C’est une publication qui dénote dans le paysage de la presse écrite. L’Eléphant, lancé en janvier 2013, est à la fois une revue de culture générale (arts, sciences, politique, Histoire, société…) et une aide pour mémoriser ce qu’on lit. Le magazine s’est appuyé sur les travaux d’un laboratoire de science cognitive pour apprendre aux lecteurs à retenir les infos. 10 ans après sa création, L’Eléphant compte 9 000 abonnés. Il a depuis 3 ans un petit frère, L’Eléphant Junior, pour les 9-13 ans. Guénaëlle Le Solleu, cofondatrice et rédactrice en chef de L’Eléphant, est l’invitée médias de Célyne Baÿt-Darcourt
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00:00 Bonjour Céline Bidarco, votre invitée média est la cofondatrice et rédactrice en chef
00:04 de l'Eléphant, revue de Culture Générale, qui fête son dixième anniversaire.
00:08 Bonjour Gaënelle Le Sauleux.
00:09 Bonjour Céline.
00:10 Le pari n'était pas gagné d'avance.
00:12 D'abord, lancer un magazine papier de nos jours et même il y a dix ans, c'était risqué.
00:16 Un titre qui traite de tous les sujets de Culture Générale alors que si on s'intéresse
00:20 à quelque chose, il suffit d'aller sur internet.
00:22 Et puis quand c'est général, ça part dans tous les sens et on peut égarer un peu de
00:26 monde en route.
00:27 Vous aviez pensé à tout cela, quels étaient vos contre-arguments pour lancer cette revue ?
00:32 Alors, nos contre-arguments, c'était d'abord effectivement, on peut aller tout trouver
00:35 sur le numérique mais finalement il y a peut-être trop de choses sur le numérique.
00:38 Donc nous ce que nous proposons finalement, c'est une sélection.
00:41 Une sélection sur les fondamentaux d'un certain nombre de sujets et justement vous
00:46 disiez quand il y a trop, nous faisons aussi cette sélection dans les thématiques, sur
00:51 tous les domaines du savoir et nous faisons des choix que nous proposons à nos lecteurs
00:54 qui en général sont curieux, c'est pour ça qu'ils viennent nous voir, pour avoir
00:57 cette diversité, cette curiosité et découvrir des choses qu'ils ne seraient jamais allés
01:01 voir par eux-mêmes.
01:02 Dans le numéro de janvier, vous proposez de longs dossiers sur le dessinateur Hergé
01:07 mort il y a 40 ans, les perturbateurs endocriniens, les Médicis, les rêves, la ville d'Angoulême,
01:11 c'est très varié, très approfondi, sur plusieurs pages à chaque fois.
01:15 Comment vous choisissez les sujets ? Ce n'est pas forcément dans l'actu.
01:18 Ce n'est pas forcément dans l'actu, c'est-à-dire que l'on essaie de mixer des sujets que je
01:21 qualifierais de culture classique, par exemple tout ce qui est du domaine de la philosophie,
01:25 des grandes questions de philosophie qui ne sont pas forcément liées à l'actualité
01:29 ou des grands sujets d'histoire.
01:30 On essaie ensuite d'avoir des sujets qui seraient liés à ce que nous appelons une
01:34 actualité, c'est-à-dire tout ce qui relève des commémorations.
01:36 Par exemple, Hergé, ce n'est pas vraiment une actualité mais c'est une commémoration,
01:39 donc c'est dans l'air du temps qu'on en parle.
01:41 Et puis des sujets que l'on essaie de puiser plus dans l'actualité, les perturbateurs
01:46 endocriniens, vous l'évoquiez, c'est vraiment un sujet de santé aujourd'hui.
01:49 Donc on essaie de varier justement, d'avoir cette offre multitemporelle.
01:54 - A quoi sert la culture générale ? Vous avez non pas deux heures mais une minute.
01:59 - Alors je dirais que c'est un ensemble de savoirs fondamentaux qui, en étant mis bout
02:05 à bout et surtout en les croisant les uns aux autres, permettent de mieux comprendre
02:09 le monde dans lequel on est.
02:10 C'est-à-dire que c'est quelque chose d'assez vivant la culture générale parce que ça
02:12 s'entretient et surtout ce sont des connaissances qui interagissent avec ce qu'on peut entendre
02:18 à la radio ou lire et qui permettent de mieux comprendre justement.
02:21 Parce qu'on a les fondamentaux, on a l'histoire, on peut mettre en perspective et puis on
02:27 peut croiser la politique, l'art, les phénomènes de société, la science, etc.
02:32 - L'autre volonté de l'éléphant, et on va du coup expliquer son nom, c'est de nous
02:37 aider à mémoriser, à retenir ce qu'on lit.
02:40 Parce que c'est vrai qu'une info chasse l'autre.
02:41 On lit un article, on en lit un deuxième, un troisième et puis on oublie le premier.
02:45 - Alors c'était vraiment notre volonté avec Jean-Paul Arif, mon co-fondateur, de
02:49 travailler sur la mémoire.
02:50 Il y avait ces deux piliers là, la pluridisciplinarité et la mémoire parce qu'on se rend compte
02:55 que, vous parliez tout à l'heure, on est submergé, on parle beaucoup d'infobésité,
02:58 etc.
02:59 Donc il y a beaucoup, beaucoup.
03:00 Et il y a un moment où on se dit "mais qu'est-ce que j'en retiens ?" et finalement pas grand-chose.
03:04 Donc en fait on a travaillé avec un laboratoire de science cognitive en essayant de se dire
03:06 "qu'est-ce qu'on peut avoir, non pas comme recette magique parce qu'il n'y a pas de
03:09 magie malheureusement, mais essayer d'avoir des éléments qui permettent, qui aident le
03:15 lecteur à mémoriser".
