Aujourd'hui, dans "Bienfait pour vous", Mélanie Gomez et Julia Vignali ouvrent le dossier santé du jour avec Caroline De Pauw, Alexia Cornu et Sophie Amarenco.
Retrouvez "La question du jour" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vite-fait-tres-bien-fait
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00:00 *Europe 1, bien fait pour vous*
00:03 *Julia Vignali, Mélanie Gomez*
00:08 Nous sommes avec vous tous les matins sur Europe 1 jusqu'à midi. On vous propose un
00:12 focus sur la santé des femmes ce matin. Il y a apparemment du boulot pour améliorer encore les choses, c'est ce que l'on voit avec
00:17 Caroline Depauw, docteur en sociologie et autrice du livre "La santé des femmes", un guide pour comprendre les enjeux et agir aux éditions
00:24 Mango, ainsi qu'Alexia Cornu, coach holistique. Alors Caroline, les études le montrent, la consommation féminine de tabac, on va parler de ça à présent,
00:31 on connaît bien, elle a baissé la consommation des femmes, je veux dire, ces dernières années.
00:36 On connaît bien maintenant, elle a baissé, non je veux dire, elle rattrape celle des hommes mais les consommations globales tabagiques sont en baisse.
00:42 Les dangers de la cigarette, on les connaît, on n'a pas besoin de les rabâcher.
00:46 Mais ils sont peut-être, et ça on le sait pas beaucoup, peut-être plus redoutables chez les femmes que chez les hommes.
00:51 Oui, ce qu'il faut comprendre pour "déculpabiliser" les femmes qui souhaiteraient arrêter, c'est de comprendre qu'on n'est pas égaux
00:58 vis-à-vis de la nicotine et que les femmes, elles vont être plus dépendantes à la nicotine, plus facilement, et elles vont avoir plus de mal à
01:03 arrêter parce qu'elles sont moins sensibles aux techniques de sevrage.
01:05 Donc c'est ça, cumulé avec le fait que
01:08 on ne consomme pas le tabac comme les hommes, c'est-à-dire qu'on va avoir tendance à consommer le tabac comme gestion de stress,
01:13 et bien pour le coup, c'est plus difficile d'arrêter. Donc il faut pas hésiter à se faire accompagner pour arrêter le tabac parce que
01:18 c'est pas parce qu'on veut pas, c'est parce qu'on peut pas. On a besoin de peut-être plus d'aide que les messieurs.
01:23 Alexia, dans votre programme, vous prenez aussi en charge la partie alimentation des femmes que vous coachez.
01:28 Qu'est-ce qu'on mange quand on est suivie par Alexia Cornu ? Elle est basée sur quoi votre méthode ?
01:33 Déculpabiliser, déjà, et puis reconnecter à pourquoi est-ce qu'on mange. Donc juste commencer par mettre de la conscience d'abord.
01:40 Est-ce que je mange parce que je comble un stress, parce que j'ai une contrariété, quelque chose comme ça, ou alors
01:48 est-ce que je mange en pleine conscience pour me nourrir ? Et donc ensuite, je les accompagne
01:51 à manger des assiettes équilibrées.
01:54 Je lutte énormément contre les régimes, les diètes, toutes les choses à la mode parce que ça génère des troubles du comportement alimentaire après,
02:00 et puis ça rentre encore dans ce système de punition, de "je vais manger de la salade parce que j'ai trop mangé les verres, etc."
02:08 Et après, "je vais me bruer sur le pot de pâte à tartiner parce que j'ai tellement été frustrée que..."
02:11 Et j'ai faim, tout simplement.
02:12 Donc vous autorisez le sucre et le gras, vous ?
02:14 Je l'utilise bien sûr, enfin je m'autorise, et je l'autorise aussi à tout le monde.
02:18 C'est indispensable. Les graisses sont indispensables pour la femme.
02:21 C'est une bonne source d'énergie, et en plus le système hormonal fonctionne grâce aux graisses.
02:26 Et pour ce qui est des sucres, c'est la source principale d'énergie des muscles et du système nerveux, donc du cerveau.
