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Il y a un peu plus de 80 ans, de 1942 à 1944, la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), comprenant plus de 6000 hommes, fut envoyée en Biélorussie pour lutter contre les partisans soviétiques. Elle y a commis des massacres contre la population. Ces atrocités sont peu connues, car elles n'ont pas été étudiées en profondeur par les historiens français. Grâce à un film amateur inédit doublé d'un cahier intime, ce documentaire fait la lumière sur sur un épisode tragique et oublié de la Seconde Guerre mondiale.

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00:00C'était il y a 81 ans, dans l'URSS occupée par les nazis.
00:23Tout le village a été incendié, ils ont tout brûlé.
00:26De 1941 à 1945, les troupes d'Hitler et leurs alliés européens ont multiplié les crimes contre les civils.
00:41Ils nous ont jetés dehors et ont mis le feu. Ils ont tué mon père, on est restés seuls.
00:50C'est là qu'ils les ont brûlés vifs.
00:56Des crimes de masse, d'une ampleur inimaginable.
01:02C'était les unités de représailles, ils ne laissaient rien passer.
01:07Parmi les alliés des Allemands, on l'oublie souvent, se trouvaient des Français.
01:11Ils appartenaient à la LVF.
01:20Légion des volontaires français contre le bolchevisme.
01:25Eux aussi ont participé aux crimes, et leur histoire n'a jamais été racontée à la télévision.
01:29L'un d'entre eux, cet homme à droite, s'appelle Hugo Ramaciotti.
01:37Engagé volontaire en 1941, il a tenu un journal intime et filmé avec sa caméra personnelle.
01:46Des documents découverts par hasard et que sa famille nous a confiés.
01:49C'est par ses yeux, ses impressions tourmentées, que nous allons raconter leur histoire.
02:00Son témoignage, exceptionnel et inédit, nous instruit sur les atrocités commises contre de simples civils,
02:07au nom de la défense de la civilisation.
02:09Ces soldats appartenaient à l'armée d'Hitler, et ils étaient Français.
02:27Tous volontaires, ils ont prêté serment au fureur et porté l'uniforme de l'ennemi.
02:33Un écusson tricolore cousu sur la manche droite.
02:35Alors que la France était occupée par l'Allemagne nazie,
02:41ils ont été envoyés sur le front de l'Est et ont constitué le 638ème régiment de la Wehrmacht.
02:47Pour protéger l'Europe du communisme, disait-il.
02:52On les a longtemps considérés, un peu vite, comme des soldats sans importance.
02:57Mal formés, mal commandés, on les estime à 6 000 sur la durée de la guerre.
03:02Un petit contingent par rapport aux autres volontaires européens.
03:09Très loin des 800 000 Russes et 250 000 Ukrainiens recrutés sur place,
03:13ou des 47 000 Espagnols envoyés par Franco.
03:15L'histoire de ces Français a commencé à l'été 1941,
03:25lors de l'opération Barbarossa,
03:27quand Hitler a lancé son armée,
03:303 millions et demi de soldats,
03:31à l'assaut de l'URSS.
03:32Un mois après le début de l'attaque,
03:40les partis collaborationnistes parisiens se sont réunis au vélodrome d'hiver,
03:44pour réclamer la participation de la France à l'offensive.
03:46Ils n'ont jamais fait partie de l'armée française.
04:16La LVF est une association militaire privée,
04:21de type loi 1901,
04:23soutenue par l'ambassade d'Allemagne,
04:25Pierre Laval,
04:26et le maréchal Pétain.
04:29« Vous détenez une part de notre honneur militaire »,
04:32leur dira le chef de l'État depuis Vichy.
04:33La moitié seulement des candidats ont été retenus.
04:43Parmi eux, des aventuriers,
04:46des petits voyous aussi.
04:48Certains tripleront leur salaire.
04:51Des ambitieux.
04:52Il y a aussi ces idéologues,
04:56qu'on appelle idéalistes à l'époque,
04:58comme Jacques Doriot,
05:00le chef du PPF,
05:02celui qui parlait à la tribune.
05:03Pour l'opinion française,
05:13ce sont des traîtres.
05:15C'est de nuit, presque en cachette,
05:17que le premier contingent
05:18a quitté la caserne de la LVF à Versailles,
05:21pour aller se battre en Russie.
05:22Les voici, en route vers l'Est,
05:33filmés avec la caméra d'Ugora Mazzotti,
05:36toujours à droite.
05:40« Nous partons pour participer
05:41à la victoire de l'Europe nationale socialiste »,
05:44écrit le caméraman amateur.
05:48Affecté comme infirmier
05:50au premier bataillon de la LVF,
05:51il ne se doute pas
05:53qu'ils seront bientôt entraînés
05:54dans la répression contre les habitants.
06:03Dans sa propre famille,
06:05son engagement n'est pas compris.
06:08Et c'est toujours le cas,
06:0980 ans plus tard,
06:11quand nous rencontrons à Paris
06:13son fils Hugues,
06:147 ans à l'époque.
06:18Avec lui, nous avons visionné les films
06:19et lu les lettres de son père,
06:21mort sur le front en 1944.
06:23du tout.
06:31Bon, ben,
06:33voilà la carte qu'il m'a écrit
06:35donc deux mois avant de mourir.
06:38« Sois un homme fier,
06:45courageux, fort et franc,
06:48et en horreur le mensonge.
06:51Par ce moyen,
06:52tu te prépareras à être un jour
06:54un homme droit.
06:57Je compte sur toi.
06:59Je t'embrasse bien fort.
07:00Mon petit Hugues,
07:01à bientôt.
07:06Tu sais,
07:06le maréchal Pétain disait
07:08« Travail, famille, patrie ».
07:10Hein ?
07:11Ben, j'aurais bien voulu
07:12que mon père
07:13fasse passer la famille
07:15avant les idéaux.
