En ce début du mois de février, Cyrille Guimard fait son retour sur Cyclism'Actu ! Au menu de cette première chronique de l'année 2023 : le fantastique duel entre Mathieu van der Poel (Pays-Bas / Alpecin-Deceuninck) et Wout Van Aert (Belgique / Jumbo-Visma) lors des Championnats du monde de cyclo-cross, la retraite de Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), l'inimitié entre David Gaudu et Arnaud Démare (Groupama-FDJ), ainsi que les critiques et piques régulièrement assénees par Patrick Lefevere, le manager général de la Soudal Quick-Step, à Julian Alaphilippe depuis quelques mois. Désastreuse pour le cyclisme selon le Druide, la course aux points UCI et au World Tour a également été évoquée par Cyrille Guimard.
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00:00 Je comprends.
00:03 Je comprends.
00:05 Rien.
00:07 Rien ?
00:08 Rien.
00:09 Tout n'est pas dans le médiatique aujourd'hui.
00:12 Au contraire, il est en dehors du médiatique.
00:14 La réalité aujourd'hui, c'est que l'équipe n'existe plus,
00:19 que les coureurs ne peuvent plus jouer.
00:24 C'est la réalité.
00:26 C'est la réalité.
00:28 C'est la réalité.
00:30 C'est la réalité.
00:33 Les coureurs ne peuvent plus courir à leur niveau chez les professionnels,
00:38 qu'il y a du personnel qui est aux assaillies, point.
00:43 Aller jusqu'au mois de décembre avant de dire c'est fini,
00:46 alors qu'on le savait au mois d'octobre,
00:48 qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ?
00:50 Ce serait intéressant d'ailleurs qu'ils sortent les documents
00:55 qui ont été signés avec les différents partenaires,
00:57 puisqu'il a annoncé à plusieurs reprises qu'il avait des contacts
01:02 et que c'était avancé et que c'était déjà signé.
01:04 On verra bien ce qu'il va dire,
01:07 mais ce n'est pas ce qui fait briller le cyclisme.
01:13 On va déjà parler de l'actualité la plus récente,
01:19 c'est-à-dire les championnats du monde de cyclocross,
01:22 avec un formidable duel entre Mathieu Van Der Poel et Wout van Aert.
01:25 Quel spectacle tout simplement ?
01:28 Oui, un spectacle magnifique entre deux hommes qui sont très proches l'un de l'autre,
01:34 avec des styles un tout petit peu différents,
01:39 mais qui sont aussi efficaces d'un côté que de l'autre.
01:42 En fait, sur ce championnat du monde,
01:46 comme c'est vrai d'ailleurs depuis très longtemps,
01:49 puisque même depuis junior,
01:50 puisque en junior déjà Van Der Poel avait battu Van Aert au championnat du monde,
01:56 on était plus dans un match de boxe sur un parcours de cyclocross
02:01 que sur une vraie course de cyclocross,
02:03 tant ces deux hommes ont capté, captivé l'ensemble des 50 000 spectateurs
02:10 et des millions de téléspectateurs.
02:12 Ce match a été intense, tendu,
02:17 avec beaucoup de stratégie qui n'apparaissait peut-être pas au premier coup d'œil,
02:25 et on s'apercevait que ces deux hommes se craignent énormément.
02:32 Aucun des deux n'a la certitude d'être certain de battre l'autre,
02:40 et on a vu des comportements sur ce championnat du monde
02:44 d'ailleurs un peu différents des autres compétitions auxquelles ils ont participé tous les deux.
02:51 C'est vrai que Van Der Poel a modifié sa stratégie,
02:56 il a même modifié en course,
02:59 et même allé jusqu'à, dans le final,
03:04 là où c'était son point fort, se mettre en deuxième position et ne pas bouger.
03:09 Tout ça, je pense que quelque part ça a dû déstabiliser Wattenborn Aert,
03:14 mais incontestablement c'était de l'art,
03:20 c'était magnifique, je n'ai pas souvenir de matchs aussi intenses,
03:26 je me souviens de certains matchs entre Rolke-Wolschol et Eric De Vlaminck,
03:30 Eric De Vlaminck qui pour l'instant a toujours 7 titres,
03:33 et Mathieu se rapproche à 5,
03:37 il rejoint d'ailleurs le Français André Dufraisse qui lui aussi avait été 5 fois champion de France.
