Un lycéen a poignardé quatre élèves ce jeudi 24 avril dans l'établissement scolaire Notre-Dame-de-Toutes-Aides à Nantes en milieu de journée. Trois élèves ont été blessés, dont un lourdement. La quatrième victime a succombé à ses blessures. À travers un communiqué de presse, le Premier ministre François Bayrou "en appelle à un sursaut collectif" face à la "violence endémique" dans "une partie de notre jeunesse".
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00:00Vous allez nous en parler, Christophe Barbier, c'est votre choix du 20h BFM.
00:04Quelques heures après ce drame, les ministres de l'Intérieur et de l'Éducation se sont donc rendus sur place
00:08et le Premier ministre a réagi.
00:10Oui, il a réagi. Il a réagi en rappelant que son but, c'était d'assurer la sanctuarisation de l'école.
00:14Aucun danger ne doit y rentrer.
00:16Et puis surtout, il a annoncé un plan.
00:17Ou plutôt, il a annoncé la préparation d'un plan
00:20en expliquant qu'il voulait des propositions concrètes sous quatre semaines
00:24pour endiguer ces violences avec des armes blanches.
00:27Il a missionné pour cette opération.
00:30Naïma Moutchou, c'est-à-dire c'est une vice-présidente de l'Assemblée nationale,
00:32donc c'est une parlementaire éminente.
00:33C'est une proche d'Edouard Philippe, donc ça a aussi un sens politique.
00:37Et puis, il lui associe un préfet, donc pour articuler les moyens de l'État.
00:42Le but, c'est aussi d'analyser les meilleures solutions disponibles à l'étranger.
00:46C'est-à-dire qu'il va aller chercher des exemples à l'étranger de sociétés
00:49qui ont été confrontées à cette dérive vers les armes blanches.
00:52Il n'y avait pas déjà un plan au cours ?
00:53Eh si, il y avait un plan.
00:54Elisabeth Borne avait fait des annonces.
00:56C'était sur BFM TV, c'était il y a deux mois.
00:59Et ça résonne aujourd'hui un peu comme un plan déjà dépassé.
01:02Écoutons Elisabeth Borne.
01:04Moi, je vais d'abord modifier le code de l'éducation
01:07pour que quand on a un port d'armes blanches au sein d'un établissement,
01:13on ait systématiquement, que l'élève passe systématiquement devant un conseil de discipline
01:18et qu'on ait systématiquement un signalement au procureur.
01:21Moi, je souhaite qu'on puisse, avec le préfet, le procureur, le représentant de l'éducation nationale,
01:29pouvoir organiser régulièrement des fouilles de sac à l'entrée des établissements.
01:34On a appris tout à l'heure que pour le ministre de l'Intérieur, il y avait un bilan déjà de quelques milliers de fouilles réalisées.
01:40Oui, c'est ça.
01:41Mais on n'a pas le résultat concret.
01:43Est-ce que ça a été efficace ?
01:44Et surtout, est-ce que ça a été dissuasif ?
01:45Est-ce que les jeunes se disent que nous n'apporteraient plus un couteau ?
01:47Certains vont plus loin.
01:48Laurent Wauquiez en a fait un cheval de bataille dans sa région.
01:51Et je pense que vos collègues d'Auvergne-Rhône-Alpes le savent.
01:53Il voulait équiper, ça démarre en 2016, les lycées de portiques de détection de métaux, comme dans les aéroports.
01:59C'est devenu surtout des portiques pour filtrer ceux qui rentrent.
02:03Certains de ces portiques sont équipés de badges.
02:05Il y a eu aussi des aménagements de sas hermétiques.
02:08Il y a des loges de concierge de lycées qui ont été modifiées.
02:11A l'époque, il s'agissait surtout de prémunir les lycées contre une attaque terroriste.
02:15L'infiltration d'un terroriste, un peu comme Mohamed Merah était rentré dans une école à Toulouse.
02:20Et il en a fait évidemment une victoire politique, Laurent Wauquiez,
02:23en expliquant qu'il était fier de ce qui avait été fait en Auvergne-Rhône-Alpes.
02:27Il est vrai que fin 2023, 272 des 305 lycées de la région avaient été équipés
02:32pour un montant de 102 millions d'euros investis.