07:17La famille, la patrie.
07:18J'ouvre les...
07:21J'ouvre les...
07:21Hugo Ramacciotti,
07:31soldat atypique à la LVF
07:33et pétri de contradictions.
07:39Il est né en 1908
07:40dans une famille italienne
07:41et a passé son enfance en Égypte,
07:44élevé dans une école catholique.
07:45Puis il est venu à Paris
07:49faire ses études à HEC
07:50et s'est marié à une Française,
07:53Anne.
07:55Petit patron dans l'industrie du café,
07:58il se considère comme plus français
08:00que les Français eux-mêmes.
08:04La France, pour lui,
08:05c'était tout.
08:09Et il faut imaginer
08:11la déception que ça a été,
08:12la catastrophe,
08:13lorsque la France
08:15a perdu la guerre
08:16face à l'Allemagne.
08:21Ensemble,
08:22le père et le fils
08:23ont assisté
08:23à l'entrée des Allemands
08:24dans Paris en 1940.
08:30En voulant traverser
08:31l'avenue Foch,
08:32on a vu des troupes allemandes
08:34qui défilaient.
08:36Je n'ai pas pu empêcher
08:37de me leur tirer la langue
08:38et mon père m'a grondé
08:41parce qu'il dit
08:42on va avoir des ennuis.
08:43mais il était,
08:46comme moi,
08:48c'était affreux pour lui
08:49de voir cela.
08:54De manière inexpliquée,
08:56il va basculer
08:57dans le camp des Allemands.
09:00Ils étaient magnifiques.
09:01Ils étaient impressionnants.
09:03Ils donnaient l'impression
09:04d'une force
09:05énorme.
09:07alors mon père
09:09a peut-être changé
09:10d'avis
09:11à cause de cela.
09:17En réalité,
09:19ce fervent chrétien
09:19est avant tout
09:20un anticommuniste.
09:21Mon père parlait
09:24tout le temps
09:24de la croisade
09:25anti-bolchevique.
09:27C'était la grande idée,
09:27le mot croisade
09:28qui se réfère
09:31à une guerre chrétienne.
09:36Pour lui,
09:37la Russie soviétique,
09:38c'était le diable.
09:40C'était le monstre
09:41à détruire.
09:42Il était avant tout
09:43très catholique.
09:44La Russie soviétique
09:47était nettement
09:48anti-catholique.
09:51C'est comme ça
09:52qu'il la voyait
09:52en tous les cas.
10:00En décembre 1941,
10:03trois mois
10:03après son engagement,
10:05Ramadziotti
10:05a participé
10:06au sein de la LVF
10:07à la bataille de Moscou
10:08par moins 40 degrés.
10:10Un échec
10:14pour les troupes d'Hitler.
10:17Et notamment
10:18pour ces Français
10:18qui se sont approchés
10:19de la capitale russe
10:20sans réussir à percer.
10:30Il était persuadé
10:31de gagner la guerre
10:33en deux mois.
10:34Que les Allemands
10:35allaient battre
10:36l'URSS
10:37comme ils avaient battu
10:37la France.
10:40Et en janvier 1942,
10:43il écrit dans ses carnets
10:44« On a été arrêté
10:45par l'hiver.
10:47Au printemps,
10:49les combats
10:49vont reprendre.
10:51Dans deux mois,
10:51c'est terminé. »
10:56Mais au printemps 1942,
11:02rien n'est terminé.
11:04Au contraire.
11:07Et pour la LVF,
11:08un nouveau combat commence.
11:11Plus rien à voir
11:11avec la guerre classique.
11:15Avec ses camarades,
11:17Hugo Ramazzotti
11:17est envoyé
11:18à 200 kilomètres
11:19en arrière du front.
11:21En Biélorussie,
11:23une république soviétique
11:24conquise un an plus tôt
11:25par les armées d'Hitler.
11:29Il s'installe
11:30dans plusieurs villages,
11:31dont Murovo,
11:33au bord de la Bérezina.
11:34non loin de l'endroit
11:36où Napoléon
11:37et sa grande armée
11:38sont passés
11:38lors de la retraite
11:39de Russie
11:40en 1812.
11:44C'est ici,
11:46à 2000 kilomètres
11:47de la France,
11:47que tout va dégénérer.
11:48La LVF
11:51a pour mission
11:51de lutter
11:52contre les maquis soviétiques
11:53cachés dans les forêts
11:55autour du village.
12:00Curieusement,
12:01à leur arrivée,
12:02les Français
12:03sont plutôt bien accueillis.
12:10Nous logeons
12:11chez l'habitant.
12:12De nombreux gosses
12:16et des paysannes
12:17nous amènent
12:18des fraises
12:18et des myrtilles
12:19en échange
12:20de pain
12:20ou de savon.
12:24Je contemple
12:25la beauté
12:26de leurs yeux
12:26aux longs cils
12:27et le teint rouge
12:29et blanc
12:29de leur visage.
12:34Notre hôtesse
12:35nous annonce
12:35que quelques jours
12:36plus tôt,
12:37les partisans
12:38ont tué son frère
12:38après avoir
12:40volé une vache.
12:42Depuis qu'ils ont
12:48pris le maquis,
12:50les partisans
12:51n'hésitent pas
12:51à réquisitionner
12:52de la nourriture
12:52dans le village.
12:54À Mirovo,
12:5580 ans après les faits,
12:58nous rencontrons
12:58Anna Petrovna,
12:5912 ans à l'époque.
13:02Pour elle,
13:03l'arrivée des Français
13:04en 1942
13:05est tombée à pic.
13:10Les partisans
13:11nous avaient pris
13:11des cochons,
13:12des moutons.
13:14Ils devaient se nourrir
13:14dans la forêt.
