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Maroussia Gentet joue la Sonate pour piano n°13 en mi bémol Majeur op 27 n°1 composée par Beethoven en 1801.

Dans la foulée de la Sonate n° 12, qui affirmait la volonté de renouveler en profondeur l’architecture formelle, Beethoven continue de creuser ce sillon. En accolant la mention « quasi una fantasia » aux deux partitions de l’opus 27, il informe que l’esprit d’improvisation de la fantaisie se mêle à la dialectique de la sonate. Les intitulés des mouvements de la Sonate n° 13 révèlent d’emblée la liberté de l’organisation. En outre, tous les mouvements s’enchaînent ; le premier mouvement, de forme ABA’ (et non de forme sonate), commence et termine dans un tempo modéré et contient une section rapide ; comme dans la Sonate n° 12, ce début Andante conduit à placer le véritable mouvement lent en troisième position.

Le début de l’œuvre surprend aussi par son calme et sa façon d’effleurer le clavier pianissimo. En notant de brefs crescendos et decrescendos, en distinguant le piano du pianissimo, Beethoven montre que l’intensité participe à l’expression et à la structure formelle. Après tant de délicates nuances, le déferlement d’arpèges de l’Allegro central n’en prend que plus de relief, ce que renforcent sa tonalité éloignée (do majeur) et ses indications sforzando sur la dernière croche du temps.

L’Allegro molto e vivace, qui fait office de scherzo, frappe par son économie de moyens : une figure d’arpèges se déroule régulièrement en noires piano et legato, jusqu’à l’irruption de quelques mesures forte et staccato à la fin des sections. Si le trio central met en œuvre un autre matériau, il fait preuve de la même concentration. La mélodie, dont les notes ne tombent presque jamais sur le premier temps, sautille sur les accords staccato de la main gauche.

Caractérisé par une riche texture (accords denses, mélodie souvent jouée en octaves), l’Adagio con espressione ménage une brève pause avant le finale. La cadence hors tempo de ses dernières mesures sert de tremplin à l’Allegro vivace. Dans ce dernier mouvement, où la complexité de l’élaboration formelle se dissimule derrière une ardeur sémillante, la fluidité des traits rapides s’épice d’accents sur les temps faibles, de contrastes et de notes staccato. Dernière surprise et pas des moindres : un rappel de l’Adagio con espressione juste avant la coda Presto. Pour la première fois, Beethoven termine sur la fulgurance d’un tempo plus rapide que le reste du mouvement, geste qu’il exploitera de nouveau dans les Sonates n° 15 « Pastorale » et n° 23 « Appassionata ».

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