Avec son essai intitulé "Aimer sainement ; en finir avec les dynamiques toxiques dans le couple" (éd. Leduc), Amal Tahir veut sortir du "schéma de base hétérosexuel et patriarcal", en invitant femmes et hommes à déconstruire notre conception de l’infidélité. Amal Tahir invite également à considérer le poids du patriarcat dans nos rapports avec pour conséquence directe : la rivalité féminine. Dans les cas d’adultère, de nombreuses femmes s’en prennent aux maîtresses plutôt qu’à leurs conjoints. Une attitude qui valide le patriarcat.
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00:00 Les mecs ont peur que quelqu'un d'autre touche à leur territoire, alors que ça n'a rien à voir.
00:03 Et les femmes, leur territoire, c'est le cœur du mec, parce que c'est difficile à avoir,
00:07 c'est impressionnant, un homme qui t'aime.
00:08 La tromperie masculine et féminine n'est pas perçue de la même manière dans notre société.
00:15 Un homme, quand il trompe, c'est juste pour le sexe.
00:17 C'est pas vrai.
00:17 Un homme peut tromper parce qu'il est tombé amoureux de quelqu'un d'autre
00:20 et qu'il a aussi des sentiments.
00:21 Et les femmes, à l'inverse, elles peuvent tromper
00:24 juste parce qu'elles ont envie de s'envoyer en l'air
00:26 et qu'elles ont envie de le faire avec quelqu'un d'autre que leur partenaire. C'est totalement possible.
00:29 Tous les schémas de tromperie existent.
00:31 Il y a un effet un peu de dualité dans la tromperie.
00:34 On la banalise quand c'est un homme et on la diabolise quand c'est une femme.
00:37 C'est-à-dire que "non mais c'est un homme, tu sais, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? 15 ans, c'est bon."
00:41 Quand t'es une femme, c'est pas la même chose.
00:42 T'es une chedasse, t'es une allumeuse.
00:44 Et généralement, il y a un côté très patriarcal.
00:46 Imagine que t'es une femme, tu trompes ton mec.
00:48 Ton mec, dans sa tête, aura plus le seum à cause de la société vis-à-vis de l'autre mec.
00:54 Il va tout de suite penser à la notion sexuelle.
00:56 "Ah oui, donc t'as couché avec quelqu'un d'autre, machin, tous ces trucs."
00:58 Alors que la femme, et tu l'aimes du coup, cette maîtresse ou cet amant, tu l'aimes.
01:02 Donc, quand tu trompes, tu n'es pas accueillie de la même manière.
01:05 C'est un autre héritage patriarcal de se dire toujours, "c'est toujours la faute de la maîtresse."
01:10 Mais l'homme marié, lui, c'est normal.
01:11 En fait, c'est complètement fou parce que la plupart du temps, entre nous, l'amante, la maîtresse, elle est célibataire.
01:17 Et l'homme, par contre, il est marié ou en couple.
01:19 Et on va toujours...
01:20 Comme on est dans une hyper sexualisation de la femme,
01:22 et il y a cette rivalité féminine, il ne faut pas l'oublier, qui est aussi un héritage patriarcal.
01:26 Et du coup, c'est vrai que la rivalité féminine, la femme trompée va plus en vouloir à la maîtresse qu'au mari.
01:32 "Mais lui, c'est un homme, je m'en fous, mais toi, t'es une femme, tu dois savoir ce que c'est, etc."
01:36 "Savoir ce que c'est", ça ne veut rien dire.
01:38 C'est-à-dire qu'il y a des maîtresses qui estiment que ce n'est pas leur responsabilité.
01:41 Elles sont dans une légèreté de se dire "Bah moi, je m'en fous, j'ai peut-être plusieurs partenaires,
01:47 je m'en fous que lui soit marié ou pas, c'est ses affaires."
01:49 Et c'est vrai en soi, c'est tes affaires en tant que personne en couple mariée
01:53 de faire en sorte d'être fidèle à ta partenaire.
01:55 Donc quand un homme ne l'est pas, c'est à lui qu'il faut s'en prendre et pas à la maîtresse.
01:59 Il faut arrêter de croire que les hommes ne peuvent pas se contrôler.
02:01 Il faut arrêter de toujours justifier ça par ce qu'on appelle la pulsion sexuelle.
02:04 On banalise beaucoup la pulsion sexuelle ou genre le dégoût.
02:07 Genre les mecs, quand ils ont éjaculé, ils se sont dégoûtés pendant quelques secondes de la femme.
02:11 Genre c'est scientifique.
02:12 Alors oui, c'est scientifique d'avoir un truc réfractaire, donc une érection qui tient plus.
02:16 Mais dégoûter, c'est un mot tellement fort.
02:18 On veut vraiment faire sentir aux femmes qu'il y a un dégoût envers elles après ça.
02:22 Et quoi qu'elles fassent, c'est toujours elles les fautives, c'est toujours elles qui ont été dans le chauffé.
02:26 Comme si "Non, si tu ne veux pas, tu dis que tu ne veux pas, tu n'es pas obligée."
02:30 On a vraiment l'impression, on a rendu les femmes un peu comme si c'était elles qui tentaient le diable tout le temps.
02:34 Et puis l'homme "Oups, je n'ai pas fait exprès, j'ai craqué, j'ai trompé ma femme."
02:38 [Générique]