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Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte l’histoire d’un mariage raté. En 1861, une aristocrate prénommée Valentine de Chimay (1939-1914), épouse le militaire Paul de Bauffremont (1827-1893). L'homme, dont la fortune est inférieure, a été recommandé au père de la jeune femme par l’impératrice Eugénie. Mais Valentine est victime d’un coureur de dot, uniquement intéressé par son argent.

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Transcription
00:00 Europe 1, historiquement vôtre avec Stéphane Berne.
00:04 Tous les jours, vous le savez, historiquement vôtre,
00:05 on vous raconte l'histoire sans se la raconter avec Jean-Luc Lemoyne
00:08 qui vient tout juste de mettre le point d'interrogation finale à son quiz à suivre.
00:12 Exactement, cher Stéphane.
00:13 Et d'ailleurs, j'ai un indice musical pour vous deux.
00:16 Docteur, quelle est ta douleur ?
00:19 Docteur, c'était du septembre.
00:22 Alors, c'est sur la vaccination, l'inoculation de la variole.
00:27 On va s'inoculer tous ensemble. Non, pas du tout.
00:30 On va parler de docteur, mais d'un docteur en particulier, d'après vous, quel docteur ?
00:34 Docteur, Docteur Folamour, Docteur Givago.
00:37 Non, beaucoup moins joyeux que ça.
00:39 Docteur Petiot.
00:40 Docteur Petiot, exactement.
00:42 Ça vous vient d'où tout ça ?
00:43 Je ne sais pas.
00:44 On va dire que dès qu'il y a du sang, dès que c'est le mal.
00:47 Et puis dès qu'il y a une oreillette aussi.
00:49 Non, non, non. J'ai des inspirations qui me viennent d'ailleurs.
00:54 On refera ça tout à l'heure pendant le quiz.
00:56 Mais avant cet affrontement, je vais lui laisser la parole.
00:59 C'est Clémentine Portier-Keltenbach qui nous raconte des histoires dont elle seule a le secret.
01:03 Aujourd'hui, alors qu'on réunit des reines du shopping,
01:08 vous nous racontez, vous, des rois de la shop,
01:11 des coureurs de dot qui jetaient leur dévolu sur des femmes fortunées.
01:14 C'est ce qu'a vécu une certaine Valentine de Chimay, Clémentine.
01:17 Oui, Stéphane, c'est l'un des célèbres mariages ratés du 19e.
01:22 Je vais vous raconter.
01:23 Cette Valentine de Chimay, elle était issue d'une grande famille aristocratique belge.
01:28 Elle était la petite-fille de Madame Tallien.
01:30 Son vrai nom, d'ailleurs, est vachement plus joli.
01:32 C'est Valentine de Riquet de Caramans-Chimay, voyez-vous.
01:36 Elle est née le 15 février 1839 et elle a été victime d'un de ces coureurs de dot.
01:43 En fait, un jour de 1861, l'impératrice Eugénie de Montijo, qui devait jouer,
01:49 elle s'ennuyait un peu sans doute à Paris.
01:52 Elle devait aimer jouer les marieuses à ses heures perdues.
01:55 Eh bien, elle écrit au prince de Chimay en son château des Ardennes.
01:59 Et elle lui dit, écoutez, si vous n'avez personne en vue pour votre fille Valentine,
02:03 ah ben j'ai le candidat idéal, le prince Paul de Beaufremont,
02:09 chef d'escadron au 6e USAR.
02:11 Sur le papier, ça fait bien quand même.
02:13 Alors, on organise une brève rencontre à Bruxelles entre les futurs mariés,
02:16 qui ne se connaissent pas.
02:18 Et là, se produit une sorte de cérémonie façon vente de tapis.
02:22 Devant témoins, on fait une sorte d'inventaire détaillé de la fortune de l'un et de l'autre,
02:27 de leurs avoirs, de leur rang, de leurs biens immobiliers, de la dot.
02:32 Car le régime matrimonial adopté est le régime dotal.
02:37 La mariée a beaucoup plus que le marié, Valentine de Chimay,
02:42 lui doit en somme s'endetter pour l'obtenir.
02:45 Il apporte à son épouse sa future part dans la succession de son père,
02:51 qu'il n'a pas encore, mais enfin, il a de belles espérances.
02:53 Et puis, sa mère s'engage à lui servir une rente.
02:56 Les invités sont là, écoutent tout ça avec intérêt et gourmandisent.
03:01 On se croirait dans un roman de Balzac.
03:03 Alors, quoi qu'il en soit, la petite Valentine,
03:06 elle a eu à peine le temps de faire la connaissance de son futur mari,
03:09 que celui-là, il par bruit d'abattu pour l'Italie,
03:12 parce qu'il veut aller enterrer sa vie de garçon en Italie.
03:15 Et bon, c'est pas grave, c'est promis, je reviendrai quand même 15 jours avant le mariage.
