LIVRES - Vincent Montagne est l'invité de Stéphane Carpentier du 13 avril 2024
Ecoutez l'interview du président du Syndicat de l'édition, président du festival du livre à Paris et président du groupe Média participation.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:07 Merci d'être avec nous à 8h49.
00:09 Nous allons nous pencher ensemble sur un constat qui a tout de...
00:12 pour nous attrister, mais qui est une réalité.
00:14 Aujourd'hui, les jeunes passent de plus en plus de temps sur les écrans
00:17 et de moins en moins le nez plongé dans un livre.
00:20 Alors que le festival du livre se tient à Paris depuis hier jusqu'à demain,
00:24 c'est le salon qui rassemble 330 auteurs et 100 000 visiteurs,
00:29 les chiffres sont là, les jeunes lisent 12 minutes par jour pour les loisirs
00:33 contre 3h11 par jour sur les écrans.
00:37 Je répète parce que quand même, ça n'est pas rien.
00:39 12 minutes de lecture contre plus de 3h sur les écrans.
00:42 Alors que faire, comment tenter d'inverser ce qui est plus qu'une tendance,
00:45 n'est-il pas tout simplement trop tard ?
00:47 Ce sont des questions plurielles qu'on va poser en direct à notre invité qui est en studio,
00:50 Vincent Montagne, bonjour à vous.
00:52 Bonjour.
00:52 Vous êtes le président du festival du livre donc,
00:54 et aussi le président du syndicat national de l'édition.
00:57 Ce constat-là, vous le partagez, ça vous inquiète ?
01:00 Bien sûr, c'est un constat que tout le monde fait.
01:04 C'est un constat qu'il faut relativiser un petit peu
01:09 parce que vous voyez, quand Harry Potter est sorti dans les années 2000,
01:13 c'était quand même impressionnant,
01:15 vous aviez des librairies qui ouvraient à minuit une le jour où elles avaient le droit de vendre le livre
01:20 et le temps de lecture était remonté de 30 minutes par semaine pour les enfants.
01:26 Donc je pense qu'il y a déjà une question d'offre littéraire
01:31 et il y a aussi des phénomènes plus complexes
01:35 qui sont ce déficit d'apprentissage de la lecture à l'école.
01:42 Qu'est-ce qu'on peut faire pour limiter les écrans aujourd'hui ?
01:45 Alors ce qu'on peut faire déjà, c'est rendre la lecture plus attractive, plus ludique,
01:50 c'est pour ça que nous avons, nous le syndicat, créé un jeu
01:55 qui s'appelle "Les petits champions de la lecture"
01:57 qui touche maintenant 150 000 enfants de CMA et de CM2.
02:01 Donc c'est de la lecture à haute voix dans les écoles
02:05 puis avec une finale à la comédie française chaque année
02:08 qui regroupe, donc il y a 14 finalistes des 14 régions,
02:14 13 en métropole, une à l'extérieur.
02:16 Et donc ce jeu est fantastique parce qu'on leur demande de lire 3 minutes et demi un texte à haute voix
02:24 et c'est spectaculaire.
02:26 Donc je crois que c'est très attractif,
02:30 je pense que la lecture nous fait entrer dans ce qu'on appelle le courage de la nuance.
02:37 Sans nuance, on ne comprend pas le monde dans lequel on vit
02:40 et plus les textes sont courts et moins on le comprend.
02:42 Vous dites qu'il faut faire une autre offre,
02:44 vous donniez l'exemple d'Harry Potter par exemple,
02:46 ça veut dire qu'au collège ou au lycée, il faudrait mettre de côté
02:50 le lion de Kessel, la vare qu'on a tous lue et puis proposer autre chose aux enfants ?
02:54 Non, je ne dis pas ça.
02:56 Vous voyez, au Festival du Livre, c'est le Québec invité,
03:01 et je discutais hier avec Hélène Dorion, qui est la poétesse très connue au Québec et en France aussi,
03:10 dont la poésie est inscrite maintenant au bac de français en France,
03:16 c'est la première poétesse en vie qui est au bac.
