Strasbourg, Marseille, la Corse mais aucune visite d'État officielle. En douze ans à la tête du Vatican et de l'Église catholique, le pape François est venu trois fois en France. C'est le pays qui a accueilli le plus de visites du souverain pontife. Pourtant, le pape, qui a succombé à un AVC ce lundi 21 avril, a entretenu avec la France une relation ambivalente.
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00:00Mathieu, est-ce que le pape François était de gauche ?
00:03Ça n'a évidemment pas de sens de poser cette question si c'est pour le poser sur l'échiquier politique français.
00:07Ce qu'on peut dire, c'est que c'est un pape qui s'inscrit dans une ligne humaniste, progressiste,
00:12à la différence de ses prédécesseurs, qui était plus conservateur.
00:14D'abord, c'était un pape de la base et pas du sommet, on l'a dit, il a choisi le nom de François,
00:17c'est pas un hasard, en hommage à Saint-François d'Assise, qui était un révolutionnaire au Moyen-Âge,
00:21en fondant un ordre monastique qu'on appelait un ordre mendiant, plus près des pauvres, dans les villes.
00:25Donc ça, c'était un signe, et puis c'était un pape des confins, c'était pas un pape du centre, on l'a dit aussi,
00:29loin des fastes du Vatican, Saint-Pierre n'a pas de compte en banque, disait-il.
00:33Puis il a pris des positions fortes, le pape, on y a fait allusion, sur les désordres du monde,
00:37c'était un pasteur, c'était pas un théologien forcément, et il s'est exprimé, que ce soit par des petites phrases,
00:42que ce soit par des encycliques aussi, en rénovant un peu la doctrine.
00:45Notamment sur l'écologie ?
00:46Notamment sur l'écologie, dans l'encyclique Laodate aussi, où il s'indigne de voir les hommes se comporter en propriétaires,
00:53dominateurs de la nature, on l'a dit sur les migrants, il faut s'en souvenir quand même,
00:58il met les pieds en plat, le pape François, en 2013, il va à Lampedusa, c'est son premier déplacement,
01:02et il dénonce cette fameuse mondialisation de l'indifférence, en rappelant que les migrants,
01:05ce ne sont pas des nombres, mais des personnes qui doivent être traitées comme telles.
01:08Il dénonce aussi l'argent roi, le profit et le capital, qui sont pas un bien au-dessus de l'homme,
01:12mais au service du bien commun.
01:14Et puis il dénonce aussi le repli sur soi, l'individualisme, l'égoïsme, la culture du bien-être,
01:18qui nous amène à penser à nous-mêmes, nous rend insensibles aux cris des autres, dit-il.
01:21Puis il faut rappeler que c'était un pourfendeur des nationalismes, des populismes.
01:24En 2021, il s'était inquiété en privé dans une discussion d'une éventuelle élection de Marine Le Pen,
01:29ce qui lui avait valu une réponse singlante de l'intéressé,
01:32qui avait dit qu'il valait mieux qu'il s'occupe, que les nombreux croyants seraient ravis
01:36que le pape s'occupe de ce qui se passe dans les églises plutôt que dans les urnes.
01:38Et sur les mœurs alors ?
01:39Sur les mœurs, c'est un peu plus ambivalent.
01:41Il a marqué des signes d'ouverture, on l'a dit, sur l'homosexualité.
01:43Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté,
01:46qui suis-je pour la juger ?
01:47En 2023, il autorisera même les prêtres à bénir les couples en situation irrégulière,
01:53donc les divorcés, non mariés et les couples homosexuels.
01:56En tout cas, les homosexuels et pas forcément le couple homosexuel,
02:00ce qui est quand même une petite nuance.
02:02Il agit pour ouvrir davantage les cercles de décision du Vatican aux femmes,
02:06mais c'est le gardien du dogme.
02:07Et donc, il a conservé les positions de l'Église catholique sur l'avortement.
02:11Et puis, sur les violences sexuelles dans l'Église,
02:14pour le coup, il s'est attaqué fermement aux violences sexuelles dans l'Église,
02:18mais il n'a pas reçu, par exemple, au Vatican,
02:20vous savez, la SIAZ, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église,
02:23et son rapporteur, Jean-Marc Sauvé.
02:26Donc voilà, il y a encore des efforts à faire,
02:28mais c'était un pas progressiste, il faut le dire.