Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • aujourd’hui

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:19Je m'appelle Yann Kermadek. Je suis commandant de gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Sam Davis se lève de son fauteuil et se dirige vers l'unique étagère qui meuble la pièce.
01:06Il s'empare de la petite cafetière posée sur le réchaud.
01:10Au moment où il se verse du café dans une tasse en plastique,
01:14des coups légers sont frappés à la porte qui le font sursauter.
01:17La tasse de café encore fumante entre les doigts, Sam marche vers la porte.
01:24« Monsieur Davis ? » demande l'inconnu.
01:29« En personne ? » répond Sam d'une voix qu'il aurait aimée plus assurée.
01:35Devant lui se tient une femme, grande et belle, dans les 35 ans environ.
01:41Elle entre dans la pièce comme une porteuse d'action entre dans un conseil d'administration.
01:47Elle est soigneusement coiffée, maquillée, elle est vêtue de blanc et à ses oreilles pendent des boucles comme des larmes.
01:55« L'éclat froid des vrais diamants », se dit Sam.
02:00Après avoir refermé la porte, elle s'arrête un instant et parcourt les lieux du regard.
02:05« Monsieur Davis, je suis Carol Nichols.
02:11Vous m'avez été recommandé comme un détective privé très compétent.
02:16Ah oui ? Et par qui ? »
02:19« Par mon notaire, Ed Robbins. »
02:22« Que puis-je pour vous, mademoiselle Nichols ? »
02:25« Je vais essayer de vous expliquer très brièvement. »
02:30« C'est à propos de mon frère. »
02:33Il y a un mois environ, il revenait d'un voyage d'affaires de San Diego.
02:37C'est une longue route, comme vous le savez.
02:40Il s'est endormi au volant de sa voiture en sortant de San Bruno.
02:44Son véhicule s'est mis en travers de la route.
02:46Tout s'est passé très vite.
02:48Une autre voiture arrivait en sens inverse et l'a percuté de plein fouet.
02:52Miraculeusement, Martin, mon frère, n'a rien eu.
02:55Malheureusement, deux des occupants de l'autre voiture,
02:59une femme et une petite fille, ont été tués sur le coup.
03:02Le conducteur de la voiture, un homme nommé Victor Beckman,
03:07s'en est également sorti sans blessure grave.
03:10C'est le mari et le père des deux victimes.
03:13Il est fou de chagrin, ce qui est compréhensible.
03:17Ce qu'il est moins, M. Davis,
03:19c'est que depuis qu'a eu lieu ce regrettable accident,
03:23M. Beckman menace la vie de mon frère.
03:26œil pour œil et autres sottises de ce genre.
03:31La police est-elle au courant de ces menaces, mademoiselle ?
03:35Oui.
03:36Mais il paraît se penser qu'elles sont sans fondement.
03:39Ils ont parlé à ce Beckman et il leur a dit qu'il ne se souvenait pas avoir proféré de telles menaces.
03:45Ils proclament qu'il n'a aucune haine contre Martin,
03:49qu'aucun désir de vengeance ne l'anime.
03:54Vous savez, Mlle Nicole, s'il se peut que, sous le choc,
03:57ce Victor Beckman ait pu devenir fou et parler de vengeance,
04:00mais je ne crois pas qu'il mette ses menaces à exécution.
04:03La douleur l'a égaré.
04:04N'importe qui dans sa situation l'aurait été.
04:07Qu'en pense votre frère ?
04:09C'est justement là où je voulais en venir, M. Davis.
04:12Martin pense que Beckman a tout à fait raison,
04:15qu'il a tous les droits, même celui de lui donner la mort.
04:20Qu'entendez-vous par là, Mlle Nicole ?
04:23Je veux dire par là que mon frère est un homme étrange, M. Davis.
04:27Tenez, pour vous le prouver, je vais vous raconter une petite histoire,
04:31celle du testament.
04:33Notre père est mort il y a quelques mois
04:35et nous a laissé, à Mardin et à moi, de quoi vivre plus que décemment.
