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Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef chargé des religions au Figaro et Olivier de Rubercy, recteur du séminaire français de Rome étaient les invités du Face-à-Face en direct de Rome ce mardi 22 avril sur RMC et BFMTV au lendemain de la mort du pape François.

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Transcription
00:00Il est 8h32, vous êtes bien sur RMC et BFM TV, un face-à-face exceptionnel en direct des toits de Rome,
00:06à quelques centaines de mètres seulement de la Basilique Saint-Pierre, avec deux invités.
00:10Jean-Marie Guénois, bonjour.
00:12Bonjour.
00:12Merci d'être avec nous ce matin.
00:13Vous êtes le rédacteur en chef chargé des Religions au Figaro.
00:16Vous êtes l'auteur de ce livre qui fait vraiment référence, le pape François, la Révolution.
00:21Et vous, Olivier de Rubercy, père Olivier de Rubercy, devrais-je dire, vous êtes recteur du séminaire français de Rome.
00:26Bonjour.
00:27Bonjour.
00:27On est chez vous, ici, à Rome.
00:30Et c'est auprès de vous, et je voudrais vraiment que tous ceux qui nous écoutent et qui nous regardent le comprennent,
00:34que ceux qui deviennent prêtres en France passent par ce séminaire.
00:38C'est l'école, au fond, des prêtres français aussi.
00:41À un moment ou à un autre, ils passent quasiment tous ici.
00:43Vous êtes donc aux avant-postes aussi de ce qu'est l'Église.
00:45Je voudrais vous demander d'abord à tous les deux, qui était le pape François à vos yeux ?
00:50On va revenir évidemment sur ce qu'on attend de cette journée, sur ce qu'il représente pour les uns et les autres.
00:55Mais si l'on devait dire, François, qui était-il d'abord, Jean-Marie Guénois ?
01:00D'abord, c'est un jésuite, jésuite de la vieille école.
01:03Jésuite, ça veut dire un ordre religieux qui a des siècles derrière lui,
01:07qui a été toujours très innovant pour l'évangélisation.
01:10Ce sont eux qui sont allés en Chine, ce sont eux qui ont ouvert les portes de l'Amérique latine.
01:15Donc, il est issu de cette longue tradition, à la fois spirituelle et pastorale.
01:20Ce sont des hommes d'audace, qui n'ont pas peur d'aller au front, en quelque sorte, d'aller là où on ne les attend pas.
01:25Et François, profondément, a été un jésuite de la vieille école, latino-américain, sans peur, d'une certaine manière, sans reproche,
01:33qui enfonçait les portes qu'il jugeait nécessaires d'ouvrir.
01:38Et je retiens, moi, cet homme, à la fois issu d'une immense tradition spirituelle, les jésuites,
01:45d'un continent, l'Amérique latine, qui méritait, qui attendait son pape,
01:50et qui a démontré, ici, à Rome, justement, qui a réussi à faire bouger un peu les lignes à Rome,
01:55même si le travail n'est pas terminé.
01:57Et il y a quelques mots que vous dites.
01:58Vous dites la pastorale, et je voudrais préciser pour ceux qui nous écoutent
02:01et qui ne sont pas tous familiers avec le vocabulaire de l'Église.
02:04Pastoral, ça veut dire comme le berger qui s'occupe de ses brebis,
02:07c'est-à-dire l'idée d'aller voir tous jusqu'au plus éloigné du cœur des puissants.
02:12On va revenir sur les dernières heures, les derniers jours du pape François,
02:16qui disent aussi beaucoup de ça, de cette pastorale.
02:18Et vous, Père Olivier, qu'est-ce que vous retenez de ce pape-là ?
02:26Alors, de ce pape-là, je retiens tout d'abord son courage, son courage apostolique,
02:32parce qu'il a vraiment eu à cœur d'apporter un véritable renouveau
02:38dans la conduite de l'Église, en promouvant vraiment une sortie,
02:44une Église en sortie pour aller vers...