03:45 Donc vraiment un après-midi de rêve.
03:48 Et qu'est-ce qui a fait la différence pour toi dans cette course entre les deux hommes ?
03:52 Alors ce qui a fait la différence,
03:56 en un, je crois que Mathieu en voulait plus que l'autre.
04:03 Et je pense que ce qui se passe quand on arrive sur la ligne droite d'arrivée,
04:13 il y en avait un qui avait peur de mourir et l'autre qui ne voulait pas être tué.
04:18 Et quand vous avez peur de mourir, c'est l'instinct de survie,
04:23 et je crois que c'est cet instinct de survie de Mathieu qui lui a permis de sortir sans aucun calcul,
04:30 sans se poser la question de savoir s'il était trop près ou trop loin de la ligne d'arrivée,
04:34 ce qu'il savait c'est qu'il y avait un vent portant, le vélo c'est de la voile,
04:39 et que c'est beaucoup plus difficile de revenir dans l'abri quand vous avez un vent arrière.
04:43 Donc je pense que ça s'est joué là pour l'acte final, le dernier round,
04:50 mais je pense que sur l'ensemble de la course, on a trouvé Van Der Poel plus incisif,
04:57 même si à certains moments il a laissé un petit peu faire,
05:02 se laissant même décrocher dans certains passages de cinq ou six longueurs,
05:07 et jamais Van Aert a essayé de mettre un cran de plus,
05:12 se disant sans doute que ce n'était pas les quelques mètres qu'il avait pris sur deux passages techniques
05:19 qui pouvaient lui permettre d'envisager de gagner à la pédale.
05:23 Au niveau du résultat, si on ne peut pas parler de surprise,
05:28 parce que Mathieu Van Der Poel c'est quand même le roi du cyclo-ace depuis quelques années,
05:31 on attendait quand même plus vous de Van Aert cette année,
05:33 parce qu'il a fait une saison exceptionnelle, il a été très impressionnant sur beaucoup d'épreuves,
05:37 mais on a l'impression qu'il fait un petit complexe Van Der Poel-Van Aert.
05:41 On se rappelle du Tour des Flandres en 2020, il a été battu dans un duel pareil.
05:44 2021 au Championnat du monde de cyclo-cross, il est archi-dominé à Haustand,
05:48 et là encore une fois, il se retrouve face à son meilleur ennemi,
05:52 et il se fait battre, malheureusement pour lui.
05:54 Oui, c'est la loi de, c'est les lois de la compétition.
06:02 Sauf que cette année, Van Der Poel a quand même été un peu dominé par,
06:09 dans les confrontations qui ont eu lieu, a été dominé par Van Aert.
06:14 Van Der Poel qui courait d'ailleurs, on avait du mal à comprendre sa stratégie,
06:22 mais qui était un petit peu désordonné dans sa stratégie de course,
06:26 mais peut-être qu'il était déjà au Championnat du monde,
06:31 et que les efforts qu'il faisait, c'était aussi pour rattraper le temps perdu.
06:37 Rappelons-nous, les Jeux Olympiques, ça chute, ça chute énorme.
06:43 Depuis, sa carrière a été en pointillé, avec des reprises, des arrêts,
06:49 des reprises, des arrêts, et ces arrêts, ça n'aide pas à revenir à son meilleur niveau,
06:57 et pour revenir à son meilleur niveau, à certains moments, il faut briser la machine.
07:02 Et c'est, à mon avis, ce qu'il a fait, ce qui lui a permis de revenir au niveau où il était dimanche,
07:10 pas seulement au niveau, on va dire, de sa condition physique,
07:15 mais au niveau de son mental, au plus haut niveau de son mental,
07:21 il avait besoin de ce titre pour continuer à exister, continuer à croire en lui,
07:29 et effacer ainsi tous les doutes.
07:31 Et concernant Bernard, ce complexe-là, on sent aussi qu'il a peut-être un peu de mal à gérer la pression,
07:35 quand c'est très important, il est moins performant que sur des compétitions un peu plus mineures.
07:41 Oui, alors, on va dire que sur le papier, ça semble être le cas.
