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00:00Europe 1 Soir, 19h-21h, Pierre de Villeneuve.
00:03Choose Europe for Science, après Choose France, on se demande quel sera l'intitulé du prochain sommet.
00:10Est-ce que ce sera Brian is in the kitchen ?
00:12En tout cas, Emmanuel Macron a choisi de parler anglais aux Américains qui veulent fuir l'Amérique de Trump, en tout cas aux chercheurs.
00:23Enfin, écoutons le Président de la République qui les accueillait dans un lieu évidemment important et significatif, la Sorbonne.
00:32Personne n'aurait pu imaginer il y a quelques années qu'une des plus grandes démocraties du monde allait supprimer des programmes de recherche,
00:39sous prétexte qu'il y avait le mot diversité dans ce programme.
00:43Et refusons un dictat qui consisterait à dire qu'un gouvernement puisse dire qu'il est interdit de chercher ceci ou cela.
00:50L'objectif est du doctorant au prix Nobel, en passant par les post-docs, d'accueillir autant que de besoins et avec une seule exigence de qualité des candidats.
00:59Les moyens supplémentaires seront mis en place, 100 millions d'euros que l'État apportera à travers France 2030.
01:05Voilà, des chercheurs qui cherchent, on en trouve, des chercheurs qui trouvent.
01:09On en cherche, disait le général de Gaulle qu'on a cité plusieurs fois dans cette émission.
01:14Qu'est-ce qui porte à croire qu'on va tout d'un coup accueillir tous les chercheurs venus d'Amérique ?
01:20Moi, je suis fasciné par cette espèce d'enthousiasme.
01:24Premier élément, je suis curieux de voir le profil des universitaires qui vont chercher à s'exiler.
01:29Je crois que les prix Nobel vont manquer, les grands universitaires vont manquer.
01:33Ce qu'on va voir plutôt dans les faits, je crois, c'est l'extrême gauche universitaire américaine qui va...
01:38Qui refuse Donald Trump ?
01:39Qui a tout à fait un droit de le refuser.
01:41Mais qui, par ailleurs, va se dire l'Europe sera la terre des...
01:43En gros, on pourrait dire que ce sont les communistes de RFA qui vont fuir en RDA.
01:48Disons ça de cette manière.
01:50Concrètement, je serais curieux de voir le profil des chercheurs.
01:52Est-ce que c'est en sciences dures ?
01:53Est-ce qu'on va être devant des biologistes, des chimistes, des gens...
01:56Ou est-ce qu'on va être devant plutôt des spécialistes de la sociologie du genre au Paraguay ?
02:02Premier élément...
02:02Est-ce qu'on ne va pas choisir ?
02:03J'ai hâte de voir.
02:05Deuxième élément, ce qui est très drôle, c'est la réaction pour l'instant
02:07d'une partie de la gauche universitaire française
02:09qui s'oppose à l'arrivée de ces migrants
02:12qui vont prendre des postes qui leur sont réservés.
02:15Oh mon Dieu, ils sont à la veille de plaider pour la préférence nationale.
02:17Donc, ils sont sur le mode...
02:19Ne laissez pas entrer ces universitaires qui nous font concurrence illégitimement.
02:23Ce sont nos postes, on a travaillé pour les obtenir.
02:25Je ne veux pas de ces Américains qui vont prendre nos jobs, comme ils diraient.
02:29Ah ben, c'est amusant ça.
02:31J'ai l'impression d'entendre quelque chose comme le FN des années 70.
02:33Mais là, c'est désormais réservé aux facultés des sciences sociales universitaires.
02:36Quoi qu'il en soit, je suis très curieux de voir ce que tout cela va donner.
02:39A part ailleurs, abolir des programmes universitaires,
02:41abolir le département de biologie, ce serait insensé.
02:44Mais le jour où on va décider de déconstruire...
02:46En ce moment, l'enjeu, en partie, pas seulement.
02:51Évidemment, c'est l'EDI dans les universités,
02:53l'équité, diversité et inclusion,
02:54qui est le wokisme managérial dans les universités.
02:56Ça, c'est l'enjeu.
02:58Mais l'enjeu, il est d'abord scientifique.
03:00Parce que dans les programmes qui sont supprimés,
03:03ou des subventions publiques sont supprimés,
03:05on est dans le domaine de la santé,
03:06on est dans le domaine du climat,
03:08puisqu'on n'a plus le droit de dire climat avec l'administration de Trump.
03:10Il n'y a pas simplement que le mot diversité.
03:13Et donc, je ne sais pas quels seront les profils de chercheurs éventuels
03:17qui viendraient en France.
03:19Mais ce qui est clair, c'est qu'aux Etats-Unis,
03:21il y a des recherches scientifiques dans les sciences dures,
03:23du climat, de la santé,
03:25qui sont aujourd'hui remises en cause.
03:26La bataille de Trump n'est pas simplement contre
03:29ce dont on parlait tout à l'heure, le wokisme.
03:31On peut tout à fait critiquer,
03:33à certains des universités américaines, à juste titre,
03:35par rapport à ce qui s'est passé après le 7 octobre.
03:38Mais là, ce que Trump remit en cause,
03:40ce sont vraiment des programmes de sciences dures.
03:43Et de ce point de vue-là,
03:45ça pourrait être très intéressant pour la France
03:47et pour l'Europe de récupérer ces chercheurs.
03:49Je ne sais pas ce qu'il en sera précisément,
03:52mais en tout cas, il y a un enjeu.
03:53Deuxième enjeu, si tu me permets juste une seconde.
03:56Il s'impatiente.
03:57Le deuxième enjeu, c'est de savoir
03:59avec quels moyens on va accueillir ces chercheurs.
04:04Parce que là, les fonds qui sont débloqués par l'Europe sont bien gentils.
04:08Mais tout le paradoxe et tout le...
04:10Vous avez vu l'enveloppe, elle est de 100 millions.
04:12Qu'est-ce que c'est 100 millions ?
04:13Ce n'est pas grand-chose.
04:14Et puis nos chercheurs actuels,
04:15surtout ceux dont on parlait, Mathieu,
04:17ils travaillent dans des conditions financières et matérielles
04:21qui sont souvent très en dessous des nords.
04:25Et c'est bien pour ça qu'il y a des chercheurs français
04:27qui sont partis aux Etats-Unis.
04:27Mais voilà, si je peux me permettre,
04:29pour connaître un peu mon universitaire,
04:30des deux côtés de l'Atlantique,
04:31un professeur, je vais y aller avec des choses symboliques,
04:34ce ne sont pas des données factuelles,
04:35c'est un chiffre symbolique.
04:36Un professeur, par exemple, de sociologie
04:38sera payé à Paris, je ne sais pas,
04:4135 000 euros par année ou 50 000 euros par année.
04:44Mais à Montréal, 145 000.
04:46Et à Milwaukee, 220.
04:48Et à Cincinnati...
04:49Il y a une gradation.
04:52Ah non, en matière de salaire,
04:53le monde universitaire nord-américain
04:54est un tout autre univers
04:56que le monde universitaire français.
04:58Alors, le jour où les universitaires
05:01de la bonne gauche mondaine
05:02vont vouloir d'un coup s'installer en France,
05:04ils ne parlent pas français,
05:05ne trompez-vous pas,
05:06ils ne parlent pas français,
05:06ils vont s'installer ici
05:07et ils vont découvrir soudainement
05:09ce que sont les salaires universitaires français.
05:11Je crois que l'exil sera de courte durée.
05:14Mais attendez, qui a eu l'idée d'abord ?
05:16Est-ce que ce sont les universitaires américains
05:18qui ont dit, tiens, on va s'exiler parce que Trump ?
05:21Ou est-ce que c'est Emmanuel Macron
05:22qui dit, tiens, on va trouver des chercheurs ailleurs ?
05:25Je pense que c'est...
05:26C'est la poule ou l'œuf.
05:27C'est Emmanuel Macron et l'Union européenne
05:29qui se disent, il y a des chercheurs...
05:30Avec Mme Werner-Hélène,
05:32qui vient avec son chéquier aussi.
05:33Oui, absolument.
05:34Il y a des chercheurs qui travaillent aux Etats-Unis aujourd'hui
05:37dont les programmes de recherche sont coupés.
05:39Et donc ces personnes-là,
05:41quand bien même ils ont des salaires intéressants,
05:43n'ont plus les moyens publics
05:46de développer leur recherche.
05:47Et je me permets d'insister,
05:48dans les sciences dures tout particulièrement.
05:50Et donc, là, il y a une occasion.
05:53Mais encore faut-il qu'on ait les moyens de nos ambitions.
05:56Parce que ce que disait Mathieu
05:57sur la différence de niveau de salaire,
06:00d'attractivité entre l'Amérique du Nord et l'Europe
06:02est tout à fait exacte.
06:03Et en particulier avec la France.
06:05Je rappelle quand même qu'on a,
06:06dans le budget 2025,
06:08les crédits pour l'enseignement supérieur ont diminué.
06:10Alors il fallait que tout le monde fasse des efforts
06:12dans le budget 2025.
06:13Je ne parle même pas de 2026.
06:15Mais est-ce qu'on a les moyens
06:17d'installer des chercheurs
06:19avec des perspectives de carrière
06:20pour qu'il ne reste pas six mois,
06:22un an ou un an et demi ?
06:24Est-ce qu'on a les moyens ?
06:24Est-ce qu'on veut se donner les moyens ?
06:26Ce serait peut-être une bonne nouvelle.
06:27Oui, Mathieu Beaucouté.
06:29Encore une fois,
06:30si on est devant de véritables,
06:32je dirais de vrais chercheurs,
06:33de vrais scientifiques,
06:34de vrais universitaires,
06:35tel biologiste, tel chimiste,
06:37tel astrophysicien,
06:38qui dit je n'en peux plus,
06:39je veux mes grands...
06:40Très bien,
06:40ça c'est la concurrence légitime
06:42entre les universités aujourd'hui.
06:43Cela dit,
06:44je crois vraiment,
06:45j'insiste parce que ça me semble important,
06:47que pour le prix Nobel dont on nous parle
06:48ou pour l'universitaire en existe,
06:51je crains vraiment
06:52qu'on soit en train de se raconter
06:53une histoire en ce moment.
06:54On se raconte une histoire...
06:55Je voudrais voir le dossier
06:56de ceux qui vont fuir
06:59et qui croient trouver
06:59asile académique en France.
07:01Mais quel est le but de Donald Trump ?
07:03Il ne peut pas non plus
07:04laisser fuir, entre guillemets,
07:06tous ses universitaires.
07:08Il voudrait quoi ?
07:09Il voudrait formater...
07:10Non, pas du tout.
07:10En fait, non, non, non, non.
07:11Je n'ai pas envie de défendre Trump,
07:13on peut lui reprocher mille choses,
07:14mais l'enjeu le suivant,
07:15depuis 40 ans,
07:16depuis 40 ans,
07:17l'université est vraiment devenue,
07:19on pourrait dire,
07:19depuis Alain Blum et l'âme des armées,
07:21il y a eu une corruption idéologique
07:22et intellectuelle
07:23de l'université américaine.
07:2440 ans déjà ?
07:25Ah, quand même,
07:25l'âme des armées,
07:26c'est la fin des années 80.
07:27Depuis Reagan ?
07:28Non, mais ils sont désolés.
07:30Non, mais Reagan s'y opposait.
07:31Mais on voyait,
07:32dans les années 80,
07:33on pourrait dire,
07:33si vous voulez,
07:34la traduction concrète,
07:35l'esprit 68R s'est institutionnalisé
07:37dans l'université américaine
07:38dans les années 80
07:38avec l'émergence des studies,
07:40donc des chants victimaires spécialisés.
07:43Donc ça, on l'a vu.
07:44Xavier Laurent s'allait dire.
07:44Et depuis,
07:45c'est devenu hégémonique
07:46et les poches de résistance
07:47sont de moins en moins nombreuses.
07:48L'idée de Trump,
07:49et la méthode n'est peut-être pas la bonne,
07:50c'est de désidéologiser
07:52autant que possible l'université.
07:54Et il y arrive.
07:54On verra.
07:55Ça fait 100 jours qu'il est au pouvoir.
07:57Je note simplement
07:58que le nombre de départements
07:59qui sont des départements
08:00d'études idéologiques et militantes
08:02qui se font passer pour scientifiques
08:03se sont multipliés.
08:05Ça, c'est un véritable enjeu.
08:06La méthode de Trump
08:07n'est probablement pas la bonne,
08:08mais le problème est réel.
08:09Guy Baird.
08:09Mais alors, pourquoi couper ?
08:11J'entends ce que vous dites.
08:12Pourquoi pas ?
08:12Enfin, on peut réfléchir.
08:13Mais pourquoi couper des programmes
08:15en sciences du climat
08:17et en santé ?
08:18Quel est le rapport avec le Wokies ?
08:19Eh bien, c'est peut-être pas
08:20justement les programmes
08:22qu'on va couper.
08:23C'est ceux qui sont coupés.
08:24Il y en a qui sont coupés.
08:26Il y a des programmes
08:27qui ne devraient pas être coupés
08:28et qui devraient se maintenir.
08:29Il y en a d'autres
08:29qui devraient être coupés.
08:30Bon, en tout cas,
08:31on reste là-dessus.
08:3220h55.
08:33Merci Mathieu Bocoté.
08:33Merci Philippe Guibert.

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