02:31 Donc si on fait un régime où on retire les sucres, on retire les graisses, on n'a plus d'énergie, on n'arrive plus à se concentrer,
02:37 et bien sûr, on va générer ensuite des fringales, parce que je dis souvent,
02:40 quand on ne donne pas les bons glucides à son corps, il va aller les chercher,
02:44 et il ne va pas vous dire "Hélo, j'ai besoin d'une salade de quinoa", il va vous dire "Je veux du sucre maintenant, tout de suite",
02:49 et c'est là en fait où on va se ruer sur du grignotage.
02:52 Bon, c'est un accompagnement bienveillant, si j'ai bien compris, du côté de l'assiette.
02:55 Caroline, on vient de parler du tabac, mais parlons peut-être aussi un peu de l'addiction à l'alcool.
02:59 Là aussi, les femmes ne sont pas les égales des hommes, les femmes sont plus rapidement dépendantes,
03:04 et les dommages de l'alcool apparaissent plus rapidement chez elles.
03:08 Oui, malheureusement, même constat pour la partie alcool, pour des raisons qui vont être différentes,
03:14 mais par exemple, à poids égal, parce que souvent on va me dire que c'est parce que les hommes sont plus costauds,
03:18 et qu'ils sont plus résistants à l'alcool, ce n'est pas vrai, si vous neutralisez cet effet-là,
03:22 à poids égal, à taille égale, à corpulence égale, malheureusement quand vous consommez de l'alcool,
03:26 vous allez avoir un taux d'alcoolémie qui va être plus fort chez les femmes,
03:28 et les effets vont être plus néfastes, sur les effets liés à la mortalité de l'alcool par exemple,
03:32 ça va être de une fois et demie à deux fois et demie plus fort pour les femmes.
03:35 - C'est plus délétère chez nous. - Oui, c'est important d'en avoir conscience,
03:38 et par exemple, alors ce n'est pas très gai, mais le risque de développer une cirrhose,
03:41 ça va arriver beaucoup plus vite et sur un temps beaucoup plus restreint,
03:44 donc c'est important d'en avoir en tête, parce que malheureusement, il faut ajuster ses comportements vis-à-vis des risques.
03:48 Alexia, pour gérer un peu mieux le stress féminin, parce qu'on sait que le stress nous pousse aussi à grignoter,
03:53 et avoir des compulsions alimentaires notamment, c'est un fléau, vous conseillez des exercices de respiration,
03:59 est-ce que vous avez justement un exercice simple en tête à faire dès qu'on se sent un peu trop stressé ?
04:04 - Oui, la cohérence cardiaque, c'est un exercice de respiration qui est très accessible.
04:07 Aujourd'hui, on peut trouver facilement des vidéos sur YouTube gratuite,
04:11 ou alors télécharger RespirRelax, qui est une application gratuite,
04:14 et qui va permettre de guider en fait le cycle de respiration.
04:17 Et donc on va inspirer tranquillement, et on va expirer longtemps, donc sur six temps, inspire-expire.
04:22 On fait ça pendant cinq minutes, trois fois par jour, et il y a une diminution significative du taux de cortisol,
04:27 et donc du coup du stress. - Il faut que je fasse ça.
04:30 - Moi, j'ai jamais téléchargé une application, c'est effectivement très simple, mais ça marche, j'avoue.
04:33 On se dit "comment cinq minutes, ça peut être magique", mais non.
04:35 - Mais c'est pas cinq minutes, c'est trois fois cinq minutes.
04:37 - Oui, mais même la première séance dans le métro, ça avait marché.
04:39 - C'est déjà mieux que rien, toujours commencer par quelque chose.
04:41 - Caroline, les femmes, on l'a dit tout à l'heure, elles ne vivent pas forcément en meilleure santé que les hommes sur le long terme,
04:46 et c'est aussi à cause du fait qu'elles n'ont pas les mêmes symptômes face à une même maladie.
04:51 On va prendre l'exemple de l'infarctus du myocarde.
04:53 Qu'est-ce qui nous arrive à nous quand on est victime de ce problème ?
04:57 - Alors elles vont pouvoir avoir les mêmes symptômes que les hommes, mais elles vont aussi en avoir d'autres.
05:00 C'est-à-dire que les symptômes qu'on voit dans les spots un peu télé, où on voit...
05:03 - Le bras !
05:04 - Exactement, ça marche quand même aussi chez les femmes.
05:05 C'est-à-dire que si elles l'ont, elles peuvent quand même...
05:07 - Faire attention à appeler l'occurrence.
05:08 - Oui, il faut appeler tout de suite.