07:50 Je pense que, et on va revenir à Bernard et à Van Der Poel, le combat,
07:56 je pense que dans un combat à deux, Van Der Poel a plus de capacités pour provoquer le chaos.
08:09 On parlait de combat tout à l'heure, il faisait un combat de boxe,
08:13 je pense que dans ce genre de situation, Van Der Poel a le petit truc en plus
08:20 qui lui permet d'aller toucher la pointe du menton de son adversaire.
08:23 Et du coup, il y a eu bien sûr ce duel au championnat du monde,
08:30 il y a eu deux médailles pour l'équipe de France,
08:32 c'est mieux qu'en 2021 et 2022, il n'y avait pas eu de médailles,
08:35 donc ce n'était pas compliqué de faire mieux.
08:37 Chez les juniors, avec Célia Giry qui était troisième,
08:40 et Léo Biziot qui est champion du monde junior, simplement.
08:43 Oui, beau parcours des juniors, beau parcours des Français,
08:50 et une belle récompense pour ceux qui ont ces juniors en charge,
08:56 l'entraîneur national, Trarieux, et puis Arnaud Jouffroy aussi,
09:04 qui joue un rôle important, et je pense que cette réussite est liée
09:09 à la complicité qu'il y a entre ces deux personnages,
09:14 cette complicité aussi, et l'expérience, et puis la compétence,
09:20 je crois que c'est ce qui permet de faire, ce qui a permis
09:24 le dimanche à Léo de s'imposer.
09:27 Célia, elle est allée chercher une belle troisième place,
09:32 elle a fait une belle course, les Français en règle générale,
09:35 à leur niveau, ont fait une belle course.
09:39 Le cyclocross, ce n'est pas terminé, il reste encore quelques compétitions.
09:43 Le reste, c'est les petits desserts où on se fait plaisir.
09:53 C'est ça, tout à fait.
09:55 Par contre, le cyclocross, c'est fini, et pour cause,
09:59 puisque la saison sur route est déjà reprise.
10:01 Et oui, justement, la saison sur route est déjà reprise,
10:04 avec quelques compétitions autour de Saint-Droit, Nettoyage de Bessèges,
10:07 quand on prit la Marseillaise.
10:09 Est-ce qu'il y a des choses qui t'ont marqué sur les premières
10:11 semaines de compétition, sur les premières courses ?
10:13 Le sentiment que j'ai, plus que d'avoir été marqué,
10:19 c'est qu'on a vécu un épisode un petit peu dramatique, entre guillemets,
10:25 sur les six derniers mois de l'an dernier, avec ces fameux points UCI,
10:31 qui pour moi, pourrissent en grande partie certaines courses.
10:36 Et on s'est rendu compte que des équipes sont arrivées,
10:39 et elles réfléchissaient, elles avaient déjà mis en place
10:41 leur stratégie pendant trois ans.
10:43 C'est-à-dire que sur le mois de février, il fallait prendre des points.
10:46 Alors, pourquoi les points UCI ?
10:50 Ça me dérange.
10:52 Ça me dérange d'abord parce que toute la réglementation est basée là-dessus,
10:56 et que d'autre part, on est dans une course à étapes
10:58 du 1er janvier au 31 décembre.
11:01 Paris-Groubé, c'est une étape du, on ne va pas dire du Tour de France,
11:06 du Tour mondial, on peut l'appeler comme ça.
11:11 Vous faites Bessèges, vous avez des points qui comptent,
11:15 vous faites les courses là-bas en Afrique,
11:23 vous marquez des points, vous faites des courses n'importe où,
11:27 vous marquez des points et il faut aller marquer des points.
11:31 Je pense que tout ça, ça peut paraître bien.
11:35 Moi, je trouve que ça dénature la tradition du sport cycliste
11:40 où il y a une ligne de départ, une ligne d'arrivée et un vainqueur.
11:45 On ne sait jamais maintenant qui est le vainqueur,
11:47 on ne sait jamais qui, à un moment ou à un autre,
11:50 et surtout au niveau des directeurs sportifs,
11:53 va mettre au point une stratégie non pas pour gagner,
11:55 mais pour mettre trois coureurs dans les dix premiers.
