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Marc Ferraci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, était l'invité de Guillaume Daret dans "Tout le monde veut savoir" sur BFMTV. Il a notamment évoqué la question des suppressions de poste chez ArceloMittal à Dunkerque.

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Transcription
00:00L'invité du jour, c'est Marc Ferracci. Bonsoir, vous êtes le ministre chargé de l'industrie et de l'énergie.
00:07Dans un instant, on va bien sûr venir à ce qui a été aussi l'un des symboles de ce 1er mai,
00:12les salariés d'ArcelorMittal qui se battent à Dunkerque et ailleurs en France pour leur emploi.
00:17Ça a réuni d'ailleurs une partie de la gauche, mais d'abord un mot justement sur ce 1er mai
00:22qui s'est en grande partie bien passé dans l'ensemble de la France.
00:25Mais il y a eu, on le voit, des débordements, marge du cortège parisien avec notamment les socialistes qui ont été attaqués.
00:31Jérôme Gage qui, une nouvelle fois, a dû être exfiltré.
00:34Comment vous réagissez à ces images qu'on a vues et aux mots qu'on a entendues il y a quelques instants sur ce plateau ?
00:38D'abord, la satisfaction, ça vient d'être dit sur le fait que la manifestation à Paris s'est globalement bien déroulée.
00:44On l'a vu, elle s'est dispersée dans le calme.
00:46Évidemment, un soutien vis-à-vis des élus qui ont été molestés, et en particulier Jérôme Gage,
00:52que je connais bien, avec lequel j'ai déjà eu l'occasion de travailler à l'Assemblée nationale.
00:56Des remerciements pour les forces de l'ordre.
00:57Je pense que les violences auxquelles on a assisté sont absolument inadmissibles.
01:00Je suis content qu'un certain nombre d'interpellations aient lieu.
01:02J'espère qu'elles vont donner lieu à des sanctions les plus fermes qui soient.
01:07Maintenant, la liberté de manifester a été préservée.
01:10Je pense que c'est ce qu'il faut retenir de cette journée.
01:12Alors, Marc Ferracci, on le disait, ce 1er mai a été marqué particulièrement comme un symbole par la colère des salariés d'ArcelorMittal,
01:19et particulièrement ceux de Dunkerque, qui ont d'ailleurs réussi à rassembler une partie de la gauche.
01:25On a vu Olivier Faure, on a vu Marine Tondely, on a vu François Ruffin, on a vu Aurélie Trouvé, également de la France Insoumise,
01:31qui se sont rassemblées pour soutenir ces salariés.
01:35Et il y en a un certain nombre, on a vu, y compris hors de la gauche, y compris au sein du Rassemblement national,
01:40qui ont évoqué cette question, notamment de la désindustrialisation.
01:43Ça a été la thématique de ce 1er mai.
01:45Je vous propose d'écouter ces sonores, écoutez ces responsables politiques aujourd'hui.
01:50Le ministre de l'Industrie est transparent, et donc on est en train de laisser crever cette industrie,
01:53et ce n'est pas juste des emplois et des vies qui sont brisées socialement, c'est une partie du patrimoine industriel qui disparaît.
01:59Nous entendons chaque jour se le relayer dans les médias, les ministres, pour expliquer, sourire auto-satisfait, vissé aux lèvres,
02:08que la France est en train de gagner la bataille de la réindustrialisation.
02:13C'est aujourd'hui l'inverse qui se passe.
02:16La France est en train d'accélérer sa désertification industrielle.
02:20Arcelor licencie aujourd'hui plus de 600 salariés après en avoir licencié 130 l'année dernière.
02:25Ils ont touché 300 millions d'euros d'aides publiques.
02:27Que nous dit le ministre de l'Industrie ?
02:28Il nous dit et il propose de faire un nouveau chèque à ArcelorMittal de 850 millions d'euros.
02:33C'est lunaire, il faut plus de contrôle.
02:35Nous ne permettons pas qu'on vende ou qu'on ferme les usines d'Arcelor.
02:40Nous demandons la nationalisation d'Arcelor.
02:46Dans un instant, vous nous direz si la piste évoquée de la nationalisation par Jean-Luc Mélenchon est une piste que vous pouvez envisager.