05:09 Mais elles vont aussi avoir d'autres symptômes qui sont typiques des femmes.
05:11 Donc elles peuvent avoir une grande fatigue, des maux de tête, etc.
05:15 Des signes qui sont atypiques.
05:17 - Donc c'est plus sournois chez nous et ça peut passer inaperçu, c'est ça que vous voulez dire.
05:19 - C'est ça, c'est-à-dire que ça peut passer inaperçu pour la femme,
05:22 et ça peut parfois passer inaperçu pour le corps soignant, qui, s'il n'y pense pas, va se dire que c'est lié à la charge mentale,
05:27 c'est lié au stress, et que pour le coup, elles peuvent être en danger si elles ne consultent pas à ce moment-là.
05:33 - Alors on va prendre un autre exemple, qui révèle bien les spécifiti...
05:37 Enfin...
05:38 Spécificités, j'ai dit.
05:40 Heureusement qu'on cède aussi à notre femme, de la santé au solidaire ici.
05:43 Et pour cela, on va accueillir Sophie Amarenko. Bonjour.
05:47 - Bonjour.
05:48 - Vous êtes cofondatrice du fonds de dotation "Vaincre l'AVC", fondatrice de Femmes et AVC.
05:54 Alors pourquoi avoir créé un collectif qui s'appelle justement ainsi Femmes et AVC ?
05:58 - Alors justement, pourquoi Femmes et AVC ?
06:01 Ça va complètement dans le sens de votre émission.
06:03 C'est parce que l'AVC chez la femme, aujourd'hui, est la première cause de décès en France chez la femme.
06:10 Très peu de personnes le savent.
06:12 Et donc on s'est sentie, effectivement, obligée de prendre ce collectif à part entière
06:20 pour promouvoir la sensibilisation, la prévention et le dépistage de l'AVC chez les femmes.
06:27 - Alors c'est ce qu'on va faire justement ce matin, essayer d'alerter les femmes et les hommes qui nous écoutent,
06:31 justement sur ce risque féminin.
06:33 À quel moment de la vie d'une femme il faut faire particulièrement attention vis-à-vis de ce risque d'AVC, justement ?
06:38 - Alors, je rejoins exactement ce qui a été dit précédemment.
06:43 C'est que pour la femme, il y a trois moments clés de leur vie,
06:47 que sont la contraception, la grossesse et la ménopause.
06:50 C'est vraiment trois moments clés de la vie d'une femme
06:53 où il doit y avoir un dépistage cardiovasculaire
06:56 et plus précisément savoir si elles ont ou pas un potentiel risque d'AVC.
07:01 Parce que l'AVC est vraiment sous-estimé à ces moments-là chez la femme.
07:06 - Est-ce qu'il y a des facteurs de risque qui amplifient le risque d'être un jour victime d'un AVC ?
07:11 - Alors, contrairement à ce qu'on vient d'entendre par rapport à l'infarctus du myocarde,
07:16 concernant l'AVC, les symptômes et les facteurs de risque sont exactement identiques chez l'homme et chez la femme.
07:23 La seule chose, c'est qu'effectivement, à ces trois périodes clés de leur vie,
07:27 il y a un facteur de risque prédominant qui est l'hypertension artérielle,
07:31 qui est le premier facteur de risque de l'AVC
07:34 et qui, comme facteur de risque, passe inaperçu,
07:38 puisqu'il n'y a généralement pas de symptômes de l'hypertension artérielle.
07:44 Donc ça, c'est le premier facteur de risque chez la femme qu'on va retrouver à ces moments clés.
07:47 Et puis, il y a aussi ce qu'on appelle la fibrillation auriculaire,
07:51 c'est-à-dire un trouble du rythme qui est là encore fréquent à ces trois moments clés de la vie d'une femme.
07:57 On devrait normalement toutes avoir un dépistage à ces trois moments clés de la vie.
08:03 Et au jour d'aujourd'hui, ce n'est pas encore le cas, malheureusement.
08:07 Très bien, merci beaucoup, Sofia Marinko, pour votre intervention sur Europe 1.
08:11 Caroline, je reviens vers vous.
08:13 Alors, une autre différence qui peut dégrader la santé des femmes, c'est,
08:16 on en a un petit peu parlé tout à l'heure, la charge mentale.
08:18 Rappelez-nous ce que c'est et quelles sont les conséquences sur la santé, pour le coup ?