11:59 Ça me dérange, le sport cycliste n'est pas un sport d'équipe,
12:03 je l'ai toujours dit et je le répète, c'est un sport de commando
12:06 où une partie de l'équipe va se sacrifier pour le leader
12:10 et le leader, c'est celui qui est le plus en capacité d'aller gagner.
12:13 Là, on a des stratégies un petit peu différentes
12:17 parce qu'on est parti sur un sport d'équipe.
12:22 Un sport d'équipe, puisque vous êtes sanctionné en première division,
12:28 si vous n'avez pas marqué ces points,
12:30 éventuellement, vous pouvez monter la deuxième division.
12:32 Tout ça, ce n'est pas la tradition du sport.
12:36 Les courses à étapes, elles existent avec le Tour de France,
12:39 l'étoile de Bessèges qu'on vient de voir,
12:43 les quatre Jours de Dunkerque, le Tour d'Italie, etc.
12:46 Ça, c'est des courses à étapes.
12:48 Maintenant, si on veut faire un classement par points,
12:51 il faut uniquement qu'il soit ludique.
12:55 D'ailleurs, ce n'est pas par hasard que Verbruggen a racheté
13:00 le classement vélo qui appartenait à Aesso il y a un peu plus de 30 ans
13:04 pour en faire le fil d'Ariane, du sport cycliste,
13:10 et surtout, caler la réglementation dessus.
13:13 Mais l'objectif de Verbruggen, tout le monde s'en souvient,
13:16 c'était de faire un circuit fermé.
13:18 Je ne vois pas comment on peut faire un circuit fermé
13:21 quand il faut utiliser la voie publique
13:23 et donc avoir l'accord des préfets, l'accord des municipalités, etc.
13:28 Que ce soit chez nous ou ailleurs.
13:30 Le sport cycliste veut rester un sport de liberté
13:33 et aujourd'hui, il n'est plus un sport de liberté.
13:35 Mais s'il n'y a pas ce système de points, ça fait une ligue fermée
13:40 parce qu'il y a 18 équipes dans le World Tour.
13:42 Comment on définit les 18 ?
13:44 Avant qu'il y ait le World Tour, il y avait aussi des compétitions cyclistes.
13:49 C'est sûr ?
13:52 Vous aviez en France Antilles, Poulidor, Van Looij, Van Stembergen,
13:58 Gimondi, Bartalic, puis il y avait des courses et des belles courses.
14:04 Le problème, c'est le World Tour.
14:06 Le système de ces points, ça permet seulement de maîtriser tout le monde.
14:11 Il y a une forme, entre guillemets, de dictature
14:17 qui fait que si vous ne voulez pas faire comme on vous dit,
14:22 ça ne marchera pas.
14:23 Maintenant, quand on voit ce qui se passe dans le foot sur le plan international,
14:30 on aimerait bien faire un circuit fermé.
14:35 La bagarre est lancée depuis quelques années.
14:39 Est-ce qu'il faut copier les standards américains ?
14:48 Je ne suis pas certain qu'on a la culture, la mentalité pour cela.
14:55 Est-on certain que l'ensemble des compétitions en circuit fermé
15:01 soient des compétitions où le résultat est bien uniquement un résultat sportif ?
15:08 Il y a trop d'enjeux derrière.
15:11 Je me pose des questions.
15:13 Je ne vais pas révolutionner le monde aujourd'hui,
15:16 mais on a le devoir de se poser des questions, d'avoir des doutes,
15:20 d'exprimer éventuellement ses sentiments.
15:24 Je fais encore partie de ceux qui ont cette chance de le faire.
15:28 Tout le monde ne le peut pas.
15:32 Mais je me pose beaucoup de questions à ce sujet-là.
15:36 Et je pense malheureusement qu'on finira par un circuit fermé.
15:40 L'argent a toujours raison.
15:42 C'est ça.
15:45 Avant la saison, on a eu une nouvelle assez importante
15:48 au sein du cyclisme français, c'est la retraite de Thibaut Pinault.
15:51 On sentait venir, au vu de ses déclarations,
15:55 et de l'ambiance à la présentation de la groupe AMEF-DJ.
15:58 Quand on connaît un peu le personnage,
16:01 on n'est pas étonné de voir partir après trois ans.
16:03 Non, pas du tout.
16:05 Si on doit faire un parallèle, je crois que Bernard Rignot est parti au ménage.
