La consommation de cocaïne banalisée en France ?

  • l’année dernière
La confrontation avec Amine Benyamina, psychiatre et Président de la Fédération Française d'Addictologie
Félix Marquardt, Essayiste, ancien consultant en relations internationales, addict à la cocaïne pendant 15 ans
Jean-Michel Fauvergue, Ancien député, Ancien patron du RAID, auteur de “les hommes en noir” (Editions Plon)
Marie Jauffret-Roustide, Sociologue à l'Inserm

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##LA_CONFRONTATION-2023-02-17##

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News
Transcription
00:00 Il est 11h03, merci d'être avec nous.
00:02 11h03, nous sommes ensemble pour débattre autour des trafics de stupéfiants,
00:09 et particulièrement de la cocaïne, mais drogue banalisée aujourd'hui,
00:13 bien souvent, bien souvent, débattre de la consommation de drogue, de cocaïne,
00:19 avec tous nos invités ce matin, le parole d'alphabetique,
00:23 le docteur Amine Benyamina, qui est professeur en psychiatrie et en dictologie
00:27 à l'université Paris-Saclay, Jean-Michel Fauvergues,
00:30 ancien député, ancien patron du RAID, auteur des Hommes en noir,
00:33 ça c'est un roman, hein, les Hommes en noir, Jean-Michel Fauvergues.
00:36 Mais j'ai remarqué votre tribune, votre tribune autour de la lutte contre les trafics,
00:43 qui passe, dites-vous, par un renforcement massif de la vigilance bancaire,
00:47 nous en parlerons tout à l'heure.
00:48 Nous avons aussi avec nous, et je l'en remercie, Marie-Joffré Roustide,
00:52 qui est sociologue à l'Inserm, bonjour.
00:54 - Bonjour. - Merci d'être avec nous.
00:55 Et puis, et puis, Félix Marcard, qui est cofondateur du réseau social Black Elephant,
01:00 addict à la cocaïne pendant 25 ans, c'est cela ?
01:03 - Pas tout à fait. - Pas tout à fait 25 ans ?
01:05 - On y reviendra, Jean-Marc. - On y reviendra, Jean-Jacques, oui.
01:08 - Ouh là là. - Oui, non, non, non, on y reviendra,
01:10 évidemment qu'on va y revenir.
01:11 Bien, alors, regardons la situation.
01:15 Il m'a suffi, ce matin, de lire les dépêches d'agence.
01:19 J'ai vu quoi ? 178 kilos de cocaïne saisie dans le port à Brest, hier.
01:27 La semaine dernière, 180 kilos de cocaïne saisie dans le port à Lorient.
01:34 Jean-Michel Fauvergue, le trafic, est-ce qu'on peut dire ?
01:37 Et je regardais les chiffres.
01:39 Les derniers chiffres sont de 2021, saisie par les douanes.
01:43 Les saisies ont augmenté de 30% en 2021, de toutes les drogues.
01:47 En ce qui concerne la cocaïne, les saisies ont doublé entre 2001 et 2021.
01:53 Ça veut dire que les trafics augmentent, c'est ça ?
01:56 20 tonnes de saisies en 2022, tous services confondus.
02:00 - 20 tonnes en 2022. - 20 tonnes, oui.
02:03 Alors, la saisie de stupéfiants, d'une manière générale, de cocaïne,
02:06 de manière particulière, ça veut dire quoi ?
02:09 Ça note l'activité des services.
02:12 Ça veut dire qu'on a des services qui bossent bien,
02:14 qui bossent énormément sur ces fléaux-là, d'une manière générale,
02:18 la cocaïne en particulier, qui vient en général par les ports du Nord.
02:22 Mais il semblerait que ça veuille dire aussi, ne nous le ronds pas,
02:28 que les trafics augmentent.
02:30 C'est-à-dire que si on saisit 20 tonnes de cocaïne,
02:33 combien il y en a qui passent au travers du filet ?
02:35 - Bien sûr. - Donc, c'est toujours intéressant et important
02:40 de citer les chiffres de saisies de réseaux démantelés, etc.
02:44 Ça prouve que les policiers, les gendarmes, les doyers travaillent énormément.
02:48 - Michel Fauberg, je veux une remarque aussi.
02:50 On parle de Brest, on parle de l'Orient,
02:52 mais j'ai vu beaucoup de reportages sur les ports d'Anvers,
02:55 sur Rotterdam, sur Le Havre, sur les grands ports,
02:58 qui sont, eux, de grands ports.
03:00 Parce que ça, pourquoi ?
03:01 Ça veut dire que les trafiquants diversifient l'acheminement de la drogue ?
03:06 - Oui, parce que ça veut dire que, déjà, cette drogue-là vient de l'Amérique du Sud,
03:09 vous le savez, via le Brésil, via, évidemment, la Colombie,
03:15 en passant, quelques fois, par les Antilles françaises,
03:18 et vient par la voie maritime, dans des conteneurs.
03:21 C'est très difficile de contrôler les conteneurs.
03:23 Donc, tous les gros ports qui reçoivent des conteneurs,
03:27 eh bien, sont susceptibles de recevoir, les ports du Nord,
03:31 sont susceptibles de recevoir cette marchandise-là.
03:33 Et pour la France, la deuxième manière de faire venir de la cocaïne,
03:38 c'est par des injections...
03:42 - Oui, je comprends.
03:45 - D'avaler la cocaïne.
03:47 - D'avaler la cocaïne, oui.
03:48 - Par des milliers.
03:49 - Oui, et en passant, en particulier, par Cayenne,
03:54 par l'aéroport de Cayenne, etc., et recevoir cette cocaïne-là.
03:58 - D'ailleurs, je regarde, je donne le chiffre, un chiffre,
04:00 production mondiale de cocaïne, l'année dernière, 1789 tonnes.
04:04 1789 tonnes, elle est bien écoulée quelque part, cette cocaïne.
04:09 Et elle est écoulée, notamment, dans les pays occidentaux,
04:12 de plus en plus, avec les narco-trafiquants.
04:16 Quelques mots encore avec vous, puis je fais un premier tour de table.
04:20 Trafic de stupéfiants, donc, c'est un élément, on le sait,
04:24 de la grande criminalité, mais aussi de la criminalité du quotidien,
04:28 de la criminalité du voisinage, puisque ça pourrit le trafic de stupéfiants,
04:33 la vie de tant de personnes, dans leur quartier, dans leur immeuble.
04:37 Et puis, ça génère des quantités énormes d'argent liquide.
04:42 - Oui, Jean-Michel Faugerre.
04:44 - Oui, tout à fait, le trafic de stupéfiants, c'est ça.
04:47 Et là, on parle essentiellement du trafic de cannabis,
04:50 mais pour la cocaïne, pourquoi pas ?
04:52 Il y a deux choses importantes, deux choses qui sont importantes.
04:55 D'abord, c'est un trafic de, je parle de trafic de fourmis
04:58 sur le territoire national.
05:00 C'est un trafic de personnes qui sont, entre guillemets,
05:03 vous m'excuserez du terme, qui ne sont pas spécialisées.
05:05 C'est-à-dire que n'importe qui, sur le trafic de cannabis,
05:08 peut reprendre un trafic en cours, et ça rapporte énormément d'argent.
05:12 Donc, du coup, les trafics de voies publiques se sont multipliés.
05:16 Ces trafics de voies publiques pourrissent la vie des citoyens
05:19 et drainent à peu près entre 40 et 60% de la criminalité de voies publiques,
05:25 d'une manière générale et d'une manière globale.
05:28 C'est-à-dire, évidemment, vous avez des sommes, vous l'avez dit,
05:31 des sommes importantes d'argent, nous verrons tout à l'heure.
05:35 - Il y a des solutions, enfin des solutions.
05:37 Il n'y a pas de miracle, pas de solution qui permette d'éradiquer
05:41 du jour au lendemain le trafic de stupéfiants, et notamment de cocaïne.
05:44 Mais il y a des combats à conduire, à mener, ça c'est évident.
05:48 Je me tourne vers vous, Marie-Josphée Roustide.
05:51 Évidemment, vous constatez cette recrudescence, vous-même.
05:57 - En santé publique, les données chiffrées montrent que
06:02 la consommation de cocaïne a été multipliée par 4 ces 20 dernières années.