13:18C'était avant
13:18l'arrivée des Français.
13:23Toute petite,
13:24j'ai dû m'allonger
13:25contre une brebis.
13:27On s'est caché
13:27des partisans
13:28pour qu'ils ne la prennent pas.
13:31Nous l'avons égorgée
13:33nous-mêmes
13:34pour la manger.
13:34Ils étaient gentils,
13:38les Français.
13:39Trop gentils.
13:41S'ils pouvaient être
13:42toujours là,
13:42ce serait bien.
13:46Un intérêt bien compris
13:47qui touche même
13:49certaines familles
13:50de partisans.
13:52Au village voisin
13:53de Tchernivici,
13:55Irina Nikolaevna,
13:57bien que fille
13:57de résistants,
13:59semble apprécier
13:59certains soldats
14:00de forces d'occupation.
14:09Parfois,
14:09ils apportaient
14:10de la nourriture,
14:11leur reste,
14:13et on parlait.
14:17Des relations paisibles,
14:18temporairement.
14:22Qu'est-ce que
14:23je peux dire d'autre ?
14:30À Bosovo,
14:34il y avait
14:34un médecin allemand.
14:37Mon grand frère
14:38lui a amené
14:39mon petit frère
14:40car il avait
14:40une inflammation
14:41sur le bras.
14:45On lui a mis
14:46le pansement
14:47de la pommade
14:48et le bras
14:48a guéri rapidement.
14:55Les Français
14:55emmenaient
14:56les filles
14:56en promenade.
14:59Certains
14:59parlaient russes.
15:00le soir,
15:03on dansait.
15:05On courait
15:06à ces soirées.
15:08Ils nous offraient
15:08des harmonicas.
15:14C'était bien.
15:15Une soirée
15:16presque chaque jour.
15:22Pour les soldats
15:23de la LVF,
15:25la belle vie.
15:30ils semblent
15:31des êtres humains,
15:32normaux,
15:33comme nous.
15:37Mais les fascistes,
15:40c'est les fascistes.
15:42Et les soldats,
15:43c'est les soldats.
15:51Pacifique dans la plupart
15:52des villages
15:53où ils s'installent,
15:54les soldats français
15:55vont bientôt commettre
15:56leurs premières exactions
15:57lors de patrouilles
15:58aux alentours.
16:04Dès leur arrivée,
16:06le commandement allemand
16:07leur a donné pour mission
16:08de traquer les bandes armées
16:09qui multiplient
16:10les coups de main
16:11contre les voies
16:11de communication,
16:13notamment la route
16:13reliant Varsovie
16:14à Moscou.
16:15des ennemis invisibles
16:20connaissant les lieux
16:22et menaçant l'occupant
16:22à chaque pas.
16:32Les voici,
16:33ces fameux partisans.
16:36En Biélorussie,
16:37il y en aura
16:37180 000.
16:38Ces images
16:43nous sont parvenues
16:44grâce aux caméramans
16:45envoyés par Staline
16:46pour les besoins
16:47de la propagande soviétique.
16:52Des images authentiques,
16:54un peu trop joyeuses peut-être,
16:56d'après les récits
16:57des témoins
16:57que nous avons rencontrés
16:58dans l'ancienne zone française.
16:59L'un d'entre eux
17:05est Goretsky Andrei Vitoldovic.
17:09Il a rejoint les maquis
17:10dans la forêt
17:11à l'âge de 15 ans.
17:26J'ai pris ma petite vache.
17:27Je me suis enfui
17:30dans le bois
17:30et j'ai donné ma vache
17:31aux partisans.
17:37Ils m'ont accepté.
17:39J'étais dans le groupe
17:40des bolcheviques.
17:41On était près de 400.
17:50Pendant des mois,
17:50les partisans
17:51sont en infériorité
17:52face aux Français
17:53qui tiennent les villages.
17:57comment on vivait.
18:01On était affamés.
18:06On avait froid,
18:08on était nombreux.
18:10400 personnes,
18:11il faut les nourrir.
18:13La faim,
18:14le froid,
18:15la peur.
18:16Et c'est tout.
18:16On est resté sans nourriture,
18:24sans eau.
18:26On a mangé de l'herbe,
18:27des feuilles de tilleul,
18:29de l'oseille.
18:31On essayait de creuser
18:31dans le sol
18:32pour trouver des pommes de terre,
18:33même abîmées.
18:34J'étais nu,
18:38sans chaussures.
18:41On a vécu comme ça.
18:45Ce que je pensais,
18:46comment survivre.
18:54Un engagement total
18:55provoqué par les crimes
18:56des soldats allemands
18:57dès 1941,
18:59lors de l'invasion
19:00de l'URSS.
19:01Depuis Moscou,
19:05Staline a appelé
19:06au soulèvement
19:06des habitants.
19:23Et c'est ce qu'ils font
19:24contre les Français
19:25de la LVF.
19:31Les avions
19:38ont parachuté
19:38des armes.
19:46On a fait exploser
19:47le chemin de fer
19:48entre Samaljavitchi
19:49et Giudzina.
19:51Fallait combattre.
19:54C'était la guerre.
19:56On a tué.
19:57On les déshabillés
20:01pour récupérer
20:02leurs vêtements.
20:04Les habitants
20:05nous aidaient.
20:08Oui,
20:09on les a aidés.
20:12Mon père était
20:14agent de liaison
20:15pour les partisans.
20:18Tout le monde
20:19faisait la guerre
20:19pour sa terre,
20:22pour ses enfants,
20:22pour la patrie.
20:29Les partisans
20:30étaient gentils.
20:32Ils ont protégé
20:33notre patrie
20:33pour empêcher
20:34la victoire
20:34des Allemands.
20:36Les Allemands,
20:37ces fascistes,
20:38y frappaient.