16:09 Mais il y avait un autre palmarès aussi.
16:15 Il a annoncé qu'il prenait sa retraite,
16:19 mais il a déjà commencé à mettre des petites virgules
16:24 là où on ne les voyait pas.
16:26 Je ne suis pas certain qu'il aurait.
16:28 Je ne suis pas certain qu'il n'avait pas intérêt à annoncer sa retraite
16:36 pour retrouver une motivation.
16:39 Oui.
16:40 Parce que pour moi, depuis un certain temps,
16:43 lié à l'ensemble des problèmes qu'il a pu rencontrer,
16:47 mais les problèmes qu'on rencontre quelquefois
16:53 ne sont pas indépendants de votre propre mental.
16:59 Et le fait d'annoncer de se retirer, il a envie de se retirer bien.
17:06 On a pu le voir sur l'étoile de Bessèges,
17:09 où il était plus entreprenant qu'il ne l'a été en début de saison.
17:16 Même s'il était toujours dans le coup, mais pas au combat.
17:20 Alors que là, sur des parcours très compliqués pour lui,
17:23 parce que ce n'est quand même pas le champion du monde de la bordure,
17:26 l'étoile de Bessèges cette année, ça a été la traversée de l'Atlantique
17:31 avec des vents force 7.
17:35 Ce qui fait d'ailleurs que la course a été très intéressante.
17:38 Il a toujours été dans le coup.
17:42 Je pense qu'il peut réaliser une très belle saison.
17:47 Et après, on reparlera de 2024.
17:50 Parce que toi, dans ton fort intérieur, tu te dis qu'il ne va pas arrêter en 2023.
17:55 Je ne sais pas.
17:57 Autant quand Bernard Rinault a dit « j'arrête », il y a 33 ans, je crois que c'est ça,
18:03 et moi, tu savais que c'était définitif.
18:06 Thibaut Pinot ne le dit pas avec la même force, avec la même conviction.
18:14 Absolument pas.
18:18 En tout cas, il est attendu en 2023, et on l'a vu, comme tu dis,
18:22 sur l'étoile de Bessèges, assez aérien, une belle allure, beaucoup de pédales.
18:26 C'était plutôt intéressant ce qu'il a montré.
18:28 Oui, tout à fait.
18:31 On connaît son potentiel, il est capable de faire beaucoup mieux.
18:35 À la Groupe Amoev DJ, il y a aussi Arnaud Desmarres et David Goddue.
18:41 On fait l'actualité.
18:43 Arnaud Desmarres n'y est pas pour grand-chose.
18:45 David Goddue a posté des petits commentaires sur une chaîne internet
18:49 qui ont fait débat.
18:51 Oui, c'est un tel buzz.
18:53 Je ne sais pas là encore.
18:55 Dire Arnaud Desmarres n'y est pour rien.
19:00 Dans les déclarations, mais s'il y a des déclarations,
19:02 Arnaud Desmarres va bien être quelque part.
19:04 Oui, c'est une incompatibilité entre deux hommes.
19:07 Donc, dire que c'est que la faute de l'un,
19:11 je crois que le problème est beaucoup plus profond.
19:15 Comme dans beaucoup d'équipes, quand il y a des égaux qui sont en place,
19:23 d'autres qui arrivent par obligation, il y a un moment, c'est obligé de frotter.
19:29 Et si ça ne frotte pas, c'est qu'il y a un problème.
19:32 C'est obligé de frotter, oui, on va dire sur le vélo,
19:37 sans parler de se bousculer, ce n'est pas le problème,
19:40 mais au moins essayer de s'imposer, le pouvoir, ça se prend.
19:44 Donc, ça veut dire que quelque part, il y a des frustrations,
19:51 il y a des choses qui ne sont pas dites ou pas au bon moment.
19:56 Enfin, ça veut dire quand même qu'il y a un malaise.
19:58 Et moi, je trouve personnellement que même si ce n'est pas
20:05 ce qu'on a le droit de faire aujourd'hui,
20:09 ce qu'on a l'obligation de faire aujourd'hui, c'est d'être le datif
20:13 dans tout ce qu'on dit.
20:15 Tout est beau, tout est formidable, on est la meilleure équipe,
20:18 on s'aime tous, on s'embrasse sur la bouche tous les soirs
20:21 et on va se border entre nous.
