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Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte les victoires et les défaites du maréchal de Soubise (1715-1787). Proche du roi Louis XV (1710-1774), il mène une brillante carrière militaire jusqu’à la défaite de Rossbach, qui oppose les troupes franco-autrichiennes à l’armée prussienne…
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Transcription
00:00 Alors, reprenons, M. de Soubise.
00:02 Charles de Rons, prince de Soubise, duc de Ventadour.
00:07 Il est né en 1715 et mort en 1787.
00:10 Il avait un point commun avec Louis XV.
00:12 Louis XV avait 5 ans de moins que lui.
00:15 Madame de Ventadour était sa nourrice ?
00:17 Celle de Louis XV.
00:19 Oui, oui.
00:20 Et en tout cas, ils n'étaient non pas apparentés,
00:24 mais tous les deux ont perdu leurs parents très jeunes.
00:27 Donc, vous voyez, Louis XV et le prince de Soubise
00:30 sont deux petits orphelins qui deviennent amis.
00:33 Et hop, il y en a un qui va devenir roi.
00:35 Et du coup, toute sa vie, il va protéger son ami d'enfance.
00:39 Alors bon, son ami d'enfance devenu jeune homme
00:42 fait une carrière militaire.
00:43 Ça commence pas mal, d'ailleurs.
00:45 En 1745, il est aide de camp du roi à la bataille de Fontenoy,
00:49 l'une des plus éclatantes victoires françaises contre les Anglais,
00:52 au cours de laquelle il faut reconnaître qu'il va contribuer
00:55 au mouvement qui décide de la victoire.
00:57 Donc, vous voyez, c'est pas un nul sur le champ de bataille,
00:59 un nul absolu.
01:00 Dans la foulée, il prend part à la prise de tournée
01:03 aux batailles victorieuses de Raukour, de Lofeld,
01:06 qui vont permettre à la France d'occuper l'intégralité
01:08 des Pays-Bas autrichiens.
01:10 Donc, ça, vraiment, ça commence plutôt bien.
01:12 Ce sont des succès militaires qui lui valent de recevoir,
01:14 en 1748, le titre de lieutenant général des armées.
01:18 Et comme en plus d'être ami avec Louis XV,
01:20 et bien, il s'entend bien avec Madame de Pompadour,
01:24 et bien, on lui confie une division de 24 000 hommes
01:26 au moment même où commence la guerre de Sept Ans.
01:28 Vous savez, la guerre de Sept Ans, c'est une sorte de...
01:31 c'est un peu un embryon de guerre mondiale.
01:33 On se bat absolument partout, mais en France,
01:35 ça va nous faire... on va perdre le Québec,
01:37 on va perdre l'Inde, on va tout perdre là-dedans.
01:39 Les Anglais, nos grands vainqueurs, mais en Europe,
01:42 la zone de friction, c'est la Silésie.
01:44 C'est une zone qui est convoitée aussi bien par la Prusse
01:47 que par l'Autriche.
01:48 - Et qui est la Pologne aujourd'hui.
01:49 - Et qui est la Pologne aujourd'hui.
01:50 Et vous savez que dans toute cette histoire,
01:52 il s'est passé une chose absolument ahurissante,
01:54 c'est qu'alors que la France a toujours été l'ennemi de l'Autriche
01:57 depuis 250 ans, et bien hop là...
01:59 - Retournement des alliés.
02:00 - Exactement.
02:01 Et nous, on se retrouve contre la Prusse et l'Angleterre
02:05 qui avaient toujours plus ou moins été nos alliés.
02:07 C'est quand même étrange.
02:08 Et alors là, l'une des principales batailles,
02:10 ça se passe à Rosbach.
02:11 Rosbach, c'est une petite ville de Saxe à 35 km au sud-ouest de l'AFC.
02:15 Et là, il y a deux armées qui se font face.
02:17 Donc d'un côté, l'armée de Frédéric II de Prusse,
02:20 et de l'autre, les troupes franco-autrichiennes
02:22 menées donc par mon fameux Soubise et son homologue autrichien,
02:26 le Feldmarschall d'Empire Joseph Friedrich von Sachsen in Burghausen.
02:30 Et l'armée franco-impériale dirigée par Soubise,
02:33 écoutez-moi bien, est bien supérieure en noms.
02:36 Il y a 42 000 hommes côté franco-autrichien
02:40 contre simplement 22 000 pour la Prusse.
