Retrouvez "L'entretien - Dimitri Pavlenko" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-dimitri-pavlenko
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Autre sujet Bernard Acoyer, vous êtes le président de l'organisation Patrimoine Nucléaire et Climat.
00:04 Vous avez dénoncé l'été dernier, ici même au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1,
00:09 la tentative de sabordage, disiez-vous, du nucléaire français,
00:13 entrepris par les gouvernements successifs pour satisfaire aux exigences de l'écologie politique.
00:18 Depuis, Emmanuel Macron et son gouvernement semblent vouloir redresser la barre.
00:22 Le Sénat a adopté cette semaine le projet de loi sur la relance du nucléaire,
00:27 notamment la construction de 6 EPR. Est-ce que vous êtes aujourd'hui rassuré ?
00:32 Alors oui, il y a un changement de cap évident.
00:35 On est sorti de l'utopie qui consistait à suivre l'écologie politique,
00:40 qui continue à avoir pour priorité la fin du nucléaire sur la lutte contre le réchauffement climatique,
00:48 ce qui évidemment n'a pas de fondement.
00:51 Et donc le gouvernement ayant pris conscience de cela, et malheureusement la crise énergétique européenne,
00:59 mais la crise électrique française, ont accéléré la prise de conscience et l'annonce de décisions concrètes.
01:05 On va pouvoir rattraper le retard ?
01:06 Alors ça c'est un défi énorme, parce que c'est un défi industriel qui exige d'avoir les hommes et les femmes
01:15 pour conduire le projet, pour réaliser le projet.
01:19 Or nous avons un pays qui s'est largement désindustrialisé,
01:24 pendant 20 ans nous n'avons plus investi dans notre filière nucléaire,
01:30 et depuis 10 ans on expliquait aux français qu'il fallait au contraire la réduire et envisager même sa fin.
01:37 Donc c'est une volte-face, je suis heureux de cette volte-face,
01:41 mais néanmoins le temps perdu sera difficile à rattraper.
01:44 Je rappelle que 44 réacteurs nucléaires sont désormais en service,
01:48 sur les 56 que compte le parc nucléaire français.
01:52 Ce projet de loi dont je parlais, il vise notamment à faciliter, à simplifier les procédures,
01:56 pour accélérer, disons les choses simplement, la construction de nouveaux réacteurs.
02:02 Il ne faut pas que ça se fasse au dépend de la sécurité, Bernard Acoyer ?
02:05 Alors la sûreté, la sûreté nucléaire.
02:08 La France est le pays qui, sur le plan de la sûreté, est le plus exigeant au monde,
02:13 et c'est une bonne chose.
02:15 L'autorité de sûreté nucléaire fait un travail qui est salué partout,
02:21 et sur les questions de sûreté, c'est pas le problème.
02:24 Le problème est un problème industriel, de relance,
02:27 c'est un problème de délai, c'est un délai de construction.
02:32 C'est aussi un problème de financement, parce que tout ça coûte très cher,
02:36 et ça s'amortit sur une très longue période, ce qui fait que l'augmentation du coût de l'argent est un problème.
02:41 Mais néanmoins, toutes ces difficultés, il faut les surmonter. Pourquoi ?
02:46 Parce qu'on le voit bien, le prix de l'énergie est à l'origine de tout.
02:50 Le pouvoir d'achat des ménages, mais aussi la compétitivité du pays,
02:56 notre capacité à arrêter la désindustrialisation,
02:59 et à relancer, enfin à réindustrialiser le pays, c'est un projet d'ensemble.
03:05 Il est vital, je pense même à titre personnel,
03:08 que c'est une des dernières chances que la France doit absolument saisir,
03:12 pour se donner un objectif, une voie, un projet qui puisse rassembler les Français,
03:17 en disant "nous allons retrouver ce que nous n'avons pas su suffisamment préserver".
03:22 - Mais les résistances politiques du mouvement écologiste, pour parler généralement, elles sont encore présentes ?
03:28 - C'est une idéologie, l'écologie politique la plus radicale.
03:32 Et le lobby antinucléaire est un lobby complexe.
03:35 C'est un lobby où il y a des intérêts commerciaux,
03:38 c'est un lobby où il y a des intérêts étrangers,
03:41 et c'est un lobby qui est très puissant,
03:44 et qui dispose de soutiens qui sont insoupçonnés,
03:48 et qu'il serait intéressant d'investir d'ailleurs.
03:51 Mais l'intérêt de la France, elle l'a montré,
03:54 quand elle a développé son parc nucléaire,
03:56 l'intérêt de la France c'est de s'appuyer sur ce qu'elle a su faire, ce qu'elle sait faire,
04:00 parce que nous avons encore, avec les 220 000 emplois de la filière,
04:05 avec tous nos scientifiques, nous avons encore là un outil extraordinaire.
04:09 Et c'est une chance qu'il ne faut absolument pas laisser passer.
04:12 - Un tout dernier mot Bernard Acquoyer, je vous demanderais de répondre.
04:15 En quelques secondes, dans ce projet de loi, on met fin aux dogmes
04:18 des 50% de nucléaire dans la production de l'électricité,
04:23 ça c'est une bonne chose également ?
04:25 - Oui, c'est indispensable. Les dogmes sont évidemment
04:28 quelque chose qu'il faut éliminer.
04:29 Il y en a d'autres qui devront être éliminés quand on révisera
04:32 la programmation pluriel de l'énergie, la loi climat-énergie,
04:37 qui aurait d'ailleurs dû être révisée plus vite, plus tôt.
04:41 Mais enfin, nous allons dans le bon sens, c'est une bonne chose.