04:41Seulement, figurez-vous que mon frère ne veut pas toucher sa part d'héritage.
04:47Non, mais ça n'est pas étrange.
04:49Se dit Sam, c'est complètement idiot.
04:51Moi, j'en veux bien de cet héritage.
04:53Ça m'aiderait à payer toutes mes factures et ma pension alimentaire.
04:57Il reprend.
04:58Mais que voulez-vous de moi au juste, Mlle Nicole ?
05:01C'est très simple, M. Davis.
05:03J'aimerais que vous surveillez mon frère pendant, disons, pendant un mois.
05:09Surveillez votre frère ?
05:10Oui, M. Davis.
05:12Je vous demande de ne pas le quitter d'une semelle pendant quelque temps.
05:15J'ai peur pour lui, vous comprenez ?
05:17Cette histoire l'a rendu un peu fou,
05:19et quelle que soit l'issue des événements, je...
05:22Qu'entendez-vous par « issu des événements », mademoiselle ?
05:27Je vais être franche avec vous, M. Davis.
05:29J'ai peur que mon frère ne tente de se suicider.
05:34Et de toute façon, même s'il ne le faisait pas,
05:37ce serait Beckman qui aurait sa peau.
05:40Croyez pas que vous exagérez, Mlle Nicole ?
05:42Non, M. Davis.
05:44Si vous voulez en avoir le cœur net, faites ce que je vous demande.
05:48Un mois, seulement un mois.
05:50Bien sûr, je vais vous payer.
05:52Ne vous inquiétez pas au sujet de l'argent.
05:53Non, ça n'est pas ce qui m'inquiète, Mlle Nicole.
05:55Le problème, c'est que je suis détective, pas garde du corps.
06:01Carole Nicole le dévisage un peu ironiquement.
06:04Puis elle se penche pour attraper son sac à main posé à terre.
06:07Elle en sort une liasse et négligeamment tend 200 dollars à Sam.
06:13Pensez-vous que cela vous suffira pour commencer votre travail ?
06:17Pour un mois, Mlle Nicole, ça ne suffirait même pas à payer l'essence.
06:22C'est pour une semaine, dit Carole Nicole en souriant.
06:27Ah, alors dans ce cas, je vais voir ce que je peux faire.
06:31Quelle est l'adresse de votre frère, Mlle ?
06:34C'est allé San Antonio.
06:37Oh, vous ne pouvez pas vous tromper, c'est la maison la plus délabrée du coin.
06:40Surtout, M. Davis, je vous demande la plus grande discrétion.
06:44Si mon frère savait que je le fais surveiller, il m'en voudrait terriblement.
06:48Bien, Mlle. Je vous téléphone à la fin de la semaine.
06:55Carole Nicole se lève et, de son pas souple, se dirige vers la porte.
07:01Une fois seul, Sam fouille dans sa poche pour vérifier si les 200 dollars sont encore là,
07:07s'il n'a pas rêvé cette scène.
07:09Eh non, mon petit Sam, tu n'as pas rêvé.
07:12Une petite enquête bien tranquille qui va te rapporter presque 1000 dollars.
07:16Tu es bien le gars le plus chanceux du pays.
07:18Juste au moment où tu commençais à te désespérer, ça te tombe tout cuit dans la bouche.
07:25Davis avale son café froid, enfile sa veste et sort.
07:29Son vieux taco rouge vif l'attend comme un fidèle destrier au bas de l'immeuble.
07:36Il n'est pas loin d'une heure quand il arrive au numéro 7 de l'allée San Antonio.
07:41Il gare sa voiture au bout de l'allée et, bien qu'elle est sur le siège avant, il attend.
07:46La maison est bien telle que l'avait décrite Carol Nichols.
07:51Les peintures des murs sont toutes craquelées et la pelouse n'a pas dû être tondue depuis des siècles.
07:57À deux heures moins vingt, alors que Sam s'apprête à sortir pour acheter un sandwich et une bière au café du coin,
08:02un homme, assez jeune, ouvre la porte de la maison.