20:25 Ça, c'est le discours qu'on entend dans toutes les équipes tous les jours.
20:28 Ça, c'est faux.
20:30 Ça n'a jamais existé et ça n'existera jamais.
20:34 Vous vous rendez compte qu'une équipe, c'est 100 personnes,
20:36 100 à 110 personnes au niveau du World Tour.
20:38 Vous ne allez pas me dire qu'il n'y a jamais un accrochage,
20:41 vous ne allez pas me dire qu'il n'y a jamais une bousculade.
20:43 Ça n'existe pas.
20:45 Alors, quand pendant très longtemps, il n'y a personne qui parle,
20:50 ça veut dire que la cocotte minute,
20:54 elle prend de la pression, elle prend de la pression.
20:55 Et puis, à un moment, on ne sait pas pourquoi,
20:58 il y a quelqu'un qui donne un coup de coude dans la cocotte minute
21:02 et ça sort un peu.
21:04 Et là, il y a des phrases qui sortent.
21:06 Et là, on condamne celui qui a parlé.
21:08 Ce serait bien un peu plus de liberté,
21:10 liberté de parler.
21:12 Aujourd'hui, les sportifs, je ne parle pas du cyclisme,
21:15 les sports en général, je ne vous mets pas le doigt,
21:17 ne ne pas dire que du bien.
21:22 Mais regardez tous les interviews,
21:23 on a toujours la meilleure équipe, la meilleure ambiance,
21:26 le meilleur collectif, le meilleur encadrement.
21:29 C'est extraordinaire.
21:31 Moi, je trouve qu'on vit dans un monde de rêve,
21:34 un monde merveilleux.
21:36 C'est extraordinaire.
21:38 Mais même les sept mains, ils ne s'entendaient pas.
21:42 C'est vrai.
21:44 Il y avait un grincheux,
21:46 il y avait un marron,
21:48 il y avait un taulier.
21:51 Vous savez, vous reprenez les sept mains
21:55 et vous avez un microcosme de la société.
21:59 Ils ne sont que sept.
22:01 Une équipe, comme je dis, c'est 100.
22:03 Chacun a un rôle à jouer.
22:05 Donc, ce n'est pas possible.
22:08 Et moi, je pense que Marc Madiot,
22:10 il ne le dira pas de cette façon-là.
22:13 Mais pour lui, c'est une aumène.
22:16 C'est une aumène.
22:19 Ça va lui permettre de recaler les choses,
22:21 de remettre l'église au milieu du village,
22:24 juste à côté de la place de la mairie.
22:28 Donc, ça ne changera pas les plans.
22:30 Et son équipe va reprendre une véritable dynamique.
22:34 Peut-être même Thibaut Pinot aussi, d'ailleurs.
22:37 Ça ne changera pas les plans.
22:39 Ça ne changera pas les plans,
22:41 on aura des marégaudus autour du bout.
22:43 Ça, ce n'est pas la question aujourd'hui.
22:47 Ça, il ne faut même pas chercher à faire des suppositions.
22:49 Il y a des choses qui se traitent sur le terrain,
22:53 et pas dans les alcoves.
22:56 Il faudra voir à quel niveau évolue Desmars, d'une part,
23:04 à quel niveau évolue surtout David Goddard.
23:07 Si Goddard est en position de gagner le tour,
23:11 parce qu'il aura pris un cran cette année,
23:14 quid de Desmars ?
23:15 Ou alors Desmars part comme équipier.
23:17 Il part comme équipier pour mettre à l'abri sur toutes les étapes de plan.
23:21 Ce n'est pas aussi simple que ça.
23:26 Est-ce que Desmars est capable de l'accepter, si on va jusqu'au bout ?
23:29 Donc, vous voyez, ce n'est pas simple du tout.
23:32 Et je pense que Marc, avec son staff,
23:36 va falloir qu'il fasse fonctionner les choses.
23:42 Il fasse fonctionner les mélanges.
23:43 Surtout qu'on a un ptit doute.
23:45 C'est un beau challenge.
23:47 Dans toutes les équipes, il ne se passe pas que des histoires d'amour.
23:51 Il y a aussi des histoires de divorce.