08:23 Eh bien, la charge mentale, ça va être toutes les injonctions qui reposent sur le dos des femmes, entre guillemets.
08:28 Spontanément, vous allez penser à la charge domestique, c'est-à-dire les enfants, la santé.
08:32 Il y a aussi les aidants, souvent c'est les femmes qui sont responsables des aidants.
08:36 Et puis, il y a aussi toute l'injonction de la société sur le fait d'être à la fois une bonne mère, une bonne épouse, une bonne campagne,
08:41 une femme active, une femme qui est belle, une femme qui est dynamique, et avec peu de libre choix sur la défaillance.
08:47 Et ça, ça crève les femmes ?
08:48 Et ça, ça crée de la souffrance, ça crée de la souffrance psychologique,
08:51 dès lors que vous avez l'impression que vous n'êtes pas dans la norme qu'on attend,
08:54 parce que c'est une norme inatteignable.
08:56 Mais ça rend malade, vraiment ? Parce que ça nous crève psychologiquement, d'accord, mais il y a un impact sur le corps ?
09:01 Eh bien, déjà, votre tête, c'est votre corps.
09:03 Donc quand votre tête ne va pas bien, votre corps risque de ne pas aller bien.
09:06 Et en effet, l'estime de soi diminue, donc résultat, vous allez avoir tendance peut-être à fumer, à boire, à manger mal.
09:11 Et burn out aussi, parfois.
09:13 Exactement, ça fait partie des symptômes aussi.
09:15 En fait, la souffrance psychique, ça fait partie du corps.
09:18 Alexia, pour déconnecter justement cette charge mentale des femmes que vous coachez,
09:21 vous avez, je crois, quelques petites astuces, et notamment un atelier d'écriture. Expliquez-nous.
09:25 Oui, souvent, c'est des exercices que je fais faire avec mes membres.
09:29 Donc, le plus important, pour moi, ça va être de vider en premier tout ce qu'on a dans la tête.
09:34 Donc déjà, prendre un papier, un crayon, et noter toutes les choses qui nous viennent en tête,
09:38 toutes les choses qu'on se dit "il faut que je fasse ci, il faut que je fasse ça", etc.
09:40 Mais pas sur une to-do list, hein, parce que ça, on fait par contre.
09:42 Si, on est clairement sur une to-do list, mais on y va, on se lâche.
09:45 À fond, on détaille.
09:46 Et après, ensuite, on prend une autre feuille qu'on va classer en trois colonnes.
09:50 Les choses urgentes, et on met très peu de choses, trois maximum.
09:54 Les choses à faire, donc qui vont être bientôt urgentes, mais qui ne le sont pas encore.
09:58 Et les choses bonus, donc toutes les choses où on se dit "ah, j'adorerais me lever à 5h du mat pour faire de la méditation",
10:03 mais c'est pas le moment.
10:04 Et donc, en fait, une fois qu'on a cette vision-là, ça permet de se concentrer uniquement sur les choses urgentes,
10:09 pas plus de trois maximum.
10:11 Et en fait, le fait de faire ça, ça permet de ne pas aller dans les choses à faire tant que les urgentes ne sont pas faites.
10:16 C'est génial.
10:17 En général, en fait, la charge mentale, c'est qu'il y a plein de choses urgentes qu'on ne fait pas,
10:20 parce qu'on va faire le à-faire, parce qu'on a envie de faire ces choses-là davantage, préparer les vacances, etc.
10:24 Et on garde une charge mentale énorme parce que le urgent n'avance pas.
10:27 - Classer en colonne, ça aide. Je suis sûre que vous êtes convaincue, Julia.
10:30 - Je le fais moi-même et ça marche tout à fait.
10:32 Merci à toutes les deux.
10:33 On va vous retrouver dans quelques minutes sur Europe 1.
10:35 On parle de la santé des femmes ce matin.
10:37 Comment faire mieux ?
10:38 Eh bien, c'est peut-être en arrêtant aussi avec certains stéréotypes de la femme parfaite,
10:42 celle qui doit toujours être du numéro égal, par exemple, toujours mince et sans aucune imperfection.
10:47 Toutes ces attentes insidieuses nuisent à la santé féminine.
10:51 Et on va vous expliquer pourquoi sur Europe 1.
10:54 Bien fait pour vous sur Europa.