• il y a 2 ans
1) En quoi consiste la réforme de la PJ ? Pourquoi le gouvernement veut-il l’imposer ?

Comme souvent, il y a la réforme sur le papier, celle que le gouvernement présente à l’opinion. Et celle qui répond à des objectifs moins… affichables.

Sur le papier, c’est simple, c’est une refonte en profondeur de l’organisation de la police. Pas seulement de la PJ. Il s’agit de placer TOUS les services de police d’un département sous l’autorité d’un seul directeur. TOUS, ça veut dire le renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et … la PJ.

Pourquoi revoir ainsi l’architecture? Plusieurs sources me disent que le ministre de l’Intérieur et même Emmanuel Macron, quand ils vont sur le terrain, ne peuvent pas s’empêcher de remarquer que, pour les accueillir, il y a UN seul chef de la gendarmerie mais pas moins de 4 ou 5 responsables de la police. Donc il y a, avec cette réforme, l’idée qu’il faut casser cette organisation « en silos » et, qu’avec un seul patron, ça fonctionnera mieux.

Par ailleurs Gérald Darmanin ne se prive pas de le répéter : les chiffres d’élucidation des affaires sont mauvais. Même si c’est la réalité, ce n’est sans doute pas le meilleur moyen de vendre sa réforme. « Cela humilie les flics alors qu’on devrait au contraire rechercher leur adhésion », m’a dit un bon spécialiste du dossier.

2) Pourquoi policiers et magistrats sont-ils hostiles à cette réforme ?

C’est la PJ qui est mobilisée. La PJ, c’est 5 600 personnes sur 150 000 policiers. Mais c’est un symbole parce que c’est l’héritière des Brigades du Tigre, c’est l’élite de la police. Que craint-elle ? D’être noyée dans la masse, d’être appelée à la rescousse pour traiter la délinquance du quotidien. De ne plus pouvoir se consacrer à la matière « noble » : la criminalité organisée, la lutte contre les trafics de drogue, les filières alimentant la prostitution, les réseaux de corruption. Les PJistes, comme on les appelle, veulent continuer à enquêter au niveau régional, voire international. Ils craignent aussi d’y perdre en indépendance. Dépendre d’un directeur qui, lui-même, sera en lien direct avec le préfet, ne leur plaît pas.

Début octobre, Emmanuel Macron a reçu d’anciens grands flics. Dont Robert Broussard, le « tombeur » de Mesrine. Il lui a demandé : « Vous avez traqué combien de temps l’ennemi public n°1 ? »
« Un an et demi », lui a répondu l’ancien patron de la Crim. Façon de montrer que la PJ a besoin de temps.

Les magistrats montent aussi au créneau sur cette question de l’indépendance. Ils veulent pouvoir faire appel aux OPJ, comme ils l’entendent, pour leurs enquêtes. Sinon, personne ne sera à l’abri des risques d’interférences. Un élu local pourra tenter de bloquer des investigations. Ils dénoncent donc « une tentative de reprise en main du politique ».

3) Ce dossier peut-il se transformer en terrain miné pour le gouvernement ?

Comme souvent, il y a pas mal de faux-semblants et de postures dans ce débat. Tous les policiers ne sont pas opposés à

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