06:06 Il y a de plus en plus de production, de plus en plus de trafic,
06:09 mais il y a également de plus en plus de consommation.
06:12 600 000 consommateurs par an, 600 000 personnes ont consommé de la cocaïne dans l'année.
06:20 C'est un chiffre qui a été multiplié par 4.
06:23 Par contre, je trouve que ce qui est important aussi, c'est d'informer sur les risques liés à la cocaïne.
06:30 Amine est un spécialiste de ces questions-là, il pourra le faire,
06:33 mais il faut aussi rappeler les chiffres de l'alcool.
06:36 Parce que je trouve qu'on se centre beaucoup sur la question de la cocaïne,
06:39 avec cette affaire Pierre-Palmade, mais il y a aussi la question de l'alcool.
06:43 - Oublions l'affaire Pierre-Palmade !
06:45 - Les jeunes et l'alcool.
06:47 Aujourd'hui, c'est 44% des jeunes de 17 ans qui ont eu une alcoolisation intense dans le dernier mois.
06:55 Alors que quand on regarde la cocaïne chez les jeunes, c'est près de 2% qui en ont consommé dans l'année.
07:00 Donc il faut vraiment avoir une vision d'ensemble.
07:04 - Vous avez raison, mais parfois, lorsqu'on parle de la cocaïne,
07:09 on a toujours tendance à faire des comparaisons avec le tabac, avec le cannabis, avec d'autres drogues, avec l'alcool.
07:16 Moi je parle de la cocaïne. Vous comprenez ce que je veux dire.
07:19 Ça n'excuse pas.
07:21 Les comparaisons permettent parfois de ralentir l'inquiétude.
07:29 - Alors moi je ne pense pas. Je pense que ça ne permet pas de ralentir l'inquiétude,
07:33 ça permet de reposer le débat sur des bases plus rationnelles.
07:37 - Bon, d'accord. Ok, mais très bien.
07:39 Docteur Amine Beniamina, vous voyez de plus en plus de patients venir vous voir pour addiction à la cocaïne.
07:45 - Oui, évidemment.
07:47 - Je vais vous répondre clairement, Jean-Jacques, sur votre question, puisque vous posez la question sur la cocaïne.
07:51 En effet, il y a une convergence entre le trafic, la prévalence des consommateurs dans l'année,
07:57 c'est-à-dire une personne qui a touché au moins une fois la cocaïne dans l'année, qui s'est écoulée,
08:01 et on a un million d'eux sur la vie.
08:04 C'est-à-dire que les Français ne sont pas étrangers à la cocaïne.
08:06 - Oui.
08:08 - C'est pas un produit banal.
08:10 Pourquoi ? Parce que ce qui est important, c'est que ça a été longtemps un marqueur social et un marqueur de classe.
08:16 Ce n'est pas le cas.
08:18 - C'est fini, ça.
08:20 - Soit le plan sociologique, Marie le connaît mieux que moi, c'est quelque chose qui est très important à avoir en tête.
08:23 Avant, lorsqu'on parlait de cocaïne, on parlait de gens qui avaient de l'argent, des journalistes,
08:28 de Canal+, je le répète, des gens qui étaient dans l'impunité malgré leur consommation,
08:33 mais qui très clairement exhibaient leur consommation, alors qu'on était sur un produit interdit.
08:37 La cocaïne, maintenant, vous me parlez de ma consultation,
08:40 ce sont des jeunes de 20 ans qui ont la capacité de l'acheter parce que ça s'est industrialisé.
08:45 On est sur un marché où on a offré la demande, on a baissé le prix,
08:49 on a diffusé partout et on a affaire à une diffusion, une installation de ce produit dans tous les...
08:57 - Oui, c'est répandu partout.
08:59 - C'est important, ça.
09:00 - C'est quoi ? C'est 66 euros le gramme, aujourd'hui, la cocaïne, à peu près.
09:03 - Chaque fois qu'on me pose la question, quand je demande à mes patients, j'ai un nouveau prix,
09:07 les prix baissent, ça dépend des périodes, ça dépend des arrivées, ça dépend des arrivées, je le dis...
09:12 - Ça dépend des arrivées.
09:13 - C'est l'offre et la demande.
09:15 - On est sur un marché, c'est un marché qui s'est installé, c'est un marché qui n'est pas confidentiel,
09:20 et c'est un marché qui touche tout le monde et qui n'est plus un marqueur social.
09:24 A mon avis, ça, c'est les éléments importants pour lancer le débat.
09:27 - On est bien d'accord. J'attends le témoignage de Félix Marcard dans un instant,
09:31 je vais observer une petite pause, parce que ça vient vite, c'est la pub,
09:35 mais on va reprendre justement sur la consommation, sur ce marqueur social qui n'est plus un marqueur social,
09:42 on est bien d'accord, puisqu'on trouve de la cocaïne aujourd'hui, partout,
09:46 même dans les plus petites communes, qui sont souvent confrontées à ce drame-là,
09:52 et qui n'arrivent pas, qui ne savent pas d'ailleurs, comment faire pour y faire face.
09:57 Donc dans un instant, témoignage de Félix Marcard, à tout de suite si vous voulez appeler d'ailleurs,
10:02 ce n'est pas compliqué, 0826 300 300, n'hésitez pas.
10:05 - Bien, la consommation, cocaïne, on est parti de la cocaïne, on parle évidemment de tous les produits,
10:19 de l'alcool, du tabac, du cannabis, effectivement des drogues de synthèse, etc.
10:25 Mais vous vouliez, Félix Marcard, témoigner, qu'est-ce que vous aviez envie de nous dire ?
10:30 Vous avez consommé combien de temps ? Vous avez commencé comment d'abord ?
10:34 - J'ai pris de la drogue, j'ai commencé vers 14 ans, parce qu'en fait, le moment juste avant de m'endormir,
10:41 je m'angoissais profondément. J'avais une sorte de... le moment où je me retrouvais face à moi-même,
10:47 face à mes émotions, et qu'il n'y avait plus de subterfuge possible pour me planquer de ces sentiments,
10:54 à ce moment-là, moi j'étais très mal à l'aise. J'ai fumé un joint, j'avais 14 ans,
10:58 et j'ai découvert que je pouvais passer de l'état de conscience à l'état de sommeil,
11:04 sans ce moment qui m'angoissait profondément. Alors je vous écoute, et je comprends...
11:11 Moi je pense que d'abord, la première chose qu'il faut expliquer, c'est que l'addiction,
11:14 la vaste majorité des gens n'y comprennent rien. Moi j'ai zéro expertise, je le dis souvent,
11:19 sur quoi que ce soit, à part un truc. J'ai pris de la drogue tous les jours pendant 25 ans,
11:24 et maintenant ça fait presque 9 ans que je n'en prends plus. J'ai pris au départ des trucs comme tout le monde,
11:30 j'ai fumé quelques pétards, et puis après, comme la plupart des gens,
11:34 parce que vous, vous faites une distinction entre l'alcool, le shit, la coke, etc.
11:38 Moi je voudrais vous dire qu'à mon sens, en 2023, s'attaquer au problème de l'addiction,
11:45 en se focalisant sur une substance par rapport à une autre, c'est une énorme erreur.
11:52 Je vais vous expliquer pourquoi. - Oui, mais je vais vous répondre...
11:55 - Non, non, mais d'abord, c'est fini mon cher Jean-Jacques. - Ne vous inquiétez pas, vous allez avoir la parole.
12:00 Non, je voulais simplement dire que le trafic en plus fort, enfin la consommation,
12:05 qui est en plus forte augmentation, c'est la cocaïne, pardon.
12:08 - Mais bien sûr, mais moi je ne suis pas en train de vous dire que ce n'est pas le cas.
12:11 Je suis en train de vous dire qu'il n'en reste pas moins. - Qu'il y a d'autres drogues.
12:14 - Mais ce n'est pas juste une question de drogue. - Et d'autres addictions.
12:17 - L'addiction, c'est souvent, pour la plupart des gens,
12:21 entendu comme la résultante d'un abus d'une substance ou d'une autre.
12:26 Moi je voudrais vous dire que c'est une connerie. Cette définition de l'addiction, c'est une ânerie.
