• il y a 2 ans
Dans les allées des supermarchés, des produits alimentaires manquent à l'appel. Œufs, riz, nourriture pour animaux, eaux... Au total, ce sont 5% de ces produits alimentaires qui manquent à l'appel, soit un manque à gagner brut de plus de 5 milliards d'euros pour l'industrie de la grande distribution. Les explications de l'éditorialiste Frédéric Bianchi. 

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Transcription
00:00 Cette cliente n'a pas vraiment l'embarras du choix au rayon des oeufs.
00:03 Il est quasiment vide.
00:04 On se croirait en temps de guerre. Moi j'ai vécu la guerre, c'était pareil.
00:08 On sent que c'est pas approvisionné comme par le passé.
00:11 C'est effectivement le cas.
00:13 En décembre, le taux de rupture de stock dans les grandes surfaces atteignait 5,5%.
00:18 C'est 1,4 point de plus qu'un an plus tôt.
00:20 Les produits les plus concernés sont dans l'ordre.
00:22 Les eaux aromatisées et gazeuses, les oeufs,
00:25 la nourriture pour chiens et chats et la crème fraîche.
00:27 Il n'y a pas une seule explication. Il y a eu des conséquences liées
00:30 encore à la guerre en Ukraine où il y a eu des problèmes
00:34 d'approvisionnement de certains produits.
00:36 On sait qu'il y a des problèmes sur les emballages aussi,
00:38 donc le coût de certaines matières premières.
00:40 Ranchierer le coût des produits et peut-être quelque part,
00:44 entre les fabricants et les distributeurs,
00:47 il peut y avoir une tentation de réduire aussi certaines gammes.
00:50 Autre explication, à cause de l'inflation,
00:52 les consommateurs ont tendance à privilégier les produits moins chers,
00:55 qui finissent donc par manquer.
00:56 J'achète une fois par mois. Je prends les oeufs à la place.
01:00 C'est sûr que dans la gestion du quotidien et les recettes aussi,
01:04 ça compte parce qu'on n'a pas la même façon de cuisiner non plus.
01:09 Ces ruptures auraient occasionné pour les grandes surfaces
01:12 un manque à gagner de près de 5 milliards d'euros en 2022.
01:15 Ce qu'on comprend Frédéric, c'est qu'il n'y a pas qu'une seule explication.
01:18 Il y a plein. En fait, on cumule de nombreux problèmes.
01:21 D'abord, il y a les négociations commerciales.
01:22 On connaît très bien entre industriel et distributeur,
01:25 on n'arrive pas à se mettre d'accord sur les prix.
01:27 Résultat, quand on n'est pas d'accord sur les prix,
01:28 le distributeur dit "je ne prends pas vos produits,
01:30 vous reviendrez quand vous serez moins cher".
01:31 Ça, c'est la première explication.
01:32 Ensuite, pour les oeufs, pour les produits,
01:34 on a vu les oeufs dans le reportage.
01:36 Les oeufs, il y a la grippe aviaire qui a décimé de nombreux élevages.
01:39 Résultat, on n'a pas les stocks d'oeufs suffisants,
01:42 pas les stocks d'oeufs suffisants pour les oeufs,
01:44 mais aussi pour plein de produits, pour les biscuits par exemple,
01:46 dont on utilise évidemment beaucoup d'oeufs pour les fabriquer.
01:49 Il y a plein d'éléments. Manque de main-d'œuvre aussi.
01:51 On se souvient, le patron de System U sur BFM TV, il y a quelques mois,
01:54 qui disait "moi, il me manque des gens pour me livrer les produits".
01:57 Résultat, parfois, le mardi, j'attends ma livraison, elle n'arrive pas.
02:00 Manque de main-d'œuvre.
02:01 Et puis, il y a les aléas climatiques.
02:03 On l'a vu l'été dernier, la sécheresse, les pommes de terre.
02:06 Les pommes de terre, on risque d'en manquer à partir du mois de mars.
