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00:00 La France bouge, la pépite du jour. Alors Stéphane, vous avez 34 ans.
00:05 Absolument. Vous avez fondé Bon Vivant il y a un an, vous travaillez chez McKinsey,
00:10 donc ça n'a rien à voir, c'est un cabinet de conseil, et vous étiez consultant en stratégie
00:15 sur la partie digitale. Vous avez déjà participé au lancement de deux autres startups. Bon Vivant,
00:20 c'est une entreprise américaine qui vous a inspiré ? Absolument. Pourquoi ? Malheureusement,
00:27 il n'y a pas si longtemps que ça, on n'avait pas encore développé la technologie en Europe.
00:30 Elle venait plutôt des Etats-Unis. Donc c'est la technologie de la fermentation de précision. Oui,
00:35 alors que ça vient de la France, la fermentation, par Louis Pasteur. Donc voilà, il était temps
00:39 qu'on reprenne le flambeau de la fermentation de précision. Je crois qu'il y a deux seuls pays,
00:42 Israël et Etats-Unis, qui développent cette technologie. Absolument. Donc vous vous êtes
00:46 dit "moi je vais monter ça en France". Ça donne Bon Vivant, alors c'est quoi ? Vous aussi,
00:50 vous allez tout nous raconter. Vous avez une minute, on vous écoute. Bon Vivant,
00:54 en fait on produit des protéines de lait de vache, mais sans vache, et à destination des
00:58 industriels, comme notamment Danone. Pour ce faire, on utilise une technologie, donc la
01:03 fermentation de précision. C'est-à-dire qu'on produit les protéines du lait, par exemple les
01:06 caséines, celles qu'on connaît le plus. Pour ça, on utilise non pas une vache, mais des levures,
01:11 qu'on va faire fermenter. Donc la protéine qui est produite, elle est 100% identique à celle de
01:16 la vache. Et donc on peut refaire tous les produits laitiers qu'on l'a fait d'habituel,
01:20 avec le même goût, la même texture et le même apport nutritionnel. À l'inverse,
01:25 justement des produits végétaux, qui sont souvent la pêche sur ce niveau-là. L'intérêt,
01:28 il est triple. Tout d'abord, au niveau environnemental, une réduction de 90% de production
01:33 de CO2, 95% de la consommation d'eau. Un deuxième intérêt, c'est que d'ici à 2030, il est prévu que
01:39 la production de lait baisse de 20%. Donc on a un déficit protéique à venir, qu'il faut combler.
01:45 Et troisièmement, au niveau de la santé humaine. Grâce à la fermentation de précision, on ne fait
01:50 que les protéines, on ne fait pas le lactose, qui est le sucre du lait et qui est responsable des
01:54 intolérances. C'est une solution complémentaire avec Bon Vivant, face à la production conventionnelle
01:59 pour relever les défis qu'on a en face de nous. - Merci Stéphane Macmillan pour le pitch autour
02:06 de Bon Vivant. Donc vous, vous faites de la fermentation de précision à partir d'une
02:10 levure ? - Absolument, une levure alimentaire. - Une levure alimentaire. Et cette levure produit
02:15 naturellement des protéines et cette protéine, vous insérez le gène de la vache dans ce
02:21 micro-organisme. Est-ce que j'ai compris ou je suis à côté de la plaque ? - On n'est pas loin.
02:25 - On n'est pas loin. - C'est exactement ça. Une levure, notamment alimentaire, quand elle fermente,
02:30 naturellement elle produit des prébiotiques, des probiotiques, des protéines. Donc c'est déjà
02:35 naturellement ce qu'elle fait. Là, ce qu'on va faire, c'est qu'on va insérer l'ADN qui code pour
02:41 la production de la caseine, la protéine d'intérêt qui nous intéresse, la protéine du lait, dans
02:46 ce micro-organisme, donc dans cette levure. Et quand on va la faire fermenter, elle va la produire.
