lundi 22 mai 2006, 14h44
Réunion de famille au procès de Saddam Hussein à Bagdad
Par Simon OSTROVSKY
BAGDAD (AFP) - Le procès de Saddam Hussein et de sept de ses ex-lieutenants, accusés du massacre de chiites dans les années 1980, a tourné lundi après un début houleux à la réunion de famille, avec le témoignage de Sabaoui al-Tikriti, demi-frère de Saddam Hussein et frère de Barzan al-Tikriti.
L'audience devant le Haut tribunal pénal irakien à Bagdad était à peine ouverte, en présence de tous les accusés, peu après 11H10 (07H10 GMT), que l'avocate libanaise Bochra Khalil, a été expulsée une nouvelle fois.
"Tâchez de bien vous tenir cette fois", lui avait lancé en préambule le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane. Me Khalil avait été expulsée de l'audience du 5 avril, après avoir montré des photos des mauvais traitements commis par des soldats américains dans la prison d'Abou Ghraib près de Bagdad.
"Pourquoi m'aviez-vous fait expulser", a répondu l'avocate.
Le juge s'est alors refusé à entrer à nouveau dans ce débat et le ton est vite monté, jusqu'à ce qu'il ordonne son expulsion.
Me Khalil a tenté de jeter au visage du juge son écharpe verte et noire d'avocate, alors qu'elle était entraînée hors de la salle d'audience.
"Calmez-vous et ne criez pas! C'est mauvais pour la santé. Un avocat ne doit pas parler sur ce ton", a répliqué le juge à un autre avocat qui s'emportait.
Après ce début agité, le tribunal a entendu trois témoins, dont le premier était un ancien employé du tribunal révolutionnaire déposant en faveur de l'ancien juge de cette juridiction d'exception, Awad Ahmed al-Bandar.
Son témoignage a été entrecoupé de monologues du demi-frère de Saddam Hussein, Barzan al-Tikriti. "Vous m'accusez de crimes commis entre 1983 et 1989 alors que j'ai quitté mes fonctions de chef des services de renseignement en 1983", a-t-il bougonné.
Saddam Hussein et ses lieutenants sont jugés pour le massacre de 148 villageois chiites, tués en représailles après un attentat en 1982 contre le convoi présidentiel dans le village de Doujaïl, au nord de Bagdad.
C'est ensuite Sabaoui Ibrahim al-Hassan al-Tikriti qui a témoigné en faveur de son frère Barzan al-Tikriti, puis de son demi-frère Saddam Hussein, donnant à l'audience le caractère d'une réunion de famille.
Sabaoui al-Tikriti, un ancien responsable des services de renseignement, a été arrêté fin février 2005 près de la frontière avec la Syrie et a été présenté alors par les autorités irakiennes comme un financier de la rébellion qui agite le pays.
"Barzan était très sensible vis-à-vis des erreurs que ses officiers pourraient faire. Il avait à coeur de faire preuve de beaucoup d'humanité dans son travail. J'étais beaucoup plus dur que lui", a soutenu Sabaoui.
"De toute façon, ce n'était pas le service de renseignement que dirigeait Barzan qui s'occupait de l'enquête sur l'attentat, mais la sûreté nationale sur laquelle il n'avait aucune autorité", a-t-il ajouté.
Il y a plusieurs mois, des témoins avaient affirmé avoir été torturés en présence de Barzan al-Tikriti.
A l'issue de son témoignage, Sabaoui a tenu à présenter ses respects à l'ancien président. "Je tiens à me lever par respect pour mon frère, le président Saddam Hussein. Salam aleikoum (que la paix soit avec vous)", a déclaré Sabaoui, en direction du box des accusés.
"Aleikoum Salam", a répondu le dictateur déchu, qui a assuré n'avoir pas revu son demi-frère depuis plus de trois ans.
Le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane s'est fâché de cette interruption.
"Je ne veux pas que se reproduise ce genre de salutations, j'interdis donc aux témoins de se lever à l'avenir", a-t-il dit, confinant ces derniers dans leur box, entouré de rideaux que l'on ferme pour garantir l'anonymat de ceux qui ne souhaitent pas témoigner à visage découvert.
Trois témoins ont été entendus lundi, avant que l'audience ne soit ajournée au mercredi 24 mai.
Vingt-et-une personnes ont témoignées la semaine passée en faveur de quatre accusés de second plan, des responsables du parti Baas au pouvoir sous l'ancien régime.
