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Transcription
00:00 Je voudrais enfin terminer sur l'importance d'une réforme des retraites.
00:05 Je ne dis pas la réforme des retraites, parce qu'il n'appartient pas au président du HCFP ni au Premier Président de la Cour des Comptes
00:12 de telle terminer son contenu, ses contours, son calendrier, ses modalités d'accompagnement et de compensation.
00:19 Ça, c'est la responsabilité du gouvernement et du Parlement en lien avec les partenaires sociaux.
00:23 Nous n'entendons en rien nous substituer aux politiques.
00:26 En revanche, nous sommes là pour examiner la question de la soutenabilité des finances publiques et nous constatons,
00:31 c'est notre point de vue, qu'en l'état, le système n'est pas finançable, n'est pas soutenable et donc il faut bien une réforme.
00:40 Ce n'est pas à nous de choisir les modalités.
00:42 Nous savons tous que nos finances publiques ont connu, j'ai utilisé ce mot, je le réutilise, une érosion progressive sur longue période
00:49 et qu'elles n'ont pas aujourd'hui les marges de manœuvre pour faire face aux chocs et aux investissements publics dont le pays a besoin.
00:55 Je ne veux pas jouer les cassandres, d'autres l'ont trop fait et n'ont pas été entendus.
01:00 Laissez-moi simplement rappeler quelques éléments factuels.
01:03 La France est entrée dans la zone euro avec un ratio de dette dans la moyenne européenne, exactement équivalent à celui de l'Allemagne.
01:12 Au moment de l'entrée dans la zone euro, il se trouve que j'étais à l'époque ministre des Affaires européennes.
01:16 Je me souviens, c'est en 2001, nous étions à 58 points de dette pour l'Allemagne comme pour la France.
01:23 A l'époque, on disait que c'était l'Allemagne, l'homme malade de l'Europe.
01:26 Vingt ans plus tard, notre position relative s'est nettement dégradée.
01:30 La dette de la Belgique, qui était très élevée pour le coup, a augmenté d'un point.
01:34 Celle de l'Allemagne a augmenté de 10 points.
01:37 Celle de l'Italie, qui était aussi très dégradée déjà, de 41 points.
01:42 Celle de la France a augmenté de 55 points, 45 points de plus que notre partenaire allemand.
01:49 C'est un fait. Il faut en partir. Après, vous pouvez en déduire des conclusions extrêmement différentes, mais c'est un fait robuste.
01:58 Or, la dette n'est plus gratuite.
02:01 Nous sommes sortis de l'ère des taux d'intérêt négatifs que certains jugeaient bénis.
02:06 Le taux d'intérêt à 10 ans a retrouvé son niveau d'il y a 10 ans.
02:10 La charge de la dette en comptabilité nationale représentait 30 milliards en 2020, 35 milliards en 2021.
02:16 Elle est projetée à 44 milliards par le gouvernement de 2023.
02:19 Je vous rappelle que le budget de la défense, je ne compte pas encore la loi et programmation, le deuxième budget de l'État, est à 41 milliards hors pension, 50 pensions incluses.
02:32 Nous arrivons donc dans cette zone dangereuse où c'est le remboursement de la dette qui devient le deuxième budget de l'État.
02:37 Il n'y a pas de charge ou de dépense plus stérile que la charge de la dette.
02:43 Tout euro que nous y consacrons dans un système de taux d'intérêt positif est un euro en moins pour les dépenses que les uns ou les autres vous pouvez souhaiter pour le pays,
02:52 qu'il s'agisse de la sécurité sociale, de l'éducation, de l'huile contre le réchauffement climatique, des dépenses militaires.
02:59 C'est un euro perdu en vérité.
03:01 Pourquoi est-ce un problème ? Parce que la France fait face à des besoins d'investissement public majeurs.
03:07 Et ce dès aujourd'hui, il ne faut pas s'y tromper.
03:09 C'est aujourd'hui et non demain que la France doit rénover son système de santé.
03:12 Son système scolaire, son armée, produire sur son territoire des biens essentiels, investir dans la recherche et le développement pour se maintenir dans la compétition mondiale.
03:22 Et il y a des sujets sur lesquels on voit bien qu'il y a des retards qui deviennent préoccupants.
03:27 Pensons par exemple à la santé, investir dans ses infrastructures pour s'adapter au changement climatique, réduire les émissions de CO2.
03:33 Il y a devant nous un mur d'investissement.
03:37 Et s'il y a un mur d'investissement et une montagne de dettes, on a un vrai problème.
03:42 Il faut quand même rétablir à un moment donné une sorte de système de base communicant pour financer les investissements en ayant moins de dettes.
03:50 Sans quoi nous n'avons pas de marge de manœuvre.
03:53 Réformer les retraites, encore une fois ce n'est pas à moi de dire comment, fait partie de l'effort collectif nécessaire pour y parvenir.
04:01 Mais ça ne suffit pas.
04:03 On pense à la capacité d'améliorer ses comptes publics dans tous les secteurs des politiques publiques en recherchant la qualité de la dépense.
04:10 Ce n'est pas chose facile.
04:12 Mais nous ne le faisons pas alors que la plupart de nos partenaires le font.

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