02:42 C'est quand même du simple au double.
02:44 Donc sur le papier, Soubise et J.S.S.
02:48 la Joseph Friedrich von Sachsen in Burghausen
02:51 - Sachsen in Burghausen.
02:53 - Sachsen in...
02:55 - Ça existe, la Sachsen...
02:56 - Sachsen in Burghausen.
02:58 - In Burghausen.
02:59 - Voilà.
03:00 Alors, donc ils devraient avoir le dessus fastoche,
03:02 puisqu'ils sont deux fois plus nombreux.
03:03 Seulement, voilà,
03:04 Soubise va s'avérer totalement incapable
03:06 de coordonner l'action de ses soldats sur le terrain.
03:08 Et bien vite, la confusion la plus grande
03:11 et même la débandade générale
03:13 se déroule sous ses yeux,
03:15 que Soubise résumera par la suite dans ses termes.
03:17 Là, je le cite.
03:18 "L'infanterie combattit son empressement
03:21 et céda à son inclination pour la retraite."
03:25 Oh, ça c'est joli, m'ont dit,
03:26 l'inclination pour la fuite de l'armée française,
03:29 qui permet à l'armée prussienne
03:31 d'en finir en moins de deux heures,
03:32 avec une armée deux fois supérieure en nombre.
03:34 Et Frédéric II de raconter partout par la suite
03:36 qu'avec cette bataille contre les Français,
03:38 c'était une promenade.
03:39 Enfin, l'humiliation pour nous.
03:41 À Rosbach,
03:42 Soubise va perdre entre 8 et 10 000 hommes,
03:45 là où les Prussiens en perdent à peine plus de 500.
03:48 Vous voyez un peu le massacre.
03:50 Alors, il sera patri honteuse et confus
03:52 à la Cour de France,
03:53 où il est attendu de pied ferme, bien sûr,
03:55 parce qu'on l'y tient pour l'unique responsable
03:57 de la honteuse journée de Rosbach.
03:58 Mais alors que la France entière se rit de lui
04:02 et le traite de fléau national,
04:03 que croyez-vous qu'il arrive à ?
04:05 Louis XV est très attaché à son ami.
04:08 Alors, non seulement,
04:09 il ne prend aucune sanction après Rosbach
04:12 contre son ami de cœur,
04:13 ainsi que l'on surnomme Soubise à la Cour.
04:16 Mais il le nomme,
04:17 on est bien en France,
04:18 mais il le nomme ministre d'État
04:20 en remplacement du ministre de la Guerre.
04:22 Il lui alloue une pension considérable
04:24 de 50 000 livres.
04:25 Il lui affecte un magnifique appartement
04:27 de fonction à l'Arsenal.
04:29 Il lui confère le cordon bleu.
04:30 Distinction qui, compte tenu de l'amour de Soubise
04:32 pour la cuisine,
04:33 était peut-être de toutes les gratifications obtenues,
04:35 la seule qui fut vraiment méritée.
04:37 - Ça n'a rien à voir, le cordon bleu.
04:39 - Ça n'a rien à voir, je précise.
04:40 Oui, mais mieux encore.
04:42 Soubise est fait maréchal de France en 1758
04:45 et Louis XV lui confie une nouvelle armée
04:47 pour lui permettre de faire oublier Rosbach.
04:49 Alors, il faut lui rendre justice.
04:51 Il y parviendra plus ou moins
04:53 la dernière année de sa carrière militaire,
04:55 en 1762, avec sa victoire de Noheim.
04:58 Le roi lui passe à tout.
05:00 Mais il faut reconnaître à des charges de Soubise
05:02 qu'il lui montrera une loyauté inaltérable.
05:05 À la mort de Louis XV le 10 mai 1774,
05:08 eh bien, Soubise est le seul de tous les courtisans
05:10 à accompagner jusqu'à Saint-Denis
05:12 la dépouille mortelle de son ami.
05:14 Enfin, si vous voulez, on n'empêchera quand même pas
05:17 de penser que dans une époque
05:19 où on ne l'eut pas contraint à devenir soldat,
05:22 Soubise aurait largement préféré
05:24 les batteries de cuisine aux batteries de canon.
05:27 Mais bon, aller faire comprendre ça à des Prussiens,
05:29 ça, c'est pas la peine.
05:31 - Merci Clémentine.