Chroniqueur : Jeff Wittenberg
Ce matin, Jeff Wittenberg reçoit Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, dans les 4 vérités.
Ce matin, Jeff Wittenberg reçoit Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, dans les 4 vérités.
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00:00 Bonjour Aurore Berger. Bonjour. On va bien sûr parler avec vous de la réforme des retraites,
00:06 mais il se passe beaucoup d'autres choses à l'Assemblée Nationale, on va le voir,
00:09 et notamment hier, on le voyait dans le journal de 7h30, vous, à la tête de votre groupe Renaissance,
00:14 vous avez quitté l'hémicycle, pourquoi ? Parce qu'il y avait une proposition de loi socialiste
00:18 qui a d'ailleurs abouti à la nationalisation complète d'EDF, au démantèlement, au non-démantèlement de l'entreprise,
00:26 on va parler d'EDF à l'instant, mais aussi à la création d'un bouclier tarifaire pour les artisans et les boulangers notamment,
00:32 vous étiez contre, pourquoi êtes-vous parti, vous étiez minoritaire ?
00:36 Ce n'est pas exactement ça qui s'est passé, ce qui s'est passé c'est qu'on a aujourd'hui un président de commission des finances
00:40 à l'Assemblée Nationale, qui est un président insoumis, Eric Coquerel, et qu'il est tenu, comme tous les députés,
00:46 de respecter la Constitution, et que lui il a une charge supplémentaire, c'est qu'il est tenu de faire respecter
00:51 quand on dépose un amendement, que cet amendement il est bien conforme justement à la Constitution, ce qu'il a refusé de faire.
00:57 Il a accepté qu'un amendement, parce qu'il vient de la NUPES, puisse être déposé, créant une charge de 18 milliards d'euros supplémentaires,
01:06 ce qui est totalement anticonstitutionnel, sachant que les insoumis d'ailleurs ont refusé de voter le bouclier tarifaire
01:13 que nous avons mis en place au profit des ménages, qu'on a étendu pour les collectivités, et qu'on a étendu aussi pour les entreprises,
01:19 notamment les plus énergivores. Considère qu'à un moment, tout ne peut pas exister au sein de l'Assemblée Nationale.
01:24 On ne peut pas tourner en ridicule en permanence l'Assemblée Nationale, comme ça a été le cas.
01:29 Donc à un moment, oui, on a pris la décision en responsabilité de dire que face à un manquement évident du président de la Commission des Finances,
01:36 qui faisait de l'Assemblée une mascarade, on a préféré quitter nos bancs, juste au moment de cette proposition de loi.
01:43 On est revenu juste après pour une proposition de loi que nous avons votée.
01:46 - Vous aviez perdu si vous étiez resté sur ces bancs ? - La question ce n'est pas de perdre ou de gagner.
01:50 Moi j'accepte qu'à un moment, quand toute l'Assemblée est contre nous, quand toutes les oppositions se coalisent,
01:55 nous savons mathématiquement qu'en effet, nous pouvons être minoritaires.
02:00 Donc la question n'est pas d'être minoritaire ou majoritaire.
02:02 - Un petit peu quand même sur le fond. - Non, ce n'est pas pour ça qu'on est partis.
02:06 - Il est question quand même de... - Encore une fois, du Parlement, le respect de notre Constitution, le respect de nos institutions.
02:13 Ça t'est arrivé en plus dans une journée où les Insoumis ont cru bon, au-delà de la vindicte habituelle, des insultes habituelles,
02:19 de tourner en ridicule, en intimidation le ministre lui-même, avec un député qui...
02:25 - Alors on va le voir. Si vous me permettez, Madame Bergeron, on va voir peut-être à l'antenne ce dont vous parlez.
02:29 C'est un tweet d'un député insoumis, Thomas Porte, alors j'espère qu'on va voir l'image, où on le voit jouer au football avec un...
02:37 - Voilà, on voit le tweet en question, avec un ballon à l'effigie du ministre du Travail, Olivier Dussopt.
02:42 Il dit que ça fait partie du débat, c'était lors d'une manifestation, ça fait partie du débat possible, pour vous, non ?
02:50 - Écraser symboliquement la tête d'un ministre, c'est avoir le pied sur la tête d'un ministre,
02:56 sain de son écharpe tricolore de député, je suis désolée, je ne vois pas en quoi ça fait partie du débat démocratique.
03:03 D'ailleurs, ça a particulièrement gêné, y compris un certain nombre de députés de gauche qui sont mal à l'aise avec ce genre d'image.
03:10 C'est pas un photomontage, c'est pas nous qui l'avons publié, c'est lui qui a cru se faire photographier,
03:15 sain de son écharpe tricolore, écraser symboliquement la tête d'un ministre...
03:19 - Non, pas écraser, jouer au football, les mots sont importants.
03:22 - Très bien, dans ces cas-là, il a juste cogné dans la tête du ministre, si vous préférez, que juste de l'écraser avec son pied.
03:27 Mais je suis désolée, à un moment, tout ne peut pas exister en démocratie, et il sait très bien ce que ça va générer.
03:33 - Et ça n'a rien à voir, en fait, ce qui est le réel problème, c'est que vous faites diversion, par rapport au fait, encore une fois,
03:37 sur certains sujets, vous n'êtes pas en majorité, vous l'avez dit vous-même.
03:40 - Mais mathématiquement, encore une fois, j'ai aucun problème à dire que quand il y a une coalition de l'ensemble des oppositions
03:46 aussi incohérente soit-elle sur un certain nombre de sujets, alors mathématiquement nous sommes battus.
03:51 Mais je n'accepterai jamais l'intimidation, les menaces, les insultes que les députés de mon groupe reçoivent,
03:57 le vacarme, le chahut, et qu'on s'en prenne à la Constitution.
04:01 Je pense qu'à un moment, il y a des règles qui doivent exister dans notre Assemblée nationale,
04:05 et ces règles, elles sont enfreintes systématiquement par la France insoumise,
04:08 qui est une autoroute pour le Rassemblement national, parce que par contraste,
04:12 le Rassemblement national paraît extrêmement raisonnable, et ça, ça me paraît insupportable.
04:17 - Vous avez parlé de vacarme et de chahut, il y en a eu un autre moment cette semaine,
04:20 lorsqu'Adrien Catenance, le député qui n'est plus au groupe insoumis, a posé une question,
04:26 on le voit, il y a eu des applaudissements, certes, de certains de ses anciens collègues,
04:31 puisqu'il n'est plus, il sied chez les non-inscrits, mais vous et d'autres députés sont partis,
04:34 il y a eu beaucoup de vacarme, beaucoup de chahut, et Jean-Luc Mélenchon a dit,
04:37 c'est insurgé hier chez nos confrères de BFM, après tout, dit-il, est-ce qu'il a le droit encore,
04:42 puisqu'il est admis légalement de revenir à l'Assemblée, est-ce qu'il a le droit quand même
04:46 de poser une question oui ou non ? C'est une question qui se pose.
04:48 - Est-ce qu'on a le droit, nous, de considérer que ça n'est pas un fait anodin
04:51 qu'un député qui a été condamné pour des faits de violence conjugale
04:55 revienne à l'Assemblée nationale comme si de rien n'était ?
04:58 Est-ce qu'on a le droit de trouver particulièrement indécent que des députés de la France insoumise
05:03 se mettent à ses côtés pour venir l'applaudir et se lever pour l'applaudir ?
05:07 - Mais est-ce qu'il a le droit de poser une question ?
05:09 - Mais il est, en effet, malheureusement, il est député. Malheureusement, il est député.
05:13 - Pourquoi vous dites malheureusement ?
05:14 - Et parce que je considère qu'à un moment, voire...
05:16 - Il n'a pas été déchu de son rôle de député, il a été condamné, exclu de son groupe temporaire.
05:22 - J'ai le droit, Monsieur Wittenberg, en tant que femme et en tant que parlementaire, d'avoir un avis,
05:26 de vous dire que ça n'est pas anodin qu'un député qui a été condamné pour des faits de violence conjugale
05:31 pour avoir frappé son épouse revienne, parce que, imaginez ce que ça génère
05:37 pour des femmes qui ont été victimes de violences conjugales, de se dire que, finalement,
05:41 même quand elles ont le courage de porter plainte, même quand elles ont le courage de dénoncer,
05:45 même quand la personne est condamnée, en fait, en un claquement de doigt,
05:49 cette personne peut être immédiatement réhabilitée et cette personne se fait applaudir
05:54 dans l'enceinte de l'Assemblée nationale par les députés...
05:58 - Partiellement, mais aussi des députés de la NUP qui sont partis, des femmes notamment.
05:59 - Des femmes notamment, mais enfin, les députés de la France Insoumise sont venus l'encadrer,
06:02 donc la suspension, c'est totalement bidon, tout le monde le sait, et d'ailleurs,
06:06 Jean-Luc Mélenchon l'a suffisamment dit et redit, puisqu'hier soir, le simple fait
06:10 qu'on lui pose la question l'a mis hors de lui et qu'il a préféré quitter le plateau.
06:13 - Bon, alors on va parler de la réforme des retraites, parce qu'elle reprend aujourd'hui,
06:17 après cette parenthèse du Parti socialiste qui a pu présenter des propositions,
06:21 il y avait un article, la discussion, la première lecture doit s'arrêter vendredi prochain,
06:26 un article, un seul, a été discuté et n'est pas encore voté, est-ce que ça veut dire
06:30 que vendredi prochain, eh bien la loi n'aura pas encore été discutée dans son ensemble, selon vous ?
06:36 - En vérité, je ne peux pas vous répondre, parce que ce n'est pas nous qui avons déposé
06:39 plus de 20 000 amendements. Ceux qui ont déposé plus de 20 000 amendements
06:43 savent particulièrement bien qu'évidemment, ils empêchent que la discussion puisse avancer,
06:47 c'est même ce qu'ils souhaitaient faire, c'est démontrer leur opposition à cette loi
06:52 en obstruant systématiquement les débats. - Et vous, qu'est-ce que vous souhaitez ?
06:55 - Moi, mon groupe est mobilisé, il est présent, on est présent à toutes les séances
06:59 et massivement, on souhaite le débat, on répond à tous les arguments
07:03 et on souhaite surtout que des débats qui sont essentiels pour les Français,
07:06 sur la pénibilité, sur les carrières longues, sur la question des femmes, puissent être abordés.
07:10 Or, si on fait du sur place, parce que nous n'avons que des amendements
07:14 sur le tout premier article de la loi, on ne va pas connaître ce qui se passe
07:18 - Qui parle notamment des régimes spéciaux. - Des régimes spéciaux, mais là on voit des alliances
07:20 assez invraisemblables pour défendre les régimes spéciaux.
07:24 Les Français, là, il n'y a pas de doute et d'ambiguïté sur le fait qu'ils souhaitent
07:28 la suppression définitive des régimes spéciaux.
07:31 - L'article clé néanmoins de cette réforme, c'est l'article 7 qui lui passe l'âge de 62 à 64 ans.
07:36 Est-ce que vous imaginez un scénario où cet article 7 ne pourrait pas être discuté
07:40 avant le passage de cette loi au Sénat ?
07:42 - Mais encore une fois, ça c'est de la responsabilité des oppositions.
07:44 Nous n'avons pas déposé des milliers d'amendements empêchant la discussion.
07:47 - Vous leur demandez de retirer leurs amendements ?
07:49 - Ça c'est leur responsabilité et leur choix. Moi, je n'ai ni peur ni du débat, ni du vote.
07:53 Donc moi, je n'ai aucun problème évidemment à ce qu'on puisse entrer dans ce qui est le cœur
07:57 de ce que représente la réforme, comment on fait pour travailler plus,
08:00 pour que tous ceux qui le peuvent puissent travailler plus,
08:02 pour qu'on sauve notre régime de protection sociale et notre solidarité intergénérationnelle.
08:07 C'est ça qu'on doit faire. S'ils refusent le débat, s'ils ont peur du débat, s'ils ont peur du vote,
08:11 ça ne les regarde pas nous en vérité.
08:13 - C'est des arguments que vous répétez vous-même, les ministres concernés depuis des semaines,
08:17 mais il y a un front de l'opinion qui est assez massif puisque dans les sondages,
08:22 les trois quarts des Français sont contre cette réforme.
08:25 Demain, il va y avoir une nouvelle journée de mobilisation.
08:27 Pour la première fois un week-end, les syndicats attendent un surplus encore de mobilisation.
08:32 Ça ne vous fait pas vaciller ? Ça ne vous fait pas réfléchir sur les façons
08:36 dont vous pourriez éventuellement revenir sur cette réforme ?
08:39 - Évidemment que ça doit nous faire réfléchir. Il n'est pas question d'être arrogant
08:43 et de balayer d'un revers de la main celles et ceux qui manifestent.
08:47 Parce qu'à partir du moment où vous demandez des efforts à des millions de Français,
08:51 parce que travailler plus, c'est en effet un effort pour des millions de Français,
08:55 évidemment que ça suscite des doutes, ça suscite des inquiétudes.
08:57 - Alors comment vous en tenez compte de ces manifestations ?
08:58 - Eh bien on en tient compte justement dans ce que nous proposons concrètement dans cette réforme,
09:03 qui est non seulement le fait de travailler plus pour venir financer notre régime,
09:07 encore une fois, de protection sociale, qui est dès cette année déficitaire,
09:10 avec des déficits qui se cumulent année après année.
09:13 - Mais vous n'êtes pas encore entendu sur ces arguments ?
09:15 - Je pense que tout simplement les Français y comprennent évidemment ce qu'est la réforme.
09:19 Je ne ferai pas offense aux Français de dire qu'ils n'ont pas compris.
09:21 Ils ont compris, mais c'est une réforme qui demande des efforts.
09:24 La question c'est est-ce qu'on est prêt à des efforts collectifs pour sauver ce qui est un bien précieux
09:29 qui est notre régime par répartition et qui doit se faire dans la plus grande justice possible,
09:33 notamment ceux qui ont commencé à travailler tôt doivent pouvoir partir tôt,
09:37 ceux qui ont des métiers pénibles doivent pouvoir partir tôt, et un certain nombre des avancées sociales.
09:41 - Il y a une partie de droite notamment avec Aurélien Pradié qui parle de carrière longue qui débuterait,
09:43 y compris, qui serait mise en place, y compris pour ceux qui ont travaillé à partir de 21 ans, ça vous l'avez écarté ?
09:48 - Nous ce qu'on a mis en place c'est de dire que tous ceux qui ont commencé tôt partiront tôt.
09:52 - Mais pas jusqu'à 21 ans.
09:53 - Nous ce qu'on a fait notamment c'est ceux qui ont commencé avant 16 ans, ils partent à 58 ans.
09:57 Avant 18 ans, ils partent à 60 ans. Avant 20 ans, ils partent à 62 ans.
10:01 Avant 21 ans, ils partent à 63 ans.
10:03 Après le principe même d'une réforme des retraites, c'est en effet de demander à tous ceux qui le peuvent de travailler un peu plus.
10:08 Si à la fin de la réforme des retraites, personne ne travaille plus, ça n'est pas une réforme des retraites.
10:12 Pourquoi ? Parce que nous devons encore une fois permettre le financement de notre modèle
10:16 et donc c'est le seul levier que nous pouvons utiliser.
10:19 - On a entendu vos arguments. Merci beaucoup Aurore Berger, députée d'Aislevine, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale.
10:25 - Merci beaucoup à tous les deux. Merci Aurore Berger qui est donc revenue notamment sur la séance mouvementée hier à l'Assemblée nationale.
10:30 "Je n'accepterai jamais menaces, intimidations, agitations", elle vise les députés insoumis.
10:34 Les règles de l'Assemblée ne sont pas respectées.
10:36 Selon elle, l'attitude des députés LFI est une autoroute pour le Rassemblement national.