depuis bien longtemps.
02:42Sous-titrage Société Radio-Canada
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