02:50 Donc on se retrouve, et c'est un petit peu magique, avec la même chose, la même protéine identique à
02:56 celle de la vache, mais faite par un micro-organisme. - Et donc à la fin, vous obtenez une poudre. Et cette poudre-là,
03:00 vendez au producteur de produits laitiers. - Exactement, pour qu'il transforme. Donc il peut
03:04 faire deux choses avec. Soit les utiliser, par exemple, dans leurs produits, dans leur gamme
03:09 végétale, pour améliorer le goût, pour améliorer la texture et pour améliorer l'apport nutritionnel,
03:13 qui est souvent assez faible de ces produits. Ou créer d'autres nouveaux produits. Typiquement,
03:20 ça peut être pour l'alimentation spécialisée. Donc comme on en a parlé tout à l'heure avec
03:25 Isabelle, pour les sportifs, pour les yaourts très protéinés. Ça peut être aussi pour très spécialisés,
03:30 pour les seniors et gens malades. Et ça peut être pour n'importe quel produit, une glace, un yaourt.
03:35 - L'intérêt de tout cela, c'est quoi ? Il y a un intérêt pour la santé humaine, parce que vous ne
03:40 produisez pas le lactose, qui est le sucre du lait. Mais il existe déjà du lait sans lactose.
03:44 - Alors il faut arriver à le diminuer. - Non mais ça existe, on l'a acheté.
03:48 - A 100%. En fait, c'est assez compliqué. C'est un procédé. - Et l'autre intérêt, c'est quoi ?
03:54 - Sur l'environnement, évidemment. Puisque produire dans un tank de fermentation,
04:00 c'est simplement avec de l'eau et du sucre. Donc par rapport à la production de CO2 de
04:04 toutes les vaches, c'est restreint de 13,5% des émissions de gaz à effet de serre au total,
04:10 l'agriculture. Donc ça permet de baisser énormément ça. - Mais comment vous avez mis au point ce
04:15 procédé ? Comment passe de McKinsey à nous parler aussi bien des protéines, de la poudre ? Vous êtes
04:20 associés ? - Alors il y a une équipe de chercheurs derrière, qui eux ont la gentillesse et la
04:27 pédagogie de m'expliquer comment on fait ça. - Donc vous êtes une équipe de... - Voilà,
04:31 évidemment. Donc on est à Lyon, on a une dizaine de chercheurs. - Et la production est à Reims.
04:34 - Et la production est à Reims, c'est psychologique. - Quel regard portez-vous,
04:37 Isabelle Isser, sur Bon Vivant ? - Alors ce que je veux d'abord dire,
04:40 c'est qu'on a besoin de beaucoup de sources de protéines. D'ici 2050, il faudra accroître le
04:48 volume de production de protéines de 60%. Vous imaginez de faire ça avec un cheptel ? C'est
04:54 pratiquement impossible sur les surfaces agricoles d'aujourd'hui. Donc c'est extrêmement important
05:00 d'avoir d'autres sources de protéines. On a les protéines laitières, bien entendu,
05:05 on a les protéines d'origine végétale, et il faut y ajouter des protéines d'autres sources,
05:10 dont la biotechnologie, la biotechnologie, la fermentation de précision. Donc on en a besoin.
05:15 C'est quelque chose... Alors la fermentation de précision, c'est pas un procédé nouveau. On
05:19 crée l'inuline par exemple avec la fermentation de précision, mais c'est la première fois qu'on le
05:27 fait sur des protéines de lait. Et donc c'est ça l'avantage, parce qu'effectivement la protéine
05:32 de lait est une protéine qui a une qualité nutritionnelle extraordinaire, de digestibilité,
05:39 pour le microbiote, etc. Donc effectivement c'est un énorme avantage. - Il y aurait-il des
05:44 startups qui travaillent sur ce genre de technologie au sein de votre pôle de recherche ? - Alors
05:49 aujourd'hui on n'en a pas. - Bon, peut-être quelque chose... - Ah, il y a peut-être quelque chose !