20:41Ici,
20:41c'était que
20:42des familles
20:42de partisans.
20:43On était tous
20:43pour les partisans.
20:47Depuis les villages
20:48qu'ils occupent,
20:50Hugo Ramazziotti
20:50et ses camarades
20:51multiplient
20:52les opérations
20:52de ratissage.
20:58Il filme
20:59avec sa caméra
21:00en voyant
21:01les pellicules
21:01à sa femme
21:02par le courrier militaire.
21:05Et il en fait
21:05le récit
21:06dans son journal.
21:12Une voiture
21:12vient de sauter
21:13sur une mine.
21:16Nous devons
21:16surprendre
21:17des partisans
21:17réfugiés
21:18dans un village.
21:20Nous traverserons
21:21des fourrées,
21:23des marécages.
21:26J'essaie de prendre
21:27un air rassuré,
21:28mais je réalise
21:29le danger.
21:32À trois reprises,
21:34nous trouvons
21:34des traces
21:35de campements
21:35que les partisans
21:36ont dû abandonner
21:37précipitamment.
21:41L'un d'eux
21:41fait prisonnier,
21:44nous sert de guide.
21:45Des débuts décevants.
22:01Lors d'opérations
22:02combinées
22:02avec d'autres unités
22:03de l'armée allemande,
22:05ils encerclent
22:06des villages
22:06considérés
22:07comme ennemis.
22:09Là où,
22:09pensent-ils,
22:11les partisans
22:11se réfugient
22:12et se nourrissent
22:12pendant la nuit.
22:13mais c'est l'échec.
22:25L'un des paysans
22:26nous apprend
22:26que le village
22:27abritait 200 partisans,
22:29mais qu'ils se sont repliés
22:30à 4 heures du matin.
22:34Le sort semble
22:35se moquer de nous
22:36et je ne comprends rien.
22:37nous apparaissons
22:41dans un coin
22:41et les partisans
22:43déguerre pissent.
22:45Nous repartons
22:46deux jours après
22:46et les partisans
22:48reviennent.
22:48C'est lors de l'une
23:05de ces opérations ratées
23:07que la situation dérape.
23:10Frustrés,
23:11les Français
23:11s'en prennent au bétail.
23:12Le nombre de cochons
23:21et de volailles
23:22massacrés
23:22est incroyable.
23:26Il a fallu
23:27une simple pause
23:28pour qu'aussitôt
23:29la chasse soit ouverte.
23:32Que suis-je venu
23:33foutre
23:34dans cette galère ?
23:36Pour un mazioti,
23:42un choc.
23:45Le payage,
23:47très fréquent
23:47sur le front de l'Est,
23:48va se généraliser
23:49à la LVF,
23:51car les officiers,
23:52censés l'interdire,
23:53sont souvent
23:54les premiers
23:54à s'y livrer.
24:03Le capitaine
24:04est archi fou.
24:04aucun sens
24:06de la responsabilité.
24:11Quelle bande
24:11de clochards
24:12et de salopards.
24:20Pillage,
24:22vol
24:23et déjà
24:25les premiers
24:26viols.
24:29Un légionnaire
24:29raconte.
24:31Je me laisse
24:32tomber sur elle
24:32et je la prends ainsi.
24:34les bottes
24:35ruisselantes,
24:37les grenades
24:38à mon ceinturon,
24:40la figure couverte
24:41de poussière
24:41et de sueur séchée.
24:44Il se justifie.
24:48Ce n'est pas
24:48une guerre de soldats,
24:49mais de pirates.
24:50pour l'instant,
24:59à Murovo,
25:00les habitants
25:00continuent
25:01de soutenir
25:01les Français,
25:03notamment la famille
25:03d'Anna Petrovna.
25:08Un soutien
25:09qu'elle va payer
25:09au prix fort.
25:10il y avait
25:14des maisons
25:14là-bas.
25:18Ici,
25:18c'était
25:18notre maison.
25:21Et là-bas,
25:22la maison de Misha,
25:23le conducteur
25:24de tracteur.
25:27Les partisans
25:28ont brûlé
25:28ici même.
25:30Ils sont venus
25:31et ils ont brûlé
25:32la maison.
25:32Les vaches
25:37ont été brûlées.
25:42Peut-être
25:43parce que
25:43les Français
25:43étaient là.
25:47Le diable
25:48sait pourquoi.
25:58Une population
25:59qui se déchire.
26:02des Français menacés
26:04qui comptent
26:05leurs premières victimes.
26:09Nous ne savons pas
26:10si la personne
26:11qui nous sourit
26:11ne nous poignarderait pas
26:12avec le plus grand
26:13des plaisirs,
26:14écrit Ramazzotti
26:15dans son journal.
26:20Il continue
26:21de filmer.
26:25Pour son engagement
26:26dans la guerre
26:26contre l'URSS,
26:27il est décoré
26:28de la médaille d'hiver
26:28à l'Est.
26:32Cela fera plaisir
26:33à Hugues,
26:33dit-il.
26:35Pas dupe
26:35des honneurs.
26:42Il souhaite
26:43maintenant
26:43revenir en France,
26:45retrouver sa femme
26:46et son fils.
26:48Mais à la fin
26:49de l'année 42,
26:50avec le début
26:51de la bataille
26:51de Stalingrad,
26:53les permissions
26:53sont suspendues.
26:54J'ai un cafard
27:02désespérant.
27:05Je pense à Hugues,
27:07à Anne.
27:11J'ai l'impression
27:12de la voir crier,
27:12pleurer, gesticuler
27:14et me prier
27:16de faire marche arrière.
27:17C'est ce qui correspondait
27:29pas à son idéal.
27:31Il considère
27:32que dans cette LVF,
27:35il y a une majorité
27:35de voyous.
27:37C'était une bande
27:38plutôt qu'une armée.