02:51Mais d'abord, votre réponse à tous ces responsables politiques ou syndicaux qui vous mettent même personnellement en cause.
02:57On a entendu « désertification industrielle » dit Marine Le Pen.
03:02Marine Tondelier, elle, dit que vous êtes un ministre qui ne fait peur à personne.
03:05Vous savez, l'enjeu, ce n'est pas de faire peur.
03:07L'enjeu, c'est de trouver des solutions concrètes pour que l'emploi industriel se maintienne.
03:12Les gens qui parlent de désindustrialisation, je veux d'abord leur dire qu'on se bat sur chaque dossier.
03:17Et moi, mes pensées vont d'abord aux salariés d'Arcelor qui aujourd'hui sont confrontés à une annonce qui génère de l'angoisse pour eux, pour leur famille.
03:25Sur chaque dossier, on se bat.
03:26Il y a des combats qu'on gagne, il y a des combats qu'on perd.
03:28On a gagné un combat il y a quelques jours et les responsables politiques que vous avez montrés à l'image se sont beaucoup impliqués sur la fonderie de Bretagne qui a été reprise et on a sauvé 300 salariés.
03:39Ils se sont beaucoup impliqués au moment où le dossier était mal engagé.
03:44Et maintenant, quand il y a une solution et une bonne nouvelle, on les entend un tout petit peu moins.
03:49Ce que je veux dire, c'est qu'on a besoin de se battre.
03:51On a besoin aussi d'être lucide.
03:53L'emploi industriel se maintient en France.
03:55Les chiffres 2024 montrent qu'on a encore créé des emplois industriels en termes nets.
04:00Il y a des emplois qui sont détruits et c'est ceux dont on parle.
04:02Il y a aussi des emplois qui sont créés.
04:04600 postes d'Arcelor en France, un peu plus de 300 à Dunkerque, mais c'est le cas par exemple en Lorraine à Florange également.
04:08Tout à fait, il y a 7 sites qui sont concernés en France par les annonces d'Arcelor.
04:12Très concrètement, on entendait Jean-Luc Mélenchon il y a un instant, il dit qu'il faut nationaliser Arcelor.
04:15Est-ce que vous envisagez cette piste, oui ou non ?
04:17Ce que je veux vous dire, c'est que d'abord, la désindustrialisation, aujourd'hui, ce n'est pas ce qui caractérise notre pays.
04:23L'emploi industriel continue de progresser et on se battra pour que ça continue.
04:26C'est dur à entendre par des salariés qui vont peut-être perdre leur emploi.
04:29Bien sûr, je le comprends, mais il y a aussi des emplois qui sont créés, il y a aussi des usines qui ouvrent, il y a aussi des sites qui s'étendent.
04:34Qu'est-ce que vous répondez à ce que vous avez nationalisé ?
04:36La nationalisation, aujourd'hui, d'Arcelor, elle n'est pas à l'ordre du jour. Pourquoi ?
04:39Parce que pour maintenir l'emploi industriel et en particulier l'emploi sidérurgique, la sidérurgie, c'est une industrie de souveraineté,
04:46c'est une industrie dont dépendent d'autres industries, dont dépend l'automobile, dont dépend la défense, dont dépend l'aéronautique.
04:52Cette industrie, tout doit être fait pour la préserver sur notre sol, c'est-à-dire pour que les sites ne ferment pas
04:58et qu'on continue à produire de l'acier sur notre sol.
05:00Et nous sommes engagés pour cela.
05:02La nationalisation, aujourd'hui, ça n'est pas la bonne réponse.
05:05Pourquoi ? Parce qu'on nationalise quand il y a un enjeu stratégique, mais aussi quand il n'y a pas de solution industrielle.
05:10Or, les solutions industrielles, quand, bien sûr que c'est stratégique, mais il y a des solutions industrielles.
05:15Les solutions, c'est d'investir et c'est d'innover.
05:17Ça a été dit, l'enjeu, aujourd'hui, c'est de faire en sorte qu'Arcelor investisse sur le site de Dunkerque et sur les autres sites,
05:24notamment dans la décarbonation.
05:25Mais concrètement, quand est-ce qu'Arcelor annoncera les investissements en matière de décarbonation ?