12:31 L'addiction, c'est le fruit d'une stratégie maladroite et malheureuse, mal avisée,
12:38 d'évitement d'émotions inconfortables.
12:41 Or, à cette aune, il est avéré que nous sommes devenus une civilisation,
12:47 la modernité a fait de nous une civilisation d'addicts.
12:51 Vous parlez d'addiction en vous focalisant sur les drogues,
12:54 mais moi je voudrais vous dire qu'on peut utiliser, pour éviter ces émotions inconfortables,
12:59 on peut utiliser le sexe, on peut utiliser le sucre, on peut utiliser Netflix,
13:04 on peut utiliser le boulot, on peut utiliser le sport, les jeux vidéo, etc.
13:08 Et de dire "oui, mais c'est pas la même chose".
13:11 Oui, mais écoutez-moi.
13:13 - Vous mettez sur le même plan ?
13:15 - Mais je vais aller même plus loin que ça. Je vais vous dire,
13:18 l'addiction qui est en train de mettre en péril l'avenir de l'humanité aujourd'hui,
13:23 c'est notre addiction à la croissance, c'est notre addiction à l'énergie,
13:27 c'est notre addiction au toujours plus.
13:30 - Oui, mais la vidéo... - Non, mais je suis pas en train de...
13:32 - Félix Marcard, je comprends. - Pardonnez-moi, mais c'est fondamental de comprendre ça.
13:35 - Je ne peux pas en une heure aborder toute cette addiction-là, vous comprenez.
13:39 - Non, mais ça je l'entends parfaitement Jean-Jacques.
13:41 Mais ce que je vous dis, c'est qu'il faut, il est nécessaire de comprendre aujourd'hui
13:45 que l'addiction, c'est un truc qui est en train de nous bouffer tous ensemble.
13:50 Qu'est-ce que c'est l'addiction ? Et pourquoi est-ce qu'elle s'épanouit dans notre culture ?
13:55 Parce que, en fait, notre culture ne fait plus son boulot.
14:00 Une culture qui fonctionne, c'est une culture qui prend des enfants
14:04 et qui en fait des bons hommes et des bonnes femmes.
14:06 Notre culture ne fait plus ce boulot.
14:08 Le résultat, c'est qu'on a des gens qui cherchent à tout prix
14:12 à trouver quelque chose pour éviter ces moments d'inconfort émotionnel.
14:20 Et je vous dis vraiment très sérieusement,
14:23 c'est une erreur de prendre certaines substances et de dire "l'addiction, c'est ça".
14:28 - Mais je ne dis pas "l'addiction, c'est ça".
14:30 Je dis simplement qu'aujourd'hui, qu'il y a une addiction,
14:34 on parle de la cocaïne parce que, je vous le dis, les chiffres sont là,
14:39 montrent une augmentation.
14:40 - M. Jean-Jacques, vous savez très bien qu'on parle aujourd'hui de la cocaïne
14:43 parce que Pierre Palmade a eu un accident de voiture il y a quelques jours.
14:47 - On peut pas... - Mais attendez, Palmade...
14:49 - Oui. - Et à juste titre.
14:51 - C'est pour ça qu'on parle de ça.
14:53 - Mais, pardonnez-moi de vous dire, si je parle aussi de la cocaïne,
14:56 c'est parce que si j'avais pas vu les chiffres concernant la cocaïne,
15:00 je n'aurais pas fait cette émission, je vous le dis.
15:02 Donc j'ai constaté, effectivement, ça m'a alerté,
15:05 ce qui s'est passé avec Palmade, j'oublie Palmade,
15:08 mais ce qui m'a alerté, c'est cette consommation de cocaïne.
15:11 Et surtout, plus largement, c'est le trafic, c'est l'augmentation,
15:15 et c'est les nombreux reportages, justement, au port d'Anvers ou au port du Havre,
15:20 les nombreux reportages autour de ces narco-trafiquants qui gagnent des fortunes.
15:27 - Non mais je comprends tout à fait, mais ce que je vous dis,
15:29 c'est que vous parlez du symptôme, alors que ça n'est pas la cause profonde.
15:34 Il faut parler de la cause profonde, aujourd'hui.
15:36 - Amine Beniamina, qu'est-ce que vous voulez dire ?
15:40 Quand vous entendez Félix Marcard, quelles remarques faites-vous ?
15:43 - C'est quelqu'un qui est expert de lui-même, et il a raison, évidemment.
15:47 Il a une véritable expertise sur son parcours, et ce qu'il dit n'est pas faux.
15:51 Ce qu'il dit n'est pas faux, mais ça ne recoupe pas l'ensemble...
15:55 Vous savez, l'addiction est une définition très précise, c'est une pathologie.
15:58 Évidemment, c'est une vraie maladie dans laquelle il y a une perte de contrôle,
16:02 le comportement, comme ça a été dit, où le produit prend possession du quotidien de la personne,
16:07 dans tous ses aspects, dans tous ses... voilà.
16:10 Alors ce qui est important aussi à savoir, c'est que l'addiction ne répond pas forcément à un mal-être,
16:14 ou bien à une pathologie, ou à une anxiété.
16:16 Ça c'est important.
16:17 On peut être addict par un forçage, par un entraînement,
16:20 ou bien par un conditionnement, soit personnel, soit social.
16:23 Ça c'est important.
16:24 L'addiction n'est pas forcément une tentative de soulagement,
16:28 ou une tentative maladroite d'avoir au cours un faux ami,
16:31 qui est le produit du comportement.
16:32 Ça c'est important, parce qu'on confond parfois une autothérapie
16:38 par la prise de produit, par le comportement,
16:41 alors qu'on a des personnes qui se sentent, qui tombent dans l'addiction,
16:44 par un mécanisme de conditionnement et un mécanisme de vulnérabilité biologique.
16:48 Ça c'est important.
16:49 - Oui, on est bien d'accord.
16:51 Mais vous dites "on devient addict",
16:54 - Bien sûr.
16:55 - Mettons à la cocaïne, j'y reviens, on devient addict à la cocaïne,
16:59 c'est un cheminement, hein ?
17:01 - Bien sûr.
17:02 - C'est un cheminement, c'est pas "on tombe pas du jour au lendemain comme ça".
17:05 - Il y a un contact.
17:06 - Oui, il y a un contact, il y a une évolution.
17:09 - Il y a une offre.
17:10 - Une offre.
17:11 - Parce que vous avez un produit qui est très offert,
17:13 vous finissez par avoir une cible qui est plus large.
17:15 - Bien sûr.
17:16 - Il y a du marketing derrière, il y a des populations vulnérables,
17:20 il y a un prix qui baisse, et donc on augmente, entre guillemets,
17:23 comme disent les économistes, l'assiette et donc la cible.
17:26 - Évidemment.
17:27 - Forcément, ça finit par donner, ce que disait tout à l'heure Marie,
17:29 le nombre de consommateurs.
17:31 - Alors nous allons donner la parole à Marie justement.
17:33 Marie Geoffray, Roustide, oui.
17:35 - Pour faire écho à ce que vous venez de dire,
17:37 moi je pense que ce qui est important aussi d'un point de vue de la société,
17:40 c'est de voir, si on veut revenir à la cocaïne,
17:43 que la cocaïne elle se développe aussi dans une société
17:45 où il y a des injonctions à la performance en permanence.
17:48 Et ça renvoie à ce que vous disiez aussi sur le capitalisme tout à l'heure,
17:52 et à ce que vient de dire Amine, c'est-à-dire que
17:54 les dealers de cocaïne, les trafiquants,
17:56 ils sont dans des logiques de marché,
17:58 ils vont baisser les prix, ils vendent des toutes petites doses
18:01 pour qu'effectivement ça soit plus accessible à un nombre plus important de personnes.
18:05 - Ils offrent parfois.
18:06 - Et surtout, ils offrent parfois effectivement.
18:08 - Tous les produits, on le voit sur différents produits,
18:11 et sur la cocaïne également.
18:13 Mais ce qui se passe, c'est que c'est cette notion de performance,
18:16 ces injonctions à la performance, avec des personnes
18:18 qui dans nos sociétés actuelles marquées par le capitalisme,
18:21 ne se sentent pas en capacité de répondre,
18:23 et vont pour le travail, pour travailler, on le voit,
18:27 dans la diffusion de la cocaïne aujourd'hui,
18:29 on a de plus en plus de personnes qui prennent de la cocaïne
18:32 pour tenir les cadences,
18:35 mais je ne suis pas certaine.
