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Maxim Vengerov joue, avec l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Pablo Heras-Casado, le 1er concerto pour violon et orchestre de Max Bruch. Extrait du concert donné le 3 décembre 2021 à l'auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.


Vorspiel - Allegro moderato
Adagio
Finale - Allegro energico
Lorsque Max Bruch entame la composition de son Premier concerto pour violon, il n’a jamais encore écrit d’œuvre instrumentale aussi ambitieuse. Plus tard, il dira l’avoir remanié une demi-douzaine de fois avant de parvenir à sa forme définitive. La création d’une première mouture le laisse insatisfait. Il envoie la partition au violoniste Joseph Joachim, qui lui propose un nombre important de modifications. Il sollicite aussi l’avis de son ami Ferdinand David, créateur du Concerto pour violon de Mendelssohn et ancien professeur de Joachim. La première audition de la version révisée remporte un succès qui ne s’est jamais démenti.
Si Bruch hésite en écrivant la partie de soliste, il s’est peut-être aussi demandé comment le public réagirait à la structure formelle qui s’écarte par endroits des schémas habituels. Ainsi, le premier mouvement, intitulé Vorspiel (« Prélude »), conduit sans interruption à l’Adagio central, comme dans le Concerto pour violon de Mendelssohn. Il ne commence pas avec une exposition orchestrale, mais par une alternance entre l’orchestre (lequel entre sur un étonnant roulement de timbale pianissimo) et le soliste dont les phrases semblent improvisées. Comme à l’accoutumée, l’Allegro moderato contient deux thèmes : tous deux intensément lyriques, le premier plus sombre et fiévreux, le second plus serein. Mais il déjoue les symétries traditionnelles (ce sera aussi le cas des mouvements suivants).
Après le volet central, une troisième partie devrait récapituler le matériau thématique. Au contraire, elle continue ici de le développer sans jamais le réexposer clairement. L’Adagio qui s’enchaîne au Prélude constitue le cœur de l’œuvre. Le violon y déploie une ligne chaleureuse, lovée dans l’écrin orchestral qui rehausse l’expressivité du soliste, présent presque en permanence. Bruch affirme là sa passion pour l’instrument à cordes qui, selon ses propres termes, « peut chanter une mélodie mieux qu’un piano, et la mélodie est l’âme de la musique ». Le Finale Allegro energico stylise une danse populaire, avec quelques discrets accents magyars, peut-être en référence aux origines hongroises de Joseph Joachim. Son élégance tient à distance la démonstration technique ostentatoire. En dépit de la diversité des gestes instrumentaux, le discours ne donne jamais la sensation de disparate. Preuve que la partition de Bruch n’est pas seulement un grand concerto pour violon, mais aussi l’un des chefs-d’œuvre de son temps.

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