02:46Ça ne veut pas en sortie ?
02:47En sortie, c'est-à-dire...
02:48Qui sort des Églises !
02:50Voilà, c'est-à-dire que ça ne soit pas simplement un pape d'appareil,
02:53un pape enfermé au Vatican, un pape qui passe son temps, je dirais, dans des réunions.
02:58C'est un homme de terrain.
03:00C'est ce qu'il avait été en Argentine.
03:02C'est ce qu'il a voulu aussi être pendant ces douze années de pontificat.
03:05Non seulement sortir, mais aller au contact vraiment des réalités de grande pauvreté.
03:12Et on va essayer de comprendre aussi les coins du monde auxquels il était le plus attaché.
03:17C'est vraiment le pape.
03:18C'est à la fois l'homme d'Église, c'est aussi un chef d'État.
03:22Évidemment, on revient toujours sur ces deux points.
03:25Et j'aimerais m'arrêter un instant sur les deux dernières sorties quasiment du pape.
03:30Deux en particulier qui ont marqué.
03:32Le moment où il a été dans les prisons, il me semble que c'était jeudi dernier.
03:35Et puis le fait d'avoir reçu le vice-président américain, G.D. Vance.
03:39Jean-Marie Guénois, le fait d'être dans les prisons, de faire cet effort-là,
03:44donc auprès des plus marginaux, je dirais, même des rejetés de la société.
03:48Et puis, à peine quelques jours après, quelques heures, dans la même souffrance physique,
03:53prendre quand même le temps de voir le vice-président de la première puissance au monde.
03:58C'est ça ce qu'est un pape, mais en particulier celui-là ?
04:02C'est non seulement ce qu'est un pape, mais c'est ce qu'est l'Église catholique.
04:05Parce que l'Église catholique, on la regarde comme une entité puissante, riche.
04:11Mais l'Église catholique, elle est d'abord sur toute la planète.
04:14Les missionnaires, les prêtres, les religieuses,
04:17irriguent vraiment le dernier recoin de la planète,
04:21d'où le niveau d'information d'ailleurs du Vatican au passage.
04:24Mais c'est aussi un dialogue au plus haut niveau avec les autorités politiques
04:28sur les questions de justice, sur les questions de liberté, sur les questions de paix.
04:34Et là, François a tenu les deux ce rendez-vous à la prison.
04:37C'était dans son cœur chaque jeudi saint.
04:40C'est donc pendant la semaine sainte, avant le vendredi saint, le dimanche de Pâques.
04:44Il allait dans cette prison ou dans une autre.
04:46Il procédait au rituel du lavement des pieds, qui est un rituel chrétien
04:51où le pape ou l'évêque lavent les pieds d'une dizaine de personnes,
04:55un peu comme le Christ le fit avec ses apôtres,
04:58pour remémorer ce signe d'humilité et qui est la marque fondamentale de l'Église.
05:03Parce que l'Église catholique, dans toute sa magnificence,
05:06et on le voit ici, on a la basilique derrière nous,
05:09c'est fantastique ce patrimoine culturel, religieux, artistique.
05:15Mais elle a vraiment pour propos la conversion intérieure,
05:19au fond, une sorte de développement intérieur.
05:22C'est ça l'objet de l'Église.
05:24Et ça passe à la fois par l'aide du plus petit,
05:27mais ça passe aussi par la persuasion des plus grands.
05:30Vous parliez du vice-président américain pour leur dire
05:33attention, pensez aux plus...
05:36Et il avait un message très politique.
05:38Il s'est beaucoup quand même intéressé au reste du monde,
05:41le sud global, comme on dit, dans ses dernières déclarations,
05:46à la fois lutter contre l'antisémitisme et s'intéresser au sort de Gaza.
05:50Il a particulièrement été un homme de paix.
05:53Il a été un homme de paix, mais pas plus que le pape Jean-Paul II dans son genre.