05:29Eh bien, c'est ça que je voulais vous dire.
05:30Moi, j'ai discuté, en début de semaine, avec la direction d'Arcelor, la direction France et la direction Europe.
05:36Parce qu'on peut raconter ce qu'on veut, mais il faut travailler à des solutions concrètes.
05:41Que nous disent-ils ?
05:43Ils nous disent qu'aujourd'hui, l'acier européen est en grande difficulté.
05:46La production d'acier en Europe a baissé de 20% entre 2018 et 2023.
05:50On a besoin de protection au niveau européen.
05:52C'est ça que nous sommes en train d'organiser avec le commissaire Stéphane Séjourné,
05:57qui a fait des annonces qui reprennent des propositions françaises.
06:00Mais ces investissements dont vous parlez, liés à la décarbonation, quand est-ce qu'Arcelor les annoncera ?
06:03Eh bien, nous sommes en train, justement, de discuter avec Arcelor sur les conditions qui vont permettre de faire ces annonces.
06:09Et moi, ce que je dis...
06:10Donc, ce n'est pas garanti ?
06:11Écoutez, moi, je ne prends pas la décision à la place d'Arcelor.
06:15C'est une entreprise privée.
06:15Vous n'avez pas l'assurance qu'Arcelor les fera ?
06:17Je ne prends pas la décision à la place d'Arcelor.
06:20Ce que je dis, c'est que nous créons les conditions pour que ces décisions soient prises.
06:25Si Arcelor investit, ça signifie qu'Arcelor croit dans la production d'acier en France.
06:29Mais vous n'avez pas l'assurance qu'ils vont investir ?
06:31Je vais vous le dire.
06:31Mais vous savez, on aura les assurances quand les annonces seront faites.
06:34Moi, je crée les conditions pour que les annonces soient faites et pour qu'on continue à produire de l'acier en France.
06:40Ce que je veux vous dire, c'est qu'on a besoin d'agir sur plusieurs leviers.
06:43On a besoin d'agir au niveau européen avec plus de protection commerciale vis-à-vis de l'acier chinois.
06:48C'est ce que nous avons obtenu de la Commission européenne il y a déjà quelques semaines.
06:52Et c'était sur les propositions françaises.
06:54Donc moi, je n'accepte pas qu'on dise que rien n'est fait.
06:58Aujourd'hui, on a une situation sur l'acier qui est extrêmement difficile,
07:02qui réclame à la fois de la protection, à la fois du soutien aux investissements,
07:06à la fois des coûts de l'énergie plus compétitifs.
07:08Et nous sommes aussi en train de travailler là-dessus en faisant en sorte que EDF produise aux industriels
07:13et fournisse aux industriels de l'électricité à bon prix.
07:16Il faut actionner plusieurs leviers.
07:18Il ne s'agit pas simplement de dire qu'en nationalisant, on va tout résoudre.
07:21Le patron des députés PS, Boris Vallaud, annonce qu'il va déposer une proposition de loi de, je cite,
07:24mise sous tutelle de l'État du site d'Arcelor, jugant que le sidérurgiste n'a pas respecté ses engagements.
07:29Ça, c'est une proposition que vous pourriez soutenir ?
07:31Écoutez, moi, je regarderai cette proposition et ça permettra de débattre.
07:34Simplement dire que l'argent qui a été versé à Arcelor, comme l'argent qui est versé à tous les industriels
07:39et à toutes les entreprises de ce pays, cet argent, il est versé en contrepartie d'investissement,
07:43de dépenses de recherche et développement pour le crédit impôt recherche.
07:46Ça veut dire qu'il y a des contreparties.
07:48Donc, il ne faut pas laisser dire que l'argent est versé sans contrepartie.
07:51Vous évoquiez les salariés.
07:52Regardez, il y a un responsable syndical, il s'appelle Gaëtan Lecoq.
07:55Il est à Dunkerque.
07:56Il avait une question à vous poser.
07:57On l'écoute.
07:57Oui, bonjour.
07:59Ici, c'est Gaëtan Lecoq.
08:00Je suis secrétaire général de la CGTR Céhormittal Dunkerque.
08:03Je travaille depuis 13 ans sur le site.
08:05Je suis la troisième génération de la sidérurgie.