03:19 Allez, avril 1861, ça y est, les voilà mariés.
03:22 Et Valentine, qui est une jeune aristocrate mondaine,
03:26 qui aimait la grande ville, aimait les loisirs,
03:29 elle se retrouve avec son mari à devoir aller de garnison en garnison.
03:34 Et en plus, le gros hic, c'est que le beau Fremont en question
03:38 n'est pas du tout fait pour le mariage.
03:41 Lui, ce qu'il aime, c'est se battre.
03:43 Il est d'ailleurs un bon soldat.
03:44 Il reviendra du Mexique avec la Légion d'honneur.
03:47 Mais il aime non seulement se battre, mais ce qu'il aime aussi,
03:49 c'est les toutes jeunes femmes et les prostituées.
03:52 Sa femme, à ses yeux, n'est là que pour lui donner des enfants.
03:56 Elle se retrouve enceinte, elle accouche d'une fille,
03:58 alors à ce moment-là, son mari, qui s'en rase encore plus de se retrouver avec une femme enceinte,
04:03 s'en va, il va voyager.
04:05 Quand il rentre du Mexique, il ne la trouve pas chez elle.
04:07 Il lui envoie un télégramme.
04:09 "N'ai pas trouvé mes chemises. Faites-moi savoir immédiatement où elles sont."
04:12 Charmant, la vie conjugale avec le beau Fremont.
04:16 - Et comment elle s'est sentie quand on lui a présenté ?
04:17 - Elle n'avait pas le choix. On ne lui a pas donné le choix.
04:20 C'est lui. En plus, elle a été désignée par l'impératrice.
04:23 Donc, tu l'épouses et tu ne discutes pas.
04:25 À ce point de leur mariage, à chaque fois qu'ils se croisent,
04:28 le mari lui fait des scènes.
04:30 Donc, elle en a marre.
04:31 Et sur les conseils de son ami Georges Bibesco,
04:33 qui deviendra aussi son amant et futur mari,
04:36 elle finit par demander la séparation.
04:38 Mais à cette époque, le divorce est interdit.
04:41 Il faut avoir subi des sévices ou des injures graves
04:44 pour obtenir la séparation de corps.
04:46 Or, la justice considère que ce n'est pas son cas.
04:48 Elle tranche sur ce point 1870 en disant
04:50 "Non, vous n'avez pas le droit."
04:51 Elle retente sa chambre.
04:53 Ça commence à s'envenimer tout ça.
04:55 Parce que Beau Fremont et Bibesco se battent en duel.
04:58 Là, la selle s'incloue.
04:59 Bibesco blesse Beau Fremont qui va passer 10 jours au lit.
05:02 Et Bibesco lui va faire 6 jours de prison.
05:05 Ça sent le roussi, tout ça.
05:06 Et coup de théâtre, Bibesco enlève la princesse et ses enfants.
05:09 Elle se fait naturaliser dans le duché de Sax-Haltenburg
05:13 où le divorce est autorisé.
05:14 Et elle épouse son Bibesco à Berlin en octobre 1875.
05:18 Mais l'autre Beau Fremont, qui n'en avait rien à faire de sa femme,
05:20 il riposte et il obtient en 1876 l'annulation de ce mariage
05:25 et la garde de ses enfants.
05:27 Et il obtient même une sorte d'astreinte de 100 francs par jour.
05:31 1000 francs. 1000 francs par jour d'absence des enfants.
05:33 Il dit à sa princesse "Ton mariage en Allemagne est annulé.
05:36 Les enfants, tu me les ramènes, sinon c'est 1000 francs par jour."
05:39 Et au bout d'un an, ça fait 300 000 francs.
05:41 Et elle va être obligée de vendre le château dont elle avait hérité de sa maman.
05:45 Vous vous rendez compte, ce mauvais mariage,
05:47 avec un courant hors de dot, quelle galère quand même.
05:51 Donc il vaut mieux choper tout de suite le bon.
05:53 C'est ça la morale de cette histoire.
05:54 - Et laisser parler l'amour.
05:56 - Quand il y en a, voilà. Elle aurait dû épouser tout de suite un Bibesco.
05:58 Si on l'avait choisi.
06:00 - Vous ne croyez plus en l'amour. C'est terrible.
06:02 - Merci Clémentine. - Je crois en l'argent.
06:04 - Et maintenant, c'est le moment de l'émission,
06:06 vous le savez chers auditeurs, je ne contrôle plus rien.
06:09 C'est Jean-Luc qui prend la main pour le quiz "Burn to be alive".
06:12 Mais juste avant, on écoute un grand classique sur Europe 1.
06:15 Lady d'Arbanville.
06:17 Quand Cat Stevenson, sa petite amie de l'époque, l'actrice et mannequin.
06:21 Patty d'Arbanville.