05:58Il ne faut pas non plus considérer que François a inventé cette géopolitique.
06:03Elle est de tradition dans l'Église catholique.
06:06Et ce pape, venu justement d'un pays très pauvre,
06:09je ne dis pas que la Pologne n'était pas pauvre à ce moment-là,
06:10en plus sous le joug communiste,
06:12chacun, à leur manière, a illustré justement une façon d'être debout face aux grandes puissances.
06:20Pourquoi ? Pourquoi un tel rayonnement ?
06:24Pourquoi un tel événement ?
06:25Aussi parce que l'Église, c'est 1,4 milliard de fidèles.
06:29Ça, c'est en plein dynamisme, dit-on,
06:33même si on le ressent peut-être un tout petit peu moins en Occident.
06:36Ce dynamisme de l'Église, il est où aujourd'hui ?
06:39Il a voulu mettre en lumière le continent évidemment sud-américain,
06:43mais aussi l'Asie, l'Afrique.
06:47C'est sûr qu'il a voulu exercer un ministère sur l'ensemble de la planète
06:54en se donnant comme objectif de fait d'aller peut-être vers des contrées lointaines,
07:02lointaines par rapport à Rome, par rapport au Vatican.
07:06Il a voulu manifester vraiment la sollicitude, l'attention de Dieu
07:12par rapport aux populations lointaines.
07:14Je me reviens en mémoire ce grand voyage apostolique de septembre dernier,
07:18en Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor-Singapour.
07:26Il a parcouru des milliers de kilomètres pour manifester
07:29que le Christ est venu porter la bonne nouvelle à tous,
07:33la bonne nouvelle aux pauvres.
07:34Et puis, il a fait aussi ce choix d'aller à la rencontre,
07:40je pense par exemple à ses autorités musulmanes,
07:43que ce soit en Irak, que ce soit aussi en Égypte.
07:49Donc, ça a été aussi un pape qui a beaucoup développé la dimension interreligieuse,
07:55voulant signifier qu'il était là aussi pour faire des ponts,
08:01je dirais, entre les grandes religions.
08:03Des ponts entre les grandes religions,
08:04mais parfois déroutant pour les catholiques français ou européens.
08:09Jean-Marie Guénois, vous avez écrit de lui,
08:10c'est un homme complexe qui a suscité un engouement mondial,
08:13mais dérouté une partie des catholiques.
08:15Absolument, notamment sur le dossier des relations avec l'islam.
08:19Parce que ce pape avait une expérience de l'islam argentin, argentine,
08:23où l'islam là-bas est issu finalement de migrations du 19e siècle,
08:28donc des Libanais, des Syriens,
08:30qui aujourd'hui sont tout à fait intégrés dans la société,
08:34comme une communauté très en avance, très en pointe, voire élitiste.
08:37Donc pour lui, cette expérience ne lui faisait pas peur.
08:41Il connaissait très mal la réalité actuelle de l'immigration
08:44dans les pays occidentaux européens.
08:47Et il a eu des positions à la fois sur le dialogue avec l'islam,
08:51mais aussi sur les questions de migration,
08:53qui ont inquiété, voire fâché, une partie de l'opinion occidentale européenne.
08:59Je dis bien une partie, parce que d'autres sont très satisfaits,
09:02en disant, voilà, il faut ouvrir les portes de l'Europe.
09:04L'Europe vieillit, il la compare à une grand-mère, il faut...
09:08Il l'a même parfois un peu flexée.
09:10Oui, mais c'était son style.
09:12C'était quelqu'un qui rentre dedans.
09:14Il avait des phrases terribles sur ce contre quoi il combattait.
09:19On l'a vu ici à la curie romaine.
09:20Il a attaqué le fameux cléricalisme, ce pouvoir des prêtres.