08:08J'ai même un grand-père qui est mort dans l'acier.
08:11Bref, moi, j'ai une question toute simple pour M. le ministre.
08:14Vous avez déclaré la semaine dernière que vous serez là pour nous accompagner.
08:16Mais vous savez, nous, on ne veut pas d'accompagnement.
08:18Nous, on veut simplement garder notre boulot.
08:20Donc, moi, j'ai une demande à vous faire.
08:23Je vous donne le rendez-vous.
08:24Venez nous voir à Dunkerque.
08:25Ne vous inquiétez pas, on ne va pas vous arracher votre mise.
08:27On va être gentil.
08:28Ne vous inquiétez pas, on n'est pas des sauvages.
08:29Venez nous voir à Dunkerque.
08:30Et puis, on va vous expliquer les enjeux.
08:32Si demain, ArcelorMittal Dunkerque,
08:34et s'il n'y a plus d'acier en France,
08:35les conséquences que seraient sur l'économie industrielle,
08:37économique et sociale du pays.
08:39Voilà la question recueillie par Bassilouf et Milan Arjolas.
08:41Vous allez le rencontrer ?
08:43Vous allez les rencontrer ?
08:43Vous allez y aller ?
08:44Bien sûr.
08:45Bien sûr que je vais aller à Dunkerque.
08:46Je vais aller à Dunkerque quand on aura trouvé des solutions.
08:49Et je suis en train, aujourd'hui, avec mes équipes, de les construire.
08:53Justement, quand on aura la capacité à annoncer des perspectives.
08:56Ce dont ont besoin les salariés d'Arcelor,
08:58c'est des perspectives sur le maintien de leurs emplois,
09:00sur le fait que les sites ne vont pas fermer.
09:02Et pour ça, il faut des annonces.
09:04Il faut que Arcelor concrétise ses projets d'investissement,
09:07en particulier dans la décarbonation.
09:08C'est ça, ce sur quoi nous sommes en train de travailler.
09:10C'est ça, ce sur quoi nous sommes en train de travailler.
09:13Ça ne se fait pas en claquant des doigts.
09:14Vous savez, pour obtenir ce genre d'annonce,
09:16il faut faire en sorte que les choses bougent,
09:17y compris au niveau européen.
09:19Et ça, ça ne se fait pas en trois jours.
09:21Il faut que la Commission européenne
09:23prenne des mesures extrêmement fortes
09:24pour éviter les importations d'acier chinois
09:26qui, aujourd'hui, font qu'Arcelor a suspendu
09:29un certain nombre d'investissements.
09:30Si on arrive à lutter et faire en sorte que Arcelor
09:33lutte à armes égales, comme tous nos industriels,
09:35avec les Chinois, avec ceux qui pratiquent
09:38une concurrence déloyale, parce que l'acier chinois,
09:40il est massivement subventionné par l'État chinois.
09:43Si on arrive à faire en sorte que nos industriels
09:44luttent à armes égales, en taxant,
09:46en limitant les importations,
09:47alors les investissements se feront,
09:49alors il y a un avenir pour la sidérurgie en France
09:51et en particulier à Dunkerque.
09:52Quand j'irai voir les salariés,
09:54c'est ça dont on discutera.
09:55Ça sera quand ?
09:56Écoutez, je viens de vous dire que j'irai
09:58quand il y aura des choses à annoncer.
10:00Pour l'instant, il n'y a rien à annoncer.
10:01Aujourd'hui, la discussion a lieu.
10:03J'ai pris langue avec la direction d'Arcelor.
10:05Je vais rencontrer le commissaire Stéphane Séjourné
10:07justement pour avancer sur les enjeux européens,
10:10parce que tout ne se joue pas en France.
10:11Et ensuite, j'irai rendre compte
10:12aux organisations syndicales et aux élus locaux
10:14qui sont très impliquées,
10:15le maire de Dunkerque, Patrice Vergritte,
10:17le président de la région, Xavier Bertrand,
10:18parce que tout ça, c'est un travail collectif.
10:20Il n'y a pas que l'État qui est à la manœuvre.
10:22Marc Ferracci, ministre chargé de l'Industrie et de l'Énergie,
10:24merci beaucoup d'avoir été notre invité ce soir.

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