23:53 En parlant de divorce, il y a aussi le cas,
23:56 Julien Laphélie passe avec le fait vert, ça c'est pas mal aussi.
23:59 Oui, ça entretient les médias aussi.
24:05 Mais bon, c'est vrai qu'il y a un problème aussi.
24:08 Le problème, il existe.
24:10 Vous savez, quand vous connaissez bien Laphélie,
24:13 vous savez que quand il y a problème, il règle à sa façon.
24:20 Elle marche pas mal quand même.
24:24 Regardez le palmarès de ses équipes,
24:27 à part sur les grands tours,
24:29 parce qu'il vient de se monde de gagner le Tour d'Espagne.
24:31 C'est une équipe où, quand vous les voyez en course,
24:35 vous sentez de la dynamique.
24:38 Vous sentez de la motivation.
24:40 Vous sentez de la fraternité.
24:42 Vous sentez des coureurs heureux.
24:44 À tel point qu'un jour, il y a un manager qui m'a appelé,
24:47 "Mais comment ils font pour ?"
24:49 Je dis, "Écoute, si tu veux le savoir, on se rencontre."
24:53 Mais bon, à ce moment-là, tu me demandes de venir chez toi.
24:56 Je vais t'expliquer.
24:58 Mais c'est vrai.
25:00 Et quand vous voyez à côté d'autres équipes qui sont...
25:02 On vous dit quand même qu'on est la meilleure équipe.
25:06 Donc, le Fever, il a sa façon de gérer.
25:08 Et on gère par rapport à sa personnalité,
25:10 par rapport à son charisme,
25:12 par rapport à ses compétences.
25:14 Et je pense qu'en tant que manager,
25:17 je crois qu'il a fait ses preuves jusqu'à aujourd'hui.
25:20 Et quand il titille un petit peu,
25:22 voire beaucoup, Julien,
25:25 je ne pense pas que c'est pour le tuer.
25:30 Je pense que c'est plutôt pour le remettre dans le sens de la marche.
25:35 Mais tu sens que c'est une stratégie qui peut marcher, ça,
25:37 avec Julien Laphilippe ?
25:39 De lui piquer son orgueil ?
25:41 Oui, ça marche souvent.
25:43 Ça marche souvent.
25:46 Chez les champions, ça marche souvent.
25:48 Chez Groupama,
25:52 c'est quelque chose d'un peu similaire.
25:55 C'est les orgueils.
25:57 C'est les égaux qui fonctionnent, mais qui, d'un seul coup, fonctionnent.
26:00 Donc, il va falloir qu'il se passe quelque chose.
26:04 Donc, oui,
26:05 Julien est tout,
26:09 sauf quelqu'un
26:12 qui fout la merde dans une équipe.
26:15 Au contraire, c'est plutôt un rassembleur.
26:17 C'est plutôt quelqu'un qui emmène tout le monde vers l'avant,
26:21 dans la joie, dans le plaisir.
26:24 Je ne le vois pas, demain,
26:28 devenir bougon toute la journée,
26:32 faire la gueule tous les soirs.
26:33 Non, ce n'est pas sa personnalité.
26:36 Ce n'est pas sa façon de vivre.
26:39 Et ce n'est pas son envie de vivre.
26:41 Je pense qu'il y a des choses qui devraient, logiquement, s'arranger.
26:44 Maintenant, ça fait combien ?
26:46 Il y a déjà un certain nombre d'années qu'il est dans la même équipe.
26:49 Ne pas oublier aussi que, dans cette même équipe,
26:54 vous avez aujourd'hui un vrai taulier qui s'appelle
26:57 Ellenepoel.
27:00 Mais ils ne sont pas sur le même registre.
27:02 Au plus du moins, sur le papier, ils ne le sont pas.
27:05 Je ne vois pas Ellenepoel être gêné par Julien Alaphilippe,
27:13 tant qu'on connaît ses disponibilités,
27:16 ses capacités à se mettre au service de quelqu'un d'autre.
27:19 Laissons vivre la chose.
27:22 Ne la faisons pas, pour notre plaisir personnel,
27:25 ne la faisons pas grossir.
27:29 Elle se dégonflera en partie au fil des semaines.
27:32 Concernant le programme de Julien Alaphilippe,
27:35 on a vu qu'il privilégiait les Flandriennes aux Ardennaises.