18:37 - Non mais il y a des données objectives, mon cher Jean-Jacques.
18:41 - Non mais je veux bien, mais enfin pardon, la cocaïne
18:45 ne touche pas que des cadres supérieurs
18:48 qui ont besoin d'être performants.
18:51 - Vous ne comprenez pas le sens de la définition là-dedans,
18:54 quand on parle de capitalisme, c'est pas de ça dont il s'agit.
18:57 Il y a un rapport qui a été publié en 1972,
19:00 le rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance,
19:03 qui nous dit "chère humanité, si vous continuez comme ça,
19:06 vous allez vers une situation d'effondrement civilisationnel".
19:10 Qu'est-ce qu'on fait depuis 50 ans ?
19:13 On répond à cela, on se bouche les oreilles,
19:16 et on fait comme si de rien n'était.
19:18 Si on était dans une situation qui n'est pas une situation d'addiction,
19:22 à la croissance, on aurait depuis lors,
19:25 on a eu 47 rapports du GIEC qui nous disent
19:29 que nous sommes en train de commettre un suicide civilisationnel,
19:32 et nous n'y faisons rien. Pourquoi ?
19:34 Parce qu'en fait, on n'est pas mieux équipés, nous,
19:37 en tant que civilisation, en tant que société,
19:40 pour rompre avec ces pratiques,
19:42 qu'un héroïnomane l'est face à l'héroïne.
19:45 On est dans la même situation.
19:47 On est une civilisation d'addicts,
19:49 et il faut arrêter de montrer du doigt la partie émergée de l'iceberg
19:54 en disant "le problème c'est la cocaïne",
19:57 bien entendu, parce que ça crée de la vie...
20:00 - Le problème c'est le trafiquant avant tout !
20:02 - Non mais le problème c'est que le niveau de violence est autrement grave...
20:08 Mais ça, ce que je veux dire, c'est qu'il faut arrêter de regarder l'arbre
20:12 et de rater la forêt.
20:14 - Bien. Amine Beniamina ?
20:16 - Je vous écoute Jean-Jacques.
20:18 - Bah non, vous avez quelque chose à ajouter.
20:20 - Je vois que ce qui est dit, évidemment,
20:24 c'est le principe de la société dite "addictogène".
20:26 C'est une part, mais c'est pas la totalité.
20:28 Et c'est vrai que chacun l'exprime en fonction de son expertise.
20:31 Moi qui reçois des patients, tout le monde n'est pas victime du capitalisme, on est d'accord.
20:37 Mais je peux comprendre aussi le facteur social et sociétal.
20:40 J'ai des jeunes qui ne sont absolument pas dans la performance,
20:43 qui sont consommateurs de cocaïne.
20:45 - Bah oui, évidemment.
20:47 - J'ai des ouvriers qui ne sont pas forcément des grands capitalistes
20:51 qui reçoivent par la poste ou bien par leurs amis de la cocaïne,
20:55 qui sont consommateurs de cocaïne.
20:57 Et c'est ce que j'ai dit. On n'est plus du tout sur le marqueur social.
20:59 On est sur un phénomène qui s'est installé,
21:01 qui pose un vrai problème de santé publique,
21:03 un problème de sécurité,
21:05 et hélas, on a un problème maintenant de diffusion de ce type de produit.
21:09 - Nous allons d'ailleurs penser aux solutions.
21:12 - Complètement.
21:14 Il y a des ramifications maintenant entre le terrorisme,
21:17 c'est ça qui est terrible.
21:19 Entre l'émergence des fortunes chez des gamins, tout ça.
21:23 C'est très compliqué. C'est très compliqué cette histoire.
21:26 La cocaïne a quelque chose de particulier.
21:29 C'est un paradigme de ce que la drogue peut donner comme illusion en vérité,
21:34 à la fois sur le plan de la personne et sur le plan de la communauté.
21:37 C'est magique, ça rend fort de manière illusoire,
21:41 ça rend riche de manière illusoire,
21:43 et ça s'instille dans la société.
21:46 - Vous savez ce que ça crée, Jean-Jacques ?
21:49 En fait, la drogue, ça crée un sentiment de connexion au monde,
21:55 une connexion à quelque chose qui nous dépasse.
21:57 C'est une sensation qui est vraiment très agréable sur le moment.
22:01 Il faut comprendre un truc, et ça encore une fois,
22:04 je ne suis expert que... voilà, je n'ai que mon expérience pour parler.
22:07 Mais le contraire de l'addiction,
22:10 moi j'ai découvert ça après 5 ans sans drogue et sans alcool.
22:14 Le contraire de l'addiction, ça n'est pas juste la sobriété ou l'abstinence,
22:19 c'est la connexion, la connexion aux autres,
22:22 la connexion à ce qui nous dépasse, la connexion à la nature, etc.
22:25 Ça peut vous paraître très abstrait, mais ça n'est pas du tout.
22:29 - Non, non, non, c'est vraiment la clé du schmilbic.
22:31 C'est-à-dire que nous sommes dans un monde qui prétend...
22:34 On parle de connexion toute la journée,
22:36 et en réalité, on a des réseaux sociaux qui n'ont de social que le nom,
22:42 en réalité, ils nous isolent, ils nous rendent anxieux,
22:47 ils nous enferment dans des bulles cognitives,
22:49 on ne parle qu'avec les gens avec lesquels on est d'accord.
22:51 Lorsqu'on sort de ces bulles, c'est pour se foutre sur la figure avec les autres.
22:55 Donc en fait, on a des réseaux qui sont fondamentalement des réseaux asociaux.
22:59 Ces réseaux ont un impact sur...
23:01 La déconnexion, elle est partout.
23:03 On est de plus en plus déconnectés de nous-mêmes,
23:05 on est déconnectés les uns des autres avec des conséquences dramatiques pour la démocratie,
23:10 on est déconnectés de ce qu'on appelle nature,
23:13 comme si le reste du métabolisme planétaire, nous n'en faisions pas partie nous-mêmes.
23:18 Donc en réalité, toute cette déconnexion, elle participe de cette recrudescence de l'addiction.
23:23 Et c'est de ça que je parle.
23:25 Je ne pointe pas du doigt le capitalisme en disant
23:28 "les bilins qui nous vendent leurs sacs à main, c'est leur faute à eux".
23:32 Je dis "on est tous happés par ceci, par cette déconnexion".
23:35 Cette déconnexion, c'est le mal du siècle.
23:38 Si vous voulez comprendre l'addiction aujourd'hui,
23:40 il faut comprendre que l'addiction, c'est un problème de déconnexion.
23:44 - Jean-Michel Fauvergue, juste après la pub, va s'exprimer et nous dire un peu...
23:51 Je vais quand même revenir, mais surtout, ce qui m'intéresse maintenant,
23:55 ce sont les solutions, les conséquences et les solutions.
23:58 Parce que moi je veux bien, très bien, on a fait le constat,
24:02 et le constat est là, il y a une réalité.
24:05 Je vais être un peu provocateur, je bois un verre de rouge par jour,
24:10 est-ce que je suis addict ou pas ?
24:12 - Non, alors pas du tout.
24:14 - Je suis pas addict. Je touche la cocaïne tous les jours, est-ce que je suis addict ou pas ?
24:19 - Vous savez ce que c'est ? Pour tester si on est addict,
24:22 vous rentrez dans un bar, mon cher Jean-Jacques,
24:25 vous commandez deux vodkas, vous buvez les deux vodkas,
24:29 et puis vous rentrez chez vous, et vous allez au lit.
24:31 Et si vous arrivez à faire ça, vous n'êtes pas addict.
24:34 L'addiction, c'est le phénomène par lequel on s'assoit au bar,
24:38 on prend un verre, on prend un rail de coke, et ensuite on ne peut pas s'arrêter.
24:42 C'est ça un addict.
24:44 - Très bien. Christian tient envie de témoigner,
24:47 il faut faire une vraie campagne de sensibilisation, notamment auprès des plus jeunes.