27:42Pour lui,
27:42c'était horrible.
27:43A l'automne 1942,
27:54les unités
27:54de la LVF
27:55ont déjà été impliquées
27:56dans des massacres
27:57de masse,
27:58y compris de Juifs.
28:02Le 4 octobre,
28:03cette fois,
28:04c'est une patrouille française
28:05qui tombe dans une embuscade
28:06tendue par les partisans.
28:1018 morts.
28:13Ça devait arriver
28:17un jour ou l'autre.
28:20Les gars agissent par terre.
28:23Deux d'entre eux
28:24ont des doigts coupés.
28:25Ils avaient probablement
28:26des bagues.
28:30Il paraît que les blessés
28:31ont été achevés
28:32par ces bandits.
28:32pour Ramazzotti,
28:44un nouveau choc.
28:48Les hommes sont surexcités
28:49et se vengeraient facilement
28:50sur les civils,
28:52dit-il.
28:53Et ils posent la question.
28:55Y aura-t-il
28:56une expédition punitive ?
28:57Depuis un décret allemand
29:07de mai 1941,
29:09les représailles
29:09sur les civils
29:10sont autorisées.
29:12Et le choix
29:12de la répression collective
29:13est laissé
29:14au jugement des officiers.
29:18Il le sait,
29:20aucun soldat
29:20ne saurait être poursuivi
29:22pour ces actes
29:22contre la population.
29:23Quatre jours
29:33après l'embuscade,
29:35le commandement allemand
29:36lance une opération
29:37de représailles
29:37dirigée par la SS.
29:41Ce sont de ruts de gars
29:41qui ne laissent pas
29:42grand-chose derrière eux,
29:43écrira Ramazzotti.
29:50Durant une semaine,
29:51les SS vont s'en prendre
29:52aux villages réputés
29:53et les ennemis.
29:58Un cauchemar encore à vif,
30:0080 ans plus tard.
30:06On avait surtout peur
30:07de ceux qui portaient
30:08le casque.
30:09Sur ce casque,
30:10il y avait une tête de mort
30:11avec les dents très larges.
30:14Ça faisait comme une grimace.
30:20Ramazzotti ne participe
30:21pas à l'opération,
30:23contrairement à certains
30:24de ses camarades
30:24du premier bataillon.
30:28Ils sont venus
30:29de ce côté-là
30:29et ils ont tout brûlé.
30:31Tout !
30:32Les partisans disaient
30:42fuyez !
30:43Ne restez pas dans les maisons,
30:44fuyez !
30:45Les Allemands arrivent !
30:48Mais où pouvait-on se cacher ?
30:52On ne pouvait rien faire.
30:53À tes partisans ?
30:58Boum !
30:58Ils brûlent la maison.
31:07Ils ont énumé des torches
31:08et les ont jetées
31:09sur les maisons.
31:10Tout s'est enflammé.
31:13Là-bas,
31:13ça brûlait.
31:14Là-bas,
31:14ça brûlait.
31:16Et là-bas,
31:17les autres maisons aussi.
31:22Et après,
31:23ici.
31:25C'était une purification.
31:27Tous ceux qui étaient liés
31:28aux partisans
31:29étaient assassinés.
31:29Maman a failli être tuée.
31:35Si elle n'avait pas
31:36embrassé la main de l'Allemand,
31:37elle aurait été tuée.
31:45J'ai vu que la cour
31:48était pleine de soldats.
31:51Ils ont demandé
31:52« Ils sont là,
31:52les partisans ? »
31:54Papa a dit
31:56« Oui,
31:56ils sont venus. »
31:58Quelqu'un avait dénoncé
31:59papa car ils s'occupaient
32:00de leurs armes.
32:05Ils ont tout retourné
32:06dans la maison.
32:07Puis ils l'ont frappé
32:08sur la joue droite
32:09avec quelque chose.
32:10Il a commencé à saigner.
32:11Ça coulait beaucoup.
32:14J'ai couru vers le bois.
32:16Un soldat m'a vu
32:17et il a ri.
32:18Il disait
32:19« Petite, petite, petite ! »
32:22J'ai commencé à reculer.
32:23Il est venu vers moi.
32:25Il était gros, robuste,
32:27avec un casque.
32:28Il m'a attrapé la jambe
32:30et m'a jeté dans la neige.
32:32J'ai essayé
32:33de m'enfuir
32:34en rampant.
32:40On n'a même pas eu
32:41le temps
32:41de prendre nos vêtements.
32:45Moi, j'étais toute seule.
32:47J'étais petite,
32:47j'avais que 7 ans.
32:48j'avais peur des Allemands.
32:56Nous nous sommes enfuies
32:58là où nos pas
32:59nous ont menés.
33:01Nous pleurions,
33:01les petits,
33:02moi et mon frère.
33:05Il faisait froid,
33:07moins 40 degrés.
33:08On n'avait rien pour vivre.
33:15Mon frère a allumé un feu.
33:19Ça nous a réchauffés.
33:22Nous avons disposé
33:22des branches de sapin
33:23et nous nous sommes assis dessus.
33:27On a passé tout l'hiver
33:28dans le bois,
33:29à côté du feu.
33:30Pour la population,
33:44le calvaire a commencé.
33:49Des centaines de personnes,
33:50peut-être des milliers,
33:52vont tenter de survivre
33:53dans la zone
33:53contrôlée par les Français.
34:00Certains restent dans les bois.
34:04D'autres sont hébergés
34:05dans les villages voisins
34:05par des amis.
34:13Des crimes de guerre
34:14qui laissent indifférent
34:16un grand nombre
34:17de légionnaires français.
34:20Regardez leurs films
34:21de l'époque.
34:25Sûrs de leur bon droit
34:26après l'embuscade
34:27contre leurs camarades,
34:28beaucoup approuvent
34:30la répression.