08:06« Ah, ça doit être lui », se dit Sam.
08:09Davis bondit hors de la voiture et suit son protégé à la trace en ayant bien soin de laisser une distance raisonnable entre eux.
08:16L'homme paraît jeune, environ trente ans.
08:19Pourtant, sa démarche est celle d'un vieillard.
08:22Sa tête est baissée, il marche en regardant le sol.
08:26« Sans aucun doute, ça doit être Martin Nichols », se dit Sam.
08:29On a l'impression qu'il porte sur ses épaules toute la misère du monde.
08:33Martin Nichols suit l'allée San Antonio, puis tourne à droite.
08:37Il s'engage sur l'avenue de Los Angeles et traverse.
08:40La foule est dense dans l'avenue et Sam craint de perdre de vue son client, aussi presse-t-il le pas.
08:45Puis, il le voit pénétrer dans un bar.
08:49Sam entre quelques secondes derrière lui.
08:52Martin Nichols est debout devant le comptoir, un whisky à la main.
08:57« Ma seule chance », se dit Sam, « serait que j'arrive à entrer en contact avec lui, ainsi je saurais ce qu'il a dans la tête.
09:03Mais j'ai bien l'impression que ça ne va pas être du gâteau.
09:06Ce gars-là m'a l'air complètement emmuré dans sa solitude.
09:09Je vais quand même essayer de trouver un truc.
09:11« Donnez-moi la même chose que monsieur », lance-t-il au barman.
09:16Martin lève aussitôt les yeux sur Sam, esquisse un sourire timide, puis replonge le nez dans son verre.
09:23« C'est un bon début », se dit Sam, « l'alcool unit les êtres ».
09:27« Un bar sympathique, hein ? » dit-il en se penchant vers Martin.
09:32« Vous venez souvent ici ? Moi, c'est la première fois que je viens dans cette ville.
09:36Je ne connais rien ici.
09:37Vous ne pourriez pas m'indiquer un bon petit restaurant, pas trop cher ?
09:40Vous savez, la vie n'est pas toujours rose pour un pauvre représentant de commerce. »
09:45Martin le fixe un instant, le regard vide.
09:49Il semble complètement ailleurs.
09:50Soudain, ses yeux s'éclairent et il dit,
09:53« Vous êtes représentant ? Vous devez faire beaucoup de route, alors ? »
09:57« Ah ben oui, pas mal. Ma maison, c'est ma voiture. »
10:01« Pour moi, » répond Martin, « ma maison est devenue mon cercueil. »
10:06« Ah ben, mon vieux, on peut dire que vous avez le sens de l'humour, » dit Sam en riant.
10:11« Pourtant, c'est la vérité, monsieur. Il m'est arrivé quelque chose d'affreux. »
10:15« Vous voulez que nous en parlions ? »
10:17« J'ai quelques heures devant moi. »
10:19« Allez, venez, je vous emmène déjeuner, là où vous voudrez. »
10:22« Si ça ne vous ennuie pas, oui, j'aimerais vous raconter mon histoire. »
10:25« Je me sens si seul depuis cet accident. »
10:29Dans la salle du restaurant italien,
10:31Martin Nichols raconte le tragique accident survenu quelques mois plus tôt.
10:36Il dit tout à Sam sans rien oublier,
10:39même les menaces que Beckman a proférées contre lui.
10:43Davis essaie de le réconforter.
10:45« Vous savez, je pense que ce Beckman a parlé sous le coup du chagrin.