Réunion de famille au procès de Saddam Hussein à Bagdad
Par Simon OSTROVSKY
BAGDAD (AFP) - Le procès de Saddam Hussein et de sept de ses ex-lieutenants, accusés du massacre de chiites dans les années 1980, a tourné lundi après un début houleux à la réunion de famille, avec le témoignage de Sabaoui al-Tikriti, demi-frère de Saddam Hussein et frère de Barzan al-Tikriti.
L'audience devant le Haut tribunal pénal irakien à Bagdad était à peine ouverte, en présence de tous les accusés, peu après 11H10 (07H10 GMT), que l'avocate libanaise Bochra Khalil, a été expulsée une nouvelle fois.
"Tâchez de bien vous tenir cette fois", lui avait lancé en préambule le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane. Me Khalil avait été expulsée de l'audience du 5 avril, après avoir montré des photos des mauvais traitements commis par des soldats américains dans la prison d'Abou Ghraib près de Bagdad.
"Pourquoi m'aviez-vous fait expulser", a répondu l'avocate.
Le juge s'est alors refusé à entrer à nouveau dans ce débat et le ton est vite monté, jusqu'à ce qu'il ordonne son expulsion.
Me Khalil a tenté de jeter au visage du juge son écharpe verte et noire d'avocate, alors qu'elle était entraînée hors de la salle d'audience.
"Calmez-vous et ne criez pas! C'est mauvais pour la santé. Un avocat ne doit pas parler sur ce ton", a répliqué le juge à un autre avocat qui s'emportait.
Après ce début agité, le tribunal a entendu trois témoins, dont le premier était un ancien employé du tribunal révolutionnaire déposant en faveur de l'ancien juge de cette juridiction d'exception, Awad Ahmed al-Bandar.
Son témoignage a été entrecoupé de monologues du demi-frère de Saddam Hussein, Barzan al-Tikriti. "Vous m'accusez de crimes commis entre 1983 et 1989 alors que j'ai quitté mes fonctions de chef des services de renseignement en 1983", a-t-il bougonné.
Saddam Hussein et ses lieutenants sont jugés pour le massacre de 148 villageois chiites, tués en représailles après un attentat en 1982 contre le convoi présidentiel dans le village de Doujaïl, au nord de Bagdad.
C'est ensuite Sabaoui Ibrahim al-Hassan al-Tikriti qui a témoigné en faveur de son frère Barzan al-Tikriti, puis de son demi-frère Saddam Hussein, donnant à l'audience le caractère d'une réunion de famille.
Sabaoui al-Tikriti, un ancien responsable des services de renseignement, a été arrêté fin février 2005 près de la frontière avec la Syrie et a été présenté alors par les autorités irakiennes comme un financier de la rébellion qui agite le pays.
"Barzan était très sensible vis-à-vis des erreurs que ses officiers pourraient faire. Il avait à coeur de faire preuve de beaucoup d'humanité dans son travail. J'étais beaucoup plus dur que lui", a soutenu Sabaoui.
"De toute façon, ce n'était pas le service de renseignement que dirigeait Barzan qui s'occupait de l'enquête sur l'attentat, mais la sûreté nationale sur laquelle il n'avait aucune autorité", a-t-il ajouté.
Il y a plusieurs mois, des témoins avaient affirmé avoir été torturés en présence de Barzan al-Tikriti.
A l'issue de son témoignage, Sabaoui a tenu à présenter ses respects à l'ancien président. "Je tiens à me lever par respect pour mon frère, le président Saddam Hussein. Salam aleikoum (que la paix soit avec vous)", a déclaré Sabaoui, en direction du box des accusés.
"Aleikoum Salam", a répondu le dictateur déchu, qui a assuré n'avoir pas revu son demi-frère depuis plus de trois ans.
Le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane s'est fâché de cette interruption.
"Je ne veux pas que se reproduise ce genre de salutations, j'interdis donc aux témoins de se lever à l'avenir", a-t-il dit, confinant ces derniers dans leur box, entouré de rideaux que l'on ferme pour garantir l'anonymat de ceux qui ne souhaitent pas témoigner à visage découvert.
Trois témoins ont été entendus lundi, avant que l'audience ne soit ajournée au mercredi 24 mai.
Vingt-et-une personnes ont témoignées la semaine passée en faveur de quatre accusés de second plan, des responsables du parti Baas au pouvoir sous l'ancien régime.
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