34:34Hugo Ramacciotti
34:35lui-même
34:36ne s'offusque pas.
34:37Les opérations
34:38de nettoyage
34:39des essais
34:39ont été atroces,
34:40écrit-il.
34:41Mais ce sont
34:42les nécessités
34:43de la guerre.
34:44Et j'espère
34:44que la région
34:45sera maintenant
34:45plus calme.
34:53Dans leur lutte
34:54contre les partisans,
34:56les Français
34:56sont maintenant aidés
34:57par des collaborateurs
34:58locaux.
35:00Un au minimum
35:01par village.
35:03Il leur désigne
35:04les familles
35:04de partisans.
35:09Chez nous,
35:09il y avait un traître.
35:12C'était un traître.
35:13Il a trahi les gens.
35:19C'était un policier.
35:20sans les traîtres,
35:30la guerre
35:30aurait pu finir
35:31plus vite.
35:38Qu'est-ce que vous faisiez
35:40des traîtres ?
35:42Nous,
35:43les partisans,
35:44ont tué
35:45les traîtres.
35:45qu'est-ce qu'on pouvait
35:51faire d'autre ?
35:54On ne pouvait pas
35:57faire autrement.
36:05Que faire d'autre ?
36:07Il fallait bien
36:08libérer le pays.
36:08Nous sommes à la fin
36:19de l'année 1942.
36:22Une radicalisation générale.
36:27Alors que les alliés
36:28débarquent en Afrique du Nord,
36:30à Stalingrad,
36:31plus de 200 000 soldats allemands
36:33et des deux troupes
36:34roumaines,
36:35italiennes,
36:35hongroises et croates
36:36affrontent l'armée rouge.
36:46La LVF
36:47ne participe pas
36:47à la bataille.
36:50Considérés par les Allemands
36:51comme des soldats
36:51de qualité moyenne,
36:53les Français restent
36:54cantonnés en Biélorussie,
36:561500 kilomètres
36:57plus à l'ouest.
37:03Comme les volontaires russes,
37:04ukrainiens ou baltes,
37:06ils vont continuer
37:07à traquer les partisans
37:08dans les forêts.
37:14Mais cette fois
37:14avec de nouvelles règles.
37:17Le 16 décembre 1942,
37:20l'État major allemand
37:21adopte une directive
37:22à destination
37:22des commandants d'unité.
37:27On y lit que
37:28tous les moyens
37:29seront désormais utilisés
37:30contre les femmes
37:31et les enfants.
37:32Dès lors,
37:33disent-ils,
37:34que cela conduit
37:35au succès.
37:36En clair,
37:41toute la population
37:42est une cible,
37:43qu'elle soit liée
37:44aux partisans
37:45ou pas.
37:52L'information arrive-t-elle
37:53jusqu'à eux ?
37:56Ramadzioti s'inquiète
37:59de toute autre chose.
38:01L'absence de lettres
38:02de sa famille.
38:06Il est 16h20.
38:08Moutier me filme
38:09avec mon appareil
38:10de prise de vue
38:11fumant ma pipe.
38:15Les nouvelles
38:15ne sont pas fameuses.
38:16j'ai envoyé ce matin
38:17ma lettre numéro 28
38:18à Anne.
38:20Mais qu'est-ce qui se passe ?
38:24Si Anne était malade,
38:25quelqu'un m'écrireait
38:26à sa place, non ?
38:28En apparence,
38:33il y croit toujours.
38:36Ma confiance
38:36dans la victoire
38:37est inébranlable,
38:38écrit-il.
38:41En réalité,
38:43il est en plein doute.
38:43Un fait l'intrigue
38:48pour la suite
38:49de leur mission.
38:51Les officiers
38:51leur demandent
38:52de ne plus habiter
38:53dans les mêmes maisons
38:53que les villageois.
38:59Les civils
39:00qui nous logent
39:00sont forcés
39:01de s'installer ailleurs.
39:03Les légionnaires
39:04sont mécontents
39:04de les mettre
39:05à la porte de chez eux.
39:09Que faire ?
39:13Déjà un an
39:18de Russie.
39:20Toujours pas
39:20de permission.
39:22Un exil
39:23interminable
39:24et routinier.
39:29Derrière
39:29la fausse gaieté,
39:31s'écarnait
39:31ce noircisse
39:32de récits
39:32des abus sexuels
39:33commis par les légionnaires
39:34français,
39:35y compris des officiers
39:36sur les civils.
39:42Les hommes
39:43sont à bout.
39:43écrire à Maciuti.
39:46Cette légion
39:47est maudite.
39:52Le soir de Noël,
39:53il se saoule
39:53avec ses camarades.
39:57Que l'année 43
39:59soit celle
39:59de notre victoire,
40:01lance-t-il
40:01à la cantonnade
40:02le 31 décembre.
40:03Elle sera celle
40:14de l'Ignumini.
40:18Car le 6 janvier
40:191943,
40:21six mois
40:21après son arrivée
40:22en Biélorussie,
40:24l'infirmière
40:24Amaciuti
40:25doit participer
40:25à une expédition
40:26contre des villages
40:27supposés rebelles.
40:27objectif affiché,
40:35délivrer des prisonniers
40:36français détenus
40:37par les partisans.
40:44En réalité,
40:45son chef de bataillon
40:46veut marquer les esprits
40:47et terroriser la population,
40:49comme l'ont fait
40:50les SS
40:50deux mois plus tôt,
40:51en appliquant
40:54les nouvelles règles.
40:59Une section rapide
41:01à cheval
41:01appelée
41:02« Troupe de choc »
41:03a été constituée
41:04pour l'occasion.
41:08Après quelques escarmouches
41:09contre les partisans
41:10dans la forêt,
41:12la colonne arrive
41:12en vue du petit village
41:13de Sitch.