27:38 C'est surprenant pour toi ?
27:40 Non. Julien sait tout faire sur un jour.
27:43 Ça ne te pose pas de problème ?
27:45 N'oublions pas qu'il a été deuxième dans la championnat du monde de cyclocross.
27:49 Je ne vois pas pourquoi il serait limité
27:58 sur des époques comme le Tour des Flandres.
28:00 Il y a même une année où il aurait pu le gagner
28:02 s'il n'avait pas chahuté avec ses oreillettes.
28:05 Non, ce sont des oreillettes, c'est pour la sécurité.
28:09 Il a donc perdu ce Tour des Flandres qu'il n'a pas gagné.
28:16 Il y avait Monnard et Mondercourt.
28:18 C'était quand même un beau trio.
28:20 Julien peut gagner Paris-Roubaix, il peut gagner le Tour des Flandres,
28:23 il peut gagner Iège-Vastemiège, il peut gagner le Tour de Lombardie,
28:27 il peut tout gagner.
28:28 J'ai toujours pensé qu'éventuellement, il pouvait même gagner un gros Tour.
28:31 Mais bon, ça n'a pas convaincu tout le monde.
28:35 Il y a une année, il était quand même tout, tout, tout, tout, tout, tout, tout prêt.
28:39 Il y a un courant droit pour gagner le Tour.
28:42 Tout, tout, tout, tout, tout, tout, tout prêt.
28:45 C'est peut-être la clé justement de ne pas courir pour gagner le Tour
28:48 et puis, il faut en faire de la crochet.
28:50 Oui, sauf que sa façon de courir fait que c'est difficile de gagner le Tour
28:55 quand vous sautez sur tout ce qui bouge,
28:57 même sur les choses qui ne bougent pas,
29:00 que vous prenez du vent toute la journée, que vous jouez à l'équipe pied.
29:04 Enfin bon, la façon de courir de Julien pour gagner le Tour,
29:09 la première qualité qu'il faut, c'est de la patience et du calme.
29:14 Là, c'est peut-être le côté le plus difficile à maîtriser avec Julien.
29:20 Est-ce qu'on n'a pas eu Pogacar l'année dernière non plus d'ailleurs ?
29:24 Le cas l'an dernier, non, il était à côté du sujet.
29:26 Disons que c'est difficile quand on gagne tout,
29:32 à un moment ou à un autre, ne pas un petit peu s'évader, perdre les pédales
29:37 et faire des bêtises parce qu'en plus, même comme ça, il aurait pu le gagner
29:43 si dans la Madeleine, il ne joue pas au cow-boy.
29:49 Là, il a perdu le Tour tout seul.
29:53 Il n'aurait peut-être pas gagné, mais au moins là, il a perdu.
29:55 Pour finir, je voulais parler de Jérôme Pinault qui devrait s'exprimer
30:00 dans quelques semaines avant Paris-Nice, il l'a dit dans l'équipe.
30:03 Il va enfin donner sa version des faits.
30:05 On a lu, vu plein de choses.
30:07 Il va s'expliquer.
30:09 Après, on ne sait pas ce qu'il va dire.
30:11 Il va certainement se défendre.
30:13 Qu'est-ce que tu attends de son intervention médiatique, toi ?
30:15 Rien.
30:17 Rien ?
30:19 Rien.
30:22 Il n'a pas de médiatique aujourd'hui.
30:23 Au contraire, il est en dehors du médiatique.
30:25 La réalité aujourd'hui, c'est que l'équipe n'existe plus,
30:30 que des coureurs ne peuvent plus courir à leur niveau chez les professionnels,
30:37 qu'il y a du personnel qui est aux ascédiques, point.
30:43 Aller jusqu'au mois de décembre avant de dire c'est fini,
30:46 alors qu'on le savait au mois d'octobre.
30:48 Qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ?
30:51 Ce serait intéressant d'ailleurs qu'ils sortent les documents
30:55 qui ont été signés avec les différents partenaires,
30:57 puisqu'il a annoncé à plusieurs reprises qu'il avait des contacts,
31:01 et que c'était avancé, que c'était déjà signé.
31:03 Enfin bon, on verra bien ce qu'il va dire,
31:06 mais bon, ce n'est pas ce qui fait briller le cyclisme.