05:52 - On va demander à Nathalie Carré, qui est en charge de l'entrepreneuriat à la Chambre de
05:56 Commerce et d'Industrie, ce qu'elle en pense, parce que si vous êtes aussi parmi nous Stéphane
05:59 Macmillan, c'est parce que vous démarrez, ça fait pas longtemps, elle a été fondée à Lyon en décembre
06:04 2021, donc elle a à peine un an cette startup. Bonjour Nathalie ! - Bonjour Elisabeth, bonjour
06:11 tout le monde ! - Nathalie Carré en charge de l'entrepreneuriat à la Chambre de Commerce et
06:14 d'Industrie, dont le métier c'est d'accompagner le développement de ces jeunes entreprises. Donc
06:18 Nathalie, Stéphane est en phase de démarrage, vous visez une commercialisation européenne d'ici
06:25 début 2025, c'est ça ? - Oui, en fait on a réalisé une première levée de fonds de 4 millions d'euros
06:30 pour le lancement et en effet on a déjà maintenant le procédé et on est en phase d'échantillonnage,
06:37 donc on va justement commencer à envoyer les échantillons au printemps à nos clients. - Alors
06:40 Nathalie, vous avez des idées pour préparer cette commercialisation ? - Alors déjà, évidemment en
06:45 France avec nos 3,6 millions de vaches laitières et un excédent commercial important de la filière
06:49 laitière, on a du mal quand même à se dire qu'il faut envisager du lait sans vache pour demain,
06:54 mais oui, en France comme partout, les contraintes climatiques pèsent sur la production de lait,
06:58 c'est qu'une vache ça consomme 80 à 100 litres d'eau par jour, 70 kilos de fourrage de céréales,
07:04 comme on dit chez moi, vaut mieux l'avoir en photo qu'à manger. Et puis ça commence à devenir
07:08 difficile à gérer sans compter, comme vous venez de dire, l'augmentation des besoins. Alors pour
07:12 demain vous avez donc deux marchés différents, les pays qui n'ont pas ou peu de vaches, en tout
07:17 cas qui n'ont pas de relation avec les vaches et qui ont besoin de protéines malgré tout, et les
07:21 autres pays comme la France où on adore quand même regarder les vaches pètres dans les champs et les
07:25 caresser au salon d'agriculture. Alors pour le premier marché, on peut supposer qu'un groupe
07:30 comme Danone, mais totalement au hasard, peut être intéressé par votre solution pour les produits
07:37 laitiers qu'ils développent spécifiquement pour ces marchés, voire pour la nutrition médicale dans
07:41 les pays en voie de développement. Là évidemment le sujet pour une large commercialisation c'est le
07:45 prix. Alors est-ce que votre protéine de lait pourrait être moins chère que ce qui existe
07:49 aujourd'hui ? C'est vraiment le sujet clé à mon avis. Pour le deuxième marché, il y a évidemment
07:54 beaucoup de fabricants qui peuvent être intéressés puisque votre protéine de lait vaut bien bien de
07:59 la vache et pas uniquement d'un laboratoire. Mais va falloir éduquer le marché. Est-ce que les
08:03 consommateurs au delà des personnes véganes par exemple vont accepter cette alternative ? Si
08:07 l'intérêt pour la production est évident, il faut s'assurer que le client final trouvera un produit
08:11 laitier fabriqué à partir de l'ADN de la vache et de levure aussi désirable que celui qu'il
08:16 consomme aujourd'hui. Et ça, ça dépendra en partie de ce qui sera écrit sur l'étiquette. Que va exiger
08:22 la réglementation en termes d'affichage sur ces produits laitiers ? Est-ce que le mot OGM par
08:27 exemple va être utilisé ? Alors peut-être que l'urgence pour préparer la commercialisation
08:31 c'est de créer un collectif avec les autres entreprises européennes qui font de la fermentation
08:34 de précision pour travailler dès maintenant avec les autorités compétentes sur l'épineux sujet de
08:38 l'étiquetage et de la communication. Un label fermentation de précision. En tout cas quelque
08:43 chose qui rassure et qui ne se dise pas "c'est quoi ce truc Stéphane ?" Alors l'objectif de
08:49 transparence de la consommation est très important et en fait ce qui est déjà prévu ce sera issu de
08:54 fermentation parce qu'en fait c'est important de le souligner, ce n'est pas du tout un ingrédient
08:58 OGM, uniquement la levure a été modifiée mais le produit In Fine est un produit issu de OGM.