41:16Il a emporté
41:17sa caméra.
41:21Je ressens
41:23une angoisse indicible.
41:26Ce village
41:26sera mis à feu
41:27et à sang.
41:29Les hommes
41:29ont l'ordre
41:30de descendre
41:30toute personne
41:32qu'ils rencontrent
41:32de n'importe quel âge
41:34ou sexe.
41:37Ces gens
41:37ne sont pas responsables.
41:40Il y a des enfants.
41:51À leur habitude,
41:54ils attaquent
41:54le village
41:55à l'obus de mortier
41:56mais cette fois,
41:57ils vont se ruer
41:58sur toutes les maisons
41:59sans distinction
41:59et les incendier
42:02les unes après les autres.
42:04Qu'elles appartiennent
42:05à des partisans
42:05ou pas.
42:10Ramaciotti
42:10prend ses quelques clichés
42:11de nuit
42:12puis, horrifié,
42:13coupe sa caméra.
42:18Ces autres images
42:19ont été tournées
42:20par des soldats allemands
42:21lors de massacres identiques.
42:25Coups,
42:27tortures,
42:28meurtres,
42:30viols.
42:40Les Français
42:40étaient particulièrement méchants.
42:45Ils ont frappé
42:46plus de gens
42:47que les Allemands.
42:50Les gens
42:51avaient énormément peur
42:52des Français
42:52chargés des représailles.
42:54On les appelait
42:55les punisseurs,
42:57les assassins.
43:00Ils violaient les femmes.
43:01mon père est parti
43:08à Sitsch
43:09pour voir
43:09et il a vu
43:10les gens tués.
43:15Il a vu
43:16leurs cadavres
43:18récarbonisés
43:18dans la rue.
43:22Ils ont jeté
43:23les enfants
43:23dans le puits
43:24avec les grands-mères.
43:26papa a vu
43:30comment ils ont retiré
43:31les corps
43:32des jeunes filles
43:32du puits.
43:34Il a vu tout ça.
43:36Il est rentré
43:37à la maison
43:38avec de la fièvre.
43:40Il a dit
43:41qu'il ne le supportait pas.
43:42C'était insupportable
43:43à voir.
43:45Tout était en cendres.
43:46Il n'y avait plus rien.
43:47Les enfants
43:54ne sont pas responsables.
43:55De quoi
43:55sont-ils coupables ?
43:56Pourquoi ont-ils
43:57tué et brûlé
43:58les enfants ?
44:00Après cette nuit
44:05d'horreur,
44:06Hugo Ramaciotti
44:06reprend sa caméra
44:07et filme,
44:08de loin,
44:09un autre village
44:10incendié
44:11par la troupe
44:11de choc.
44:13Czernivici.
44:17De ce village tranquille,
44:20la mort affreuse
44:21a fait sa proie.
44:23Un légionnaire
44:24me dit
44:24qu'il a été témoin
44:25d'actes innommables
44:26sur un vieillard.
44:28Ils ont tué,
44:30pillé,
44:31violé
44:31pour assainir
44:33leurs sales instincts.
44:33Les habitants
44:45ont été enfermés
44:45dans la maison.
44:48Ils les ont tués.
44:51Ils ont empilé
44:51leurs cadavres
44:52sur une table.
44:54Parmi ces cadavres
44:55se trouvait
44:55celui de ma grand-mère
44:56et ma tante.
45:03ma tante avait 12 ans.
45:11Elle était encore vivante
45:14au-dessus des cadavres
45:16allongés
45:17sur ma grand-mère.
45:22Et elle criait.
45:24Elle pleurait.
45:28C'est là,
45:29à côté de cet arbre.
45:31la maison était là.
45:37Ils ont totalement
45:38brûlé la maison.
45:40Et elle,
45:41ils l'ont brûlée vive.
45:45Voilà,
45:46cette pierre ici.
45:56C'est là qu'ils ont été brûlés.
46:01Trois jours plus tard,
46:13les survivants
46:14se sont réunis ici
46:15et ils ont trouvé
46:17la jambe de ma tante,
46:19pas carbonisée.
46:22La jambe était restée
46:23avec sa botte.
46:24ce que je ressens.
46:36De la douleur
46:37et de la pitié
46:39pour ses proches
46:40qui sont morts
46:40pour rien.
46:41De retour à son village
46:58de garnison,
46:59Ramachuti raconte
47:00les faits à ses camarades.
47:05Il proteste
47:06auprès de l'un des chefs,
47:08l'adjudant Barbara,
47:09et écrit dans son journal.
47:14Je suis outré.
47:17Barbara reconnaît
47:17avoir abattu
47:18avec ses soldats
47:19un nombre considérable
47:20d'hommes,
47:20de femmes et d'enfants.
47:24Mais ils se retranchent
47:25derrière les ordres reçus.
47:29Je ne cache pas mon mépris
47:30et dis qu'il y a
47:31parmi les cavaliers
47:32d'authentiques bandits.
47:41Pendant quelques jours,
47:43cette protestation
47:44met Ramachuti
47:44en difficulté.
47:47Mise au courant,
47:48le commandant Simoni,
47:49chef du 1er bataillon,
47:51s'oppose à sa promotion
47:52au grade de caporal.
47:54Mais il n'est pas sanctionné
47:56et s'en tient là.
47:56Que se passe-t-il
48:01après le massacre
48:02de Sitch ?
48:04Difficile de le savoir.
48:16Le prochain massacre
48:17documenté
48:18a lieu
48:18quatre mois plus tard,
48:20le 16 mai 1943,
48:22dans ce village,
48:24Kotovo.
48:24En Biélorussie,
48:30plus de 600 villages
48:31et 9000 hameaux
48:32ont été brûlés
48:33et massacrés
48:34par les forces hitlériennes.
