Regardez L'angle éco de François Lenglet du 08 mai 2025.
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00:01RTL Matin
00:017h40 sur RTL, Langlaisco avec vous François Langlais.
00:06La paix a un prix alors qu'on commémore aujourd'hui les 80 ans de la chute de l'Allemagne nazie.
00:1180 ans au cours desquels les inégalités se sont aggravées, François, comme jamais.
00:17C'est vrai, le 8 mai 1945 c'était le dernier jour de la guerre sur le sol français.
00:24Il y a eu des guerres depuis, mais c'était des guerres coloniales, tout autre chose.
00:26Bon, on n'a pas besoin de dire que c'est une très bonne chose.
00:30Et pourtant, vous l'avez dit, c'est un sérieux inconvénient.
00:34C'est l'augmentation des inégalités sociales et c'est exactement ce qu'on observe aujourd'hui.
00:38En France et dans la plupart des pays occidentaux, avec la concentration croissante du patrimoine, c'est-à-dire de la richesse.
00:47Il y a un demi-siècle, la part de l'héritage comptait pour 30% du patrimoine des français.
00:52Aujourd'hui, c'est le double, 60%.
00:55Ça veut dire que la richesse se concentre dans un plus petit nombre de mains.
00:59Pour vous donner un autre chiffre, les 1% les plus riches détenaient 16% du patrimoine total du pays en 1984.
01:08Eh bien, c'est 24% aujourd'hui.
01:10Pardon François, mais quel est le rapport entre la paix et l'héritage ?
01:14Tout simplement parce que la guerre détruit du capital.
01:17Elle détruit d'abord des immeubles, des maisons qui ne peuvent plus être transmises évidemment.
01:20Elle provoque l'effondrement des actions, elle déchaîne l'inflation, ce qui fait fondre la valeur de l'épargne accumulée.
01:27Et puis, elle bouleverse la hiérarchie sociale.
01:30Les élites, certains y laissent leur peau.
01:32Les personnes modestes, aussi.
01:34Mais ils ont l'occasion d'exprimer leur courage, leur tempérament.
01:39C'est-à-dire, justement, d'accéder à l'élite.
01:41Regardez les dirigeants de la France à la Libération, le CNR.
01:44Il y a des aristocrates, mais il y a des gens du peuple.
01:47Et ils ont forgé leurs liens dans la résistance.
01:50En fait, la guerre est une formidable machine égalitaire.
01:54Elle nivelle les conditions sociales.
01:56Alors que la paix, elle, conforte les inégalités.
01:59Elle les aggrave.
02:00Parce qu'il y a une très forte inertie sociale dans les périodes de stabilité.
02:03Ceux qui en sortent, ce sont ceux qui sont aidés par leur milieu.
02:06Et c'est particulièrement vrai en France.
02:08Tout ça est corroboré par les chiffres.
02:11Aujourd'hui, le montant annuel des successions, c'est environ 15% du PIB.
02:16C'est-à-dire de la richesse nationale.
02:19En 1945, juste après la guerre, c'est moins de 5%.
02:23Au plus bas du siècle.
02:24Et quand on se reporte à 1900, après quasiment un siècle de paix,
02:28puisque les dernières guerres, c'était Napoléon,
02:31eh bien, c'était à l'époque entre 20 et 25% du PIB.
02:35Bon, finalement, François, vous nous dites de façon,
02:37il faut bien le reconnaître quand même, assez cynique,
02:39qu'il faudrait une bonne guerre.
02:42Non, je n'irai pas jusque-là.
02:44Il y a quand même quelques désagréments, on les connaît tous.
02:47Mais c'est vrai que cette concentration des patrimoines pose question
02:50et qu'elle appelle une réflexion sur la fiscalité des successions.
02:54D'autant que la vague d'héritage qui se profile,
02:57celle des baby-boomers, elle sera particulièrement forte.
03:00C'est une génération qui a acheté son immobilier au plus bas,
03:03il y a 60 ans ou 50 ans,
03:05et qui décède alors que la valeur de ce patrimoine est au plus haut.
03:08D'après les estimations,
03:10les successions pourraient représenter plus de 650 milliards par an en 2040.
03:15C'est 40% de plus qu'aujourd'hui.
03:17Et 2040, c'est...