09:04 Comme le rappelait exactement Isabelle, l'insuline par exemple actuellement que les
09:09 insulino-dépendants ont besoin est produite avec cette technologie. Donc on n'est pas du tout sur
09:13 un OGM. Isabelle, vous validez à fond ? Il sait de quoi il parle, il s'y connaît. Nathalie, Stéphane
09:22 cherche des financements. Là vous recherchez combien Stéphane en ce moment ? Vous avez déjà
09:26 levé 4 millions d'euros. La suite c'est quoi ? 15 millions. 15 millions Nathalie, vous en pensez quoi ?
09:31 En même temps, vu les montants obtenus par d'autres acteurs semblables, 710 millions aux
09:36 Etats-Unis, 54 en Allemagne, etc. Sur cette même technologie ? Sur le sujet de la fermentation
09:42 effectivement de précision, le marché est important et la bonne nouvelle c'est que le
09:47 groupe Bell, qui est un groupe français, a lancé aux Etats-Unis la première alternative au fromage
09:51 contenant une protéine laitière issue de la fermentation de précision. Donc ça va rassurer
09:55 les investisseurs français. Le truc fonctionne quoi. Alors évidemment vous pouvez aller chercher
10:01 un fonds classique pour vous financer mais peut y avoir une alternative en segmentant les financeurs.
10:05 D'une part pour la partie recherche des financements de fondations orientées sur l'alimentation durable
10:09 comme la fondation Carasso, fondateur de Danone, la fondation Avril, l'Institut Danone évidemment
10:15 ils sont parmi nous, mais aussi des personnalités engagées qui veulent contribuer à changer le monde
10:19 comme Leonardo DiCaprio l'a fait aux Etats-Unis avec un autre acteur. Et puis d'autre part pour
10:25 la partie commercialisation des financements évidemment de marques agroalimentaires avec
10:28 lesquelles vous pourriez co-développer des produits laitiers finis ce qui vous permettra
10:32 en fait de faciliter l'intégration de vos protéines de lait dans les matières premières
10:35 des fabricants qui n'ont pas encore ce réflexe et donc leur donner l'habitude et identifier aussi
10:40 pour vous de nouveaux besoins pour faire évoluer votre solution. Alors il y aurait une autre option
10:44 pour demain, vous pourriez mettre en place votre propre fondation pour continuer la recherche sur
10:49 la fermentation de précision qui a beaucoup d'autres applications que les produits laitiers
10:51 et que votre solution devienne comme des biens communs qui pourraient être utilisés par les
10:56 fabricants comme avec une sorte de droit d'usage à payer parce que tout le monde a le droit d'être
11:00 un bon vivant où qu'il vive sur la planète et quelles que soient ses habitudes alimentaires.
11:05 Merci Nathalie Carré, Stéphane Macmillan vous avez pris des notes.
11:08 Merci Nathalie, beaucoup.
11:10 Oui ça peut peut-être vous aider surtout donnez nous de vos nouvelles et puis là votre première
11:15 levée de fonds c'était en octobre 2021, c'est ça qui vous a permis de lancer les premiers résultats ?
11:20 Absolument.
11:20 C'est ça et donc vous avez obtenu des subventions, des aides, vous avez eu d'autres sources de
11:26 financement ?
11:27 Oui on a la chance en France d'avoir la BPI qui est en plus sur nos sujets,
11:32 évidemment de souveraineté alimentaire, de réindustrialisation, de transition environnementale,
11:37 supporte énormément l'innovation sur ces sujets là donc on a obtenu en effet des aides.
11:42 Des aides. Si vous aussi vous êtes une pépite, si vous avez envie de venir pitcher votre projet
11:47 d'entreprise ici à Europe 1 à La France Bouge, Nathalie Carré pouvez-vous nous rappeler l'adresse ?
11:52 Oui c'est e1-lafrancebouge@europe1.fr, premier juré Solène Godin,
11:58 Charlotte Barrican et moi, on lit toutes les candidatures reçues.