03:22 Je crois que ce qui est important, puisque je parle de poésie,
03:26 c'est le retour de la poésie chez les jeunes.
03:29 D'autres choses, vous avez aussi la croissance assez phénoménale du livre audio.
03:35 Ça, ça marche.
03:37 4 millions de gens lisent maintenant des livres audio.
03:41 Je pense qu'il faut prendre des initiatives et puis en même temps,
03:45 il faut être assez ferme, c'est-à-dire que je pense que dans les familles
03:49 ou dans les écoles, il faut mettre les écrans de côté pour apprendre à lire,
03:55 justement en nuance et d'une façon qui permette d'entrer dans la richesse du vocabulaire
04:02 et la richesse d'un véritable échange.
04:05 Et vous dites qu'il faut être assez ferme, on ne peut pas l'imposer dans les familles,
04:09 de limiter les écrans.
04:10 On peut le dire et le répéter, mais...
04:12 C'est un mouvement un peu général.
04:15 Je pense que par exemple, autrefois, je vous prends un autre exemple,
04:20 on photocopiait tout.
04:22 Et puis on a exprimé que le photocopiage tu tuais,
04:25 et tu tuais le livre en particulier.
04:28 Et on y est arrivé.
04:29 Je pense que c'est un mouvement d'ensemble.
04:33 Déjà, il y a une prise de conscience, les études PISA sont dramatiques
04:37 par rapport à la lecture et par rapport à l'apprentissage.
04:39 Donc il faut en tenir compte.
04:41 Et il faut entrer dans cette compréhension que la langue française est une langue extrêmement riche
04:47 et qu'il faut passer son temps à l'apprendre.
04:49 Vous savez, c'est comme un escalier.
04:51 Si les marges sont trop élevées,
04:53 ce phénomène cumulatif de l'apprentissage, il démarre très jeune.
04:58 Emmanuel Macron était dans les allées de votre festival hier, le président.
05:01 Il a dit vouloir systématiser 15 à 30 minutes de lecture par jour.
05:05 Ça n'existe pas déjà, ça, dans les écoles et dans le classement ?
05:08 15 à 30 heures de lecture, si c'est un temps où on ferme les écrans.
05:13 Je pense qu'il faut le faire, il faut le populariser.
05:18 C'est un peu une grande cause nationale.
05:20 Mais c'est une cause nationale que l'on voit pas uniquement en France.
05:24 Qu'on voit en Suède, qu'on voit en Espagne.
05:26 Je pense qu'il y a vraiment un travail complet.
05:28 Cette prise de conscience, elle est indispensable.
05:32 On avait le sentiment pourtant que les gens s'étaient remis à lire,
05:34 avec la période du Covid.
05:36 C'est vrai parce qu'en défaut d'offres culturelles, le livre avait de remontées.
05:43 Aujourd'hui, en 2023, on est encore à un niveau supérieur à 2019.
05:48 Mais c'est une tendance lourde.
05:50 Que le gouvernement emprunte acte, c'est très très bien.
05:55 Mais les études PISA montent cette dégradation depuis 50 ans.
05:58 Merci beaucoup Vincent Montagne de nous avoir expliqué les choses en direct ce matin sur RTL.
06:02 Président du Festival du Livre à Paris, qui se tient jusqu'à demain soir.
06:06 1500 séances de dédicaces.
06:09 Il y a du beau monde.
06:11 Plus de 100 000 personnes.
06:13 On vous attend.
06:15 8h55, il va faire beau mais vous pouvez quand même aller au salon à l'intérieur.
06:18 N'hésitez pas, vous pouvez faire les deux, vous aérer et aller vous cultiver.
06:22 8h55, météo complète à Paris et partout sur le territoire.
06:25 Caroline est prête.
06:27 Oui, je suis prête. La température est au maximum. Tout va bien.
06:31 [Musique]