48:37Mais combien
48:37par les Français ?
48:42Les récits
48:43de plusieurs légionnaires,
48:45comme celui d'Eric Laba,
48:47évoquent des actes
48:48de routine.
48:52Nous surgissions
48:53comme l'ouragan.
48:55Les habitants savaient
48:56en nous voyant
48:57ce qui les attendait.
48:59Impitoyable,
49:00le visage figé,
49:01nous accomplissions
49:02en silence
49:03les quelques gestes
49:04indispensables.
49:06Un tour dans la grange,
49:08une poignée de paille,
49:09une allumette craquée
49:10et un coup de pied
49:11dans les premières flammes.
49:12après avoir brûlé le village,
49:18on effondrait les puits
49:19à la dynamite
49:20et on saccageait les silos
49:21afin que les pommes de terre
49:23deviennent impropres
49:24à la consommation.
49:25Amère,
49:36Hugo Ramachioti
49:37va ranger sa caméra,
49:38définitivement.
49:42Et en février 43,
49:44quand la bataille
49:45de Stalingrad
49:45sera perdue,
49:48il arrêtera
49:48d'écrire.
49:57La nuit dernière,
49:59j'ai fait un rêve
50:00qui m'a angoissé.
50:03J'étais à Paris.
50:05Des balles perdues
50:06sifflaient à mes oreilles.
50:10Les civils,
50:11foutre joie,
50:12déambulaient dans les rues
50:13et je sentais
50:14que les Allemands
50:15battaient en retraite
50:16devant l'avance
50:16anglo-gueuliste.
50:22J'étais profondément ému
50:24devant l'écroulement
50:25de mes rêves
50:25socialistes et nationaux.
50:28Je déplorais
50:29de ne pas pouvoir
50:30participer au bonheur collectif
50:31et je sentais planer
50:33autour de moi
50:34le reproche
50:35terriblement injuste
50:37d'avoir trahi la France.
50:43Dans ce rêve prémonitoire,
50:50les contradictions
50:50d'un homme.
50:53Au nom de sa morale
50:54personnelle,
50:56il n'a cessé
50:56de critiquer
50:57ses camarades.
50:58Il a dénoncé
50:59leurs crimes.
51:04Pourtant,
51:05il reste à la LVF.
51:10C'était plein
51:11de contradictions.
51:13En trois ans de guerre,
51:15il est venu deux fois
51:16en permission.
51:17Il était venu me voir
51:18en Bretagne
51:19et j'ai entendu
51:22mon père dire
51:22plusieurs fois
51:23qu'il admirait
51:25deux sortes
51:25de personnes,
51:28ceux qui avaient choisi
51:29De Gaulle
51:29et ceux qui avaient
51:31choisi la LVF.
51:34Et en 1944,
51:35quand des FFI
51:37ou des gens
51:37qui étaient en lien
51:38avec des FFI
51:39ont cherché
51:40à le faire changer
51:41d'avis,
51:42ils lui ont proposé
51:43de rentrer avec eux,
51:46il s'y est opposé,
51:48il a dit
51:48on n'abandonne pas
51:49des camarades.
51:50Je me rappelle très bien
51:51de cette phrase
51:52devant moi,
51:53on n'abandonne pas
51:54des camarades.
51:57Alors il savait
51:57que c'était fini,
51:59qu'il allait perdre.
51:59une tragédie
52:07où la fin est écrite
52:09à l'avance,
52:11où l'on marche
52:11comme un somnambule
52:12jusqu'à sa propre perte.
52:18L'histoire
52:19du Gora Maciotti
52:20se termine en juillet 1944.
52:23Blessé sur le front,
52:24il meurt
52:25dans un hôpital
52:25de Prusse orientale
52:26en laissant sa femme Anne
52:28et son fils Hugues
52:30âgé de 10 ans.
52:36Devenu adulte,
52:38son fils Hugues
52:39sera militaire
52:39comme lui.
52:41Il épousera la fille
52:42d'un résistant français
52:43mort en déportation
52:45dans les camps nazis.
52:50Mon père est mort,
52:51il avait
52:5136 ans.
53:00Et souvent,
53:03je fais un rêve,
53:07je le vois
53:08comme s'il était mon fils
53:11et je l'engueule.
53:15je me dis
53:17« Mais qu'est-ce que
53:18t'as été foutre là ? »
53:22L'histoire de la LVF
53:28se terminera
53:28en septembre 1944.
53:31Après la libération
53:32de Paris,
53:33quand plus de 1000
53:34de ses membres
53:34rejoindront la division
53:35Charlemagne
53:36à la demande
53:38de Himmler,
53:38le chef de la SS.
53:41Ils y retrouveront
53:42des vétérans
53:42de la collaboration,
53:44dont de nombreux
53:44miliciens français
53:45réfugiés en Allemagne.
53:50Jusqu'à l'écroulement
53:51du Troisième Reich
53:52en avril 1945,
53:54ils se battront
53:55en Pologne,
53:56puis en Allemagne.
53:58Quelques dizaines
53:59d'entre eux
53:59feront même partie
54:00du dernier carré
54:01des défenseurs de Berlin.
54:09Faits prisonniers
54:09par les Russes,
54:11la plupart seront
54:12retenus en captivité
54:13en Union soviétique,
54:15puis en France,
54:17avant d'être amnistiés
54:18dans les années 50.
54:25À ce jour,
54:27aucune étude française
54:28n'a été menée
54:29en Biélorussie
54:29sur les atrocités
54:30de la LVF.
54:31des massacres oubliés,
54:36négligés par les historiens
54:37et toujours brûlants
54:39au cœur des Biélorusses.
54:40Sous-titrage Société Radio-Canada
55:10Sous-titrage Société Radio-Canada
55:12Sous-titrage Société Radio-Canada

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