• il y a 6 ans
Joseph Abram
Professeur émérite, École nationale supérieure d’architecture de Nancy.
Chercheur au Laboratoire d’histoire de l’architecture contemporaine

Depuis la nuit des temps, l’architecture religieuse mobilise toutes les ressources de l’art de bâtir, employant les techniques aux limites de leurs possibilités pour créer des intériorités grandioses, ou simplement émouvantes.
Les nefs des cathédrales gothiques, les coupoles de Florence ou de Rome, sont là pour en témoigner.
La modernité, dans son rapport complexe à la technique, n’est pas restée à l’écart de ce mouvement universel. En expérimentant, dans un programme d’église, le procédé encore incertain du ciment armé, A. de Baudot ouvre, en 1894, un cycle problématique, qui fera du nouveau matériau le vecteur d’une transformation progressive, tant matérielle que symbolique, de l’architecture sacrée. À travers la construction, d’abord de façon marginale, puis, de plus en plus globale et raisonnée, c’est la signification même du lieu de culte qui, au final, s’en trouvera bouleversée. L’aventure de la cathédrale d’Oran (A. Ballu, 1908) marque simultanément l’échec du système Cottancin (qu’avait employé A. de Baudot à Montmartre) et le triomphe du béton armé (dans le droit fil des travaux de Monier, Coignet et Hennebique). C’est donc la contribution des frères Perret au Raincy (1923), peu après la création des Ateliers d’art sacré par G. Desvallières et M. Denis, qui produira le déplacement décisif permettant un renouvellement complet de la conception constructive des églises.
Et, dans leur mouvance immédiate, puis dans un contexte élargi, on observe, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une floraison de solutions structurelles innovantes exaltant à la fois la noblesse et la pauvreté du béton.

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