• il y a 4 ans
Le pianiste Jean-Paul Gasparian joue la Sonate pour piano n°6 en fa majeur op. 10 n°2, composée par Beethoven en 1796-1797.

Voilà une sonate concise, sans mouvement lent. Beethoven aurait pu mentionner l’indi - cation chère à Carl Philipp Emanuel Bach quelques décennies plus tôt : « für Kenner und Liebhaber » (« pour les connaisseurs et les amateurs »). En effet, sa fraîcheur espiègle, ses staccatos sautillants et ses effets théâtraux rendent l’œuvre plaisante et immédiatement accessible. Dans l’Allegro initial, l’auditeur aguerri admirera de surcroît l’habileté avec laquelle le compositeur passe d’un motif à un autre sans perdre de vue sa trajectoire formelle. Il s’amusera de la « fausse » réexposition du thème initial, en ré majeur, suivie d’un retour sur le juste chemin dans la tonalité principale de fa majeur.

Si l’Allegretto se joue dans le tempo d’un menuet, il n’en possède pas le caractère. Il commence dans un climat mystérieux, avec les deux mains à l’unisson dans le grave, et poursuit sans se départir de son inquiétude. La partie centrale se meut a minima, répète des accords sur un rythme trochaïque (longue-brève), avant que ne l’animent des for - mules de gammes descendantes. La reprise de la première partie comporte des variantes rythmiques significatives, comme l’écriture syncopée de la main droite qui augmente l’agitation.

Presque entièrement staccato, le ludique Presto doit une part de son relief à des secousses d’accents déplacés et aux tourbillons d’octaves brisées. Monothématique, il exploite les entrées en imitations de son motif de fanfare. Si Beethoven accède à sa pleine maturité en se dotant des moyens d’amplifier les formes, il apprend parallèlement le parti qu’il peut tirer de la plus grande économie de moyens.

Category

🎵
Musique

Recommandations