10:49Dans quelque temps, il aura un peu oublié. »
10:52« J'aimerais, monsieur Davis. »
10:54« J'aimerais que vous ayez raison, mais ça fait des mois que je ne dors plus. »
10:58« Toutes les nuits, je suis réveillé par le téléphone. »
11:01« Une voix me répète que je suis un assassin. »
11:04« Un assassin. »
11:05« Vous entendez, monsieur Davis ? »
11:06« Si ça n'arrête pas, je vais devenir fou. »
11:09« Et c'est une voix d'homme ou de femme qui vous réveille, monsieur Nichols ? »
11:13« Je pense que c'est un homme, mais je ne peux pas vous le certifier. »
11:17« La voix est comme dissimulée. »
11:21« Vous êtes sûr que ce n'est pas un cauchemar ? »
11:23demande Sam, un peu sceptique.
11:26« Venez avec moi à la maison, vous verrez. »
11:28dit Martin.
11:30Sam fait mine de réfléchir, puis très vite accepte la proposition de Martin Nichols.
11:36« D'accord, Martin. Je viens ce soir chez vous, mais avant, j'ai quelques petites affaires à régler en ville. »
11:45Avant de retourner chez Martin Nichols, Davis passe à son bureau.
11:49En chemin, il essaie de démêler un peu toutes les données de cette histoire.
11:54Il ne sait pas pourquoi, mais il éprouve une étrange sympathie pour Martin Nichols.
11:59Il est sûr que l'homme ne lui raconte pas d'histoire.
12:02« Mais qui peut bien être cette voix mystérieuse ? » se demande-t-il.
12:07« Qui aurait intérêt à le rendre fou, ce pauvre gars ? »
12:12« Beckman ? »
12:15Vous le saurez dans quelques instants
12:17si le détective privé Samuel Davis découvre le nom
12:21qui se cache derrière la voix mystérieuse et anonyme.
12:32Au départ, le détective privé Sam Davis
12:36se voit confier une tâche assez simple.
12:39Surveiller le frère de sa cliente, Carol Nichols.
12:43Celui-ci vient de tuer dans un tragique accident de voiture
12:46la femme et la fille d'un certain Beckman.
12:50Mais tout se complique quand Sam découvre que Martin Nichols
12:53n'est pas exactement l'homme que sa sœur a décrit.
12:58C'est un homme véritablement menacé.
13:02Une fois dans son bureau, Sam décroche son téléphone
13:05et appelle les renseignements.
13:07« Allô, mademoiselle, s'il vous plaît,
13:09pourriez-vous me donner le numéro de téléphone
13:11d'un certain Harry Beckman ? »
13:14« Oui, oui, j'attends, oui. »
13:16« Oui ? »
13:18« 252 49 17. »
13:20« Merci, mademoiselle. »
13:21« Donnez-moi son adresse aussi, s'il vous plaît. »
13:25« Très bien, merci. »
13:28Sam jette un coup d'œil à sa montre.
13:29« Bon, bientôt 7 heures, j'ai juste le temps de rendre une petite visite à Beckman. »
13:35« Ensuite, je file chez Nichols. »
13:39Harry Beckman habite une jolie maison de Stanford Avenue, à l'est de la ville.
13:44Au premier coup de sonnette, Sam entend le pas lourd d'un homme derrière la porte d'entrée.
13:48« Oui, que désirez-vous ? »
13:52lui demande le gros homme chauve à lunettes.
13:55« Monsieur, je suis un ami de Martin Nichols.
13:59Est-ce que je pourrais vous parler une petite minute ?
14:01Je ne vous retiendrai pas longtemps. »
14:04« Entrez, » dit Harry Beckman.
14:07Sam suit Beckman dans le long couloir sombre,
14:11et ce dernier le précède dans le salon.
14:13« Asseyez-vous, monsieur, monsieur. »
14:17« Samuel Davis. »
14:18« Que puis-je pour vous, monsieur Davis ? »
14:22« Monsieur Beckman, je sais quels tragiques événements vous avez vécu,
14:27mais j'aimerais savoir une chose, cependant.
