• il y a 10 mois
C'est la rentrée, alors forcément une nouvelle chronique de Cyrille Guimard sur Cyclism'Actu, la première de cette saison 2024 ! Au menu du jour : Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck), Julian Alaphilippe, Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), l'affaire Cian Uijtdebroeks (Team Visma | Lease a Bike), les datas... Cyrille Guimard - ancien directeur sportif et ancien sélectionneur de l'équipe de France, désormais consultant sur RMC Sport et La Chaine L'Equipe - n'a éludé aucun sujet pour sa chronique sur Cyclism'Actu. Comme toujours, on aime ou on n'aime pas... mais ça se regarde et ça se lit ! Bref, quasiment 50 minutes de discussion et entretien - à consommer sans modération - avec le "druide" qui est en pleine forme. Lui, qui fêtera ces 77 ans, le 20 janvier prochain.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:03 Jonas Vingegaard remportera-t-il un troisième Tour de France consécutif ?
00:07 C'est fort possible, si Pogacar le perd.
00:11 Pourquoi ça se jouera encore ? Ça sera soit pour Pogacar, soit pour Vingegaard.
00:15 Oui, ça se passera encore entre deux.
00:18 Il allait dire, si ça se passe, oui, mais machin est tombé, l'autre a été malade.
00:22 Aujourd'hui, on ne peut pas tabler sur les accidents et les maladies.
00:25 Sur les potentiels en présence, c'est l'un ou l'autre.
00:30 Alors, petite question, parce que finalement, je peux poser les questions.
00:34 Benepoul, dans tout ça, je pense que tu l'avais dans ta liste.
00:37 Effectivement, je l'avais dans ma liste.
00:40 Est-ce qu'il jouera la victoire finale ?
00:42 Est-ce qu'il y croit, lui ?
00:43 Il est souvent très mesuré dans ses ambitions, Renko Benepoul.
00:46 On lui reprochait le contraire, il y a deux ans ou trois ans.
00:50 Il a beaucoup changé par rapport à ça.
00:51 On l'a formaté.
00:53 C'est ça.
00:55 Parce que c'est quand même lui qui dit, j'espère finir dans le top 5.
01:00 Serait-il devenu le go du Belge ?
01:03 Je suis désolé.
01:05 Benepoul, il n'a pas le droit de parler comme ça.
01:08 Aujourd'hui, il ne se donne pas vraiment les moyens de gagner un grand prix.
01:14 Bonjour Cyril Guimard.
01:18 Bonjour.
01:20 Bonjour, bonjour.
01:22 Bonne année à tous.
01:25 Déjà, tous nos meilleurs voeux pour 2024.
01:29 Un peu de froid, ça va faire du bien.
01:32 Toute l'équipe de Cyclisme Actu te souhaite ses meilleurs voeux pour 2024.
01:37 Meilleurs voeux pour la vie, meilleurs voeux cyclistes également.
01:42 On espère avoir une belle saison qui a démarré avec les championnats d'Australie,
01:46 qui va reprendre vraiment avec le Santos Tour Down Under dans quelques jours.
01:51 Avant de parler de la route, je voulais déjà avoir ton opinion sur ce qui s'est passé
01:56 et ce qui se passe encore cet hiver en cyclocross.
01:59 On a eu un hiver dernier fantastique avec des duels à foison entre Mathieu Van Der Poel et Wout van Aert.
02:06 C'est totalement différent de cette année avec un Mathieu Van Der Poel qui est largement au-dessus de la mêlée
02:11 et qui n'a même jamais semblé aussi fort que ça.
02:17 C'est vrai que pour qu'il y ait du spectacle, il faut des coureurs pratiquement du même niveau,
02:23 ou un certain nombre du même niveau, de façon à ce qu'il y ait du suspense, un combat, des défaillances,
02:33 des attaques, des fulgurances, ce qui fait tout simplement le spectacle.
02:39 Et quand vous avez un acteur qui est trop fort, malheureusement, le spectacle peut en pâtir.
02:47 Vu au premier degré, il peut en pâtir.
02:50 Vu au second degré, ce que fait Mathieu sur le plan technique, sur le plan des trajectoires,
02:59 sur le plan de la force, ce qu'il fait est absolument extraordinaire.
03:04 Il n'arrive même plus à tomber.
03:06 Donc, c'est dire, quelle que soit la vitesse où il passe, ça veut dire que 1) il est au-dessus physiquement,
03:15 techniquement, il est au sommet.
03:18 Je crois qu'on ne peut pas être au-dessus, à moins de faire comme les bateaux,
03:25 de mettre des fleuils et de voler au-dessus de la prairie.
03:29 Non, ce qu'il fait, c'est magnifique.
03:33 On a connu un coureur comme ça, à quelques années, qui avait aussi une classe absolument extraordinaire.
03:41 D'ailleurs, Mathieu Vanterpool court après lui.
03:45 C'est Éric De Vlaminck, qui a été quand même cette fois champion du monde,
03:49 et qui lui aussi était totalement aérien.
03:53 Le problème, c'est qu'un jour il voulait, un jour il ne voulait pas.
03:56 C'était un autre problème, parce que c'était un personnage assez particulier.
04:02 Mais quelle classe !
04:05 Et derrière, on pourrait ajouter son frère, qui a été lui aussi deux ou trois fois champion du monde.
04:16 Je crois qu'il a gagné plusieurs fois à Paris-Roubaix aussi, les frères de Vlaminck.
04:21 Donc, oui, c'est beau à regarder.
04:26 On aimerait un peu plus de suspense, mais Van Aert, il n'est pas à son niveau.
04:34 J'ai l'impression d'ailleurs que depuis deux ou trois ans, il s'ouvre aussi un peu du complexe Mathieu Vanterpool,
04:42 puisque même sur la route, il vient faire deux dans les championnats du monde.
04:47 Mais je pense qu'il n'a pas non plus peut-être fait la préparation pour être au top niveau, comme l'a fait Mathieu.
04:55 Mais quoi qu'on puisse dire ou faire, Mathieu Vanterpool, même avec un Van Aert au sommet de son arbre,
05:05 est quand même supérieur. Et Van Aert, il n'est quand même pas loin de son meilleur niveau.
05:10 Tu penses que le voût de Van Aert n'est pas si loin que ça de son meilleur niveau ?
05:14 Il y a le discours de dire « je prépare le Tour des Flancs ».
05:17 Bon, ça, ça existe pour les gens qui y croient.
05:21 Mais bon, il fait la même préparation, le travail sur route, le travail en course à pied, le travail en cyclocrosse.
