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Regardez L'invité de RTL avec Stéphane Carpentier du 12 février 2023

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:07 À 8h48, merci de nous rejoindre.
00:09 C'est donc encore et toujours l'Ukraine et la guerre sur place qui font l'actualité de ce début février,
00:13 alors que nous bouclerons bientôt, dans deux petites semaines, un an de conflits, d'invasions russes.
00:19 C'est donc Philippe Foliot qui vient ce matin nous décrire la situation sur place,
00:23 sénateur du Tarn, président de l'Alliance centriste.
00:26 Bonjour à vous.
00:27 Bonjour.
00:28 Vous rentrez d'Ukraine, c'est tout neuf.
00:30 Vous êtes rendu dans le Donbass, à proximité de la ligne de front dans l'est du pays.
00:34 Vous êtes le seul parlementaire européen à vous être approché aussitôt, aussi près des combats.
00:39 D'ailleurs, qu'en retenir d'abord ?
00:40 Quelle image vous avez particulièrement en tête ?
00:43 Ce qui m'a marqué, tout d'abord, c'est une soirée qu'on a passée,
00:47 avec des combattants ukrainiens qui revenaient des tranchées.
00:50 Cette guerre, à certains égards, c'est une guerre, si vous me permettez l'expression, que je qualifierais de "dual".
00:56 C'est-à-dire à la fois technologique, avec des armements du 21ème siècle,
01:00 mais une guerre des tranchées, qui en fait, c'est verdun.
01:03 Ils passent 10 jours dans les tranchées, jour et nuit.
01:06 C'est le froid, la boue, la puanteur, les rats qui sont présents partout.
01:11 Ceux qui vivent ces assauts incessants de l'infanterie russe,
01:17 et ces assauts qu'il faut contenir et puis repousser.
01:20 En fait, c'est ceux qu'ont vécu nos grands-pères ou arrière-grands-pères dans les tranchées.
01:25 Et c'est assez déstabilisant, au début du 21ème siècle, de voir cela.
01:29 Et quand vous avez des personnes qui sont en face de vous,
01:32 au mois de mai de l'année dernière, ils étaient 30.
01:36 Aujourd'hui, ils ne sont plus que 8.
01:38 Les autres, ils sont ou blessés, disparus, prisonniers, peut-être pour quelques-uns, et morts aussi.
01:44 Et c'est pour cela qu'il faut soutenir les Ukrainiens.
01:47 Est-ce qu'ils vous ont raconté concrètement la méthode russe d'aujourd'hui ?
01:51 C'est-à-dire, on détruit tout et puis on avance.
01:54 C'est exactement ça. C'est-à-dire, c'est un déluge de feu.
01:57 Il faut essayer de tenir face à ce déluge de feu.
02:00 Alors, de temps en temps, ils sont obligés de reculer les tranchées, puis ils r'avancent.
02:03 Mais c'est exactement la première guerre mondiale.
02:07 Moi, j'ai senti des hommes, quand même, qui étaient déterminés.
02:09 Fatigués, pour ne pas dire épuisés, mais déterminés.
02:13 Pour eux, cette guerre, ils vont la gagner.
02:15 Et puis, comme ils ont dit, on ne peut pas la perdre.
02:17 On a tellement perdu d'amis, on a tellement perdu de choses qu'il faut que nous la gagnions.
02:21 Est-ce que ces hommes-là, qui sont sur le terrain, ils vous ont dit, comme Zelensky, le leader,
02:25 "on a besoin de vous". C'est-à-dire, on a besoin de vos canons, de vos munitions, de vos pièces de rechange.
02:30 Vous les avez vus, ces fameux canons qu'on a envoyés ?
02:32 J'ai pu assister à un tir réel de canon César.
02:35 Et c'est vrai que ce canon est un équipement qui est tout à fait exceptionnel,
02:41 par rapport à son allonge, plus importante que l'artillerie russe,
02:45 par rapport à sa précision et par rapport à sa mobilité.
02:49 C'est-à-dire qu'on a vu le César arriver en moins de...
02:53 En 1 minute 30, il était prêt à tirer.
02:56 Ils ont tiré quelques coups et puis ensuite, ils sont partis ailleurs.
02:59 Parce que l'enjeu, c'est de pouvoir se déplacer avant que les systèmes russes de détection
03:06 savent d'où est parti le tir et puis essayer de neutraliser le canon.
03:10 Mais par contre, ce qu'ils ont besoin, c'est un élément pour le maintien en condition opérationnelle.
03:16 Parce que les canons, ils s'usent, etc. Il faut des pièces de rechange et tout ce que vous pouvez imaginer.
03:21 Des munitions, c'est important parce que si vous avez des canons et si vous n'avez rien pour pouvoir tirer,
03:27 ça ne peut pas marcher. Donc, il faut continuer l'effort.
03:30 Et je me félicite de la décision du Président de la République d'envoyer 12 canons supplémentaires.
03:36 Mais il faudra aller plus loin.
03:37 Donner plus, ça veut dire que par exemple, comme l'a réclamé le Président Zelensky
03:41 de passage en France et en Europe cette semaine, il faudrait envoyer des avions de chasse ?