09:26Là, en l'occurrence, sur ces dossiers-là,
09:28il a à la fois satisfait et rassuré l'Afrique,
09:33mais il a aussi beaucoup inquiété
09:35et s'est mis en partie l'opinion européenne à dos
09:39parce qu'il était peut-être trop incisif
09:41et qu'il avait pratiqué sur la question des migrations
09:45une des deux jambes de l'Église.
09:48La première jambe, c'est de dire
09:49quelqu'un arrive, ne frappe pas votre porte,
09:51il est en difficulté, on ouvre la porte,
09:53il n'y a aucune discussion, mais aucune discussion.
09:55C'est dans la tradition de l'Église.
09:56L'autre jambe, c'était de dire
09:57il faut à tout prix développer les pays africains,
10:01les pays dits sous-développés.
10:03Et ça, ça a été peut-être mineur chez lui.
10:06Il a peu critiqué les problèmes de compromission,
10:10de corruption dans certains pays.
10:14Et il a plutôt dit, bon, ouvrez les portes, ouvrez les portes.
10:16Et là, il y a peut-être un déséquilibre
10:17qui, on verra, pourrait être corrigé.
10:19Mais voilà pourquoi ce pape, à la fois de grands vents,
10:22de grandes intuitions, passionné par la justice sociale,
10:27il n'a jamais dérogé.
10:29A été, sur certains points, peut-être trop loin
10:32et a fâché une partie de l'opinion.
10:34On va revenir aussi avec vous sur ce qu'il en restera
10:36comme héritage et sur ce que son successeur,
10:39à l'issue de ces trois semaines de marathon
10:41dans lesquelles on rentre, en gardera.
10:44Du point de vue des vocations, vous êtes aux avant-postes de cela.
10:48A-t-il eu un retentissement ?
10:51Est-ce qu'il y a aujourd'hui ?
10:52Combien y a-t-il de futurs prêtres français aujourd'hui ?
10:55Quel est l'état des vocations, notamment en France ?
10:58Est-ce qu'il y a un effet pape François ?
11:01Alors, par rapport aux vocations,
11:04il y a eu ce grand rassemblement à Paris
11:06en décembre, il y a un an,
11:09avec environ, à peu près, 650 séminaristes
11:12dans les différents séminaires de France.
11:16Les séminaristes, ce sont donc les futurs prêtres ?
11:17Les séminaristes, voilà, ce sont les futurs prêtres
11:19qui sont dans cette école pour devenir prêtres.
11:22Les séminaires, donc des séminaires en France,
11:25ce séminaire pontifical français qui est ici à Rome,
11:28dire qu'il y a eu un effet pape François sur les vocations,
11:33je ne le formulerai pas de cette façon-là.
11:37Mais en même temps, voilà, des séminaristes
11:40qui, à travers la période difficile qu'a traversée,
11:44que continue de traverser l'Église, sont là,
11:47sont courageux, se préparent, se forment
11:49et nous nous appliquons à les accompagner au plus près
11:54et à les rendre aussi sensibles aux réalités
11:57qu'ils vont découvrir en France,
11:59c'est-à-dire quand même une forte diminution
12:01du nombre de prêtres et une manière aussi d'être prêtre
12:05de manière plus synodale.
12:07Ça veut dire quoi, synodale ?
12:08Synodale, ça veut dire de pouvoir favoriser
12:10une belle collaboration entre les différents états de vie,
12:15les prêtres, les diacres, mais aussi les laïcs
12:18qui sont engagés dans la vie des paroisses,
12:19dans la vie de l'Église, pouvoir travailler
12:22en bonne intelligence chacun selon sa vocation,
12:25selon son charisme propre.
12:26Et donc aider ces séminaristes, futurs prêtres,
12:29à se préparer à vivre une vie de prêtre
12:35avec un nombre certainement...
12:37Je vous entends qui soupirait à ce moment-là
12:40parce que c'est une charge très lourde.
12:42Oui, de fait.
12:43Les responsabilités que l'on confie aux prêtres
12:45aujourd'hui sont non seulement lourdes,
12:48mais lourdes aussi parce qu'il y a
12:50ce déficit de pratiques religieuses
12:54par rapport à celles qu'avait connues l'Église
12:56il y a plusieurs décennies.