05:31 J'ai presque envie de dire à deux heures près, ils font la même chose pendant la semaine.
05:37 Non, il a un petit cran en dessous.
05:40 Ce qui est intéressant, d'ailleurs, c'est que la saison sur route de Van Aert n'a pas été exceptionnelle non plus.
05:47 Et est-ce que Van Aert marque pas tout simplement le pas sur le plan physique, sur le plan physiologique ?
05:56 Ça n'est pas impossible. Vous perdez 2% ou 3% de votre niveau de performance.
06:04 Et au lieu de faire premier, vous faites troisième ou quatrième ou deuxième.
06:08 Et est-ce que Van Aert Pool n'est pas dans cette régression, ou du moins, il ne progresse plus ce que continue à faire Van Aert Pool ?
06:19 Par rapport à la saison sur route, je vais te donner quelques affirmations, je vais te poser quelques questions.
06:25 Et tu vas me répondre oui ou non, et ensuite, on va développer ensemble.
06:29 C'est un quiz !
06:31 C'est un quiz, c'est ça.
06:33 Est-ce que tu crois au doublé Tour d'Italie/Tour de France de Tadej Pogacar ?
06:37 Est-ce que tu le penses capable de gagner les deux ?
06:39 Oui.
06:41 Pourquoi ?
06:43 Ah non, tu m'as demandé une réponse par oui ou par non.
06:45 Je t'ai dit de développer également.
06:47 Développer ? On ne fait qu'une émission sur Pogacar.
06:52 Parce que c'est le meilleur coureur du monde et que sur les grands tours, il a démontré qu'en dehors de Wittgenstein,
07:04 ces deux dernières années, pour des raisons qu'on pourrait, on peut, développement, on l'a déjà fait.
07:10 Mais non, Pogacar, c'est vraisemblablement le seul coureur aujourd'hui dont on peut dire au minimum à 70% qu'il peut réaliser le doublé.
07:23 Après, il y a les conditions de course.
07:25 C'est très difficile.
07:27 Contador et Contador-Froum ont échoué.
07:29 Fontani, c'est le dernier, c'était en 1998.
07:31 C'était un autre contexte.
07:33 Il y a très peu de temps entre le Giro et le Tour.
07:35 Il n'a pas gagné le Tour les deux dernières années.
07:37 Il est tombé sur quelqu'un de plus fort que lui.
07:39 C'est quand même compliqué d'imaginer Thaddeus Pogacar gagner les deux alors qu'il n'a gagné aucun grand tour depuis 2021.
07:45 Il a quel âge ?
07:47 Pogacar, il a 25 ans.
07:51 25 ans, c'est là où on est le plus mature, où on est au sommet de son art entre 25 et 28 ans, on va dire.
08:03 Après, on ne progresse plus sur le plan de la science de la course.
08:09 Pour moi, ça n'a pas d'incidence.
08:14 Et puis, changer un petit peu de registre ou du moins de programme, c'est quelque chose qui peut être aussi motivant.
08:25 Oui, on a senti qu'il voulait se redonner.
08:29 Il faut arrêter de dire que depuis 1998, personne ne l'a fait.
08:34 Il est certain qu'il y en a beaucoup qui l'ont préparé.
08:39 Parce que pour gagner les grands tours, il ne faut pas de problème, c'est tout.
08:44 Fignon l'a fait, mais on sait dans quelles conditions on ne lui a pas accordé.
08:53 Bernard Rinault, tous les coureurs qui ont fait les deux grands tours, qui avaient le potentiel, au moins ils en gagnaient un, ils étaient sur le podium de l'autre.
09:05 Donc après, je crois qu'aujourd'hui, le gros problème, ce n'est pas au niveau des coureurs qui pourraient tenter de le doubler.
09:13 C'est de faire en sorte de faire tourner 30 coureurs dans une équipe.
09:19 Donc c'est plus les équipes qui bloquent leur leader, un pour le Tirot, un pour le Tour de France, et éventuellement un pour le Tour d'Espagne.
09:32 Parce que tu as des équipes à 30 coureurs, et tu as trois équipes pour 80% du potentiel coureur.
09:41 Donc ils ne peuvent pas mettre, comme ça a été le cas sur le Tour d'Espagne, ce qui n'a pas marché, puisque ce ne sont pas les deux favoris qui ont gagné, c'est l'équipier.
09:54 Ce qui est très bien d'ailleurs.
09:56 Mais vous ne pourrez pas mettre vos deux gros leaders sur les deux grands tours ensemble.
10:06 Il y a un moment, ils vont se mettre sur la gueule.
10:10 C'est pas possible.
10:12 Et n'oubliez jamais qu'il faut des équipiers aussi.
10:14 Mais aujourd'hui, on partage.
10:16 On partage les programmes.
10:18 Deuxième question, qui est liée à la première.
10:21 Jonas Vingegaard remportera-t-il un troisième Tour de France consécutif ?
10:26 C'est fort possible, si Pogacar le perd.
10:32 Ça sera soit pour Pogacar, soit pour Vingegaard.
10:37 Oui, ça se passera encore entre deux.
10:40 D'ailleurs, on peut toujours essayer de dire que Pierre, Paul ou Jacques peuvent.
10:49 Il y a aussi, ne l'oubliez pas, deux grosses machines derrière.
10:53 Vous avez les deux meilleurs coureurs sur les grands tours depuis quatre ans.
11:00 Et derrière, vous avez les deux plus grosses équipes.
11:08 L'un ne va pas sans l'autre, d'ailleurs.
11:12 Donc, pour qu'un troisième larron vienne,
11:16 oui, vous allez me dire, si ça se passe, oui, mais machin est tombé, l'autre a été malade.
11:21 Bon, oui, ça fait partie.
11:24 Mais aujourd'hui, on ne peut pas tabler sur les accidents et les maladies.
11:28 Sur les potentiels en présence, c'est l'un ou l'autre.
11:34 Alors, petite question, parce que finalement, je peux vous poser les questions, moi aussi.
11:40 Tu es le poule dans tout ça, je pense que tu l'avais dans ta liste.
11:43 Effectivement, je l'avais dans ma liste.
11:46 Est-ce qu'il jouera la victoire finale, sans parler de Vila, qui va ramener Mélojourne ?
11:50 Est-ce que tu le vois déjà jouer la victoire, se mêler un petit peu à cette lutte,
11:54 à ce duel annoncé entre Pogacar et Vingegaard ?
11:58 Est-ce qu'il y croit, lui ?
12:02 Il faudrait lui poser la question.
12:05 Il a répondu.
12:08 Oui, mais il est souvent très mesuré dans ses ambitions, Remco et Venepool.
12:12 On lui reprochait le contraire, il y a deux ans ou trois ans.
12:16 Il a beaucoup changé par rapport à ça.
12:18 On l'a formaté.
12:20 C'est ça.
12:22 Parce que c'est quand même lui qui dit, j'espère finir dans le top 5.
12:28 Serait-il devenu le go du Belge ?
12:32 Hum.
12:34 Effectivement, c'est un discours intéressant.
12:38 Je suis désolé, Venepool, il n'a pas le droit de parler comme ça.
12:44 Ou alors, il a été bien formaté, ou il a compris un certain nombre de choses.
12:50 Mais il est évident qu'aujourd'hui, ça remet en cause ce que je pouvais dire il y a deux ans, trois ans.
12:58 Aujourd'hui, ils ne donnent pas vraiment les moyens de gagner un grand tour.
13:06 Tu fais référence à son poids ?
13:12 Si tu réponds à ma place, ça va.
13:14 Pas besoin de répondre.
13:16 Parce que tu en avais déjà parlé dans plusieurs chroniques, tu le trouvais un petit peu épais.
13:20 Je le trouvais un peu épais.
13:22 Oui, c'est ça.
13:24 Vous savez, vous êtes à votre poids de forme, et le poids de forme, ce n'est pas 19-20g.
13:34 Ça peut évoluer.
13:38 Oui, ça peut évoluer.
13:44 C'est son problème.
13:46 C'est ça.
13:48 Nous, on est là pour observer, commenter.
13:52 Donc, difficile de le voir jouer le maillot jaune d'est cette année.
13:56 Tel que je l'ai vu au Tour d'Espagne l'an dernier, indépendamment des soucis qu'il a connus en course, il ne peut pas jouer.
14:06 Ok, ça marche.
14:08 On en parlait un petit peu tout à l'heure, vous de Van Aert, très focalisé sur les classiques, sur les Jeux Olympiques aussi, sur le championnat du monde.
14:16 Il n'a jamais gagné le Tour des Flandres Paris-Roubaix.
14:18 Est-ce que tu le vois gagner en 2024 l'une de ses deux courses ?
14:22 Il faut qu'il monte le niveau.
14:26 Si il remonte le niveau qui était le sien il y a deux ans ou trois ans, oui.
14:34 Bon, il faudra que Van Der Poel baisse le sien.
14:38 C'est une équation à deux inconnues.
14:42 Ce n'est pas évident.
14:44 En fait, ils font la même préparation pour les mêmes courses.
14:48 Même si on dit qu'il y en a un, il ne pense qu'à, je vais me faire croire que Van Der Poel ne pense pas qu'à non plus le Tour des Flandres Paris-Roubaix.
14:58 Oui, c'est sûr.
15:00 Ça c'est pour remplir les pages blanches.
15:04 Mais la réalité, ils sont axés sur les mêmes épreuves et ils préparent les mêmes épreuves aujourd'hui.
15:10 Ce qui est intéressant c'est qu'ils auront deux préparations différentes.
15:14 On verra si la préparation de Goudevanart aura son effet.
15:16 Non, elle n'est pas différente, elle est identique.
15:20 Tu as quand même un coureur qui est beaucoup plus concentré sur le cyclocross que l'autre.
15:24 Non, pas du tout. Il y en a un qui marche moins que l'autre.
15:28 C'est un peu l'un contre l'autre.
15:30 Ça n'a rien à voir, les charges de travail n'ont rien à voir avec le titre de la compétition.
15:36 Et Van Aert, il sait qu'il ne peut pas y aller.
15:40 Pareil, ils ne tournent pas la page dans l'autre sens.
15:44 Donc toi, tu penses que Van Aert n'a juste pas le niveau cet hiver et que ce n'est pas une question d'y aller tranquillement, de ne pas trop faire d'efforts, de ne pas se griller.
15:56 Y aller tranquillement.
15:58 Moi, quand je lis tous les articles qui sont écrits, je suis désolé, je dois être déphasé.
16:02 Ou alors c'est mes neurones qui sont intoxiqués.
16:06 Un peu quand même.
16:08 Par les papiers.
16:10 Si Van Der Poel n'était pas à ce niveau-là, il pourrait y aller.
16:16 Mais là, il n'a même pas besoin d'attaquer.
16:20 La dernière fois où il s'est trouvé au combat pendant 12 minutes, il n'a même pas eu besoin d'attaquer puisque Van Aert, il fait la faute.
16:34 Et quand tu fais la faute, c'est que tu es limite.
16:38 C'est que tu es au taquet.
16:40 Concernant Mathieu Van Der Poel, je ne vais pas te demander s'il va être champion du monde de cyclocross.
16:44 Je pense que la réponse est positive.
16:46 Je me pose la question.
16:48 Effectivement.
16:50 On peut en douter, la cote va être très élevée.
16:52 Il y a Stibart qui va être chez lui là-bas.
16:54 Effectivement.
16:56 Je n'avais pas pensé à ça.
16:58 On ne va pas aller pas loin sur la grille.
17:00 Je vais plutôt te questionner sur les Jeux Olympiques pour Mathieu Van Der Poel.
17:04 On sait qu'il va certainement faire la route et le VTT.
17:06 Est-ce que tu le vois faire ce doublé qui serait exceptionnel ?
17:12 Le pari est osé.
17:16 C'est un beau challenge.
17:18 Je serais moins affirmatif pour un doublé sur ces deux épreuves que celui de Pogacar sur Giro Tour.
17:32 C'est plus compliqué.
17:34 C'est plus compliqué.
17:36 Là aussi, Van Der Poel sur le VTT a un petit souci, c'est son poids.
17:42 Il a beau avoir deux turbos, il est un peu lourd pour qu'on puisse dire qu'il va survoler.
17:58 Il a tellement de classe.
18:02 Il faudra déjà qu'il arrive.
18:04 L'opposition, c'est Picoque s'il y va.
18:12 Il y sera.
18:14 Par exemple, on va retrouver les routiers, c'est logique.
18:16 Après Van Der Poel a chuté beaucoup en VTT aussi, ça peut jouer sur sa confiance certainement.
18:24 Oui, un peu.
18:26 Mais surtout qu'il chute, il sait pourquoi.
18:30 Il n'est pas dedans.
18:32 La dernière chute qu'il prend, il n'est pas dedans.
18:36 Il doit penser aux hirondelles qui vont retourner en Afrique, je ne sais pas.
18:42 C'est une faute de jeunes débutants, donc il n'est pas concentré.
18:48 En plus, on est parti sur des polémiques qui ne devraient pas avoir lieu.
18:56 L'idéal, c'est quand même de mettre les meilleurs coureurs devant, pas de désobliger les derrières.
19:00 Parce que ça, c'est une forme d'autoritarisme d'élu.
19:10 Je suis désolé, c'est le corporatisme qui n'a pas lieu d'être.
19:16 Tu militerais pour que même s'ils ont un classement qui ne leur permet pas d'être devant...
19:22 Prenons tous les classements, prenons la route aussi.
19:26 Prenons le VTT, prenons le cyclocross.
19:30 Ce sera plus proche de la vérité.
19:32 Ou alors, il faut dire que tu es routier, tu restes sur la route.
19:34 Tu fais du VTT, tu restes que.
19:36 Mais personne de la route peut aller t'emberder.
19:38 Maintenant, tu as le gravel qui arrive, c'est les gens de la route.
19:42 Ils ne peuvent pas non plus se raconter des histoires.
19:46 Dès que tu as une selle, deux pédales et un guidon, c'est quand même le talent qui parle.
19:54 Mais voilà, bon.
19:58 C'est comme ça qu'on ne changera rien.
20:02 On va parler un petit peu des Français.
20:06 Concernant Julien Laphilippe, deux dernières saisons compliquées.
20:10 Est-ce que tu le vois redevenir l'un des meilleurs coureurs du monde en 2024 ?
20:14 En tout cas, on le voit plutôt heureux depuis le début de la saison.
20:18 On le voit redevenir peut-être un peu le Julien Laphilippe spontané, frais qu'il a été en 2019-2020.
20:26 Est-ce que c'est un signe ? On ne sait pas.
20:28 Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas.
20:32 Il faut regarder dans quelles conditions il est filmé, qu'est-ce qui est prévu.
20:36 On est tellement dans la com, marketing, que je ne me laisse pas influencer par ce genre de choses.
20:46 On ne revient pas de deux ans.
20:50 Et parce qu'on fait une présentation d'équipe et qu'on joue aux chanteurs de rock,
20:54 ce n'est pas ça qui démontre qu'au plus profond de vous-même, vous avez retrouvé l'envie, le désir, la motivation
21:04 et l'entourage qui va vous permettre de…
21:08 On jugera sur pièce, mais je ne suis pas certain que Julien revienne à son niveau d'il y a deux ou trois ans.
21:20 D'abord, est-ce qu'il a deux ou trois ans de plus ?
21:22 En plus, je ne sais pas ce qui s'est passé.
21:25 Est-ce que c'est toujours son oncle qui l'entraîne ou pas, dans la mesure où il a quitté l'équipe de l'Eiffel Vert ?
21:38 Est-ce qu'il n'empêche pas de continuer à l'entraîner ?
21:41 Ou est-ce qu'il a un nouvel entraîneur ?
21:44 Ça, on ne le sait pas parce que personne n'a communiqué là-dessus.
21:48 Mais c'est marrant, personne n'a posé la question non plus.
21:51 C'est vrai, on avait quelques nouvelles.
21:55 C'est une question intéressante à poser, pas toujours celle qu'on pose.
21:58 Je vais me faire bien voir par tes collègues journalistes.
22:02 Enfin, ils me connaissent depuis le temps.
22:06 Sans parler d'un retour à son meilleur niveau qui lui a permis d'être deux fois champion du monde,
22:10 qu'est-ce que tu attends de Julien Laphilippe en 2024 ?
22:13 Tu as été assez critique sur sa façon de courir, notamment sur le dernier Tour de France,
22:17 où il partait un peu au feeling, il faisait un peu n'importe quoi.
22:23 Est-ce que tu attends qu'il redevienne un coureur qui réfléchit sur le vélo,
22:27 qui tente des choses, mais sans c'est, sans partir à l'abordage chaque jour ?
22:32 Toute la question est là.
22:34 Quand tu dis que j'ai été critique, je suis par obligation critique
22:38 puisque j'observe les choses et je les commente.
22:42 Je sais que ce n'est pas la mode aujourd'hui, c'est même très mal vu.
22:46 De dire des choses qui peuvent fâcher ou agacer.
22:52 Julien, il a fait le tour qu'il a fait, dans les conditions psychologiques qui étaient les siennes,
23:00 avec la condition physique qui était la sienne,
23:03 son manque d'envie évident que l'on connaît depuis un moment.
23:07 On n'allait pas dire non plus qu'il était beau, qu'il était grand, qu'il était génial, qu'il était fabuleux,
23:13 mais il y avait des prétextes qu'il recommençait ou il commençait à courir comme des coureurs de deuxième rideau,
23:21 c'est-à-dire en essayant de choper l'échappée du matin pendant tous les jours.
23:25 Donc ça, c'est pas...
23:28 Quand tu joues la gagne, c'est jamais ce que tu fais.
23:31 Ce qui veut dire que tu as déjà dans ta tête accepté d'être un coureur de deuxième zone.
23:37 Et ce n'est pas péjoratif.
23:39 Les grands, ils sont 15.
23:42 Après, c'est le deuxième rideau.
23:44 Il est descendu dans le deuxième rideau.
23:47 Ses résultats sont également là pour le démontrer.
23:51 C'était le tour, il a envie de briller, il a envie de faire des choses,
23:54 que ça fait partie de son personnage.
23:58 Mais un coureur de ce calibre, quand il est au top niveau,
24:06 tu ne bats pas tous les matins pour choper la bonne échappée.
24:10 Ce qui veut dire qu'il est...
24:13 Dans sa tête, il n'est plus dans le top 10 ou dans le top 15 des grands coureurs.
24:21 Je vais me faire arracher les yeux, mais j'ai quelques paires en réserve.
24:29 Mais tu as quand même une autre attitude de sa part.
24:33 C'est lui-même. Face à sa glace, face aux différentes situations qu'il a vécues depuis deux ans.
24:44 Il y a un diton qui dit "Toi, le ciel t'aidera".
24:48 Son changement de comportement pour retrouver le plus haut niveau,
24:55 c'est quelque chose qui lui appartient à lui et qu'à lui.
25:02 Les faiseurs de flanflan à côté, non.
25:05 On reste sur les Français, plus gouvernement.
25:11 Est-ce que tu vois soit un Français monter sur le podium d'un grand tour,
25:14 soit un Français remporter un monument en 2024 ?
25:19 À partir du moment où Julien n'est pas au niveau, on a la réponse.
25:30 Si ça arrive, heure et cas, bravo.
25:36 Surtout qu'il faut tout de suite mettre dans un cadre.
25:40 Mais honnêtement, tu vois qui gagner un monument aujourd'hui ?
25:44 En dehors d'un Julien revenu à son meilleur niveau.
25:47 Il y a peut-être deux noms qui se dégagent, Christophe Laporte et Valentin Madouas.
25:54 Oui, qui peuvent…
26:00 Laporte est incontestablement celui qui a pris un peu le relais.
26:07 Son titre de champion d'Europe est là pour le démontrer.
26:11 Après, il est dans une équipe où…
26:15 Il n'est pas seul au départ.
26:21 Donc après, dans le jeu de course, comme ça s'est passé l'an dernier
26:24 à Gandville-Weggheim avec Rod Bonhart, c'est arrivé une fois.
26:29 Mais c'est la valeur sûre.
26:34 Moi, j'ajouterais Cosme Frois, si lui aussi il retrouve…
26:41 Parce que je trouve qu'il plafonne quand même pas mal.
26:44 S'il retrouve un petit peu plus de peps, c'est la partie des coureurs.
26:50 Il a failli quand même gagner l'Amstel.
26:55 Il a vu pour quelques millimètres, mais l'Amstel n'est pas un grand monument.
27:01 Donc je suis assez pessimiste et je serais vraiment très heureux si ça arrivait.
27:09 Concernant les grands tours, un podium, on sait que Bardet va faire le Giro.
27:14 Pourquoi pas, s'il retrouve son niveau d'il y a deux ans, ça peut être pas mal.
27:17 Oui, l'espoir fait vivre, c'est bien.
27:21 Dis-moi quel coureur qui peut venir sur le podium d'un grand tour ?
27:27 Lenny Martinez, ça paraît trop tôt, beaucoup trop tôt.
27:33 C'est peut-être un peu léger encore, non ?
27:36 David Goddard, on sait qu'il va retenter le tour, le podium, on va voir.
27:41 Oui, d'accord, mais tous les ans, il prend un an de plus.
27:47 Il faut savoir de quoi on parle, où on se raconte des histoires, où on a envie de rêver.
27:56 Il y a la réalité du terrain.
28:01 David Goddard, c'est aujourd'hui un de nos coureurs les plus réguliers sur le Tour de France, entre autres,
28:14 pour venir dans le top 10.
28:17 Tu as Guillaume Martin, qui est un peu dans le même registre.
28:24 Mais leur carence ne serait-ce déjà qu'en contre-la-monte.
28:28 On sait qu'il part avec un handicap au départ.
28:33 De l'autre part, je n'ai pas trop fait le bilan cette année, mais il doit être à peu près le même.
28:40 Si vous prenez Godu, il y a deux ans, dans le tour, il a dû venir, dans les étapes,
28:45 il n'a dû venir que deux ou trois fois dans le top 10.
28:52 L'an dernier, peut-être sûrement un peu plus.
28:56 Quand tu veux jouer un podium, tu es au moins sept ou huit fois dans le top 10.
29:06 Et ça, malheureusement, ce n'est pas le cas.
29:11 Donc, comment tu veux jouer un podium ou jouer le tour, quand tu as du mal,
29:16 quand tu joues la 5, 6 ou 10e place, à venir dans le top 10.
29:21 Ça, c'est une réalité, ce n'est pas du rêve.
29:26 Mais il n'empêche qu'on peut être supporter de celui qui, aujourd'hui, représente,
29:33 on va dire, notre leader sur les grands tours.
29:38 Aujourd'hui.
29:40 Il y a quelques coureurs qui pourront y venir dans les années plus tard, très rapidement.
29:45 Mais après, il faut être dans la bonne équipe, il faut avoir le bon management.
29:52 Il y a tellement d'autres critères qui rentrent en ligne de compte.
29:58 Et entre nous, est-ce qu'on a des équipes pour gagner le tour ?
30:02 Non, de moins en moins.
30:05 Quand on voit ce qui se développe à côté, non, ça c'est sûr.
30:07 Non, est-ce qu'on a des équipes capables de gagner,
30:10 qui ont le potentiel pour aller chercher une gagne de tour ?
30:12 Non.
30:13 Je suis vraiment un empêcheur de tourner en rond.
30:16 Donc, globalement, au 9 janvier 2024, tu es plutôt pessimiste sur les grandes épreuves.
30:21 Je ne rêve pas.
30:22 Je ne sais pas si c'est un problème d'être pessimiste ou optimiste,
30:24 mais je suis plutôt pragmatique.
30:26 Tu vois, tu…
30:28 Pessimiste, c'est déjà une notion un peu abstraite.
30:31 Oui.
30:32 Tu ne rêves pas.
30:35 Tu prendras avec plaisir les exploits, mais tu ne rêves pas.
30:38 Je pourrais bien rêver la nuit encore, mais maintenant je dors.
30:41 Il y a quelques semaines, il y a eu une affaire qui a fait parler.
30:48 C'est l'affaire Kyan et Ude Brooks, qu'a signée chez Bismali the Bike,
30:52 qui a cassé son contrat avec Boran Bissou, qu'a signé chez Bismarck.
30:57 Qu'as-tu pensé de cet épisode,
30:59 qui est un peu symbolique de ce qui peut se passer actuellement
31:03 avec pas mal d'agents qui gravitent dans le monde du cyclisme
31:07 et qui essayent de faire changer d'équipe ?
31:11 Oui, alors l'affaire Ude Brooks a succédé à d'autres affaires,
31:19 celle de la fusion de telle équipe avec telle autre,
31:23 de tel coureur qui allait quitter son équipe pour aller dans une autre,
31:27 vous voyez à qui je fais allusion.
31:29 En fait, il y a trois équipes qui ont défrayé la chronique,
31:32 au moins on parlait de vélo pendant ce temps-là.
31:35 Celui qu'on a peut-être envie, mais c'est Ineos, Quistep et Jumbo Bismarck.
31:43 Et derrière est arrivé effectivement l'affaire Ude Brooks.
31:50 Alors, moi j'ai envie de dire, là aussi je vais regarder les chiffres,
31:55 tout ça, ça a été un tsunami dans un dé à coudre.
31:59 Parce qu'il ne s'est rien passé.
32:03 C'est vrai que cette année, c'est l'année où les coureurs qui sont dans le top 100
32:09 ont le moins muté, 16.
32:14 Il fallait remonter en 2014 pour trouver un chiffre aussi bas.
32:18 C'est-à-dire que c'est l'année où il y a eu le moins de transferts.
32:22 Alors, il y en a un qui fait parler,
32:26 c'est celui de ce jeune coureur qui a un talent absolument extraordinaire.
32:33 Que cache ce transfert ?
32:40 On a dit beaucoup de choses, j'ai lu aussi beaucoup de choses.
32:45 Ne vous inquiétez pas, là il pleut beaucoup en France,
32:49 donc il y a beaucoup d'eau qui passe sous le pont.
32:51 Attendons un an et puis on verra si ça a été judicieux ou pas.
32:57 Mais ce genre de choses arrivera toujours un jour ou l'autre.
33:01 Vous avez toujours ce genre d'événements qui arrivent,
33:05 parce que c'est l'histoire de la vie.
33:08 Mais pendant ce temps-là, on a parlé un peu de vélo,
33:12 sinon on n'en parlait pas du tout.
33:14 Grand qu'avec cette histoire de tsunami dans un dé à coudre,
33:18 on a dû prendre à peu près un millième de couverture au football.
33:24 Oui, au moins un millième, ce qui est extraordinaire.
33:28 Donc pour toi, il n'y a jamais eu d'affaire,
33:30 c'est juste un changement d'équipe ?
33:32 Changement d'équipe, il y en a eu d'autres comme ça,
33:36 ce n'est pas le premier.
33:40 À partir du moment où il y a des incompatibilités,
33:43 il y a des rivalités, qu'est-ce qui se passe vraiment au milieu de l'équipe,
33:50 au travers de ce qu'on a pu entendre ?
33:53 C'est la même chose que dans un couple.
33:55 Si vous voulez savoir pourquoi ils divorcent,
33:58 il faut être les six mois qui précèdent sous la couette.
34:02 On apprendra peut-être ce qui s'est passé sous la couette
34:08 entre Bora et Aude Brooks lors des six derniers mois.
34:13 Toujours sur ce dossier qu'il y a d'Aude Brooks,
34:17 tu ne partages pas du tout l'avis d'un Stéphane Lelot
34:21 qui a déclaré que ce cas était dangereux,
34:25 c'était désolant,
34:27 et que le fait que les coureurs cassent leurs contrats comme ça
34:30 et qu'on n'aille pas au bout des contrats,
34:32 ça symbolise un cyclisme qui va sur une pente dangereuse,
34:35 tu ne partages pas du tout cette avis-là.
34:38 Oui, c'était récurrent.
34:42 Mais le dernier cas, c'est le coureur suisse qui est parti chez UAE,
34:48 qui était d'ailleurs chez DSM,
34:51 qui avait gagné les tables sur le Tour de France.
34:55 Quand ils me prouveront le nom, ça sera parfait.
35:01 Qui est parti aussi pour la compatibilité,
35:04 mais là c'était de chez DSM.
35:06 C'est marqué Hirschi.
35:08 Hirschi, voilà.
35:10 Tu pourras couper.
35:12 Ce sont des choses qui sont toujours faites à des moments ponctuels.
35:20 En aucun cas, ça peut être la règle,
35:23 mais Stéphane Lelot, oui, il a raison de tirer le signal d'alarme,
35:32 il ne faudrait pas que ça ne devienne non plus la coutume,
35:35 mais ne vous inquiétez pas, quand il est question de gros sous,
35:38 en règle générale, les choses se règlent assez rapidement.
35:44 Et en fait, il y aura deux paragraphes de plus dans le contrat.
35:50 En tout cas, dans ce genre d'affaires,
35:53 il y a un personnage qui centralise un peu les critiques,
35:55 c'est Richard Plougueux, le grand patron du Team Bismarck Lease a Bike,
35:59 qui a eu des problèmes avec Marc Madiot pendant le Tour également,
36:02 pour l'histoire de la bière là,
36:04 et qui a aussi été taclé par plus par Cédric Vasseur,
36:07 notamment pour le cahier de Brooks.
36:09 Il y a aussi Stéphane Lelot qui le tacle un petit peu,
36:12 parce qu'ils ont essayé d'avoir Andréa Scrone de l'autodestinie.
36:15 En ce sens, il centralise un petit peu les critiques,
36:19 il y a un mode de fonctionnement qui va un petit peu à l'encontre
36:22 des principes qui peuvent régir dans le milieu du cyclisme.
36:27 Oui, en vertu des grands principes, oui, d'accord.
36:31 Les grands principes, c'est très bien quand les gens les respectent,
36:34 quand ils ne les respectent pas, ça ne change rien.
36:36 Ils s'en foutent complètement des principes.
36:39 Ils sont en position dominante financièrement, sportivement,
36:44 ils font ce qu'ils veulent.
36:46 En fait, ils ont le pouvoir de faire ce qu'ils veulent,
36:50 et qu'est-ce que vous les lire en face.
36:53 Bon, il faut que les petits, ils mangent derrière la cuisine de la cour des rois.
37:01 Oui, il faut le dire, mais ça ne change rien.
37:06 On sent que le fossé qui est en train de se creuser entre UAE, Jumbo,
37:11 les équipes à gros budget et les autres, on sent que c'est un sujet
37:15 qui commence à tendre un petit peu le peloton et qui commence à poser problème
37:21 parce qu'on se rend compte qu'il y a une énorme différence.
37:24 C'est trop tard.
37:27 C'est trop tard.
37:28 Quand vous avez des équipes qui ont les budgets qu'elles ont,
37:32 quand vous avez des équipes qui sont des équipes nationales,
37:35 qui sont des équipes d'État, pas nationales parce qu'ils n'ont pas de coureurs,
37:39 en règle générale, des équipes d'État et que vous avez des équipes
37:43 avec des budgets surdimensionnés, pas surdimensionnés,
37:46 ils ont les moyens, on ne va pas leur reprocher de les avoir.
37:48 Mais si en face, vous n'êtes pas capable de tenir la barre
37:52 au niveau des autorités internationales,
37:56 alors maintenant, qu'est-ce que ça sert de gueuler individuellement ?
38:00 Vous avez l'AIGCP, c'est fait pour servir à quelque chose,
38:05 vous avez Vélone d'un autre côté, et de toute façon, vous êtes maquillés de partout.
38:10 Vous avez les agents, qui c'est qui parle le plus aux coureurs ?
38:15 Le manager, le directeur sportif ou l'agent ?
38:18 Qui est l'homme le plus important pour le coureur ?
38:22 C'est l'agent.
38:23 Et l'agent, il gagne sa vie comment ?
38:25 Il gagne sa vie.
38:26 Et c'est pour ça que, je le répète, il n'y a pas eu de transfert cet hiver,
38:32 les agents, ils n'ont pas dû gagner beaucoup d'argent.
38:34 Ou alors, on leur a donné de l'argent pour qu'ils n'aillent pas plus loin.
38:39 Vous avez des institutions, mais il faudrait d'abord qu'elles soient indépendantes, prenez.
38:47 Vous avez le CPR, c'est l'Association des Coureurs Professionnels,
38:54 qui appartient à l'UCI.
38:55 Si vous en faites, si vous faites un vrai syndicat en dehors des…
38:59 Là, vous pouvez avoir du pouvoir, mais pas quand vous êtes une commission.
39:02 Quel pouvoir a la commission des athlètes au CIO ?
39:07 Vous pouvez me dire ?
39:08 C'est Boris Sancho-Poisy.
39:10 Ils sont cooptés.
39:11 Et ils sont élus de façon démocratiquement démocratique, bien sûr.
39:17 On fait un vote, donc…
39:21 Moi, je ne connais pas beaucoup de coureurs qui ont voté pour faire beaucoup de sportifs.
39:24 Je ne sais pas, je ne connais pas de coureurs qui ont été demandés pour participer à un vote.
39:31 Mais c'est où vous avez des organismes de défense hors les systèmes,
39:38 vous ne l'avez pas.
39:40 On ne l'a pas.
39:42 Vous êtes hors système, vous êtes au bout du fusil.
39:47 Vous êtes des voyous.
39:50 En espérant que sur la route,
39:52 toutes ces différences de budget se voient près de plus en plus et qu'on n'ait pas…
39:57 Ils le sont.
39:59 Quand tu as une équipe qui gagne les trois grands tours et qui fait le triplé le dernier tour,
40:03 arrêtons de nous raconter des histoires.
40:05 Elle est présente, elle existe.
40:07 C'est l'exemple que j'allais citer à la Vuelta, espérant qu'on n'ait pas ça tous les ans,
40:12 parce que ça pourrait à terme vraiment…
40:15 On ne sait rien.
40:18 De toute façon, personne n'a de mémoire.
40:21 Tout le monde à un moment va avoir un intérêt qui va être convergent
40:27 et permettre que le système continue.
40:31 Il y a un autre domaine dans lequel le cycle de maçonnerie,
40:35 c'est au niveau des datas, de la façon de s'entraîner.
40:40 On a Romain Bardet qui s'est exprimé dans les colonnes d'Eurosport il y a quelques jours
40:44 et qui disait que la science a pris le dessus maintenant.
40:48 On est de plus en plus des exécutants.
40:50 Qu'est-ce que tu penses de ces déclarations ?
40:54 Il regrette un petit peu le cyclisme qu'il a connu quand il a commencé au début de l'année 2010 ?
41:00 Il fallait le dire il y a 10 ans et le refuser.
41:03 Aujourd'hui, c'est trop tard.
41:05 Pareil, c'est trop tard.
41:06 C'est trop tard.
41:08 Ce n'est pas les outils utilisés aujourd'hui qui sont en cause.
41:15 Pas l'outil.
41:16 C'est la façon dont on les exploite et dont on rend dépendant le coureur.
41:24 C'est la grande victoire des entraîneurs qu'on réussit à se rendre totalement indispensable
41:33 parce qu'ils ont l'ordinateur et les logiciels.
41:39 Mais même s'il y a l'intelligence artificielle aujourd'hui,
41:43 le côté humain est complètement sorti.
41:47 C'est pour ça qu'on a un maximum aussi de burn-out dont on ne parle pas,
41:51 y compris puisqu'on commence chez les cadets.
41:54 Allez voir un cours de cadet, ils ont tous leur data.
41:57 Ils ne savent même pas à quoi ça sert.
41:59 Mais ils ne partent pas sans.
42:01 Il a raison, mais c'est trop tard.
42:08 Non seulement c'est trop tard,
42:09 mais les coureurs sont tellement tombés dedans que vous avez des coureurs
42:12 qui, dès qu'ils montent sur le vélo,
42:14 ou dès qu'ils sortent des toilettes pour monter sur le vélo,
42:18 je ne sais pas s'ils ne gardent pas aux toilettes,
42:20 enregistrent tout et envoient tout sur les plateformes.
42:24 C'est comme si vous avez un bureau d'études dans une entreprise
42:31 qui envoie à tous ses concurrents ce qu'ils font dans leur bureau d'études.
42:37 On a réussi à amener ça dans le cyclisme.
42:41 Mais les outils sont intéressants.
42:46 Mais ils sont intéressants quand tu travailles avec ton sportif,
42:50 puisque ce n'est pas que le vélo aujourd'hui.
42:52 Tu travailles avec ton sportif, tu as ta complicité avec le sportif,
42:56 tu as de l'humain qui passe, etc.
42:58 Moi, je voudrais bien, par exemple, que l'entraîneur,
43:01 à l'arrivée du Tour de France,
43:04 15 jours après, il te sort un rapport sur tout ce qui s'est passé,
43:07 ce qui a été bien, pas bien.
43:09 Vous n'avez jamais de rapport qui sont tels.
43:11 Je n'en ai jamais vu, moi.
43:13 Je n'en ai jamais vu.
43:16 Je suis désolé, je veux bien qu'on m'en montre.
43:19 Mais, attendez, pas ce qui est enregistré, l'analyse.
43:24 Les analyses.
43:28 Et comment on va évoluer au travers d'eux.
43:34 Vous l'avez vu écrit quelque part, ça ?
43:35 Non, nulle part.
43:37 Je ne le vois pas.
43:40 Ça veut dire qu'il n'existe pas.
43:42 Il te plaît, toi, ce cyclisme robotique ?
43:45 Non, il y a quand même de belles courses de temps en temps.
43:52 Déjà, quand vous retirez les oreillettes, va mieux.
43:54 Il faut ajouter les oreillettes aussi.
43:57 Je me répète, pour la sécurité, les oreillettes.
44:02 C'est vrai que pour les datas, tu enlèves le capteur de puissance en course,
44:04 déjà tu as réglé une partie du problème.
44:06 Oui.
44:08 Mais qu'on les ait en course, ce n'est pas un problème,
44:12 c'est qu'ils soient visibles en course.
44:14 C'est pas le coureur qui pédale.
44:17 Le coureur, il est dirigé par l'outil.
44:19 Oui, c'est ça.
44:21 Et là, le problème.
44:23 C'est vrai que je dis, moi, je n'ai rien contre les outils.
44:25 Bien au contraire, ils sont utiles.
44:29 Mais quand vous vous rendez compte que vous allez sur le Tour de France,
44:31 et vos datas, ils passent sur l'écran de télé.
44:35 Et c'est extraordinaire.
44:39 Bon, il les passe avec un peu de recul pour que l'autre ne peut pas savoir
44:43 si à quel endroit, tu sais.
44:45 Parce qu'il est bien évident que si.
44:47 Imaginez que vous avez cinq coureurs en tête
44:49 qui se disputent la victoire des tables au sommet d'un col.
44:51 En plus, comme vous avez les datas de tout le monde,
44:54 est-ce qu'ils les balancent ?
44:58 Est-ce qu'ils les balancent sur Swift ou je ne sais quoi ?
45:00 Donc, vous n'avez qu'à vous faire un logiciel sur lequel vous rentrez tout.
45:06 Et vous savez à 15 mètres près à quel endroit tel coureur, il va péter.
45:10 Même pas besoin de réfléchir.
45:14 Maintenant, quand vous voyez que des équipes
45:20 acceptent, je crois, ces 2000 euros
45:23 pour pouvoir avoir les datas de leurs coureurs
45:25 sur un écran de télévision,
45:28 ça, je suis désolé, je trouve ça très, très, très, très, très petit.
45:32 Plus que petit.
45:34 C'est nul.
45:36 Pour 2000 euros, vous allez avoir les datas de votre coureur
45:41 qui, pendant 15 secondes, va passer.
45:43 Ça, c'est comme...
45:45 C'est pour les oreillettes,
45:48 où on peut passer ce que vous dites.
45:50 Ah oui, mais c'est filtré, c'est ceci.
45:53 Jamais, moi, j'aurais pas pu le faire.
45:56 Jamais, moi, j'aurais accepté ce genre de choses.
45:58 Jamais.
46:00 Sauf qu'aujourd'hui, on va vous l'imposer.
46:03 Oui, ça fait partie.
46:07 J'ai lu sur l'écran de télévision,
46:09 encore cette année pendant le Tour de France,
46:11 des choses horribles.
46:13 Horribles.
46:16 Qui ne correspondent à aucune réalité.
46:19 Et si c'était la réalité,
46:21 je pense qu'il y a des contrats de travail qui devraient sauter.
46:25 C'est un exemple ?
46:26 Non, je ne peux pas les donner.
46:28 En offre.
46:31 Tu parlais de télé tout à l'heure.
46:33 Est-ce que tu as regardé la série Netflix sur le Tour de France, d'ailleurs ?
46:36 Non.
46:37 Non, tu n'as pas regardé ? Ça ne t'intéresse pas ?
46:38 Pour que ça ne m'intéresse pas, c'est trop tôt.
46:41 Oui.
46:42 C'est des choses qu'il faut regarder avec du recul.
46:45 Bon, on est dans l'ère du temps avec ces choses-là.
46:49 Ce qui voudrait dire que moi, je n'y suis pas.
46:54 J'ai tellement été au milieu.
46:56 Je sais quand on bidouille, je sais quand on triche.
47:01 On joue un rôle.
47:04 Dès que vous mettez une caméra, on joue un rôle.
47:06 Il y a une part.
47:10 Il y a une part de sincérité.
47:13 Mais si vous vraiment vous épluchez tout,
47:17 c'est bien, ça marche.
47:24 Tu as eu des échos autour de toi sur cette série ?
47:27 Des échos négatifs ou positifs ?
47:29 Non, négatifs, oui, quelques-uns.
47:32 Mais là, c'est des gens qui connaissent, qui ressentent les choses.
47:36 Donc, c'est très peu par rapport à la population.
47:40 Pour les passionnés de cyclisme,
47:44 eux, ils trouvent ça très bien.
47:52 Ils sont dans le ludique, ils sont dans le cinéma.
47:55 Comme c'est bien fait, parce que je pense que c'est des gens de qualité
48:00 qui les ont faits, tous les enregistrements et les montages.
48:04 Oui, on comprend peut-être un peu mieux le vélo, un peu mieux ceci,
48:11 un peu mieux cela.
48:12 Oui, ça apporte quelque chose, c'est évident.
48:16 Mais pas du tout.
48:20 Mais pas à moi.
48:21 Je ne sais pas être dupe.
48:27 Je ne sais pas jouer du violon ou passer la brosse à reluire,
48:33 mais c'est bien fait et ça marche.
48:37 Pour finir, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter pour 2024
48:42 et qu'est-ce que tu as envie de souhaiter au cyclisme pour 2024 ?
48:46 Moi, 2024, que je n'ai plus de corset rigide.
48:49 Voilà.
48:50 On le souhaite tous.
48:52 Pour le reste, je suis spectateur, pragmatique.
49:01 Je prends toujours du plaisir à regarder des événements sportifs,
49:07 pas que cyclistes, même s'il y a certains sports
49:11 qui commencent à m'ennuyer de plus en plus.
49:17 On est toujours dans le même cirque.
49:19 Mais il reste toujours des athlètes, des sportifs, des coureurs
49:26 qui ont quand même des qualités absolument extraordinaires,
49:32 exceptionnelles et ça, ça reste beau.
49:35 Les jeux d'équipe aujourd'hui, il y a un moment,
49:42 les oreillettes, ça ne marche pas.
49:45 Le handball, le volet, le machin, enfin bon,
49:48 il y a beaucoup de choses qui sont encore très intéressantes à regarder.
49:52 J'espère que le cyclisme gardera de la fraîcheur, de l'authenticité.
50:03 Et en ce point, je rejoins totalement Romain Bardet,
50:13 le cyclisme d'aujourd'hui devra se réinventer.
50:19 Mais je pense que c'est trop tard, je pense que ça n'arrivera pas.
50:24 Merci Cyril Guimard.
50:28 Je ne suis pas pessimiste, je suis pragmatique.
50:30 Merci Cyril Guimard pour cette première chronique de l'année 2024.
50:34 On se retrouve très vite sur Cyclisme Actu pour parler de l'actualité.
50:38 La saison va reprendre, donc il y aura des choses à dire très rapidement.
50:43 Et bonne année !
50:45 Bonne année à toi aussi.
50:47 Merci.
50:48 [SILENCE]

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