02:36Donc oui, il a creusé cette veine politique, cette veine sécuritaire.
02:40Mais ça ne couvre pas l'aspect psychologique d'aide, d'assistance aux jeunes que vous évoquiez tout à l'heure.
02:46Est-ce qu'on peut s'attendre à d'autres propositions, à une surenchère ?
02:49On est déjà dans d'autres propositions.
02:51En 2024, avant de quitter la région pour devenir député,
02:53Laurent Wauquiez a engagé sa collectivité dans l'usage de l'intelligence artificielle,
02:59couplé des systèmes de reconnaissance avec les caméras de vidéosurveillance.
03:03Pourquoi ? Pour avoir une vigilance algorithmique qui permet de détecter toute une série de phénomènes anormaux.
03:08Parmi ces phénomènes, la présence d'une arme ou bien une personne au sol
03:13qui aurait pu être agressée ou qui aurait pu être blessée.
03:16C'est pour l'instant au stade expérimental.
03:18Attention, on sait que du côté de la CNIL ou de la justice,
03:21on peut être sceptique sur l'utilisation de ces logiciels.
03:24Ce n'est pas un fait divers, mais un fait de société, dit Bruno Retailleau.
03:28Est-ce que c'est le cas ?
03:28On peut dire que c'est un fait de société, à condition de ne pas en faire une récupération politique.
03:32Or, dire que ce n'est pas un fait divers, mais un fait de société,
03:35parler d'en sauvagement comme il le fait, c'est emprunter au lexique de la droite de la droite,
03:40voire de l'extrême droite.
03:41On a vu surgir notamment ces expressions après le drame de Crépole,
03:45la mort du jeune Thomas, là aussi un coup de couteau à la sortie d'une fête de la jeunesse.
03:50Et ces thèmes-là, ils sont très ancrés à droite.
03:52Notamment, en sauvagement, ça a été repris par un ouvrage,
03:56La France orange mécanique de Laurent Oberton,
03:58qui décrivait une France qui allait vers de moins en moins de sécurité.
04:03Alors, c'est quand même un fait de société,
04:05cette idée que les armes blanches sont de plus souvent présentes dans les rixes entre jeunes.
04:10Entre février 2024 et février 2025, plus 15% de signalement.
04:15C'est un fait de société aussi quand on a des morts très réguliers.
04:18On a eu à Nanterre, à Bagneux, à Paris, à Nîmes, à Aubagne,
04:22ces derniers mois, des morts, pas à l'école, pas dans l'école,
04:25mais toujours entre jeunes et souvent dans l'environnement parascolaire.
04:28Donc oui, il y a quelque chose qui est du phénomène de société.
04:30Et puis, l'attaque au couteau, la bagarre au couteau, ça a un sens plus profond.
04:34Parce que ça devient tout de suite dangereux.
04:36Dès qu'il y a une arme blanche, c'est plus dangereux évidemment qu'une rixe à poing nu.
04:39Et ça renvoie aussi à une certaine mythologie de la violence.
04:43Thibault, assassiné dans Roméo et Juliette,
04:45c'est des jeunes qui dégainent leur arme blanche.
04:48Ça donne aussi la bagarre au couteau très célèbre de West Side Story.
04:51C'est inscrit dans l'histoire de la violence.
04:53Et ce qu'on craint, c'est que ce phénomène de société en précède un autre.
04:57Et qu'on passe après à l'arme à feu dans l'école.
04:59C'est le syndrome de Columbine, du nom de ce lycée du Colorado,
05:02où en 1999, il y avait eu un massacre.
05:05Ça a donné Bullying for Columbine, le film de Michael Moore,
05:08qui dénonçait toutes les dérives d'une société.
05:10Et notamment, des évolutions psychologiques dans les familles et chez les jeunes.
05:14Et là, on rejoint, monsieur le proviseur, votre souci de tout à l'heure.
05:18Alors contre cela, contre cette dérive,
05:19la meilleure protection peut-être en France, c'est la culture de l'arme à feu.
05:22Nous n'avons pas le laxisme américain.
05:24L'arme à feu n'est pas banale, elle n'est pas courante.
05:26Avec un couteau, on tue.
05:28Avec un fusil mitrailleur dans un lycée,
05:30c'est évidemment tout de suite un massacre.