12:59Mais en même temps, je dirais,
13:00pour être porté par l'espérance,
13:03thème de notre jubilé,
13:05il y a ce renouveau que l'on voit à la fois
13:08à travers les demandes nombreuses
13:10de baptêmes d'adultes ou d'adolescents,
13:11d'une part, et puis aussi quand même
13:13un renouveau dans les mouvements religieux,
13:18dans les grands lieux qui drainent
13:20beaucoup de monde aujourd'hui,
13:22comme à Lourdes, Parallemonia, Loaïeur.
13:25Donc je dirais qu'il y a cette renaissance néanmoins.
13:28Il y a pour vous des motifs d'espérance
13:29et je précise aussi, parce que je suis là aussi,
13:32pour expliquer désormais le vocabulaire,
13:34le jubilé, c'est que tous les 25 ans ici,
13:37il y a une année spéciale
13:39et on est au cœur de cette année spéciale au Vatican,
13:41dont le thème était précisément l'espérance.
13:45Jean-Marie Guénois, vous parliez à l'instant
13:46du fait d'avoir peut-être parfois vexé
13:48une église européenne considérée
13:50comme une forme de grand-mère.
13:51Il y a eu un rapport assez particulier aussi
13:53avec la France et là c'est très paradoxal
13:55parce qu'au fond il y a eu trois visites
13:56du pape François en France,
13:57on pourrait s'en réjouir et se dire
13:58il a quand même plutôt privilégié la France,
14:01il n'a jamais été en Espagne,
14:02il n'a jamais été en Allemagne en tant que pape
14:04et pourtant il est toujours venu
14:06mais un peu en marge, mais un peu à côté
14:08sans jamais vouloir vraiment venir
14:10à Paris, à Notre-Dame.
14:12C'est une énigme du pontificat,
14:14c'est aussi un rendez-vous manqué,
14:15il faut le dire,
14:16la France l'attendait,
14:18le pape est venu effectivement
14:19à demi-mesure.
14:23Dans sa perspective,
14:25la France était une,
14:26certes on dit la fille aînée de l'église,
14:27mais surtout la fille gâtée de l'église
14:29parce que tant Jean-Paul II
14:31que Benoît XVI avaient vraiment privilégié,
14:33on peut le dire,
14:34la France par culture,
14:35c'était des francophones,
14:36des francophiles tous les deux,
14:37Benoît XVI parlait un français parfait
14:39quand il s'exprimait.
14:42François est arrivé avec une mentalité
14:44beaucoup plus
14:45de l'hémisphère sud,
14:48regardant la France comme
14:49finalement un pays assez privilégié
14:53et il n'a pas jugé digne
14:56de lui accorder peut-être
14:57toute la connaissance
14:58qui existait avant.
15:00Alors,
15:01il est venu,
15:02il a donné des signaux,
15:04par exemple à Marseille,
15:05la messe dans le salle de l'homme
15:06restera dans toutes les mémoires,
15:08le bon jour la France
15:09a rattrapé pas mal de choses,
15:11un simple sourire a rattrapé des choses,
15:13c'est vrai que sur le plan affectif
15:15ou du cœur,
15:16le pape a donné champ,
15:18il aimait la France,
15:19même s'il n'aimait pas
15:20certains côtés français,
15:21l'arrogance,
15:22l'argentin,
15:23ils sont un peu considérés
15:24comme ceux-là en Amérique latine,
15:26donc il comprend très bien
15:27la mentalité profonde française.
15:29Et puis,
15:30il n'aimait pas le côté colonialiste
15:33de la France,
15:34ça il faut le dire.
15:35Il le disait comme ça ?