14:29Mon ami Martin Nichols s'est bouleversé, lui aussi, par ce qui s'est passé,
14:34mais il ne peut être tenu responsable à 100% de cet accident tragique,
14:39et qu'il tient pour responsable, monsieur Davis. »
14:44« Non, mais je sais que vous l'avez menacé à plusieurs reprises, monsieur,
14:47et il m'a dit qu'une voix le réveillait chaque nuit au téléphone en le traitant d'assassin. »
14:52« Ce n'est pas moi, monsieur Davis. »
14:55« Je vais vous dire une bonne chose. »
14:57« Vous êtes son ami. »
14:59« Moi, depuis ce jour-là, je n'ai plus d'amis, plus de famille, plus rien. »
15:04« J'ai sans doute menacé monsieur Nichols un jour, le premier jour,
15:08mais c'est fini tout ça. Je suis seul maintenant, seul avec mon chagrin.
15:14Et j'ai compris que la mort de Martin Nichols ne me rendrait pas
15:19ni ma femme, ni ma petite-fille. »
15:23« Voilà, monsieur Davis, je crois que je vous ai tout dit. »
15:27« Oui. »
15:28« Bien, monsieur Beckman, pardonnez-moi de vous avoir dérangé. »
15:33« Au revoir et courage. »
15:37À huit heures moins le quart, Sam frappe à la porte de Martin Nichols.
15:41Celui-ci en le voyant ensemble heureux.
15:43« Oh, c'est vous. Je suis content que vous soyez venu. »
15:46« J'ai préparé à dîner. Vous allez attendre avec moi, n'est-ce pas ? »
15:49« Oui, oui, Martin, je vais attendre avec vous, je vous l'ai promis. »
15:53Il dîne paisiblement et en bavardant.
15:56Mais Sam sent bien que Martin est nerveux,
15:59comme quelqu'un qui attend quelque chose.
16:01À une heure, Nichols sursaute.
16:04« C'est l'heure, monsieur. C'est toujours à une heure du matin que le téléphone sonne.
16:08Tenez, prenez l'écouteur. »
16:10Sam s'exécute.
16:12Il attend près d'une demi-heure, mais rien ne vient.
16:15« Attendez encore, attendez encore. »
16:18Il va téléphoner. Je vous jure que c'est vrai.
16:20Vous me croyez, monsieur Davis, n'est-ce pas ? Vous me croyez ? »
16:24Sam n'y croit plus du tout.
16:25Et pourtant, il essaie de rassurer Martin Nichols.
16:29Il lui promet de revenir le lendemain soir.
16:33Et pendant une semaine, il est là chaque soir et il attend avec lui, en vain.
16:40Le téléphone n'a pas sonné une seule fois pendant toute cette semaine.
16:44En quittant la maison de celui qui est devenu son ami, Sam est convaincu d'une chose ce soir-là.
16:53Beckman, ni qui que ce soit d'autre, n'est pour rien dans cette affaire.
16:59Carol Nichols avait raison à propos de son frère.
17:02C'est un homme étrange.
17:04« Bon sang ! » se dit Davis en rentrant chez lui à trois heures du matin.
17:09Il se sent tellement coupable qu'il voudrait payer d'une manière ou d'une autre.
17:13C'est d'un bon psychiatre qu'il aurait besoin, non pas d'un pauvre privé comme moi.
17:19Bon, dès demain, j'irai voir sa sœur et je lui dirai ce que j'en pense.
17:21En tout cas, pour moi, c'est fini.
17:25Le lendemain, à six heures, Sam Davis monte dans sa voiture et se rend à la demeure de Carol Nichols
17:30pour lui faire le compte-rendu de la semaine qu'il vient de passer avec son frère.
17:35Il n'y a aucune place pour se garer.
17:37Aussi, il est obligé d'aller un peu plus loin dans la rue.
17:41À peine a-t-il entamé le virage, qu'il aperçoit dans son rétroviseur une silhouette qui redescend l'allée.
17:47« Mais que vient faire Beckman chez Carol Nichols ? » se demande-t-il.
17:53Oui, le mieux, ce sera d'interroger l'intéressé.
17:56Je suis sûr que la divine demoiselle Nichols pourra éclairer ma lanterne.
18:01Pense-t-il en sonnant à sa porte.
