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00:00Je place maintenant à notre rendez-vous avec reporter Le Média de l'écologie et ce matin Léa Gage.
00:06Bonjour Léa.
00:07Bonjour Damien.
00:08Et merci d'être avec nous et d'avoir décalé ce rendez-vous en raison de cette actualité un peu chargée.
00:12On va parler tout d'abord de cette enquête que vous publiez reporter avec Disclose,
00:16enquête sur la fast fashion qui est en train de détourner en ce moment toutes les lois anti-gaspillage qu'on avait mises en place.
00:24Alors oui c'est une enquête de Floriane Louison qui dévoile que des marques,
00:27alors je cite Kiabi, Decathlon, Chine, vous savez Chine c'est cette marque qui cartonne en ligne,
00:34en fait tire profit de la loi anti-gaspillage.
00:37Donc depuis 2022, cette loi encourage à donner le surplus de vêtements qu'elles ont
00:43en échange d'une réduction fiscale qui équivaut à 60% de la valeur des vêtements.
00:48Par exemple pour un pantalon vendu 12 euros, la marque peut recevoir 7,20 euros
00:52en échange d'avoir donné ce vêtement à une ressourcerie par exemple.
00:56C'est plutôt pas mal d'encourager le don, non ?
00:59Oui, alors c'est le premier réflexe qu'on peut avoir, on se dit c'est plutôt bien.
01:02Sauf que cet encouragement a créé un effet d'aubaine pour les marques
01:06qui crée l'effet inverse de ce qui était prévu par la loi anti-gaspillage,
01:10c'est-à-dire une surproduction de vêtements qui devient en fait rentable pour les marques,
01:15surtout quand on fabrique des vêtements pour quelques centimes d'euros, ça devient rentable.
01:19Des associations finissent par crouler sous les vêtements neufs qui concurrencent en fait
01:23les vêtements de seconde main et elles ne savent plus quoi en faire.
01:26Certaines de ces associations se retrouvent même à devoir s'en débarrasser à leurs propres frais.
01:31Et ça, ça coûte de l'argent alors ?
01:32Oui, ça coûte de l'argent.
01:33Alors par exemple dans l'enquête, il y a une ressourcerie qui dit qu'elle a dû dépenser
01:378000 euros pour ensevelir 10 tonnes de vêtements dans une déchetterie, c'est ça, en mars dernier.
01:44Et quand les structures ne peuvent pas payer, en fait, ce sont les collectivités qui prennent leur lait.
01:48Alors en théorie, normalement, ce secteur des déchets textiles est financé par une taxe payée par les enseignes elles-mêmes.
01:56Donc on pourrait se dire qu'elles n'ont pas intérêt à le faire.
01:58Sauf que quand les vêtements sont donnés, en fait, la taxe n'est pas payée.
02:02D'accord. Et alors, est-ce que les marques y gagnent ?
02:05Alors ce qu'on peut dire, c'est que déjà la défiscalisation, elle est d'autant plus intéressante
02:09que ce sont les entreprises elles-mêmes qui déterminent la valeur des produits qu'elles donnent.
02:14D'accord.
02:14Donc après, on s'interroge forcément qu'est-ce qu'elles ont gagné en termes d'économie fiscale grâce à ce mécanisme.
02:20En fait, on ne sait pas, par exemple, pour Chine.
02:22Mais pour Decathlon, Disclose a obtenu un document interne.
02:28L'ancienne, l'enseigne de la très riche famille Mullier, que vous connaissez peut-être,
02:32passe par des brokers intermédiaires, donc qui font l'intermédiaire entre l'enseigne
02:36et les associations auxquelles elle donne les vêtements.
02:38Et avec son principal broker partenaire, Decathlon a reçu plus de 700 000 euros d'avoir fiscaux en 2024
02:46pour plus d'un million d'euros de produits donnés.
02:49Quant à la marque Kiabi, elle aussi propriété de la famille Mullier,
02:53elle a trouvé une façon aussi d'optimiser le don encore mieux.
02:58Comment ça ?
02:58En fait, elle a créé le concept des petits magasins.
03:01Ce sont des boutiques dites solidaires où elle vend uniquement ses invendus à elle.