24:51 Je suis effrayé quand j'entends 8 millions de personnes qui en ont déjà consommé.
24:54 8 millions, ça paraît bon pour deux.
24:56 - Non, un million.
24:57 - Un million, à Christian, mais...
24:58 - Tout au long de la vie, tout au long de la vie.
25:00 - 2 millions.
25:01 - 2 millions, on en est à 2 millions.
25:03 - Tout au long de la vie.
25:04 - Allez, 11h30 à tout de suite.
25:05 - C'est sans l'huile, dans l'année.
25:07 Sud Radio Parlons Vrai, chez Bourdin, 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
25:13 - Bien, il est 11h33, imaginons,
25:16 une personne prend un verre de vin par jour.
25:20 À l'habitude, est-ce qu'il est alcoolique ?
25:23 - Alors, il ne faut jamais définir l'addiction par la quantité de produits consommés.
25:27 - Bon, est-ce que cette même personne, si cette même personne
25:30 prend de la cocaïne tous les jours, est-ce qu'elle est addicte ?
25:34 - Elle a des chances de l'être. Et je vais vous dire pourquoi.
25:37 Parce qu'en vérité, avant de parler addiction,
25:39 on parle des effets, des dommages derrière la consommation.
25:41 Vous pouvez consommer un verre par jour régulièrement
25:44 et avoir des problèmes de froid ou de je ne sais quoi avec l'alcool.
25:47 Et vous n'êtes pas forcément addict au sens où,
25:49 lorsque vous arrêtez, vous allez trembler, vous allez avoir envie de consommer.
25:53 Vous pouvez, de temps en temps, je vous parle de ce que je sais,
25:56 c'est-à-dire les patients qui viennent me voir.
25:58 - Bien sûr, mais bien sûr.
25:59 - Aller les week-ends, prendre de l'alcool et vous faire votre ail, entre guillemets.
26:02 C'est compris ? Vous n'êtes pas spécialement addict.
26:05 Si la consommation devient régulière, quel que soit le produit,
26:08 et que lorsque vous êtes dans des circonstances de sortie ou de fête,
26:12 ça passe toujours par la consommation, posez-vous des questions sur votre appétence.
26:16 - Bien sûr.
26:17 - Attention, l'addiction, ce n'est pas un thème simple.
26:19 Il est un peu galvaudé, il a été marqueté.
26:21 C'est une vraie maladie, l'addiction,
26:23 dans laquelle elle prend session de votre vie dans tous les domaines.
26:26 - Bien sûr.
26:27 - Ce qui est important aussi dans l'addiction, c'est les raisons pour lesquelles on consomme.
26:30 Le contexte dans lequel on consomme et pas uniquement le nombre de fois.
26:33 Donc les raisons, il faut s'interroger sur les raisons.
26:35 - Alors est-ce que le contexte est différent pour la cocaïne, par exemple, pour l'alcool ?
26:38 - De moins en moins aujourd'hui.
26:39 - Vous avez voulu faire la comparaison.
26:41 - Oui, ce qui est important, c'est que la cocaïne est interdite et l'alcool ne l'est pas.
26:45 Et l'aspect social est un aspect...
26:46 - Ce qui explique les trafics.
26:47 - Complètement.
26:48 Et qui conditionne aussi le recours.
26:50 Lorsqu'on fait tout ce qu'il faut pour consommer un produit interdit,
26:53 c'est que la pression interne est très importante.
26:56 Et on prend ces risques.
26:58 Le risque pour lequel on consomme un produit interdit nous renseigne sur la pression interne.
27:04 D'aller la consommer, d'aller la chercher.
27:06 - Jean-Michel Fauvergue, sur les trafics, justement.
27:10 Oui, le trafic, on le disait en début d'émission,
27:12 les trafics de stupéfiants sont en forte augmentation.
27:15 On est bien d'accord, malheureusement.
27:17 Malheureusement.
27:18 Ils sont en forte augmentation parce que tous ces produits sont interdits ?
27:22 Vous pensez que c'est à cause de ça ?
27:24 - Ça participe.
27:26 - Franchement. Oui ou non ?
27:28 - J'étais chef des stups sur la Seine-Saint-Denis en 87-88.
27:33 Et on faisait beaucoup d'affaires de stupéfiants.
27:37 Ça ne l'a pas baissé aujourd'hui.
27:39 Donc on est un des pays les plus répressifs sur les lois.
27:44 C'est-à-dire que les lois sont très répressives.
27:47 On est un des pays les plus gros consommateurs de cannabis.
27:51 - Deuxième en Europe.
27:53 - Voilà.
27:54 - Et les trafics ont augmenté.
27:57 Pourquoi ils augmentent ces trafics ?
27:59 Parce que, encore une fois, je le redis, deux choses importantes.
28:03 Ça ne demande pas d'être un trafiquant de stup et de faire de la revente de stup.
28:07 Ça ne demande aucune qualification particulière.
28:09 Y compris dans le banditisme, si je peux me permettre ça.
28:12 C'est pas comme braquer un fourgon, par exemple,
28:14 si je peux me permettre cette mauvaise comparaison.
28:16 - Oui, je comprends.
28:17 - Et la deuxième chose, ça rapporte énormément, immédiatement, énormément de fric.
28:22 Là, je parle des trafiquants. On a beaucoup parlé des consommateurs.
28:25 Je parle des trafiquants.
28:26 Et moi, j'ai une vision, évidemment, des trafiquants,
28:29 puisque j'étais pendant 40 ans policier.
28:31 Et vous m'avez sans doute invité pour ça.
28:33 - Oui, bien sûr.
28:34 - Donc, l'idée, c'est d'effectivement arriver à trouver des solutions.
28:38 La solution, elle sera globale.
28:40 D'abord, il faut continuer à travailler sur les trafics,
28:43 comme le font les policiers, les gendarmes, etc.
28:46 Comme les injonctions du gouvernement aujourd'hui, du ministre de l'Intérieur.
28:51 Ça, ça va dans ce sens-là.
28:52 Donc, il faut continuer à les mettre en échec,
28:54 à travailler aussi sur le blanchiment.
28:56 On en a parlé à demi-mot tout à l'heure.
28:58 C'est important. Pourquoi ?
28:59 Parce que l'énorme quantité de fric qu'il y a
29:03 fait que, par ceux qui profitent de ça, sur des trafics organisés,
29:08 vous allez investir à la fois dans l'économie licite,
29:12 et donc, vous allez prendre possession d'un certain nombre d'entreprises
29:16 dans une économie licite.
29:18 Ça esquinte notre système et notre modèle économique.
29:22 - Oui, vous parlez de narco-dépendance.
29:24 Vous parlez de narco-dépendance dans la tribune que vous avez publiée.
29:29 Vous parlez de narco-dépendance.
29:30 Vous rappelez qu'aujourd'hui, les grands trafiquants se permettent tout,
29:35 et même de menacer de mort le Premier ministre néerlandais, Marc Routhet.
29:40 - Oui, on est passé à un stade supérieur,
29:44 parce qu'il se brasse des milliards et des milliards,
29:49 et que ces milliards doivent être réinvestis.
29:51 Et effectivement, dans la tribune que j'ai co-signé avec Katia Burié,
29:54 qui est une élue... - De Sainte-Etmarne.
29:57 - On décrit ces manières-là.
30:01 Le trafic de stupes ne cessera pas, pas parce qu'il y a des consommateurs,
30:05 mais parce qu'ils rapportent énormément de fric.
30:08 - Mais combien de morts au Mexique ?
30:11 Combien de milliers de morts au Mexique ?
30:14 - Jean-Jacques, vous vouliez parler de solutions ?
30:16 - On va en parler des solutions, oui.
30:19 - Alors une des solutions, c'est de continuer la bataille
30:24 avec les policiers, les gendarmes, les douaniers,
30:26 de la continuer, parce que la République ne peut pas se permettre de reculer.
30:31 - Heureusement, oui.
30:32 - Mais c'est peut-être pas la seule aussi.
30:33 - Non.
30:34 - Je voudrais parler à vos auditeurs, Jean-Jacques.
30:37 - D'abord, attendez, je voudrais que vous abordiez l'une des axes
30:44 pour lutter contre ce trafic, c'est l'argent.