18:03« Oh, monsieur Davis, vous venez au rapport ? »
18:07« Tout juste, mademoiselle. »
18:09« Alors, quel est votre verdict pour cette première semaine ? »
18:14« Je crains fort, mademoiselle Nichols, que vous n'ayez raison.
18:17Votre frère a été bouleversé par cette histoire. »
18:22Et Sam fait le récit minutieux de la semaine qu'il a passé auprès de Martin,
18:27des coups de fil manqués de sa visite à Beckman.
18:30« Mademoiselle Nichols, si j'ai un conseil à vous donner,
18:34c'est de faire soigner votre frère par un bon psychiatre. »
18:39Carol Nichols l'écoute attentivement, puis elle dit
18:42« Mais c'est terrible ce que vous me racontez, monsieur Davis.
18:46« Vous prétendez que mon frère est fou. »
18:48« Non, non, je n'ai pas dit ça, mademoiselle. »
18:50« J'ai dit que je croyais que le mieux, ce serait de le faire suivre par un médecin et pas par un détective. »
18:58« Alors vous abandonnez ? » demande-t-elle.
19:01« En quelque sorte, oui, mademoiselle. »
19:06« Bien, monsieur Davis. Combien vous dois-je alors ? »
19:10« Mais rien. Vous avez déjà réglé ma semaine.
19:13J'aimerais juste que vous répondiez à une petite question, mademoiselle.
19:17Que venait faire Beckman chez vous tout à l'heure ? »
19:20« Beckman ? »
19:22« Ah oui, monsieur Harry Beckman ! »
19:25Le pauvre homme, il était simplement venu me dire qu'il allait quitter la ville.
19:29Il voulait s'excuser auprès de moi et de Martin.
19:32Il m'a dit que personne n'était responsable dans cette histoire,
19:36que c'était le destin et puis d'autres choses encore.
19:41Sam hoche la tête.
19:43Il est sûr et certain qu'elle ment.
19:46Sa manière de parler, ses gestes.
19:50Mais il ne dit rien.
19:52« Bien, mademoiselle Nichols, j'ai été très heureux de vous rencontrer
19:56et encore plus heureux de travailler pour vous et pour votre frère. »
20:00« Au revoir, monsieur Davis.
20:01Qui sait, nous nous reverrons peut-être un de ces jours. »
20:04« Qui sait ? »
20:05« Ne m'accompagnez pas, mademoiselle, je trouverai le chemin. »
20:10Au moment d'ouvrir la porte d'entrée,
20:12Sam entend le déclic d'un téléphone qu'on décroche.
20:17Animé par une soudaine curiosité,
20:19il fait mine de refermer la porte d'un coup sec
20:22et il se cache derrière la porte de la pièce où se tient Carol Nichols.
20:26« Je me demande à qui elle peut bien téléphoner. »
20:31Elle m'a semblé bien nerveuse à propos de Beckman.
20:34« Attendons voir. »
20:37« Allô, mon chéri ? »
20:39Dit-elle d'une voix que Sam a du mal à reconnaître.
20:42« Ça y est, enfin, cet idiot de détective vient de sortir.
20:46Il est tombé en plein dans le panneau.
20:48Il est persuadé que mon frère est fou.
20:50Il est devenu, sans le savoir, le témoin principal du suicide de Martin.
20:54Quand la police lui demandera si mon frère avait des tendances suicidaires,
20:57que voudras-tu qu'il réponde ?
20:59Sinon, oui, c'est trop comique, n'est-ce pas ?
21:02« Beckman ? »
21:03« Oui, lui aussi est venu me voir. Ce sera réglé tout à l'heure.
21:07Le pauvre chéri est tellement amoureux de moi qu'il fera n'importe quoi.
21:11D'ailleurs, ça a failli tourner au vinaigre.
21:14Davis, le détective, l'a vu sortir d'ici.
21:17Il a commencé à me poser des questions.
21:18Enfin, je crois que je me suis très bien débrouillé.