03:06En fait, c'est Kiabi qui donne à Kiabi et en passant peut prendre une ristourne fiscale.
03:12Alors, quel est le manque à gagner pour l'État, pour nous, pour les contribuables ?
03:16Eh bien, on ne sait pas puisqu'il n'y a pas eu de réponse côté ministère de l'économie.
03:21Ce qu'on peut dire, c'est qu'en bénéficiant de cette faille du système,
03:25en fait, la fast fashion continue de produire toujours plus, toujours plus de neuf en continu.
03:29Et ça, ça a des conséquences en France, mais aussi ailleurs dans le monde.
03:33L'industrie textile, c'est quand même 8% des émissions de gaz à effet de serre mondial.
03:38Et puis, il y a ces montagnes de vêtements.
03:40On le voit dans les reportages, y compris sur France 24 et sur Reporters,
03:43des montagnes de vêtements qui s'accumulent dans le désert au Chili ou sur les plages du Ghana.
03:48Et qui génèrent une énorme pollution.
03:50Voilà ce qu'on pouvait dire sur ce sujet.
03:52A retrouver donc dans Reporters, en partenariat avec Disclose.
03:55Et puis cette semaine, dans Reporters, vous nous parlez aussi de ces hélicoptères
03:59qui se multiplient au-dessus du Mont Blanc en ce moment.
04:01Alors oui, en 2024, on en décompte plus de 2000 hélicoptères qui ont survolé le Mont Blanc.
04:06C'est un calcul qu'on a réalisé avec le collectif Mémoire vive.
04:09Vous savez, c'est le collectif qui suivait le jet privé de Bernard Arnault sur Twitter.
04:14Et en haute saison, entre juillet et août, c'est une quinzaine d'hélicoptères
04:17qui survolent le Mont Blanc chaque jour.
04:20Alors, ce n'est pas pour les secours, ce n'est pas pour les ravitaillements.
04:22Oui, dans ce chiffre-là, sans pas compter les secours.
04:25Exactement.
04:26Là, on a fait le calcul, vraiment, c'est les hélicoptères touristiques.
04:29Donc, pour prendre en photo, en fait, de haut le Mont Blanc,
04:32alors ça coûte plus de 165 euros par personne pour un vol panoramique,
04:38par exemple, pendant 20 minutes au-dessus du Mont Blanc, 165 euros au moins.
04:42Et en plus des hélicoptères, il y a aussi les vols d'avions,
04:46les petits avions de loisirs qui font en fait du touch and go,
04:49qui font du posé décollé près des glaciers pour aller les prendre en photo.
04:53Donc, on peut, par exemple, s'offrir un circuit d'une heure,
04:57Mont Blanc et glaciers, pour 240 euros par personne.
05:00Mais c'est un truc de fainéant, quand même.
05:01Mais c'est quoi le problème avec cette activité touristique ?
05:04Alors déjà, ce qui agace notamment les guides de montagne
05:07et puis des mers aussi locaux, c'est le bruit des hélicoptères
05:10dans un environnement où on espérerait peut-être avoir plus de silence.
05:14Ça fait partie du décor forcément pour les visiteurs et puis aussi pour la faune sauvage.
05:18Et c'est ce que dénonce l'association Mountain Wilderness
05:21avec France Nature Environnement et Pro Mont Blanc.
05:23Ils ont écrit dès 2020 au préfet pour demander l'interdiction des vols
05:28à moins de 1000 mètres du sol.
05:30Et puis, il y a aussi la pollution générée par ces vols.
05:33Alors, Mémoire Vive a fait le calcul.
05:35385 tonnes de CO2 émises en 2024 par les hélicoptères qui ont survolé le Mont Blanc.
05:40Le maire de Chamonix a demandé à l'État de limiter, depuis plusieurs années,
05:44il demande à l'État de limiter cette activité.
05:47Et il a bon espoir que d'ici la fin de l'année,
05:49il recevra une proposition pour encadrer cette activité touristique.
05:53Tout cela pour prendre des selfies.
05:54Merci beaucoup, Léa Guel.
05:56Je rappelle le site internet de reporter, reporter, T-E-2-R-E.net.
06:02Et rendez-vous donc la semaine prochaine avec la rédaction de Reporters.
06:06Il est 8h45.