• il y a 6 ans
Jeudi 8 mars 2018 - 18h30

Au lendemain des désastres de la seconde guerre mondiale, dès 1945, les puissances belligérantes ont décidé de la création de l’ONU à New York et de l’Unesco à Paris.
Les conflits armés qui ont suivi (fin XXe siècle- début du XXIe siècle) diffèrent des guerres traditionnelles : ils prennent pour cibles directes les populations civiles mais aussi les symboles de leur culture en vue d’annihiler leur mémoire et leur identité. Ils se déroulent dans des pays d’une richesse archéologique, architecturale et urbanistique tout à fait exceptionnelle, en Afghanistan, Bosnie Herzégovine, Irak, Liban, Libye, Mali, Syrie et Yémen. Ils sont mondialisés par une instrumentalisation médiatique et font du pillage des œuvres une ressource pour l’agresseur.

La liste de sites historiques et archéologiques gravement endommagés, dont certains comme Alep, Bosra, Hatra, le Krak des Chevaliers, Palmyre, sont inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco, ainsi que celle des musées détruits et volés, ne cesse de s’allonger : les conséquences de ces évènements constituent aujourd’hui un défi majeur pour l’ensemble de l’Humanité.

Les dégâts sont en effet à peine imaginables, appelant des aides d’urgence et des budgets compatibles avec des opérations appelées à durer pendant des décennies.

Face à ces situations conflictuelles, l’approche généralement retenue par l’Unesco est d’en appeler immédiatement à une prise de conscience de la part de la communauté internationale en lançant le programme Unis pour le Patrimoine (Unite for Heritage).

Yves Ubelmann est créateur et promoteur d’une startup spécialisée depuis quelques années dans la documentation par le biais de drones de relevés 3D des sites endommagés par les récents conflits en Afghanistan, en Irak et en Syrie.
La documentation graphique a toujours joué un rôle essentiel dans le partage et l’approfondissement de la connaissance du patrimoine. A l’heure où le patrimoine du Proche-Orient est victime de destructions massives, mener cet effort de documentation est encore plus crucial car il se double de l’impératif de conservation de cette mémoire architecturale. L’émergence de technologies récentes (photogrammétrie, reconstitution 3D, drones…), permet une meilleure adaptation aux conditions particulières de ces pays en conflit, de par leur rapidité de mise en œuvre. Ces technologies permettent d’archiver le monument de plus en plus précisément et facilitent ainsi le travail d’analyse pour les scientifiques du monde entier. Ce travail ouvre également de nouvelles perspectives pour la diffusion auprès du grand public des connaissances sur des sites qui ne sont plus accessibles.

Avec :

Mounir Bouchenaki, archéologue, directeur du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial
Yves Ubelman, architecte, fondateur d’Iconem

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