03:16 - Et alors comment on fait ? Comment on retient le mieux une info ?
03:17 - Alors on la retient par la répétition notamment, mais pas la répétition à l'identique.
03:22 C'est-à-dire que l'idée c'est d'un sujet, vous allez l'aborder de plusieurs façons
03:26 différentes, soit par des thématiques différentes, soit par des époques différentes et puis
03:32 par des anecdotes.
03:33 Donc vous avez des anecdotes, l'anecdote est un moyen assez intéressant parce que c'est
03:37 la petite histoire et en fait vous allez tirer la petite histoire qui va vous amener vers
03:40 la grande.
03:41 Et puis on a des jeux aussi parce que la mémoire est indissociable de l'émotion et le jeu
03:46 génère de l'émotion, en général positive.
03:48 Et donc on met des jeux, toujours autour du contenu bien sûr, mais dans l'espoir, dans
03:53 l'idée que d'abord votre cerveau est actif et il est "ému" entre guillemets.
03:59 On essaie toujours de mettre un peu d'humour pour activer la mémoire.
04:02 - Lire plusieurs fois le même texte, c'est pertinent ?
04:05 - Oui c'est pertinent, mais pas forcément l'un à la suite de l'autre.
04:10 Il vaut mieux le lire, par exemple faire les jeux et puis revenir à un autre moment.
04:15 Il ne faut pas faire du par cœur, il faut essayer de s'imprégner et l'imprégnation
04:21 se fait petit à petit.
04:22 - Qui sont les lecteurs de L'Eléphant et combien sont-ils ?
04:25 - Alors vous parliez de Tintin tout à l'heure, on paraphrase un peu Tintin, on dit que nos
04:28 lecteurs ont de 15 à 95 ans.
04:30 Pourquoi 15 ans ? Parce que les premiers abonnés sont dans les lycées à partir de là.
04:35 On va dire à partir de la première pour le bac de français, etc.
04:39 Parce que beaucoup de nos auteurs sont des enseignants.
04:40 95 ans c'est peut-être un peu beaucoup, mais en tout cas on a vraiment toute la gamme
04:45 d'âge.
04:46 On a des familles où les trois générations nous lisent.
04:47 Je ne l'invente pas, on nous le dit.
04:49 Donc voilà, on est assez large spectre en termes d'âge.
04:53 - Et il y a combien d'abonnés ?
04:54 - Alors aujourd'hui nous sommes à près de 9000 abonnés.
04:57 Plus nous sommes, on le trouve en librairie et dans le réseau presse.
05:00 - Alors vous publiez dans le numéro qui est en vente en ce moment un sondage IFOP sur
05:03 les français et la culture générale.
05:05 Quels enseignements en tirez-vous ?
05:06 - Alors on a été assez étonnés.
05:08 On avait déjà fait ce sondage il y a 10 ans lors du lancement de la revue.
05:13 On a interrogé les français sur « avez-vous le sentiment d'en savoir plus qu'il y a 50
05:16 ans ou pas ? ».
05:17 Et on a été assez stupéfait de voir que seulement la moitié des français pensent
05:22 en savoir plus qu'il y a 50 ans.
05:25 Et surtout qu'ils sont de moins en moins nombreux.
05:27 Donc on leur a posé la question « en savez-vous plus qu'il y a 50 ans ? ».
05:30 Et donc on a confronté cette information il y a 10 ans.
05:32 On leur a posé la question « avez-vous le sentiment d'en savoir autant ou moins que
05:37 vos voisins des pays occidentaux ? ».
05:38 Là aussi on s'est rendu compte qu'il y avait une sorte de dévalorisation, de recul,
05:47 une sorte de déclinisme sur l'opinion.
05:49 Alors c'est du ressenti, attention, on n'a pas fait des tests aux gens.
05:52 Mais les gens ont ce sentiment-là et il est particulièrement prégnant chez les jeunes
05:56 qui disent avoir ressenti un sentiment de honte parce qu'ils avaient le sentiment d'avoir
06:03 des lacunes.
06:04 Puisque vous parlez des jeunes, je vais citer une autre partie de ce sondage.
06:09 Les personnes interrogées, donc notamment les jeunes, les 18-24 ans, sont peu nombreux
06:13 à accorder leur confiance aux influenceurs.
06:15 Ils préfèrent les chercheurs et les enseignants pour apprendre et ça c'est plutôt une bonne
06:18 nouvelle.
06:19 Absolument.
06:20 Là aussi on leur a demandé à qui ils accordaient la confiance de manière générale et on
06:21 se rend compte que même si chez les jeunes on accorde plus de confiance que chez les
06:26 plus âgés, malgré tout ils ne sont que 22 ou 23% des plus jeunes.
06:31 Ce qui montre bien que les jeunes en fait ne sont pas dupes.
06:33 Ils ont totalement intégré tout ce qui concerne les placements produits, le marketing d'Instagram
06:41 et des réseaux sociaux.
06:42 Donc ils sont nés avec, ils ont intégré tous les codes.
06:45 Donc à les 10 ans d'éléphant et puis je signale les 3 ans bientôt de l'éléphant
06:49 junior.
06:50 Absolument, pour les 9-13 ans.
06:51 Une déclinaison pour les 9-13 ans.
06:53 Merci beaucoup Guénel Le Seuge.
06:55 Merci beaucoup Céline.
06:56 Et le numéro de janvier du trimestriel, l'éléphant, est donc en vente jusqu'en mars !