"Le sport comme remède" : guérir et se reconstruire grâce à la pratique sportive
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00:00 Toujours en France, fin ce dimanche de l'opération "Sport féminin toujours" qui se tient depuis lundi dernier.
00:05 Organisé par l'ARCOM, l'autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique,
00:10 en partenariat avec le ministère des Sports.
00:13 L'objectif c'est d'inciter les médias à diffuser davantage de rencontres sportives féminines sur leurs antennes,
00:18 d'aborder aussi les thématiques liées à la pratique féminine du sport.
00:21 Le thème cette année c'est le sport comme remède ou comment la pratique sportive peut aider à la reconstruction,
00:27 la guérison, l'émancipation des sportives. On en parle aujourd'hui avec notre invité Ayodele Ikwessens,
00:33 sprinteuse, athlète olympique, vice-championne du monde, également maire adjointe en charge de la santé
00:38 dans le 18e arrondissement de Paris, également membre de la commission des athlètes du comité olympique.
00:44 Bonjour, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation sur France 24.
00:47 Pourquoi est-ce que cette opération organisée par l'ARCOM en partenariat avec le ministère des Sports est essentielle ?
00:56 C'est essentiel parce qu'aujourd'hui en termes de diffusion, on est à 4,8% de diffusion de sport féminin aujourd'hui à l'antenne.
01:04 Et c'est un progrès.
01:06 Et c'est un progrès, on part en 2018 de 3,6% donc c'est un progrès.
01:10 Mais on est quand même très loin de ce qu'on aimerait, c'est-à-dire d'arriver à une parité à 50% de diffusion de sport féminin.
01:17 Et c'est important aussi parce que ça permet aussi de parler du sport et des sportives en dehors aussi des compétitions sportives aujourd'hui.
01:25 Et je pense d'adresser des sujets comme le parcours, comme mettre en valeur aussi les engagements des sportives.
01:33 On parlait là du remède, est-ce que le sport est un remède ?
01:36 Il y a aussi beaucoup d'initiatives par des sportives comme Laurence Fischer sur le fait d'utiliser le sport comme un levier de guérison,
01:44 comme un levier aussi pour mieux connaître son corps.
01:47 Et donc c'est par ces opérations-là aussi qu'on arrive à parler du sport un peu autrement
01:52 et toucher des publics qui ne sont pas forcément très intéressés par le sport ou la performance.
01:56 Alors justement, comment est-ce que vous expliquez ce manque d'intérêt, ce manque de médiatisation ?
02:00 Je pense qu'on raconte pas suffisamment l'histoire des sportifs et des sportives.
02:04 Je pense qu'effectivement aujourd'hui dans notre pays, on parle d'un sportif de par son palmarès, de par ses médailles.
02:11 Et on raconte très peu finalement le chemin qui amène les sportifs et les sportives à atteindre ses succès, ses réussites finalement.
02:19 Donc je pense que ça rend moins humain peut-être le sportif ou la sportive.
02:24 Et les sportives aujourd'hui dont il s'agit, on en parle encore moins que les sportifs.
02:30 Donc je pense qu'il y a aussi cette recherche qui est nécessaire sur comment est-ce qu'on parle des sportives,
02:35 comment est-ce qu'on dépasse un peu cette sphère de la performance,
02:39 comment on fait en sorte de raconter plus comment les sportives au quotidien,
02:44 ce que ça signifie aussi au quotidien au-delà de la performance, ce que ça signifie de s'entraîner,
02:49 quel est le quotidien des sportives.
02:51 Aujourd'hui on parle aussi un peu plus du parcours, du double parcours pour beaucoup de sportifs de haut niveau.
02:56 On commence à parler un peu de la précarité des sportifs de haut niveau.
03:00 Vous parliez là dans le JT aussi des retraites.
03:03 Il y a aussi le sujet de la reconversion et des retraites des sportifs et notamment des sportives.
03:08 Donc je pense que ce sont des sujets, des enjeux de société qui intéresseraient beaucoup plus de monde.
03:13 Donc cette semaine-là permet aussi de parler, de dépasser seulement le contexte des compétitions
03:20 et de parler des sportifs d'une manière plus globale.
03:23 Quel impact, quelles conséquences de ce manque de médiatisation du sport féminin ?
03:27 Moins de sponsors, moins de soutien financier et donc aussi des sportives qui vont avoir tendance à arrêter plus vite leur carrière,
03:37 qui vont avoir tendance à choisir entre poursuivre la carrière ou avoir un enfant.
03:42 Donc il y a encore aujourd'hui des vrais sujets sur la maternité.
03:45 A quel moment est-ce qu'on peut avoir le droit finalement d'avoir un enfant tout en étant soutenu soit par sa fédération, soit par son sponsor ?
03:54 Donc aujourd'hui malheureusement le manque de médiatisation fait qu'on a moins de sportives,
03:59 qu'on a aussi des sportifs qui arrêtent plus tôt et qui se retrouvent aussi dans des situations plus compliquées,
04:04 tout simplement pour vivre de leur sport.
04:06 Vous avez évoqué pas mal de difficultés auxquelles sont confrontées les sportifs.
04:11 Est-ce que vous-même vous en avez fait l'expérience dans votre carrière ?
04:14 Oui, oui, moi justement vous l'avez dit en introduction, tout simplement par exemple sur le titre de vice-championne du monde du relais 4x100
04:21 où on est disqualifié après le temps réglementaire, malheureusement ça n'a pas été diffusé, partagé par les médias
04:31 et pourtant ça a été une épreuve difficile à vivre pour nous les relayeuses.
04:37 Et puis après le sujet de la maternité, aujourd'hui on commence à en parler, ça permet à des jeunes sportifs
04:42 de ne pas se retrouver finalement comme beaucoup de sportifs par le passé à devoir choisir entre...
04:46 Ça a été votre cas ?
04:47 Moi du coup j'ai attendu quand même un peu avant de me lancer dans cette aventure de la maternité
04:52 mais c'est vrai que quand vous avez un enfant, la fédération, en tout cas certaines fédérations,
04:57 ne prennent pas forcément de vos nouvelles, ne savent pas si vous continuez à faire du sport
05:01 donc il y a aussi cette double peine de devoir vous battre pour revenir à haut niveau.
05:06 Dernière question, peut-être encore beaucoup à faire aussi pour féminiser les instances dirigeantes des disciplines sportives en France.
05:13 Oui beaucoup à faire, beaucoup à faire.
05:15 Nous à la commission des athlètes on a apporté un amendement, et en tout cas pour qu'on ait cette représentativité
05:21 des sportives et des sportifs dans les instances fédérales
05:24 et on espère aussi que ça va permettre d'accompagner cette parité dans les instances qui est nécessaire
05:30 et qu'aujourd'hui on est assez loin de tout ça.
05:33 Merci beaucoup Ayodele.