02:08 Le riz aussi, les aléas climatiques en France,
02:10 mais aussi à l'étranger, en Inde, au Pakistan.
02:12 Les pénuries de riz, on pourrait en voir à partir du mois de mars aussi.
02:16 C'est en tout cas ce que nous expliquent les distributeurs.
02:18 Les négociations entre les distributeurs et les fabricants,
02:20 elles arrivent bientôt à leur terme.
02:21 Là, ça veut dire que ça va aller un peu mieux ?
02:23 Alors, on ne sait pas trop.
02:24 Pour les négociations entre les distributeurs et les industriels,
02:28 le vrai point d'achoppement, c'est sur la nourriture animale.
02:31 Est-ce que vous avez constaté des problèmes de croquettes pour chat,
02:34 de pâtés pour chien ?
02:35 Oui, bien souvent dans les rayons, il y a une référence.
02:37 On l'a tous constaté.
02:38 Alors pourquoi ?
02:39 Parce qu'aujourd'hui, il y a deux grands fabricants de ces produits-là.
02:42 Ils veulent faire passer des hausses de prix très importantes,
02:44 jusqu'à 40 % pour certains.
02:45 Les deux fabricants, on va les citer, c'est Nestlé, le Suisse,
02:48 Nestlé et c'est l'Américain, Mars.
02:50 Ils produisent 80 % de la nourriture animale.
02:52 Ils veulent faire passer des hausses de prix que les distributeurs ne veulent pas.
02:54 Les lieux clairs, les systèmes utiles, non.
02:56 On ne prendra pas vos produits si vos produits sont plus chers.
02:58 Donc, sur ces produits-là, il risque d'y avoir des ruptures dès le 1er mars.
03:01 Frédéric, est-ce qu'il y a d'autres produits qui pourraient être concernés ?
03:03 Alors oui, toujours pareil.
03:05 On leur a demandé, alors la pomme de terre.
03:07 On a eu des problèmes de rendement des pommes de terre.
03:11 Le rendement de la pomme de terre est retombé au niveau de 95 à cause de la sécheresse.
03:15 Donc, c'est des produits qui pourraient manquer.
03:17 Les œufs, toujours, le problème de la grippe aviaire n'a pas été réglé.
03:20 Il faut plusieurs mois pour relancer des élevages.
03:23 Et le riz, la nourriture animale dont on vient de parler.
03:26 Donc, voilà, c'est des produits qui risquent d'être en tension.
03:28 Alors, on ne parle pas encore de pénurie.
03:29 On parle plutôt de rupture momentanée.
03:32 Mais c'est vrai que ça fait un peu bizarre quand on voit des rayons avec des trous.
03:36 L'autre solution, c'est qu'il n'y ait plus de trous, mais qu'il y ait des produits beaucoup plus chers.
03:39 Oui, ça, les produits seront plus chers.
03:40 Il n'y a aucun mystère là-dessus.
03:42 Tous les distributeurs et tous les industriels le disent.
03:44 À partir du 1er mars, c'est-à-dire c'est le premier jour, le lendemain de négociations commerciales,
03:49 ces produits pourraient revenir en rayon,
03:51 mais ils seront plus chers, entre 20 et 30 % plus chers pour certaines catégories de produits.
03:54 Donc, ça va faire mal au portefeuille.
03:56 Avec la tentation de faire des stocks.
03:57 Exactement, oui.
03:58 Les stocks aussi.
03:58 Alors, les stocks sur les pâtes, ça aussi, c'est un phénomène qu'on observe depuis quelques mois.
04:02 Après le Covid, les gens se sont mis à manger des pâtes, justement.
04:04 Et la consommation de pâtes est très aléatoire.
04:08 Et les fabricants disent, nous, on n'arrive plus à suivre la demande qui est très forte sur les pâtes.
04:12 Pour faire des économies aussi.
04:13 Bien sûr, bien sûr.
04:14 Ça va être la même chose avec les croquettes, tu vas voir.
04:16 Merci infiniment, Frédéric, d'avoir été avec nous ce matin.

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