15:36Il ne le disait pas comme ça,
15:37mais c'est quand même vrai,
15:38il n'a jamais apprécié
15:40les grands empires
15:42qui mettaient la main
15:42sur les continents entiers,
15:44alors lui en a souffert
15:45comme latino-américain
15:46par rapport aux Etats-Unis,
15:48mais pour ce qui est de la France,
15:49il avait un peu
15:49ce reproche implicite,
15:51même s'il admirait aussi
15:52la spiritualité française,
15:53les grands missionnaires français,
15:55il faut voir qu'au fin du 19ème,
15:57début du 20ème,
15:58c'était des dizaines de milliers
15:59de prêtres français
16:00qui partaient à l'étranger,
16:02tant en Asie qu'en Afrique notamment.
16:04Donc,
16:05il avait à la fois
16:05ce mélange d'admiration
16:07et puis un petit peu
16:09parfois de revanche.
16:10Il était complexe,
16:11on l'a vu sur l'affaire
16:12de Notre-Dame.
16:13Il ne voulait pas,
16:14il était ami du président,
16:15tout en ne voulait pas
16:16concéder ce cadeau
16:17de venir à l'inauguration
16:19de Notre-Dame
16:19puis allant à Ajaccio
16:2015 jours après.
16:21Voilà,
16:21ça c'est tout François,
16:22les paradoxes
16:23qu'on a soulignés tout à l'heure.
16:24C'est un homme
16:25à la fois
16:25de très grande envergure,
16:29de grand cœur
16:30et puis parfois
16:31il envoyait des pics
16:36qui étaient difficiles
16:37à avaler
16:38pour les continents
16:39ou pour les personnes.
16:40Qui désormais
16:40pour lui succéder ?
16:41C'est évidemment la question.
16:42Alors,
16:42on sait très bien
16:43qu'il ne faut pas faire de pari
16:44même si les Italiens
16:44aiment beaucoup les paris
16:45qu'ils vont d'ailleurs,
16:46je crois vraiment parier
16:48comme on parie
16:48sur des matchs de foot,
16:50sur les principaux favoris
16:54de la succession.
16:55Mais qu'est-ce qu'on gardera
16:56de François ?
16:57Qu'est-ce qu'il faudra préserver ?
16:58Et quels sont les gestes
16:59qu'il faudra faire ?
17:00Vous parliez parfois
17:01d'une réconciliation
17:02entre différents continents.
17:04Est-ce qu'il faudra
17:05être attentif à ça ?
17:06Et qui sont les personnalités,
17:07les figures auxquelles vous pensez ?
17:08Je pense qu'il y a d'abord
17:09en objectif,
17:11en priorité,
17:11l'unité de l'Église.
17:12Parce que le pape laisse,
17:13le pape François laisse
17:14une Église divisée,
17:16clivée.
17:17Ça, c'est le premier point.
17:18Deuxième point,
17:18c'est l'identité
17:19de l'Église catholique.
17:20Est-ce que l'Église,
17:21qu'est-ce que c'est
17:22qu'être catholique aujourd'hui ?
17:28La réforme de la curie romaine,
17:30la curie,
17:30c'est l'administration centrale
17:31de l'Église.
17:32Derrière ce mot compliqué,
17:33c'est au fond
17:34le pouvoir sacerdotal.
17:36Excusez-moi mon père.
17:37Mais évidemment,
17:38avec le respect qu'on vous doit,
17:40vous êtes un prêtre remarquable.
17:42Il y a chez François
17:44la volonté que le prêtre
17:45est d'abord un serviteur
17:47et non pas un chef de tribu,
17:48un chef de troupe
17:49qui dirait à chacun
17:50ce qu'il doit faire.
17:51Même si,
17:52et je voudrais qu'on finisse là-dessus,
17:53c'est aussi un chef d'État.
17:56On le disait tout à l'heure
17:56et ça sera particulièrement vrai
17:58au moment de ces obsèques
17:59puisqu'on commence à avoir
18:00le nom de tous ceux
18:03qui seront là.