30:49 Essayez de toucher au maximum tous ces trafiquants,
30:53 essayez de les toucher, je sais pas, à travers leurs comptes en banque,
30:57 à travers les mouvements d'argent, à travers cet argent liquide.
31:01 - Oui, ça s'appelle aussi à un certain moment,
31:04 parce que ces trafiquants-là ont ensuite réinvesti,
31:07 c'est un tas de patrimoine, ça s'appelle aussi les acquis criminels,
31:13 de récupérer les acquis criminels.
31:15 - Mais comment lutter contre ce trafic d'argent ?
31:18 - C'est difficile, ça marche dans certains pays,
31:20 par exemple avec le Maroc, ça marche pas.
31:22 Les petits trafiquants, là je parle de petits trafiquants,
31:25 qui réinvestissent leur argent au Maroc, c'est difficile.
31:28 Il y a de la coopération, mais c'est difficile globalement
31:31 et généralement de leur saisir, de leur avoir criminels qui sont au Maroc.
31:35 On a un vrai gros problème là-dessus.
31:37 - Pardonnez-moi, je vous connais, on est aussi ici, aujourd'hui,
31:42 pour tendre la main à ceux qui souffrent de l'addiction
31:46 et pour essayer de leur donner des solutions.
31:49 On est bien d'accord.
31:50 - Non mais là, je parle des solutions pour lutter contre le trafic de stupéfiants.
31:54 - Mais il faudrait aussi des solutions pour ceux, parmi vos auditeurs,
31:56 qui sont des addicts.
31:57 - Mais on va en parler, évidemment.
31:59 - On l'a bien compris, ce sont des malades.
32:02 - Non mais on est bien d'accord, on va voir comment faire.
32:05 On va voir comment faire.
32:06 Mais avant, je parle du trafic là,
32:09 est-ce qu'il y a d'autres solutions pour lutter ?
32:11 La police, on est bien d'accord.
32:13 Tout ce qui est trafic d'argent, circulation d'argent sale,
32:17 on est bien d'accord. Est-ce qu'il y a d'autres solutions ?
32:19 - La coopération internationale, bien évidemment,
32:21 dans le cadre de cette lutte contre le trafic,
32:23 et qui existe avec des systèmes comme Europol et Interpol,
32:26 Eurojuste aussi, mais ça c'est des choses classiques.
32:31 Est-ce qu'il y a d'autres solutions ?
32:32 Après, une fois qu'on fait le constat de dire
32:37 qu'on est un des pays les plus gros consommateurs d'Europe,
32:40 n'ayant pas peur des mots,
32:41 on est un des pays qui a la législation les plus dures en Europe,
32:45 et ça ne fonctionne pas,
32:46 une fois qu'on a fait ce constat-là,
32:48 et une fois qu'on continue à travailler quand même,
32:51 on l'a vu sur les saisies, sur les trafics,
32:54 une fois qu'on a fait tout ça,
32:55 peut-être se poser la question à un certain moment d'ouvrir un débat.
32:58 - Oui, d'ouvrir un débat.
32:59 - Comment ? Parce que, je vais vous dire une chose...
33:02 - Ouvrir quel débat ?
33:03 - Ouvrir un débat sur la légalisation...
33:07 - Oui, là vous parlez du cannabis, on ne va pas légaliser la cocaïne.
33:10 - Vous savez que le...
33:11 - Si le Canada envisage la décriminalisation...
33:14 - Vous savez que le Canada envisage la décriminalisation...
33:15 - Vous savez que le Canada envisage la décriminalisation...
33:16 - Vous savez que le Canada envisage la décriminalisation...
33:17 - Vous savez que le Canada envisage la décriminalisation...
33:18 - Vous savez que le Canada envisage la décriminalisation...
33:19 - Le Portugal a dépénalisé.
33:21 - Il a dépénalisé.
33:22 - Il a dépénalisé toutes les drogues depuis les années 2000.
33:25 - Toutes les drogues.
33:26 - Donc à un certain moment, il faut voir ce qui se fait à l'étranger,
33:28 il faut voir si ça fonctionne,
33:29 et il faut voir si ça fonctionne sur les réseaux de voix publiques
33:32 qui pourrissent la vie des gens au bas de l'immeuble.
33:35 - Oui, ça c'est sûr.
33:36 - Et ça c'est, pour moi, c'est le plus important.
33:38 - Et dépénaliser et légaliser sont deux choses différentes.
33:40 - Il y a un terme important qui n'a pas été dit, mais qui est évidemment su,
33:44 il y a... on change de focus lorsqu'on parle de dépénalisation,
33:48 lorsqu'on parle de solutions, on se décentre,
33:50 on ne parle plus de trafiquants, on parle des personnes victimes du trafic,
33:53 on parle des drogués, entre guillemets, pardonnez-moi.
33:56 Et quand on dépénalise, c'est-à-dire on prend en compte la personne souffrante
34:00 avec la drogue, et on ne la criminalise pas, on met en place,
34:04 et pour autant, on n'envoie pas le signal d'inocuité de la drogue.
34:09 C'est ça qui est très important, c'est ce que vos auditeurs doivent entendre.
34:12 Ce n'est pas parce que moi, en tant que médecin,
34:14 Marie-Joséphine Roustide, en tant que sociologue,
34:17 ou monsieur en tant que grand flic, ou ancien grand flic,
34:20 on n'est pas là à faire le prosélytisme, on est sur des positions dites "pragmatiques".
34:24 Et on a vu ce qui se passe ailleurs.
34:26 Le Portugais n'est pas un pays laxiste, hein,
34:28 mais il est en train d'engranger parmi les résultats les plus intéressants
34:32 en matière de son expérience.
34:34 - Ils ont trois fois moins de consommateurs de cannabis qu'en France.
34:37 - Sauf que l'erreur, c'est la dépénalisation.
34:39 - Sauf que l'erreur, c'est la dépénalisation.
34:41 - Il faut légaliser la légalisation. - La légalisation récupère l'argent.
34:44 - Bien sûr. Non, mais pourquoi ils ne l'ont pas fait ?
34:46 Parce qu'ils ont eu peur du thème légalisation qui est un groupe.
34:51 - Sur le Portugal, il faut revenir sur l'histoire du Portugal
34:54 et ce que montrent les enquêtes scientifiques sur cette question-là.
34:58 C'est très important ce que vient de dire Amine,
35:00 c'est-à-dire que quand on décriminalise ou quand on légalise,
35:03 c'est avant tout pour des raisons de santé publique,
35:06 pour limiter les risques pour les consommateurs.
35:08 Effectivement, la question, vous avez raison, sur la dépénalisation,
35:11 c'est que ça ne règle pas la question du trafic.
35:13 Pour la légalisation, alors, ce n'est pas la cocaïne, c'est le cannabis.
35:16 Au Canada, par exemple, ils ont légalisé le cannabis avec un encadrement très fort.
35:21 La consommation de cannabis a diminué chez les jeunes avec cette légalisation
35:25 et les produits qui sont proposés sont contrôlés et donc moins à risque.
35:30 Dernier point, ça a un effet également la légalisation sur le trafic
35:34 puisque les anciens trafiquants de cannabis ont été réinsérés sur le marché légal.
35:40 - Ceux qui n'avaient pas de grosses compétences.
35:42 - Oui, mais alors, c'est vrai.
35:44 - Alors, moi, j'ai une question à vous poser, Marie-Geoffrey Roustide,
35:47 une question un peu provocatrice.
35:48 Vous parliez tout à l'heure des jeunes et de l'alcool.
35:50 - Oui. - On est bien d'accord.
35:52 L'alcool, les jeunes peuvent s'en procurer sans problème, très très facilement.
35:56 On est bien d'accord. Il est presque légalisé, l'alcool.
35:59 Ça n'empêche pas l'augmentation de la consommation chez les jeunes.
36:03 - Il est mal encadré. Parce qu'en fait, la légalisation...
36:06 - Il est mal encadré. L'interdiction de la publicité, interdiction de vente au moins de 10 %.
36:11 - Il y a différents modèles de légalisation.
36:13 Et par exemple, sur le Canada, il faut vraiment un modèle de santé publique.
36:19 Ça, c'est très important.
36:21 - L'alcool en France, c'est une vaste hypocrisie.
36:23 Pour une raison toute simple, parce que les lois concernant l'alcool
36:26 sont dictées, prescrites par le lobby de l'alcool auprès des parlementaires et des gouvernants.
36:31 C'est une réalité absolue.
36:33 On fait semblant de mettre en place des campagnes, mais on ne s'est pas fait...
36:37 Si, si, on n'en fait pas beaucoup.
36:39 Il y a quelques mesures...
36:41 - Il n'y a pas une émission de télévision sur les vins, parce que...
36:45 - Dès qu'on parle du problème de l'alcool en France...
36:48 - Je vais finir juste mon argumentaire, si vous me permettez.
36:52 Moi, je suis à la tête d'une fédération.
36:54 Nous sommes allés voir plusieurs fois les ministres, notamment,
36:57 pour demander par exemple l'augmentation du cryptogramme des femmes enceintes
37:00 pour que ce soit une information.
37:02 Ça n'a pas été retenu, parce que le lobby et parce que les alcooliers l'ont refusé.
37:07 Nous avons mis en place des campagnes pour éviter que l'alcool soit vendu
37:10 aux gamins de moins de 18 ans.
37:13 Ça n'a jamais été suivi d'effet.
37:15 Il y a un certain nombre de mesures toutes simples,
37:18 et ce n'est pas tuer la véticulture ou je ne sais quoi...
37:20 - Non, mais ça on est bien d'accord.
37:22 - Non, je parle de ça, je ne parle vraiment rien de ça.
37:24 - Mais vous savez très bien que...
37:26 C'est un acquis culturel.
37:29 Dès qu'on s'attaque à l'alcool en France, on dit "vous n'allez pas foutre en...".
37:32 - Mais ce n'est pas un problème.
37:34 - Non, mais je ne sais pas du tout.
37:36 - Ce n'est pas un problème.
37:38 - Le problème, c'est que l'alcool, tout le monde peut en acheter.
37:41 - Ben oui.
37:43 - Il ne faut surtout pas le trouver.
37:45 - Il ne faut pas interdire.
37:47 - Il ne faut surtout pas le trouver.
37:49 - Il ne s'agit pas de l'interdire.
37:51 - Je pense qu'il faut faire attention aux termes.
37:53 La question "ce n'est pas interdit", c'est encadré.
37:56 Et donc par exemple...
37:58 - C'est comme la cigarette, tout le monde peut en acheter.
38:00 - Exactement.
38:02 Le tabac, justement, la politique de la France sur le tabac avec la loi Evin
38:06 qui encadre beaucoup plus la consommation de tabac que d'alcool,
38:09 la consommation de tabac chez les jeunes a bien reculé.
38:12 Sur le cannabis, pour comparer avec le Canada,
38:16 au Canada, ils ont légalisé le cannabis, mais ils l'ont encadré très strictement.
38:20 La publicité sur le cannabis est interdite.
38:22 En France, on a un marketing d'alcool qui est très fort,
38:25 qui cherche à toucher les jeunes.
38:27 Il y a des travaux, par exemple, de Karine Galopel-Morvan là-dessus,
38:30 qui sont très intéressants.
38:32 Et donc, en fait, les jeunes sont exposés en permanence
38:34 à des signaux pour consommer de l'alcool.
38:36 - Jean-Michel Fauvergue.
38:38 - Juste préciser qu'au Canada,
38:40 évidemment, la vente de cannabis aux mineurs
38:45 est absolument interdite.
38:47 - Et encore plus criminalisée.
38:49 - Les sanctions sont très fortes.
38:51 - Plus criminalisées, ça va à plusieurs millions d'euros d'amende,
38:55 plus une dizaine d'années de prison.
38:57 - C'est ça, donc ce n'est pas du laxisme.
38:59 - Il est 11h47, on va prendre Christian quand même,
39:01 parce qu'il est là, il attend depuis un petit moment,
39:03 et je veux lui donner la parole.
39:05 A tout de suite.
39:07 - Réagissez maintenant au 0826 300 300,
39:11 Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin.
39:13 Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin,
39:16 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
39:19 Christian est avec nous à Toulouse.
39:22 Bonjour Christian.
39:24 - Bonjour M. Bourdin.
39:26 - Alors, quelle solution selon vous, Christian ?
39:28 - Bon, alors juste une chose,
39:30 d'abord je suis très content de vous entendre,
39:32 parce que vous êtes vraiment un plus pour Sud Radio.
39:34 Merci M. Bourdin.
39:36 - Merci Christian, ça me fait plaisir.
39:38 Allez-y Christian.
39:40 - Alors moi, mon point, il est le suivant.
39:42 Enfin, j'ai deux points.
39:44 En fait, le premier point,
39:46 de ce qu'on est en train d'assassiner,
39:49 M., comment il s'appelle,
39:52 Pierre Palmade,
39:54 sur tous les réseaux sociaux,
39:56 bon, je veux bien qu'on en dise du mal,
39:58 mais pour moi, le gros problème,
40:00 c'est deux problèmes.
40:02 Le premier problème, c'est le fait
40:04 qu'on ne punit pas assez,
40:06 et je vais être en désaccord certainement
40:08 avec certains des gens qui sont autour de vous,
40:11 on ne punit pas assez
40:13 les gens qui consomment autour de nous,
40:15 dans notre société, que ce soit
40:17 autour des écoles, dans les professeurs,
40:19 mais pas que dans le milieu artistique,
40:21 dans l'entreprise, partout,
40:23 plein de gens consomment de la drogue,
40:25 on parle de 8 millions pour la coque,
40:27 la radio, je ne sais pas si ce n'est pas exagéré.
40:29 - Dans 8 millions, vous allez un peu fort là.
40:32 - Bon, enfin, j'ai entendu ça ce matin.
40:34 - Oui, ben je ne sais pas qui a donné ça,
40:36 ce chiffre qui est faux.
40:38 - Enfin bon, on va dire des centaines de milliers.
40:40 - Oui, oui, oui.
40:42 - Et aujourd'hui, on tombe sur
40:44 ce pauvre Pierre Palmade,
40:46 sans dire centaines.
40:48 - Christian, vous dites, il faut punir plus,
40:50 et il faut une vraie campagne de sensibilisation
40:52 auprès des jeunes.
40:54 - Exactement.
40:56 Mon deuxième point,
40:58 c'était une campagne de sensibilisation
41:00 auprès des jeunes, à l'école, au collège,
41:02 au lycée, etc.
41:04 Mais pas une campagne qui dure simplement une semaine,
41:06 qu'elle soit répétitive.
41:08 - Ben oui, je comprends.
41:10 Alors, punir plus, Michel Fauvergue.
41:12 - Punir plus le consommateur.
41:14 Christian a dit le consommateur.
41:16 Il faut savoir que
41:18 les policiers et les gendarmes
41:20 ont fait des tas de procédures,
41:22 et moi, ma culture personnelle, j'en ai fait des procédures.
41:24 Et à un certain moment,
41:26 quand vous faisiez une procédure
41:28 avec un consommateur et un dealer,
41:30 le dealer était lâché,
41:32 tandis que le consommateur
41:34 était gardé pour injonction thérapeutique.
41:36 Donc on marchait sur la tête.
41:38 - Ça a changé, ça.
41:40 - En 2008, j'étais député à l'époque
41:42 et je l'ai voté, on a voté
41:44 l'amende pénale forfaitaire
41:46 sur les consommateurs de stup.
41:48 Au départ, l'amende était
41:50 de 300 euros,
41:52 on l'a baissée à 200 euros, moi j'étais plutôt
41:54 pour l'augmenter vers 1200 euros, mais bon,
41:56 j'ai pas été écouté dans ce domaine-là.
41:58 Donc ils sont punis par l'amende pénale fixe,
42:00 les consommateurs, aujourd'hui.
42:02 Et c'est une solution qui...
42:04 - Est-ce que des amendes sont dressées ?
42:06 - Oui, elles sont dressées, par contre,
42:08 elles sont recouvrées.
42:10 - Moins de 10% ?
42:12 - Non, elles sont à 30%.
42:14 - Mais ça veut dire 70%
42:16 qu'ils ne le sont pas.
42:18 - Donc l'efficacité est moyenne.
42:20 - C'est une efficacité moyenne, mais il faut augmenter en efficacité.
42:22 Ça veut pas dire que l'outil
42:24 est pas bon. - Les policiers ont beaucoup de choses à faire.
42:26 - Jean-Jacques,
42:28 on peut pas faire
42:30 une émission entière
42:32 sur l'addiction
42:34 sans parler des solutions parmi vos auditeurs.
42:36 Vous parlez des addicts comme si
42:38 c'était une sorte de race à part, de l'humanité.
42:40 Parmi vos auditeurs,
42:42 il y a énormément de gens,
42:44 aujourd'hui, qui ont un problème avec la drogue
42:46 et l'alcool. Est-ce qu'on pourrait,
42:48 s'il vous plaît, passer un peu de temps
42:50 à leur dire qu'il y a des solutions ?
42:52 - Il vous reste deux minutes. - Il y a des solutions, aujourd'hui.
42:54 - Alors, quelles solutions ? - On peut aller voir
42:56 les éminents médecins. - Ah, bien évidemment, les addictologues.
42:58 - Les addictologues, mais on peut aussi...
43:00 - Bien évidemment, il faut aller les voir.
43:02 - La plupart d'entre nous qui avons...
43:04 qui nous guérissons petit à petit
43:06 de l'addiction, nous avons
43:08 trouvé d'autres gens
43:10 qui, comme nous,
43:12 étaient passés par
43:14 la toxicomanie
43:16 ou l'alcool,
43:18 enfin, l'alcoolisme, et qui s'en sont
43:20 remis en se réunissant
43:22 à intervalles réguliers. Il y a ce qu'on
43:24 appelle des groupes d'entraide.
43:26 Il y a une des grandes...
43:28 une des grandes...
43:30 comment dire... une partie
43:32 fondamentale de la maladie de l'addict
43:34 ou de l'alcoolique,
43:36 c'est la honte et le déni.
43:38 Ils ont honte de l'admettre,
43:40 et donc ils prétendent
43:42 qu'ils contrôlent. "Ah, moi je contrôle,
43:44 je prends X verres par jour,
43:46 ou moi c'est juste un petit rail par-ci, par-là."
43:48 Et le jour où ils s'aperçoivent
43:50 qu'ils sont dans l'addiction,
43:52 ils n'osent plus en parler, parce qu'ils ont l'impression
43:54 qu'ils sont tout seuls, ils sont uniques.
43:56 On parle de la maladie
43:58 d'être unique.
44:00 Moi je veux dire à tous
44:02 ces gens qui nous écoutent,
44:04 vous n'êtes pas tout seuls.
44:06 On est des centaines de milliers,
44:08 voire des millions, bien sûr des millions
44:10 dans le monde, qui avons guéri
44:12 de l'addiction.
44:14 C'est possible pour vous,
44:16 allez sur Google "groupe d'entraide",
44:18 "alcool",
44:20 "groupe d'entraide". - Mais il y a aussi les fameux centres de soins
44:22 d'accompagnement de prévention en addictologie,
44:24 4 800 personnes qui travaillent
44:26 dans ces centres de soins en France.
44:28 - Ça fonctionne aussi.
44:30 - C'est des solutions qui sont complémentaires, mais ce qui est très
44:32 important par rapport à ce que dit monsieur,
44:34 c'est sortir de la honte, sortir de la
44:36 stigmatisation, et c'est pour ça que
44:38 punir plus, ça empêche de parler.
44:40 Et c'est vraiment important
44:42 de punir moins les consommateurs,
44:44 se centrer sur les trafics pour que les personnes
44:46 puissent parler. - On n'arrive pas à punir
44:48 par le mot, disons la réalité.
44:50 - Jean-Jacques, il faut que les gens puissent parler.
44:52 Il faut que les gens
44:54 arrêtent de penser. Moi, quand j'étais
44:56 à un moment, je me suis aperçu
44:58 "merde, je suis
45:00 complètement accro".
45:02 Mais là, j'avais tellement honte de ça,
45:04 et puis je pensais que j'étais tout seul. Je pensais que
45:06 j'étais le seul à avoir ce
45:08 problème. Et donc, le jour où
45:10 j'ai compris qu'en fait, je pouvais
45:12 tous les jours me retrouver
45:14 avec d'autres gens qui souffraient d'addiction
45:16 et en parler, ça m'a
45:18 complètement libéré.
45:20 - Sur les patients que
45:22 vous voyez, quel est le
45:24 pourcentage de celles et ceux qui sortent ?
45:26 - Ceux qui passent chez nous ?
45:28 - Oui. - Pour ce qui est de la cocaïne, on a
45:30 au moins une moitié
45:32 qui sont abstinents au-delà de
45:34 un an. - Au-delà d'un an, oui.
45:36 - Et ensuite, vous savez que le process des personnes
45:38 qui ont une dépendance, une addiction, quand on vient
45:40 chez moi, c'est qu'on a passé, évidemment,
45:42 tous les épreuves et que finalement
45:44 ça n'a pas marché. Parce qu'avant de devenir addict
45:46 et d'arriver dans un niveau 3 comme chez moi,
45:48 il y a de la prévention,
45:50 il y a de l'aide,
45:52 et donc lorsque ça...
45:54 - Oui, aide,
45:56 les groupes de paroles...
45:58 - Il y a la pérennance, il y a la prise en charge ambulatoire
46:00 et ensuite, quand ça... - Il y a aussi les centres
46:02 d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques.
46:04 - Il y a les CARUT, ça.
46:06 Donc ça, ce sont des structures. Ensuite, à ce
46:08 moment-là, c'est un travail,
46:10 c'est la rencontre entre une personne,
46:12 une équipe, et on l'accompagne
46:14 avec des rechutes, des faux pas.
46:16 Vous savez que pour arrêter,
46:18 s'il n'y a pas de rechutes, c'est qu'il n'y a pas d'addiction.
46:20 Il y a beaucoup d'éléments de cette nature, donc il faut de la patience,
46:22 de l'investissement, et un retour
46:24 sur investissement. C'est pas simple.
46:26 On met du temps pour devenir addict,
46:28 on met du temps pour s'en sortir, et ensuite,
46:30 on est dans un
46:32 chemin à deux, constant.
46:34 - Constant, oui, après,
46:36 on doit être constamment accompagné
46:38 après. - Complètement accompagné, et puis...
46:40 - Oui, mais on n'est pas obligé d'être accompagné
46:42 toute sa vie dans une structure.
46:44 - Dans une structure, oui. - On peut vraiment,
46:46 aujourd'hui, moi je vous dis,
46:48 un truc incroyable. Pour changer
46:50 les comportements humains
46:52 de manière sensible, et dans la durée,
46:54 il n'y a que deux choses
46:56 qui font ça. Deux.
46:58 Un, la douleur.
47:00 Donc, pour se guérir
47:02 de l'addiction, il faut toucher le fond de la piscine.
47:04 Et la deuxième chose,
47:06 c'est la connexion. Il faut retrouver
47:08 d'autres gens, il faut retrouver...
47:10 Et ça peut être,
47:12 les études le montrent,
47:14 le contact, par exemple,
47:16 avec les animaux à la campagne, ça marche
47:18 vachement bien avec les addicts.
47:20 Il y a plein de manières, mais pour guérir
47:22 de l'addiction, il faut comprendre un truc.
47:24 C'est fondamentalement une affaire
47:26 de connexion, mais de vraie connexion.
47:28 De connexion en profondeur.
47:30 - Bien, il est 11h58, merci
47:32 d'être venu nous voir ce matin.
47:34 Il est 11h58,
47:36 ensuite, après les informations
47:38 de midi, je vais recevoir
47:40 Yvan Ricordot, qui est le numéro
47:42 2 de la CFDT, évidemment.
47:44 Vous en parlez de la réforme des retraites.
47:46 Les syndicats qui commencent à en avoir assez
47:48 du spectacle donné à l'Assemblée nationale,
47:50 et ils commencent à le dire, d'ailleurs,
47:52 c'est très intéressant. Et,
47:54 ils ont raison, Jean-Michel Faubert,
47:56 qui avait été député... - C'est même plus
47:58 une cour d'école,
48:00 c'est un ring de boxe,
48:02 c'est lamentable.

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