Son fils Allan est mort en cellule au commissariat de Saint-Malo

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Allan Lambin est mort le 9 février 2019 dans une cellule du commissariat de Saint-Malo. Franck, son père, témoigne dans le documentaire Violences policières, le combat des familles.

Cette vidéo est un extrait du documentaire Violences policières, le combat des familles, disponible sur Francetv Slash. Regardez le documentaire ici : https://www.streetpress.com/sujet/1675948897-violences-policieres-le-doc
Transcript
00:00 [Bruit de cloche]
00:02 Je passe beaucoup de temps ici, toutes mes journées d'ailleurs.
00:19 Du matin au soir, je vais uniquement voir mon fils au cimetière et chez le médecin.
00:25 [Bruit de cloche]
00:27 On a eu du mal à se sortir du décès de ma femme.
00:32 On a vraiment eu du mal tous les deux.
00:35 Et puis c'est lui qui m'a remis sur pied, c'est Alain.
00:38 Il est avec moi tout le temps.
00:42 Moi on m'a enlevé ma vie. On m'a enlevé mon fils, mais on m'a enlevé ma vie.
00:48 On m'a enlevé ma vie.
00:49 Alain était adorable.
00:58 Ses passions c'était la moto, sa voiture, son travail, il travaillait avec moi.
01:06 Il rendait service à tout le monde, dès que quelqu'un avait besoin, il y allait, tout le temps.
01:12 Il adorait blaguer, il ne faisait que ça d'ailleurs.
01:17 Il avait des amis, il faisait des soirées ici.
01:19 Tout le monde l'aimait Alain. Tout le monde aimait Alain.
01:23 Je pense qu'il faut que tout le monde sache la vérité à ce qui s'est passé.
01:29 La vérité c'est qu'on était avec Alain tous les deux à un tournoi de billard et on devait rejoindre des amis à un camping.
01:42 On a passé ce camping sur la route, Alain m'a dit "je vais faire demi-tour plus loin".
01:47 Il a freiné un peu trop dur et la voiture a glissé parce qu'il tombait des cordes.
01:53 Et voilà la police qui arrive.
01:56 Ils étaient arrogants, ils nous ont pris de haut.
01:59 Et ils s'en sont pris assez vite à Alain, parce qu'Alain a pris une bière dans son coffre.
02:04 Alain en boit une et il en prend une deuxième.
02:09 Ils ont pris ça comme une provocation. Ils sont devenus agressifs et là ils s'en sont pris aux mains.
02:14 Et Alain s'est retrouvé assez vite au sol.
02:18 Je me suis couché à côté de lui pour éviter les coups qu'il prenait.
02:23 Après quand tout s'est calmé, Alain s'est relevé mais Alain était complètement à gare. Il n'était plus là Alain.
02:28 Quand je suis arrivé au commissariat de Saint-Malo, c'est pareil. Ils m'ont pris de haut, ils m'ont agressé.
02:38 Ils m'ont mis en cellule et j'ai appelé mon fils qui était à deux ou trois cellules après moi.
02:42 Et je n'avais pas de réponse. Je n'avais pas de réponse.
02:45 J'ai hurlé, je l'ai appelé à toutes mes forces.
02:48 Et au final je me suis dit qu'il doit dormir Alain.
02:51 En fait Alain était en train d'agoniser au sol déjà depuis plus d'une heure.
02:57 Moi ils me l'ont dit que le lendemain matin à 10h mon fils était décédé.
03:06 On m'a dit j'ai une mauvaise nouvelle pour vous, votre fils est décédé.
03:09 Voilà comment on me l'a dit.
03:13 - Un petit ça, un café s'il te plaît. Café, café. - Merci, ça va bien.
03:24 - Forbino, il y a du Perrier si tu préfères. - Non, non, non, café.
03:27 - Café. - Alors Rémi, ça a été ta semaine ?
03:31 - Oui, ça a été.
03:35 - Et toi ? - Compliqué cette semaine.
03:38 - C'est vrai ? - Oui.
03:39 Il y a ça, il y a ça et puis j'essaie de diminuer certains cachets de ma vie.
03:49 Tu te sens la vie des médecins ?
03:50 - Ça joue. - Oui, c'est clair.
03:53 - Tu as diminué de combien là ? - Là la morphine j'ai diminué de 20 mg.
03:59 Le matin et le soir, pas la morphine de la journée, je ne la baisse pas.
04:03 J'essaie de diminuer les calmants et les antidépresseurs.
04:06 Mais ils sont puissants.
04:08 Ma famille et mes amis proches passent régulièrement,
04:14 ils essayent de me changer la tête.
04:16 Voilà, les gens viennent, ça me fait plaisir de les voir.
04:23 Discuter de tout et de rien, mais je n'accroche pas.
04:28 Ils parlent et moi je ne suis plus avec eux.
04:31 Je m'en veux de lui avoir dit de venir.
04:34 Si ce n'était pas une aléa, ça ne se serait pas passé.
04:38 Si ce n'était pas une aléa, ça ne se serait pas passé.
04:40 L'histoire d'Alain prouve bien que ça peut arriver à n'importe qui, à n'importe quel moment.
05:06 Et que ça ne touche plus uniquement les quartiers pauvilaires
05:08 et que ça attend justement à concerner chacun d'entre nous.
05:12 Peu importe notre couleur de peau, peu importe le quartier dans lequel on vit.
05:16 C'est des témoignages intimes, très forts, qu'on n'a pas l'habitude d'entendre.
05:20 Pour regarder le documentaire gratuitement et en intégralité,
05:23 ça se passe sur la plateforme de nos partenaires, france.tv/,
05:26 on vous a mis le lien en description.
05:28 Et pour ne rien louper de nos vidéos sur les violences policières,
05:31 n'hésitez pas à vous abonner.
05:32 [Générique de fin]
05:34 [Générique de fin]
05:36 [Générique de fin]
05:38 [SILENCE]

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