18:04Le président Emmanuel Macron
18:05a dit qu'il y serait,
18:06mais aussi Donald Trump,
18:07Volodymyr Zelensky.
18:09Est-ce qu'on peut imaginer
18:10que le moment des obsèques,
18:11vous disiez que vous vouliez
18:12l'espérance,
18:13est-ce que ce moment des obsèques
18:14pourrait être une sorte
18:15de grand moment
18:17pour la paix ?
18:20Alors écoutez,
18:20on peut toujours l'espérer,
18:22de fait,
18:22qu'on puisse se retrouver
18:25autour de la dépouille mortelle
18:28du pape François
18:29avec peut-être
18:30des opposants politiques
18:31qui seront là.
18:34Je crois que c'est l'occasion
18:36de se rappeler
18:37ces appels incessants
18:40en faveur de la paix.
18:42Il n'a jamais cessé
18:43d'appeler à la paix.
18:45Et donc,
18:46j'espère qu'une célébration
18:47comme celle
18:48des obsèques
18:50autour de la dépouille
18:51d'un pape mort,
18:51mais qui a beaucoup parlé
18:52et qui a accompli
18:54des signes
18:54assez impressionnants
18:56en faveur de la paix,
18:57de la réconciliation,
18:59la justice sociale,
18:59on l'a appelé.
19:00Espérons que ce grand rassemblement
19:02ne soit pas juste
19:03une cérémonie
19:05sans lendemain,
19:06mais que ça donne
19:07à voir
19:08le signe
19:09d'un homme
19:10qui,
19:11parce qu'il était
19:11pape,
19:15a une répercussion
19:16mondiale
19:17à travers
19:17sa personne,
19:19ses paroles,
19:19ses gestes
19:20et tout ce qu'il a pu
19:21accomplir
19:22pendant ces années.
19:22Est-ce qu'on commence
19:23à en savoir plus
19:24sur ces obsèques,
19:24Jean-Marie Guénois ?
19:25Ça devrait être
19:26vendredi,
19:26samedi,
19:26peut-être lundi ?
19:27Plutôt samedi,
19:27peut-être lundi,
19:28parce qu'il y a un jubilé
19:30des jeunes,
19:31des adolescents
19:31ce week-end.
19:32On le saura très vite
19:34aujourd'hui,
19:34puisque les premiers
19:35cardinaux arrivaient
19:36et se réunissent ce matin
19:37pour en décider.
19:39Maintenant,
19:40on pourra vivre
19:40peut-être quelque chose
19:41comme cette parenthèse
19:42de l'ouverture
19:43de notre train de Paris.
19:44L'Église,
19:44c'est du soft power.
19:50qui ne seraient pas ensemble
19:51de droite,
19:51de gauche,
19:53révolutionnaire,
19:53conservateur,
19:54peu importe.
19:55Et on a vécu ça à Paris.
19:57Moi, je pense
19:57que ça va être pareil.
19:59Ce moment où finalement,
20:00ces chefs d'État
20:00qui se battent
20:01auront au moins
20:02cette parenthèse,
20:03ce moment
20:04qui sera imprimé en eux.
20:05C'est ça,
20:06le soft power.
20:07Ce n'est pas de la conviction.
20:08On ne martèle pas des idées.
20:10On essaie de vous toucher
20:11le cœur, en fait.
20:12Et je crois
20:13qu'on va assister à ça.
20:14Ça va être probablement
20:15très bouleversant.
20:16Et on le vivra,
20:17évidemment,
20:18tous ensemble.
20:18Merci infiniment
20:19à tous les deux.
20:20Jean-Marie Guénois,
20:21rédacteur en chef
20:21chargé des Religions au Figaro.
20:23Votre livre,
20:24Pape François,
20:25La Révolution.
20:25Et vous,
20:26Olivier Derue,
20:26merci aussi.
20:28Vous êtes recteur
20:28du séminaire français d'Europe.
20:30Merci à tous les deux.
20:31Il est 8h53 sur RMC BFM TV.

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