Focus sur un des secteurs les plus polluants de notre économie, la mode…Un secteur en plein mutation, qui tente de manière plus ou moins sincère de se verdir.
Les nouveaux étiquetages prévus par la loi peuvent-ils rendre les marques plus vertueuses ? les consommateurs sont-ils prêts à jouer le jeu malgré un engouement toujours plus grand pour la fast fashion? Réponse avec Elisabeth Laville, fondatrice du cabinet de conseil en développement durable, Utopies
https://www.publicsenat.fr/emission/pourvu-que-ca-dure/la-mode-est-elle-prete-a-faire-sa-revolution-verte-217167
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NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:28 Bonjour, nouveau numéro de Pourvu que ça dure,
00:30 l'émission qui rend les co-responsables sur Public Sénat.
00:32 Aujourd'hui focus sur l'un des secteurs les plus polluants de notre économie,
00:36 la mode, un secteur en pleine mutation
00:38 qui tente de manière plus ou moins sincère de se verdir.
00:40 Alors les nouveaux étiquetages prévus par la loi
00:42 peuvent-ils rendre les marques plus vertueuses ?
00:44 Les consommateurs sont-ils prêts à jouer le jeu ?
00:46 Malgré un engouement toujours plus grand pour la fast fashion,
00:49 réponse avec la fondatrice du cabinet Utopie.
00:51 Les marques sont-elles prêtes à entamer leur révolution verte
00:54 portage chez Hokaidi qui multiplie ses efforts
00:57 pour créer des vêtements plus durables.
00:59 Et puis pour réduire l'impact carbone,
01:01 pourquoi ne pas rapatrier l'activité ici en France ?
01:03 Selon Guillaume Gibaud, le patron du slip français,
01:05 qui sera notre invité, les planètes sont alignées
01:07 pour relancer l'industrie textile tricolore.
01:10 Mais d'abord tout ce qu'il faut savoir sur l'empreinte carbone
01:12 du secteur de la mode, c'est parti.
01:14 La mode, une industrie polluante,
01:17 c'est le sixième secteur le plus polluant au monde.
01:20 Chaque année, plus de 100 milliards de vêtements sont vendus.
01:23 C'est 60% de plus qu'il y a 15 ans.
01:26 Et cette activité n'est pas neutre.
01:28 4 milliards de tonnes de CO2 sont générées par an.
01:31 C'est plus que tous les vols internationaux
01:33 et le trafic maritime réuni.
01:35 La mode, c'est aussi un gigantesque gâchis d'eau ?
01:38 Oui. Pour produire un jean, il faut 7500 litres d'eau.
01:42 Pour un T-shirt, 2500 litres,
01:44 soit la consommation d'un Français en eau potable pendant 17 jours.
01:48 Résultat, le textile est le troisième plus gros consommateur d'eau
01:52 après la culture du blé et du riz.
01:54 À ça, il faut ajouter les produits chimiques.
01:57 La mode est responsable de 20% de la pollution d'eau potable
02:01 à cause des teintures et produits de finition.
02:04 Et une fois portés, nos vêtements continuent de polluer ?
02:07 Oui. Le polyester, la matière la plus utilisée,
02:10 relâche à chaque lavage 240 000 tonnes de microplastiques
02:14 qui finissent dans nos océans.
02:16 L'équivalent de 24 milliards de bouteilles plastiques.
02:20 Et en fin de vie, on en fait quoi de nos vêtements ?
02:23 On se lasse vite. 48 millions de tonnes sont jetées chaque année dans le monde.
02:28 En France, nous jetons en moyenne 12 kilos de textile par habitant et par an.
02:33 La mode est-elle prête à faire sa révolution verte ?
02:38 Réponse avec vous, Elisabeth Laville. Bonjour.
02:40 Bonjour.
02:41 Merci d'être la fondatrice du cabinet de conseil en développement durable Utopie.
02:45 On vient de le voir juste avant, l'industrie textile est très très polluante.
02:49 Et en même temps, beaucoup d'enseignes, de plus en plus d'enseignes,
02:52 ont aujourd'hui utilisé des matières moins polluantes,
02:55 du coton durable, des matières recyclables ou recyclées.
02:59 Est-ce qu'il faut les croire ces marques ?
03:01 Alors, il faut croire…
03:02 Ou c'est de la com ?
03:03 Il est un peu les deux. Il faut croire à minimal intention.
03:05 La chose à regarder, c'est le pourcentage de matières dites durables
03:11 parmi la totalité des matières achetées.
03:14 Quand on parlera peut-être du Fashion Pack tout à l'heure,
03:16 qui est un engagement collectif, l'engagement pris par les marques,
03:19 25% de matières premières durables à 2025.
03:22 Mais quand on regarde une marque très engagée comme Picture,
03:25 qui fait des vêtements un peu pour les sports outdoor,
03:27 eux, ils sont à 100% des vêtements qui contiennent au moins 50% de matières durables.
03:33 On a des entreprises comme Chloé qui s'engagent sur 90% de matières durables
03:37 à horizon de mémoire 2025 ou 2030.
03:39 Donc, en fait, c'est le pourcentage.
03:41 Première chose à regarder qui compte, évidemment.
03:43 Il y a la question de la matière, mais aussi la conception.
03:46 Les modes de fabrication sont très polluants, énergivores, émettent des gaz à effet de serre.
03:52 Là encore, est-ce que les marques font des efforts ?
03:54 Un tiers des marques est proprement incapable de dire d'où viennent les vêtements.
03:59 Donc, si vous voulez travailler sur la partie production,
04:02 il faut connaître non seulement votre fournisseur direct,
04:04 mais le fournisseur de votre fournisseur, etc.
04:07 Avoir beaucoup d'informations et ces informations-là ne sont pas disponibles.
04:11 Je parlais de Picture tout à l'heure, qui est une marque outdoor.
04:13 Eux, ils ont travaillé sur l'impact.
04:16 Ils ont identifié que la filature, c'était plus de 10% de leur bilan carbone,
04:21 donc de leur impact sur le climat.
04:23 Donc, ils se sont dit qu'il faut qu'on aille travailler.
04:25 On a un filateur de coton en Turquie.
04:29 La Turquie, c'est un pays où l'énergie principale, c'est du charbon.
04:33 Donc, ils ont dit qu'on allait aller.
04:34 Je crois qu'ils se sont associés à Decathlon, d'ailleurs, pour faire ça,
04:36 qui avait le même fournisseur.
04:38 Convaincre ce fournisseur de passer à l'énergie solaire
04:40 pour la moitié de ses approvisionnements.
04:42 Ce niveau de finesse de travail, il commence tout juste dans l'industrie.
04:47 Après, il y a la question en aval du recyclage.
04:50 On est très en retard en France.
04:52 48 millions de tonnes de vêtements sont jetées pour le coucher dans le monde chaque année.
04:56 Si on recycle mieux, on règle une partie du problème ou pas ?
04:59 En fait, pas vraiment.
05:01 On va peut-être en reparler, mais le vrai problème de l'industrie,
05:04 c'est ce qu'on appelle la fast fashion, c'est-à-dire les volumes de production,
05:07 le nombre de collections, l'avalanche de promotions en continu, etc.
05:12 Historiquement, il y avait deux collections par an.
05:14 Aujourd'hui, sur certaines marques, on est à plus de 50.
05:17 C'est ça le problème principal.
05:20 Donc, dire qu'on va résoudre ça avec le recyclage, il est nécessaire, le recyclage.
05:24 Mais c'est une toute petite partie, je l'ai dit, la fin de vie,
05:27 c'est une toute petite partie de l'impact.
05:29 Ce qu'il faut, c'est produire moins, avoir moins de stock.
05:31 Par ailleurs, on recycle 1% à peu près de ce qu'on met sur le marché chaque année.
05:35 On augmente de 4 à 5% par an.
05:37 Donc, ce n'est pas le recyclage qui va résoudre le problème de l'impact.
05:40 Il faut le faire, mais avoir conscience que c'est une partie d'un tout
05:43 et plutôt une petite partie d'un tout.
05:45 C'est intéressant. Julia Ford, c'est la patronne de la marque L'Homme,
05:48 qui est très engagée, elle dit si on veut respecter les accords de Paris,
05:51 là, c'est clair, la production vestimentaire doit être divisée par trois d'ici 2050.
05:55 J'ai du mal à imaginer les marques se tirer une balle dans le pied
05:58 en réduisant autant leur chiffre d'affaires, leur volume.
06:02 À nouveau, c'est le sujet de la croissance-décroissance.
06:05 Il faut être sélectif. C'est qu'est-ce qu'on veut voir croître
06:08 et qu'est-ce qu'on veut faire décroître.
06:10 Ce qu'on voudrait faire décroître, c'est un très grand volume de vêtements
06:14 qui augmentent très vite, qui sont vendus à très bas prix,
06:17 dans des conditions d'ailleurs environnementales et sociales,
06:19 parce qu'on n'a pas parlé du volet social.
06:21 Douteuse.
06:22 Douteuse. Et donc, c'est possible demain pour une entreprise,
06:25 avec un chiffre d'affaires moindre, de gagner plus d'argent.
06:28 S'il y a plus de marge sur les vêtements, s'ils sont plus qualitatifs,
06:31 s'ils sont vendus plus cher, etc.
06:33 Vous pouvez en vendre moins quantitativement, moins souvent.
06:36 Il faut que le consommateur ait les moyens aussi de payer plus cher.
06:39 Oui, mais aujourd'hui, il y a un gaspillage vestimentaire
06:41 comme on a un gaspillage alimentaire.
06:43 On a, je crois que c'est Mark Spencer qui avait estimé ça en Europe,
06:46 50% des vêtements dans nos armoires qui sont portés moins d'une fois par an.
06:50 Donc, la question, c'est d'en avoir moins,
06:52 peut-être des plus durables auxquels on est plus attaché,
06:54 qu'on fait réparer.
06:56 Tout le monde a son jean, son pull, fétiche, etc.
06:59 On n'en a pas besoin d'autant, en fait. C'est ça, le sujet.
07:02 Après, pour les marques, il y a la question des invendus
07:05 qui sont souvent détruits, sauf que depuis le 1er janvier 2022,
07:08 la loi AJEC interdit la destruction des textiles invendus.
07:12 Est-ce que les marques jouent le jeu ?
07:14 Enfin, jouent le jeu, est-ce qu'elles appliquent la loi ?
07:16 Alors, elles jouent le jeu pour la plupart, évidemment,
07:18 parce que de toute façon, elles n'ont pas le choix.
07:20 Puis, vous vous souvenez, il y avait eu le scandale de Burberry
07:22 qui avait brûlé des invendus, etc.
07:24 Donc, en termes de réputation, ce n'est pas terrible.
07:26 Et pour cette raison-là, les marques ont quand même anticipé,
07:28 d'ailleurs, la mise en application de la loi AJEC
07:31 sur le volet que vous évoquez.
07:33 Aujourd'hui, elles jouent le jeu.
07:34 Alors, il y a eu des petits scandales médiatiques aussi,
07:37 parce que beaucoup d'invendus sont donnés à des associations,
07:40 du coup, finissent dans les pays du Sud,
07:42 et en fait, finissent parfois dans des décharges sur les plages, au Guyena, etc.
07:45 Ce n'est pas terrible non plus.
07:46 Pour aider ou pour contraindre les marques
07:48 à être plus vertueuses depuis le 1er janvier,
07:50 encore une fois en vertu de la loi AJEC,
07:53 et c'est pour ça qu'on fait cette émission aujourd'hui
07:55 sur l'industrie textile et sur l'habillement,
07:57 ce nouvel étiquetage qui est obligatoire.
07:59 Les marques sont censées donner tout un tas d'informations
08:02 sur la provenance des produits.
08:04 Est-ce que c'est effectif déjà ?
08:05 Ou est-ce qu'on est au tout début et en même temps, on laisse un peu le temps ?
08:08 Alors là, on est vraiment quelques jours après l'arrivée de la...
08:11 Mais est-ce qu'en 2023, il y aura un avant et un après ?
08:13 Il y aura un avant et un après, en sachant que ça concerne
08:16 les marques qui font plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires,
08:18 de mémoire, les pièces qui font plus de 25 000 pièces,
08:21 et les pièces nouvelles qui seront mises en vente
08:25 à partir du 1er janvier.
08:27 Autrement dit, tout ce qui est en magasin et en solde en ce moment n'est pas concerné.
08:30 On a beaucoup parlé des marques, Elisabeth Laville.
08:32 J'ai envie de dire les consommateurs, maintenant, dans tout ça.
08:34 Est-ce qu'il n'y a pas un comportement schizophrène,
08:38 je ne sais pas s'il faut le dire comme ça,
08:39 des consommateurs qui attendent des marques quand on les interroge ?
08:41 Ils attendent des consommateurs, que les marques soient engagées
08:44 en faveur du climat, du développement durable.
08:47 Et en même temps, la fast fashion fait un carton.
08:49 Les neurosciences nous disent qu'on a tous le cerveau un peu reptilien
08:54 derrière et le cerveau préfrontal ici, qui est capable de réfléchir,
08:58 de faire des actes de consommation responsables, etc.
09:01 Et qu'en fait, ce que nous enseignent les neurosciences,
09:03 c'est assez fascinant, c'est qu'on ne peut pas activer les deux zones en même temps.
09:06 Autrement dit, si une marque me parle comme si j'étais un peu très fast fashion,
09:13 soucieuse d'avoir plus de fringues pas chères,
09:15 alors c'est cette partie-là du cerveau qui s'active.
09:17 Et une fois que cette partie du cerveau est activée,
09:19 je ne peux plus raisonner avec la partie préfrontale.
09:23 Autrement dit, quand on dit que les consommateurs veulent qu'eux,
09:26 on a les consommateurs qu'on mérite.
09:28 Si les marques de main parlent à l'intelligence de chacun,
09:31 qui est en chacun, elles auront des consommateurs plus intelligents
09:35 et elles pourront mener des actes qui vont plus dans le sens
09:40 de la consommation responsable et faire des choix
09:42 qui vont moins dans le sens d'une espèce de fast fashion frénétique.
09:46 En revanche, elles ne peuvent pas faire les deux.
09:48 Merci beaucoup Elisabeth Laville, fondatrice du cabinet Topi.
09:51 Merci à vous.
09:52 On vient de le voir.
09:53 [Musique]