Réforme des retraites : «Le miracle de la multiplication des manifestants»

  • l’année dernière

Chaque lundi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Philippe Val livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Philippe Val - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/philippe-val-les-signatures-deurope-1

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00:00 - Bonjour Philippe Balle, avec nous comme chaque lundi. Alors Philippe, il n'y a pas que les lycéens qui sont
00:06 séduits par la post-vérité comme on l'a montré sur cette antenne la semaine dernière. Le monde politique
00:12 et syndical n'est pas insensible non plus à ces charmes.
00:16 - C'est vrai, on l'a vu encore récemment sur la question de la valeur travail. À droite, pour le déplorer,
00:22 et à gauche, pour s'en réjouir, de nombreux penseurs de haut vol, comme Sandrine Rousseau, Clémentine Autain,
00:29 ont justifié l'opposition à la réforme des retraites par le dégoût légitime du travail.
00:35 Selon ces deux aimables représentantes du peuple,
00:38 ce dernier aurait enfin compris que le travail était l'équivalent de ce qu'était le goulag.
00:43 Le canapé du salon offrirait une meilleure assise et un meilleur bilan carbone que le travail,
00:49 lequel n'a pour but évidemment que de détruire la planète, qui est gentille, et d'enrichir les riches qui sont méchants.
00:57 Cette analyse subtile vient d'être brutalement contredite par une étude de l'Institut Montaigne,
01:02 qui démontre exactement le contraire.
01:05 77% des sondés sont satisfaits de leur travail, avec un indice de satisfaction de 6 sur 10,
01:11 indice remarquablement stable en France depuis de nombreuses années.
01:15 Alors, la rémunération, l'évolution des carrières, le management, sont des sujets légitimes de revendication,
01:22 mais ils ne remettent nullement en cause la valeur du travail en général.
01:27 - Pourtant Philippe, le succès des manifestations tente à prouver le contraire.
01:30 - Là encore, une mise au point s'impose. Lionel, écoutez-moi bien, un conseil,
01:36 n'invitez pas Philippe Martinez à dîner chez vous.
01:39 - Mais pourquoi ?
01:40 - Parce que selon la CGT, il faudra prévoir 150 couverts, selon la police 15 couverts,
01:45 et selon l'Institut Occurrence, il viendra seul avec madame.
01:50 Comment s'y retrouver ? Autrefois, il y avait deux comptages,
01:53 sujets à caution. On soupçonnait les syndicats de gonfler les chiffres parce que c'était leur intérêt,
01:58 et on pensait que la préfecture les sous-évaluait pour la même raison.
02:02 Les uns comptaient comme des pieds, les autres comptaient pour du beurre, deux méthodes que Clis des Pythagores avait fait tomber en désuétude,
02:08 mais qui avait survécu uniquement pour le comptage des manifs.
02:12 L'opinion faisait son choix entre deux mensonges,
02:15 chacun selon ses préférences, et la réalité n'avait aucune
02:20 importance.
02:21 Mais voilà qu'un institut, filial de l'IFOP, met au point un système de comptage avec des capteurs à 8 mètres du sol,
02:27 système éprouvé notamment pour comptabiliser les foules dans les lieux publics sensibles.
02:32 Certes, la méthode comporte des biais, mais les biais n'induisent qu'une marge d'erreur d'environ 10%.
02:38 Le scandale a éclaté le 21 janvier lorsque Mélenchon, avec ses pieds, a compté 500 000 manifestants,
02:44 lorsque le comptage pour du beurre de la police donnait environ 87 000 manifestants. Le comptage par les capteurs électroniques,
02:51 55 000. - Étonnant, c'est chiffre indat. Mélenchon a aussitôt réagi en accusant le patron du cabinet de comptage donc d'être
02:59 un copain de Macron. - Voilà, c'est l'argument.
03:01 C'est l'argument mathématique, qui n'est pas très euclidien ni pythagoricien,
03:05 mais il en a déduit que la vérité est de son côté, et le mensonge du côté d'occurrence.
03:10 A peu près 250 personnes travaillent à l'IFOP, parce que c'est une filiale de l'IFOP. Si l'Institut mettait sur le marché des résultats
03:18 volontairement faussés, il est probable que des salariés de l'entreprise, qui ne sont pas tous des amis de Macron,
03:23 feraient rapidement fuiter le scandale. - Alors le problème, si j'ai bien compris, Philippe, c'est que
03:27 là encore, la vérité n'intéresse personne, c'est ça ? - Mais comment voulez-vous que les codes de confiance des politiques et des journalistes, hélas, remontent
03:35 quand on les voit régulièrement se chamailler
03:38 autour de deux mensonges comme des chiens autour d'un os ? Comment prétendre améliorer le monde en niant la réalité ?
03:45 La sincérité de l'information, c'est la circulation sanguine de nos libertés, et le mensonge,
03:51 en est le garrot. Quel que soit le nombre des manifestants,
03:55 les revendications exprimées doivent être entendues lorsqu'elles sont légitimes.
04:00 L'histoire a souvent montré que des minorités avaient raison,
04:04 car c'est la force des arguments, et non le nombre de ceux qui les portent, qui doit convaincre. Et c'est le crime
04:09 primordial contre la démocratie que de vouloir toujours faire croire qu'une majorité est une minorité ou qu'une minorité est une majorité.
04:17 - Merci Philippe Vall, à lundi prochain.

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