03:46 Il faudra, à mon avis, faire une chose tout de suite, c'est former des pilotes.
03:50 Parce que si on décidait d'envoyer des avions de chasse, on a deux limites dans ce conflit.
03:55 C'est un, ne pas s'engager avec des personnels français et de l'Alliance directement.
04:00 Et puis ensuite, la deuxième limite, c'est de ne pas attaquer le sol russe.
04:04 Donner des avions, mais sans pilotes, ça ne sert à rien.
04:06 Donc, il faut commencer à former des pilotes sur des Mirage 2000 tout de suite.
04:10 Parce que ça prend beaucoup de temps ?
04:11 Ça prend quelques mois.
04:12 Autre enjeu important, c'est celui des blindés légers, les AMX 10.
04:16 Nous avons dit, on va en envoyer 10.
04:19 Et dire, on va en envoyer 10 maintenant, 10 dans 6 mois, 10 dans un an, 10 dans 18 mois,
04:24 ça ne veut rien dire.
04:25 Il faut envoyer 40 AMX 10 tout de suite, pour que c'est un impact sur le terrain
04:30 et que ça puisse leur apporter quelque chose.
04:33 Envoyer davantage, voilà le message que vous passez ce matin sur RTL.
04:36 Est-ce que ça ne veut pas dire, ou est-ce que ce n'est pas un risque, quelque part,
04:40 que du coup, la France, l'Europe, rentrent en guerre ?
04:43 En 2008, la Russie a agressé la Géorgie.
04:47 Nous n'avons rien dit et rien fait.
04:50 En 2014, la Russie a agressé l'Ukraine.
04:54 Nous n'avons rien dit, rien fait.
04:56 Et nous avons une responsabilité collective.
04:58 Et donc, aujourd'hui, il est important d'arrêter cela.
05:02 Parce que si, d'une manière ou d'une autre, la Russie considère qu'elle a gagné cette guerre,
05:07 il y en aura une après. Et ce qui est important et fondamental,
05:11 c'est de faire de telle sorte que les Ukrainiens aient les moyens sur le terrain
05:15 de pouvoir repousser les Russes, idéalement dans les frontières internationalement reconnues,
05:21 pour qu'ensuite tout le monde se mette autour d'une table de négociation
05:24 et que l'on puisse avoir un schéma de paix durable,
05:27 avec un cadre qui permet d'assurer la sécurité des uns et des autres dans cette région.
05:33 C'est quelque chose de fondamental.
05:34 Alors c'est vrai, nous en payons un certain nombre de conséquences,
05:38 notamment sur un plan économique.
05:40 Mais eux, ils paient le prix du sang et des larmes.
05:44 Sur cet envoi massif que vous désirez,
05:46 est-ce qu'il ne faudrait pas aujourd'hui un débat au Parlement ?
05:49 Bien entendu. Et chaque fois, et c'est le propre d'une démocratie,
05:52 je crois que c'est un élément important.
05:54 Parce que le débat, il n'aura jamais lieu au Parlement russe.
05:56 Et il ne faut jamais oublier une chose.
05:59 C'est que dans cette guerre, il y a un agresseur, la Russie,
06:04 et un agressé, l'Ukraine.
06:05 Et ça, parfois, on a tendance un peu trop à l'oublier.
06:08 Est-ce que vous pensez que l'opinion publique française est prête à ça ?
06:11 Je crois que l'opinion publique française, il faut qu'elle comprenne.
06:14 C'est de dire que ce qui se joue là-bas,
06:16 est quelque chose qui est bien sûr important pour eux,
06:19 ils jouent à leur intégrité territoriale.
06:21 Mais derrière tout ça, il y a un élément qui est un élément fondamental.
06:25 Quel monde voulons-nous pour demain ?
06:27 Est-ce qu'on veut un monde où le droit international
06:31 aura, je veux dire, force de loi sur tout le reste ?
06:35 Ou est-ce qu'on veut un monde où le plus fort, le plus brut,
06:40 si vous me permettez l'expression, et ce n'est pas imagé en parlant de Poutine,
06:44 puisse dicter sa loi aux autres ?
06:46 Et ne nous y trompons pas.
06:47 Si l'Ukraine perd cette guerre,
06:49 eh bien, il y aura d'autres conflits prochainement.
06:52 Ce sera peut-être la Moldavie,
06:54 ce sera la Géorgie dans un premier temps,
06:56 ce sera peut-être dans les Pays-Bas, un peu plus loin.
06:58 Et puis un jour, ce sera nous.
06:59 Et quand le président Zelensky me dit
07:01 "je me bats, et on se bat pour nous, mais on se bat aussi pour vous",
07:05 je crois qu'il a tout à fait raison.
07:06 Philippe Foliot nous a décrit ce matin la situation sur place.
07:08 Merci à vous, sénateur Duterte, président de l'Alliance Centriste
07:11 et président du groupe des libéraux et démocrates
07:13 de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. Merci.
07:16 Merci.
07:16 Bonne journée. Entretien qu'on peut retrouver évidemment sur notre site rtl.fr.
07:20 [SILENCE]

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