21:21Tu peux être fier de moi.
21:23Bientôt, nous serons riches.
21:25À demain, mon amour. »
21:28« Mon Dieu ! »
21:30se dit Sam.
21:31Ainsi, Martin avait raison.
21:36En quelques secondes, Sam a refermé la porte derrière lui
21:39et il est au volant de sa voiture.
21:41Il roule à plus de 140 à l'heure.
21:42« Mon Dieu, mon Dieu ! Faites que je n'arrive pas trop tard ! »
21:45En cinq minutes, il est devant la maison de Martin.
21:48À peine est-il descendu de la voiture qu'il entend un coup de feu retentir.
21:51Il se précipite aussitôt et s'engouffre dans la maison.
21:54« Beckman, ne faites pas ça ! Je vous en supplie !
21:57Vous avez été un jouet entre les mains de cette femme ! »
22:01Le spectacle qui l'attend est horrible.
22:04Harry Beckman, la tête ensanglantée, est étendue à terre.
22:11Martin Nichols, les mains attachées à une chaise, a les yeux fixes.
22:15Le visage blême.
22:17« Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »
22:20dit Sam en dénouant ses liens.
22:22« Mais répondez, Martin ! Vous m'entendez ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »
22:26Martin Nichols lève les yeux vers lui et, peu à peu, semble reprendre connaissance.
22:32Il parle en tremblant.
22:33« Il est arrivé et m'a dit que j'étais un assassin, qu'il fallait que je paye pour ce que j'ai fait.
22:40Il avait un revolver.
22:41Moi, j'avais peur.
22:42Il m'a attaché sur cette chaise et a braqué l'arme contre ma tempe.
22:46J'ai cru qu'il allait tirer, mais tout d'un coup, je l'ai vu retourner l'arme contre lui.
22:50Après, je ne me souviens de rien. »
22:53« Il n'a rien dit d'autre ? »
22:55« Si, si.
22:57Il a parlé d'une femme.
22:59Il disait qu'il l'aimait
23:00et qu'il ne pourrait être heureux que quand je serai mort. »
23:04« Attendez-moi, je vais prévenir la police et votre sœur. »
23:09La police est là en quelques minutes, peu de temps avant Carol Nichols.
23:13À la vue du corps ensanglanté de Beckman, elle devient comme folle.
23:17« Mais c'est impossible ! »
23:18« Il m'avait dit qu'il le ferait.
23:21Il m'avait dit qu'il descendrait.
23:22C'est un baisile.
23:23Mon Dieu, c'est impossible ! »
23:25Elle éclate en sanglots.
23:26« Je crois qu'il est temps de parler, mademoiselle Nichols, »
23:30dit Sam en s'approchant d'elle.
23:32« C'est à cause de lui ! »
23:34crie-t-elle en désignant Martin.
23:36« Il ne voulait pas toucher à l'héritage
23:37et moi, je ne pouvais rien faire tant qu'il ne se décidait pas. »
23:40« Vous comprenez ? »
23:41« C'était la dernière volonté de mon père.
23:42Il lui avait tout légué.
23:44C'était lui, Martin, qui devait faire le partage.
23:46Mais cet idiot voulait tout donner à des œuvres charitables.
23:50Vous ne trouvez pas ça drôle ? »
23:52« Si, mademoiselle Nichols.
23:55Je trouve ça très drôle. »
24:02Vous venez d'écouter « Au cœur du crime »,
24:05un podcast issu des archives d'Europe 1.
24:08Réalisation, Julien Tarot.
24:10Production, Romy Azoulay.
24:13Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova et Antoine Reclus.
24:18Promotion, Marie Corpé.
24:20« Au cœur du crime » est disponible sur le site et l'appli Europe 1.
24:24Écoutez aussi l'épisode suivant
24:26en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute.
24:29« Au cœur du crime » est disponible sur le site.
24:32Sous-titrage Société Radio-Canada
24:33« Au cœur du crime » est disponible sur le site.
24:34Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations