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00:0011 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin le journaliste au Figaro chargé des religions, Jean-Marie Guénois.
00:06Bonjour Jean-Marie Guénois.
00:09Bonjour Dimitri.
00:10Bienvenue sur Europe 1, le monde a les yeux rivés sur le Vatican où les cardinaux électeurs vont se retrouver en conclave à partir de ce matin pour élire le successeur du pape François.
00:21Alors vous êtes sur place, vous suivez pour le Figaro ces événements aussi rares qu'importants pour l'église catholique.
00:27Alors avant d'entrer dans les détails et les enjeux, un mot peut-être sur l'atmosphère qui règne au Vatican à l'approche de l'apparition du 267ème évêque de Rome.
00:37Parce que c'est ce qu'est avant tout le pape Jean-Marie Guénois.
00:42Oui, il y a une forte attente et beaucoup d'incertitudes même par rapport au conclave de 2013 qui avait élu François, Karim Bergoglio.
00:52Là, il y a vraiment une difficulté de savoir qui va sortir, même si certains pensent beaucoup au cardinal Parolin, qui était premier ministre du pape François.
01:05Mais on a une grande attente, une curiosité parce que qui peut remplacer le pape François ?
01:12C'est un peu comme après Jean-Paul II, une forte personnalité.
01:15Donc le climat est vraiment une certaine sérénité quand même, mais vraiment une grande curiosité, une attente partagée pas seulement par les milliers de journalistes qui sont là,
01:26mais aussi les Romains et puis les pèlerins qui sont là, nombreux pour l'année jubilaire ici en cours à Rome.
01:33Oui, alors c'est particulier, je le disais tout à l'heure, une élection papale Jean-Marie Guénois parce que c'est une élection entre frères.
01:42C'est ainsi que vous l'écriviez dans les colonnes du Figaro, je crois, hier ou avant-hier.
01:45J'ai trouvé cette expression fort juste.
01:47Mais alors qu'est-ce que ça implique cette élection, cette élection fraternelle ?
01:51Oui, j'ai mis beaucoup de temps à saisir la nature même de cette élection parce qu'on a vite tendance à la qualifier de politique
01:58ou de temps avec des tendances, les conservateurs, les progressistes, effectivement il y a des sensibilités,
02:05effectivement les cardinaux viennent de 70 pays, c'est énorme, avec leur passé, leur culture, leur langue, leur vision des choses.
02:15Et en définitive, le point comment, évidemment ce sont tous des chrétiens, des catholiques,
02:20qu'ils croient au Christ et donc ils sont animés profondément par la volonté de transmettre cette foi au monde.
02:31Mais entre eux, quand ils sont entre eux, évidemment il y a des factions et on l'a vu évidemment cette semaine
02:36et elles vont s'exprimer dans les votes qui vont venir ce soir et demain.
02:41Mais il y a ce point commun d'une forme de fraternité où ils se considèrent tous d'abord égaux entre eux pour ce vote.
02:48Ils sont certes les uns, vous êtes archevêque de New York par exemple, vous êtes archevêque d'une petite ville d'Italie,
02:57ça n'a rien à voir, mais ils sont comme des alter-égaux, ils sont tous sur le même rang
03:03et surtout ils vont non pas élire un candidat, un parti, une liste, une tête de liste,
03:10ils vont élire celui qu'ils pensent être l'homme meilleur.
03:13Et il y a dans ce processus d'affinement, d'élimination, mais ce n'est pas une élimination au sens où l'on voit dans une élection politique,
03:22c'est l'un ou l'autre, c'est un sort de processus, un mûrissement qui va s'accomplir pendant ce conclave
03:28avec des vraies batailles très âpres, qu'on pourrait qualifier d'idéologiques,
03:32mais fondamentalement, ils cherchent celui qui parmi eux sera le plus apte à cette fonction,
03:39apte à porter cette église catholique sur ses épaules.
03:42C'est ça, et il y aura donc autant de tours que nécessaire pour arriver à ce consensus.
03:48Alors c'est vrai que pour obtenir les deux tiers des voix, ce qui est le quorum requis,
03:53ça va être très compliqué, vous l'expliquez très très bien dans les colonnes du Figaro ce matin,
03:57Jean-Marie Guénois, il faut recueillir les voix de 89 cardinaux sur son nom.
04:01Le premier vote de ce soir est aussi très important,
04:04parce que vous dites que c'est en quelque sorte une primaire qui va avoir lieu,
04:08d'où émergera finalement déjà un petit nombre de noms, Jean-Marie Guénois.
04:14Oui, j'ai beaucoup observé les différents conclats précédents,
04:17à la fois dans l'histoire, mais dans ceux que j'ai vécu, les deux précédents,
04:21pour arriver à cette conclusion que le premier vote de ce soir a été pensé depuis longtemps,
04:28et là on retrouve la grande sagesse catholique qui finalement repose sur des siècles d'expérience.
04:34Donc jamais les cardinaux n'entreront à un conclave un matin,
04:38parce qu'il est prévu qu'ils entrent justement l'après-midi pour n'avoir qu'un seul tour de vote.
04:45Et pourquoi, je me suis longtemps posé la question, mais pourquoi un seul tour de vote ?
04:49Justement, ce sont des primaires, et là apparaissent enfin,
04:53parce que les listes de papabilés, ce qu'on appelle les papabilés,
04:56ces gens, ces cardinaux aptes à devenir pape un jour, sont aussi des listes aléatoires.
05:02Mais là, pour la première fois depuis trois semaines, deux semaines,
05:05les vrais noms vont sortir.
05:08Il y aura un leader, on pense ici, tout le monde pense que ça pourrait être le carnal Parolin,
05:14donc l'ancien premier ministre du pape François, un italien,
05:18et puis un deuxième, un troisième, un quatrième,
05:21avec pour chacun 30, 25, 30, 15 voix.
05:26Et ça n'a l'air de rien, mais ce sont en fond les grands groupes qui vont faire cette élection,
05:33et ils apparaissent seulement en réalité, finalement le sondage en grandeur en nature,
05:36le sondage réel, ce sont ces primaires qui seront,
05:41qui vont intervenir à peu près une heure après leur entrée,
05:45une heure après qu'on ait bouclé,
05:47ces images sont absolument magnifiques, spectaculaires,
05:50quand les portes de la Cixi vont se refermer,
05:52et bien une heure après, les cardinaux auront la vraie photographie de ce vote.
05:57Et puis, ils iront ensuite dîner dans leur maison Sainte-Marthe,
06:01et là, les discussions, les conciliabules, pour le coup, vont avoir lieu,
06:04ainsi que demain matin,
06:06et demain, les grandes opérations vont commencer avec deux votes par demi-journée,
06:09et si les choses vont, peuvent aller très vite,
06:14si le caractéristique ne rencontre pas trop d'opposition,
06:18mais s'il n'est pas élu demain soir,
06:19alors, là, les débats et les votes éliminatoires,
06:26ou les alliances qui peuvent se faire pour un vote,
06:29se déferrent pour le vote suivant,
06:31vont conduire à sélectionner ce futur pape.
06:35Voilà, ce processus de mûrissement,
06:37vous en avez si bien décrit, Jean-Marie Guénois,
06:39et on peut vous lire, évidemment, abondamment,
06:41ces derniers jours, dans les colonnes du Figaro.
06:44Je renvoie les auditeurs d'Europe 1,
06:45qui s'intéressent, vers votre dernier ouvrage,
06:47aussi, Pape François, La Révolution,
06:49on pourrait se dire que c'est dépassé,
06:50mais non, c'est très intéressant de lire ce que laisse le pape François derrière lui,
06:55pape qu'on estime aujourd'hui est clivant,
06:58y aura-t-il rupture ou continuité avec lui ?
07:00Ça sera l'une des questions qui se posera dans les prochaines heures.
07:02Merci d'avoir été avec nous ce matin,
07:04Jean-Marie Guénois,
07:05journaliste chargé des religions au Figaro.
07:07Merci d'avoir été avec nous.
07:08Bonne journée à vous.